Chapitre 61

Après quelques heures, nous finissons par arriver dans la ville. C'est incroyable ! C'est si grand et en même temps si semblable à ce que j'ai toujours vu à la télé. Il y a du monde un peu partout. Il est quinze heure passé et la ville semble être bien réveillée. Je jette des coups d'œil vers Denis. Il fait de même de temps en temps et m'offre quelques sourires. J'aurais jamais imaginé un jour quitter ma ville avec lui. Voyager tout simplement avec lui. C'était vraiment improbable. La vie nous réserve bien des surprises.

Nous passons sur le pont de Brooklyn. Il est impressionnant et nous finissons par nous garer non loin de ce qui me semble être le central park. Le fameux parc du dessin animé Madagascar.

Quand nous y entrons, j'ai l'impression de vivre une autre vie. J'ai l'impression d'être la jeune fille New Yorkaise typique d'un film. Une chose est sûr, on doit au moins une fois mettre les pieds à New York dans sa vie. C'est une ville incroyable.

- Si j'avais su que t'aurais été aussi contente, je t'aurais amené avant.

Je tourne ma tête vers Denis, un peu surprise. Il est évident que le Denis à qui je fais affaire là maintenant est bien différent du Denis qui tire toujours la tête à la fac.

- Avant on ne s'aimait pas tu te souviens ? Dis-je.

Denis s'arrête alors un instant et je fais de même. Ses deux mains dans les poches, il s'approche de moi tout en gardant ses yeux baissés sur les miens. Je relève la tête, pour ne pas rompre ce contact et j'attends patiemment ce qu'il veut dire.

- Et maintenant, tu m'aimes bien ?

- Oui.

Je réponds simplement à sa question et très sincèrement. Il est évident que je l'aime bien, sinon je ne l'aurais pas appelé. Sinon je ne l'aurais pas suivis à New York. J'aime Denis et beaucoup plus que bien. En revanche, j'ignore lui ce qu'il pense de moi.

- Interessant à savoir. Dit-il un sourire aux lèvres.

- Et moi ? Demandé-je.

- Toi quoi, Diviya ?

Je m'apprête à lui poser ouvertement la question lorsque je finis par le sentir prendre mes mains dans les siennes. Il les tient délicatement tout en continuant à me fixer. A cet instant, mon cœur se décide à battre beaucoup plus vite que d'habitude. Enfin, maintenant cette réaction, je commence à la connaître. Quand je suis près de lui, j'ai l'impression d'être là plus heureuse du monde et mon cœur lui en tachycardie. Je me demande si ça peut être dangereux ...

- Hm ? Je t'écoute, pose ta question.

Oui, j'ai perdu mes repères car il me perturbe beaucoup trop.

- Euh moi...

Je déglutis. Je bafouille. Je ne sais plus parler. Tout ça parce qu'en plus de la proximité que nous avions déjà, il approche encore son visage du mien. Ses lèvres sont à quelques centimètres des miennes. Je perds littéralement mes moyens.

- Dis-moi, Diviya.

Sa voix est grave et mon cerveau est déconnecté. Mes émotions prennent clairement le dessus et c'est sûrement pour cette raison que ma bouche décide de s'ouvrir pour dire une chose complètement bizarre.

- Embrasse-moi, s'il te plaît.

Je n'ai jamais autant été concentré sur quelque chose qu'à présent. Ses lèvres sont presque rosées et elles me rappellent cette soirée quand il m'a embrassé pour la toute première fois. Le contexte était bien moins romantique qu'à présent.

- Et pourquoi je devrais ?

Il se fait désirer en plus. Je sais que ça l'amuse et c'est peut être aussi sa façon à lui de se venter mais honnêtement je m'en fiche. J'en ai envie alors pourquoi ne pas lui dire ?

- J'en ai envie. Dis-je donc.

