Chapitre 64
Je l'ai dit.
Je n'ai pas réussi à enterrer ce sentiment comme je me l'étais promis. J'ai planté mes yeux droit dans les siens pour lui dire probablement la chose la plus courageuse de ma vie. J'ai conscience de prendre aussi le risque qu'il me repousse. Mais peut être, rien que peut être, ça en vaudra la peine. Il ne me demandera plus pourquoi je lui fais tant confiance, ni pourquoi j'aime tant qu'il soit à mes côtés.
Maintenant, il saura.
Je laisse mes yeux de nouveau parcourir son visage. J'essaie de distinguer une potentielle réponse à travers. C'est impossible ! Je n'arrive à rien.
- Quoi ? Demande-t-il très surpris.
Quand je vois qu'il commence à réaliser, son sourire disparaît complètement. Il ne reste plus qu'un visage sérieux et dans l'incompréhension.
Pour moi, c'était si évident. J'aime le voir. Je suis rassurée avec lui. Je pense tout le temps à lui. J'aime quand il est prêt de moi. Je me sens bien dans ses bras. Je veux prolonger un maximum tous nos moments ensembles. Je pense d'ailleurs que ce n'est pas la première fois qu'une fille doit lui avouer ses sentiments. Il faut dire qu'il en a eu tellement dans sa vie. C'est peut être aussi après ces déclarations qu'il fuyait ?
Je panique. Et s'il me faisait la même chose ? Et s'il m'abandonnait moi aussi ?
-J- Je crois que je suis amoureuse de toi. Dis-je alors la voix tremblante pour l'inciter à me dire quelque chose.
Denis détourne finalement son regard du mien. Il me laisse seule avec mes pensées négatives et ça me stresse beaucoup.
Il se met à fixer le volant un peu bizarrement avant de reprendre :
- Non, tu crois mal. Je vais faire comme si j'avais rien entendu.
Et puis il descend de la voiture sans attendre une réaction de ma part.
Sérieusement ?
Je me précipite à mon tour pour aller le rejoindre. Je l'attrape par sa manche pour l'arrêter.
- Denis, attend !
Il s'arrête alors mais peine à me regarder de nouveau dans les yeux. Il chercher à fuir mon regard.
- Je sais très bien ce que je ressens et je ne me trompe pas. Je suis sûre de moi sur ce coup.
- Diviya, t'en sais rien putain. T'as jamais aimé personne. Comment tu peux en être sûre ?
- Parce que je ...
Je m'apprête à lui dévoiler toutes ces raisons évidentes qui me font l'aimer davantage chaque jour. Je m'apprête à lui décrire ce sentiment qui m'arrache un nombre incalculable de battement par minutes. Je m'apprête à ouvrir mon coeur pour la première fois de ma vie, ça fait vraiment peur.
Cette fois, il m'attend patiemment. Il attend que je continue et je décide de ne plus réfléchir. Je l'aime et je veux le crier sur tous les toits.
- Je le sais parce que je pense toujours à toi. Où que je sois, avec qui que je sois, j'ai toujours ton sourire gravé dans ma mémoire. Ta voix si spéciale aussi et puis tes yeux aussi profonds. Quand je suis près de toi, je n'arrive même plus à comprendre comment je fonctionne. Mon cœur bat tellement vite si tu savais ... Ça ne m'étais jamais arrivé, Denis ! Et, et je m'inquiète tellement pour toi. Pour cette colère que tu te forces à garder au fond et qui t'emporte avec elle chaque jour un peu plus. Je t'aime pour toi et c'est pour ça que je suis prête à te pardonner aussi vite.
Malgré mon petit discours, j'ai la terrible impression que ce que je dis ne sert à rien. J'ai remarqué au fur et à mesure que je débitais mon petit speech, qu'il n'était pas d'accord. Comme si j'avais besoin de son autorisation pour l'aimer ...
