Chapitre 62
Ça fait le troisième hôtel et toujours pas moyen d'obtenir une chambre pour la soirée. À cette allure je me demande si nous allons pas terminer notre nuit dans la voiture de Denis.
- Je commence à être fatiguée. Dis-je alors que nous nous dirigeons vers le quatrième.
- Si y a rien dans celui là, on dort dans ma caisse.
Voilà ! Qu'est-ce que je disais ...
Nous arrivons devant un hôtel quatre étoiles. Il est écrit que la nuit est à 90$. C'est quand même chère pour une nuit. En même temps nous sommes en plein milieu de New York, finalement c'est logique.
La dame de la réception est à moitié endormie lorsque nous la rejoignons.
- Bonsoir, que puis-je faire pour vous ? Demande-t-elle un sourire forcée sur les lèvres.
- Deux chambres pour la nuit. Demande Denis.
La femme sourit à Denis de façon exagérée. Ça me fait doucement rire. Elle pense avoir une chance ou je rêve ? En même temps elle a l'air assez bien maquillé, elle a un jolie visage aussi.
Après tout c'est peut être son style à lui. J'essaie de trouver un semblant d'intérêt de la part de Denis mais tout ce que je vois c'est qu'il ne cesse de regarder sa montre, l'air pressé. C'est bon signe, enfin je crois.
- Bon alors ? S'impatiente Denis.
- Hum Monsieur, il ne reste qu'une seule chambre je suis désolée.
- Et merde ... s'énerve Denis.
- C'est pas grave, on la prend.
Denis me lance un regard étrange. Quoi ? On n'a pas trop le choix je pense, je préfère une chambre plutôt que rester dans la voiture.
- Hum vous êtes sûre Mademoiselle ? Me redemande la femme agaçante.
- Oui, je suis sûre, Madame.
- Très bien, ça fera 100$.
C'était quatre vingt dix à l'entrée, mais bon. Je ne fais pas vraiment attention et sort ma carte bancaire sans jeter un coup d'œil à Denis.
- C'est parfait. Alors tenez vos cartes.
Denis lui arrache des mains sans même un merci.
- C'est au quatrième étage. Passez une bonne soirée.
- Merci, vous aussi.
Je me précipite vers Denis qui se trouve devant l'ascenseur. Je ne sais pas ce qu'il lui prend mais une chose est sûr, il parait contrarié. Je ne veux pas l'embêter encore plus alors je me tait jusqu'à la chambre.
A peine rentrée, Denis retire ses baskets puis entre dans la salle de bain. Et c'est à ce moment que je me rends compte que nos affaires sont restés dans la voiture. Je m'apprête à frapper contre la porte de la salle de bain mais je me ravise lorsque j'aperçois les clés de sa voiture sur la table basse du mini salon.
Je serais probablement ici avant qu'il ne termine sa douche de toute façon.
Je sors alors de ma chambre pour retrouver l'ascenseur. Les clés de la voiture de Denis en main. Je remarque d'ailleurs qu'il n'y a qu'un seul petit porte clé dessus. C'est étrange, cette breloque ressemble à un petit piano. On dirait qu'il n'a même pas le temps de s'acheter des portes clés qui le représentent. Je descends alors de l'ascenseur en renvoyant un sourire à la « charmante » réceptionniste puis me retrouve à l'extérieur.
J'ouvre la voiture et attrape mon sac sur la banquette arrière. En ne voyant pas les affaires de Denis, je m'imagine que les siens sont dans le coffre. J'avais raison, ils sont juste là dans un....
- Hey, jeune fille.
Je me retourne brusquement à l'entente d'une voix drôlement proche de moi. Un homme se tient à quelques centimètres, une bouteille d'alcool en main. Il n'a pas l'air dans son état normal.
- Euh, bonsoir.
Je ne cherche pas à comprendre, je referme rapidement la voiture et m'apprête à rentrer de nouveau dans l'hôtel, les affaires en main mais cet étrange homme me barre le chemin.
Il chancelle sur place. Je n'ai pas peur. Je sais que cet homme est dépourvu d'énergie et que je n'ai rien à craindre. Il m'est arrivé de croiser ce genre d'individu au Cambodge. Même à l'âge de 7 ans, je savais me débrouiller, enfin je savais surtout bien courir.
- Monsieur, je souhaiterais rentrer dormir. J'ai passé une très longue journée et j'imagine que vous aussi avez besoin de retrouver votre ... euh lieu de nuit ?