C'est comme si nous étions seuls dans ce parc. Tout ce qui se trouve autour de nous n'a plus aucune importance pour moi. Je n'ai pas peur de me faire voir par quelqu'un que je connais et ça, c'est déjà beaucoup.

- T'es sûre ?

J'en ai marre. Il met beaucoup trop de temps à réagir alors qu'en réalité il me suffit de pencher doucement ma tête vers l'avant et mon vœux se réalisera. Alors, sans demander la permission et sans supplier davantage, je me hisse sur la pointe des pieds et viens celer nos lèvres qui ne semblaient attendre que ça. Je ferme les yeux tandis que mes lèvres sont doucement déposées contre les siennes. Je n'ose rien faire d'autre mise à part rester comme ça. Je ne m'y connais pas du tout. Alors j'attends qu'il reprenne le relais mais il ne fait rien. Il reste immobile.

Un peu déçue, je finis par m'éloigner de lui et rouvrir les yeux. Son visage reste sérieux à peine quelques secondes. Juste après, il finit par éclater de rire.

Je suis ridicule, voilà. Je me sens bête, incapable et tellement pas à la hauteur. Il se moque de moi ! C'est drôlement douloureux surtout qu'il est le seul avec qui j'entreprends ce genre de chose. Lui en revanche, je sais que je ne suis pas la seule. Je ne sais même pas s'il n'a pas déjà embrassé une fille ces dernières semaines. Si c'est le cas, c'est encore pire que ce que je pensais. Je dois passer pour une nulle. Qu'est-ce qu'un garçon comme lui voudrait embrasser une fille comme moi, au juste ?
Qu'est-ce que je me suis ima...

D'un seul coup, je sens le bras de Denis se poser derrière mon dos pour me coller contre lui. J'avale ma salive de travers par surprise.

- T'es trop lente. Dit-il.

Puis ses deux mains viennent se déposer autour de ma nuque et me tirer jusqu'à que nos lèvres se rejoignent à nouveau. Cette fois, c'est lui qui m'embrasse et cette fois on sent la différence. Je suis sûre à 100% sûre même, que personne dans le monde saurait mieux faire que lui. Ne me demandez pas comment, je le sais c'est tout.

*

Je l'avoue, cette journée se passe encore bien mieux que ce que j'imaginais. J'ai l'impression d'avoir mis de côté toutes mes sources de préoccupation. Pendant vingt quatre heures, je m'offre le droit de vivre ma vie sans soucis. Denis—même s'il ne l'avouera probablement jamais—s'amuse également. Je n'ai jamais compté autant de sourire sur son visage qu'aujourd'hui. C'est comme s'il avait une aura spéciale qui illuminait son regard. Il paraît heureux. Nous rigolons, nous visitons, nous discutons comme si nous nous connaissions depuis des années. C'est une sensation que j'aimerais garder pour toujours. J'espère seulement que les souvenirs de tout ce temps passer ici ne s'écrouleront pas à notre retour à Washington.

Nous décidons pour ce soir de dîner dans un restaurant assez chic. J'ai souvent eu l'habitude de manger dans ce genre de lieux depuis mes années collèges. Avec Aless, Amber et mes parents. C'était un rituel chez les Tallers, mais depuis que Amber a quitté la maison, nous l'avons malheureusement perdue. C'est peut être aussi pour ça que nous passons plus trop de moments ensembles.

- Tu prends quoi ? Me demande Denis.

J'ouvre la carte et essaie de choisir quelque chose de simple. Je ne suis pas trop difficile en terme d'alimentation, le plus simple est le plus bon.

- Je vais prendre une salade, des lasagnes et en dessert un tiramisus.

Lorsque le serveur nous rejoint, Denis prend exactement la même chose que moi. Nous décidons de prendre de l'eau en boisson. L'attente de nos plats se fait dans le silence. Ce n'est pas un silence pesant bien au contraire. Nous sentons tous les deux que cette journée a été l'une des meilleurs de nos vies et pourtant aucun d'entre nous ne l'avouera. Surtout pas lui.