- T'y es pas du tout, Diviya. Il repose ses yeux sur moi puis reprends d'une voix grave et drôlement calme. C'est pas parce que tu passes quelques jours avec un mec que tu vas l'aimer. C'est pas parce que tu l'embrasses deux-trois fois que tu vas tomber amoureuse. Ces conneries que tu penses ressentir partiront quand tu réaliseras à quel point je suis l'erreur de ta vie.
Au fond, mon cœur se fait torturer. Les mots de Denis viennent l'entourer comme une chaîne métallique puis elle sert encore et encore. Je savais qu'il ne prendrait pas tout ça au sérieux mais je refuse de croire que Denis est l'erreur de ma vie. C'est celui qui m'a réconcilié avec l'amour. C'est tout sauf une erreur.
- Donc tout ce qui s'est passé hier, qu'est-ce que c'était ? Je ne me laisse pas toucher par n'importe qui, tu sais. Il n'y a que toi ! Et ce n'est surtout pas en tant qu'amie que j'aime t'embrasser non plus.
- Le sujet est putain de clôt, ok. Hier c'était une connerie. Je me suis laissé emporter par la fatigue ou je sais pas. Ça se reproduira plus, c'est finit. Je m'excuse de t'avoir touché.
Son visage est froid. Son regard me clou sur place et ces mots sont aussi acides qu'une solution chimique.
- A-alors tout ça, tout ce qui s'est passé entre nous, c'est..c'était une erreur pour toi ? Tu n'as jamais jamais rien sentis ? Dis-je.
- Exactement. Je n'ai jamais rien sentis, Diviya.
La boule qui vient s'installer dans ma gorge est peut être le seul témoin de ce que je ressens à cet instant. J'ai l'impression d'être tomber de dix étages. Non, d'un nombre infini d'étages comme mon amour pour lui.
- Denis...Je ne te crois pas ! Tu peux pas me dire que tout ça était une erreur, que tu n'as jamais rien ressenti. C'est faux !
- Toi Diviya, tu te mens à toi même. Tu ne veux pas accepter la vérité.
Je perds mon calme. Je commence à hurler en plein milieu du parking et pour la première fois j'en ai rien faire de ce que tout le monde peut penser.
- Arrête ça ! Qu'est-ce que je fais ici à New York seule avec toi alors ? Pourquoi t'es venue au bar avant hier soir quand je t'ai envoyé un simple message ? Pourquoi tu as dormis dans le couloir devant la porte de ta propre chambre ? Pourquoi tu es toujours là quand j'en ai besoin ? Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ?
Il reste silencieux, ces yeux commencent à rougir, je le vois et c'est peut être à ce moment que je comprends qu'il y a encore de l'espoir. Alors je continue :
- Je vais te dire pourquoi. Toi même tu ne sais pas ce qui se passe. Toi aussi tu te sens bien quand on est ensemble mais tu ne veux juste pas te l'avouer. Tu es lâche et tu veux tout faire pour m'éloigner de toi. Tu veux te faire du mal et te faire souffrir en t'isolant. Tu veux te convaincre que tu ne mérites l'amour de personne. Tu te punies tout simplement.
- Pense ce que tu veux. Tu viendras pas me soûler le jour où tout ça te retombera dessus.
Je décide d'arrêter là cette conversation. De toute façon, je n'ai plus vraiment le choix parce que Denis s'est mis à marché un peu trop vite en me laissant debout sur le parking. Je vais le rejoindre tout en prenant soin de rester quand même derrière lui. Je n'ai vraiment pas envie de croiser son regard. Pour la journée du moins et je lui en veux tellement ! Il a gâché cette ambiance un peu trop génial depuis hier.
Nous finissons par entrer dans un grand bâtiment. Denis se dirige vers un genre de grand comptoir ou un homme élégamment habillé lui tend deux cartes. Puis nous empruntions un des six ascenseurs qui se tiennent devant nous. La montée est longue. Très très longue même et le silence pesant dilate davantage le temps de la montée.