L'homme sourit et dévoile ses dents grisonnantes. Je compatis sincèrement, cet homme ne doit pas avoir la vie facile. Je ne sais pas ce qui l'a poussé à se mettre à boire mais je sais que vivre dans la rue, ce n'est pas simple.
- Tu sais, les filles comme toi quand elles me croisent, elle s'en vont en détalant. Personne ne prend la peine de m'adresser la parole.
J'ai un pincement au cœur. Je sais ce que ça fait de demander de l'aide sans que personne ne nous remarque et c'est peut être pour ça, qu'au fond je n'ai pas envie de fuir cet homme. Il soufre.
Je suis surprise de découvrir quelqu'un d'autre sortir de l'hôtel. Il est vêtu d'un peignoir brodé et porte des chaussons de chambre. On dirait bien qu'il a un problème. Et puis quand la silhouette s'approche suffisamment des grandes portes d'entrée de l'hôtel, je le reconnais. C'est Denis !Je n'ai qu'une envie c'est de m'écrouler de rire devant cette image. Son allure est hilarante mais l'expression que lui il arbore est tout sauf drôle.
Il s'approche de moi et me tire vers lui.
- Casse toi ! Lâche-t-il au pauvre homme en face de nous.
L'homme me lâche un sourire avant de s'en aller.
- Bon courage, Monsieur. Lui dis-je alors.
Denis dépose son pouce sous mon menton et dirige rapidement mon visage en sa direction. Je ne l'avais jamais vu aussi inquiet, enfin si peut être. Ce matin, lorsque je l'ai découvert dormir devant la porte de sa propre chambre, c'était pareil.
- C'est quoi ce délire putain. Tu fous quoi ici en train de parler à un toxico !
- Mais il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, je t'assure. J'étais seulement descendue prendre nos affaires et puis cet homme...
- Quoi qu'est-ce qu'il ta fait ?
- Mais rien, Denis ! Pourquoi tu penses toujours au pire ?
Denis me fixe toujours l'air en colère, je vois sa mâchoire se contracter plusieurs fois avec qu'il ne finisse par rentrer.
La réceptionniste dévisage étrangement Denis lorsque nous passons. Oui il est en peignoir et alors ? Ça ne sert à rien de l'observer comme ça !
De retour dans la chambre, je tends le sac de Denis dans ses mains tandis que je commence à décharger le mien dans l'armoire. Je déteste que mes affaires se froissent même si c'est pour l'affaire d'une nuit. Je les plis soigneusement en prenant soin de laisser une étagère pour les vêtements de Denis.
En parlant de Denis, il est déjà de retour dans la salle de bain. Pour se changer, j'imagine. Je n'arrive pas à croire qu'il est descendu tout nu enfin en ne portant que ce peignoir très joliment décoré. C'était tellement hilarant et improbable. Cette image restera gravée pour toujours dans ma mémoire.
Il finit alors par libérer la salle de bain et va s'asseoir sur un petit fauteuil dans l'angle du salon.
- Qu'est-ce t'as, pourquoi tu te marres ?
- À ton avis ? Dis-je en souriant.
Je sais qu'il en a pas envie mais il se met à rire lui aussi. C'est bon, il se rend compte à quel point il a sûr réagi.
- Tu sais, si t'avais attendu juste cinq petites minutes, j'aurais déjà été ici avec nos affaires.
- Qui te dis qu'en cinq minutes ce mec t'aurait pas embarqué avec lui ?
Je m'approche alors de Denis et me mets à croupi devant le fauteuil sur lequel il est assit. Délicatement, je dépose mes mains sur ses genoux.
- Pourquoi tu as autant paniqué ? Demandé-je.
- Peut être parce qu'il est presque une heure du mat' et que t'avais disparu sans rien dire.
- Je suis désolée. J'aurais du te prévenir. Avoué-je. Je ne le referais plus. Dis-je pour détendre l'atmosphère.
J'ai toujours prédis plus ou moins ma vie depuis que je suis aux États Unis. J'ai prédis mes études, car j'ai toujours été une grande passionnée des mathématiques et des sciences en général. J'ai toujours prédis qu'un jour, je trouverais une meilleure amie et que jamais je ne m'en détacherais, Jessy. Mais la chose que je n'avais jamais prédis, se tient ce soir devant moi. Comment on ne peut prédire la plus merveilleuse des personnes dans ce monde ? Je l'ignore.
Denis se penche alors vers moi jusqu'à qu'il attrape mes lèvres entre les siennes. Il s'amuse à jouer avec jusqu'à même mordiller doucement celle du bas puis comme si nos corps étaient tous les deux en synchronisation, nous nous relevons toujours les lèvres jointes. Je sens sa main passer derrière mon dos, son autre main viens remonter jusqu'à mes cheveux. Ses doigts s'emmêlent alors à travers mes longues mèches et j'ai l'impression de rêver. Si c'est un rêve, c'est le plus beau que je n'ai jamais eu. Si c'est un rêve, je ne veux plus jamais me réveiller. Je ne veux pas l'oublier. Je me retrouve à reculer tandis que Denis avance abilement jusqu'au lit. Sans m'y attendre, ses deux mains finissent par attraper l'arrière de mes cuisses pour me soulever. Presque naturellement, j'enroule alors mes jambes autour de son corps. Nous nous embrassons comme deux âmes perdues l'une dans l'autre. Je l'aime comme je n'ai jamais aimé personne. Je lui donne ma confiance et je m'abandonne tout simplement. Sans vraiment m'en être rendue compte, je me retrouve allongée sur le grand lit. J'ouvre alors de nouveau les yeux pour les poser sur celui qui fait battre mon cœur. J'aime tout chez lui. Ce léger sourire lorsqu'il se moque, son regard aussi froid que réconfortant. Sa petite barbe naissante qui me picote légèrement en l'embrassant. Ses bras musclés qui m'enveloppent. Son visage concentré lorsqu'il réfléchit. La personne qu'il est tout simplement.
Pendant quelques instants, il s'éloigne de moi. Pourtant, il ne rompt pas le contact visuel. Ses doigts viennent doucement se déposer contre mes lèvres et Denis semble plus sérieux que jamais. J'ai du mal à me retrouver dans ses yeux. Ils sont bien plus sombres que d'habitude. Bien plus profonds et fascinants.
Puis il se rapproche de nouveau et cette fois ci, ses lèvres descendent dans mon cou. Il y dépose des milliers de petits baisers jusqu'à atteindre cette endroit si délicat près de mon oreille. Sans comprendre, je me mets à glousser de rire. Denis s'arrête un instant, toujours les lèvres collés contre ma peau. Puis il reprends, mais cette fois-ci, c'est impossible à contrôler. Je me mets à rire comme une enfant un peu trop gâté par la vie.
C'est à ce moment que le visage de Denis réapparaît devant moi. Un sourire a prit place sur ses lèvres si douces et attirantes. Son torse se lève et se baisse super rapidement comme s'il venait de réaliser le plus grand sprint de sa vie.
- J-je suis désolée. Dis-je en reprenant mon souffle à mon tour.
- Désolée de quoi ?
- De rire. C'est juste que cette endroit enfin, ça me fait des chatouilles, voilà.
Denis lève les sourcils, feignant une mine surprise. Je sais ce qu'il s'apprête à faire. Cette expression de défis ne présage rien de ...
Je me remets à rire comme une folle. J'ai du mal à me contenir lorsque cette fois ce ne sont pas que ces lèvres qui viennent s'amuser sur ce lieu sensible. C'est aussi quelque chose de chaud... sa langue.
Mon dieu ! Est-ce que c'est possible d'avoir la sensation de mourir sur place ? C'est peut être qu'un fou rire. Mais à cela on y ajoute cette proximité qu'il y a entre le corps de Denis et le mien et je suis prête à exploser.
Je réussis à me couvrir la bouche pour éviter de rire trop fort. Malgré la difficulté que j'ai pour réfléchir, je pense tout de même aux autres personnes qui doivent dormir dans l'étage. Je n'ai pas du tout envie de les embêter.
Puis Denis retire encore sa tête et m'interroge du regard. J'attends alors ce qu'il va me dire toujours un sourire aux lèvres.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il attrape la main qui couvrait jusqu'à maintenant ma bouche pour la poser contre son dos. Il fait de même avec mon autre main, puis se rapproche de nouveau de mes lèvres pour les embrasser furtivement.
- Ne cache plus jamais ton rire. Chuchote-t-il, tout près de mes lèvres.
Je continue de sourire un peu trop chamboulée par toutes ses phases émotives que je traverse. Il m'embrasse, cette fois un peu plus lentement que d'habitude. C'est comme s'il prenait son temps. Le temps d'apprécier le moment et au fond ça m'arrange. Je veux au moins tout autant que lui prolonger ce moment tout bonnement incroyable.
Je l'aime.
Purement.
Sincèrement.
Infiniment.
Je l'aime.
Hffmbx.
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