C'est fou comme l'ambiance d'hier soir à totalement basculé en une ambiance glaciale. Je n'ai pas envie de parler à Denis et visiblement lui non plus mais je trouve ça quand même bien triste. Tout ça parce qu'il se voile la face et ne veut pas accepter la vérité. Je le connais. Denis aime blesser les gens parce qu'il ne sait pas gérer ce qu'il ressent. C'est aussi simple que ça mais je suis prête à me battre pour lui et lui montrer qu'il a le droit d'aimer, qu'il a le droit de se pardonner. Il n'est pas du tout responsable de ce qui est arrivé à sa sœur et il doit se réconcilier avec son passé.
C'est là que je réalise que finalement nous ne sommes pas si différent l'un de l'autre. Denis est tout aussi en colère contre son passé que moi je le suis du mien. Nous souffrons tous les deux de ce qui nous est arrivé et pourtant rien ni personne ne pouvait l'empêcher. C'est notre destin et il faut essayer de vivre avec malgré tout.
Les portes de l'ascenseur finissent par s'ouvrir et je découvre que nous sommes nulle part d'autre que sur le toit de cette immense tour.
Nous sortons, pour ma part d'un pas hésitant. Quand je tourne la tête, j'aperçois un immense hélicoptère.
Je n'en avais jamais vue un d'aussi près. Les hélices sont énormes et l'appareil est situé en plein milieu. C'est incroyable !
Quand je réalise que c'est ça, sa surprise, un sourire béat vient replacer ma contrariété. Il m'offre un tour en hélicoptère en plein New York. !
C'est un rêve.
Quand je jette un regard à celui qui a volé mon cœur sans le vouloir, je remarque qu'il ne sourit pas contrairement à moi. Il a l'air ailleurs, pensif. Sans réfléchir, je m'approche de lui un peu trop vite pour le prendre dans mes bras.
Je n'arrive pas à lui en vouloir pour ce qu'il a dit. Certes ça fait mal sur le coup, mais c'est Denis. Il ne le fait pas exprès. En plus, cette surprise n'est qu'une nouvelle preuve que tout ce qu'il vient de me dire n'avait rien de vrai. Denis m'a fait une surprise, pour me faire plaisir, moi. Bien sûr qu'il m'apprécie un minimum !
Je ne sens pas ses mains se poser sur mon dos comme habituellement. Je comprends. Il est perdu. Alors je m'éloigne un peu de lui pour relever ma tête. Il a l'air tellement distant.
- Ta surprise est la plus belle surprise du monde ! Merci beaucoup.
Je lui souris et il me fixe sérieusement quelques secondes avant de me dire un « de rien » un peu sec. C'est déjà ça.
Nous montons alors à bord, tous les deux à l'arrière. Je n'arrive pas à contenir mon excitation.
Je vais voler au-dessus de New York !
On nous donne des casques pour pouvoir communiquer entre nous, puis on nous attache précautionneusement. Je remarque quelques fois le regard de Denis sur moi mais il les détourne toujours quand moi je pose mes yeux sur lui. La fuite c'est son domaine de prédilection apparemment.
Je ne saurais décrire la sensation du décollage. C'est comme si j'avais laissé mon coeur sur le toit de la tour et que mon esprit expérimentait le voyage astrale. C'est magique tout simplement.
Nous passons au dessus des buildings qui me paraissent maintenant minuscules. J'aperçois les toitures jaunes des taxis de New York. De là, où je suis, on n'arrive même pas à distinguer les personnes. L'humain est fort, si fort qu'il n'est rien face à ce qu'il construit.
Nous passons près de la statut de la liberté. Je la vois pour la première fois et honnêtement elle est bien plus petite que ce que je m'imaginais. C'est tout de même impressionnant de découvrir tout le paysage de la ville dans les airs. C'était une surprise incroyable.
Après un temps qui me semble bien trop court, nous finissons par nous poser de nouveau sur la grande tour. Denis m'aide à me détacher, puis nous descendons de l'appareil. Je n'arrive plus à quitter Denis des yeux. Sa surprise était génial et je ne me le répèterais jamais assez.
Dans le silence, nous regagnons la voiture et j'avoue que maintenant je me sens de nouveau un peu triste. Je me rend compte que ce week-end était incroyable mais que malheureusement il touche déjà à sa fin. J'ai envie de lui demander si on pourrait refaire ça dans quelques semaines mais je me ravise. Il n'a pas du tout l'air d'humeur.
Denis m'a fait la plus belle surprise mais il a réussit à se fâcher contre moi à cause de mes sentiments. Je ne peux pas les contrôler, ce n'est pas de ma faute si je l'aime. Je ne sais pas pourquoi il refuse de l'accepter. Je n'arrive pas à me dire non plus qu'il ne ressent rien pour moi non plus. C'est impossible.
Nous reprenons la route, une musique en fond masque la gêne désagréable qui baigne entre nous. Après plusieurs heures ainsi, je finis par reconnaître notre ville. Cette ville qui m'annonce le retour à la réalité. Autrement dit, le retour de mes problèmes. C'est difficile. Je jette des coups d'œil de temps en temps vers Denis, il paraît pensif puis d'un coup contrarié puis un peu triste. Son cerveau n'est clairement plus avec moi.
Nous arrivons finalement devant ma
maison, j'en ai un pincement au cœur. Il s'arrête et ne m'adresse aucun regard. Il reste silencieux en attendant que je sorte. Est-ce que je devrais dire quelque chose ? Je ne sais pas ! Je ne sais plus quoi faire...
J'ai envie de l'embrasser et de lui dire à quel point j'ai adoré notre petit voyage. J'ai envie de lui demander quand est-ce qu'on se revoit la prochaine fois, mais je ne le fais pas. Seul un regard aurait été suffisant pour que je fasse tout ça, mais il ne me l'accorde pas.
Je sors alors de la voiture, en allant au coffre pour récupérer mes affaires. Denis n'a pas bougé et je prends ça comme un signe. Il ne veut plus de moi. Ça me fait mal, mais je dois peut être l'accepter.
Alors c'est ça que ça fait quand la personne qu'on aime nous repousse ? On a cette sensation au fond de la gorge qui nous donne envie de pleurer à chaudes larmes. On n'arrive plus à penser clairement.
Je me dirige alors vers chez moi, doucement et tristement jusqu'à entendre le bruit de la porte de sa voiture s'ouvrir puis se refermer. En quelques secondes je le sens derrière moi. Je prends alors un grand souffle avant de me retourner.
Je tombe dans ses yeux verts plein de regrets. Ses lèvres ne forment plus qu'une simple ligne dépourvue de joie. Nous nous observons dans le silence comme si nos regards conversaient à eux seuls. Le mien crie : je t'aime ne me repousse pas mais le sien et bien...
Il s'approche un peu trop rapidement.
Je suis si surprise lorsque je sens ses lèvres brusquement se refermer autour des miennes. Ses deux mains se déposent contre mon bassin et il vient me tirer vers lui d'un geste sec. Je sens son corps se presser contre le mien si bien que j'arrive à entendre son coeur battre. Ses lèvres embrassent passionnément les miennes. C'est un baiser assez différent de ceux qu'il a l'habitude de m'offrir. Ils sont d'habitudes délicats et si tendres...Celui-ci semble presque sauvage mais j'aime bien. Mes yeux se ferment naturellement et je lui offre l'accès totale à ma bouche. Tout un tas de sentiments semble chatouiller l'intérieur de mon estomac, j'ai l'impression de fondre sur place. Malgré la saison, j'ai super chaud tout d'un coup.
Quand je rouvre les yeux, je tombe sur les siens douloureusement fermés. Ses sourcils sont froncés comme si ce baiser le blessait profondément. Je décide alors de mettre de côté ce qu'il m'a dit ce matin et de me laisser aller avec la personne dont je suis follement amoureuse.
De tout ceux que nous avons déjà échangés, ce baiser est de loin mon préféré.
Hffmbx.
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