- Euh Denis ? Demandé-je tout en dégustant ma salade.

- Diviya ?

Je vois que depuis quelques temps Denis a complètement effacé le surnom idiot que lui et son ami s'amusaient à me dire. C'est rien qu'à ce petit détail que je me dis que Denis ne me blessera plus et que peut être ne serait-ce que peut être, il éprouve quelque sentiments pour moi.

- T'as pensé à où est-ce qu'on va dormir ?

- Dans un hôtel, y'en a plein dans le coin.

C'est vrai et je suis heureuse d'en fait comprendre que nous passerons aussi une partie de la journée de demain ensembles.
Dans la joie et la bonne humeur—ce qui est très rare dans ma vie—nous terminons de manger. Denis m'a proposé de nous balader à pied le long du fleuve avant d'aller retrouver un hôtel. Le soleil s'est couché depuis un petit moment et la nuit est paisible.

- J'oublierais jamais cette journée. Dis-je.

- Carrément ?

- Oui, c'est la première fois que je quitte Washington. C'était incroyable.

- T'as pas tout vue encore. Me répond Denis.

Il pique ma curiosité.

- Comment ça ?

- J'ai prévu quelque chose demain.

- Ah bon quoi ?

- Surprise.

Ça ne m'étonnerait même pas que j'ai des étoiles dans les yeux. J'ai l'impression d'être en plein rêve. Quand j'imagine que certaines personnes le vivent ce rêve. Certaines personnes, vivent ici à New York avec la personne qu'ils aiment et sans aucun problème familiale. Quelle chance, ou plutôt quelle destin !

Un peu sans réfléchir, j'attrape le bras de Denis et me colle un peu à lui tout en continuant de marcher. Je lève légèrement la tête pour observer sa réaction et je tombe sur ses yeux assombris par la nuit, me fixer. Il sourit.

- Profite bien, je suis pas tous les jours du genre à te laisser faire ce genre de chose.

Je rigole à mon tour. C'est sûr que si quelqu'un découvrait Denis me laisser faire « ce genre de chose » il rigolerait. Je m'imagine John entrain de se moquer.

- Tu disais la même chose pour les câlins et pourtant tu en fais.

- Seulement parce que tu me forces.

Je m'arrête alors pour me retourner en face de lui.

- Tu mens. Je suis sûr que mes câlins, enfin nos câlins te réconfortent au moins tout autant que moi.

- J'ai plus quatre ans, Diviya.

Il plaisante ? Les câlins ne sont pas réservés aux enfants. Moi même étant quelqu'un de pas du tout tactile, je sais que ce genre de chose se fait entre amis ou bien entre petits amis.

- Quoi ? Tu vas me dire que tu n'as jamais pris dans tes bras une de tes conquêtes, Hernandez ?

Il croise les bras contre son torse tout en m'analysant.

- Non. Pour quelle raison j'aurais fait ça ?

Et bien parce que lorsque je le prends dans mes bras, je me sens tellement mieux. J'avais lu quelque part que les câlins provoquaient tout un tas de réactions chimiques libérant endorphine, dopamine et oxytocine. Ces trois hormones sont dites celles du bonheur et du plaisir. Tout s'explique.

- Parce que ce sont des gestes normaux dans un couple.

Je vois le visage taquin de Denis refaire surface.

- Un couple ?

- Oui, regarde avec Jessy par exemple. Tu ne l'a jamais pris dans tes bras ?

- Non.

Oh.

Est-ce que cette révélation me fait quelque chose ? Ce serait clairement mentir de répondre « non ». Bien sûr, que ça me fait plaisir de savoir que je suis peut être la seule qu'il a tenu dans ses bras. Peut être qu'il a fait des tas d'autres choses avec d'autres filles mais je tiens au moins ça.

- D'autres questions personnelles, Diviya ?

- Hein ? Ce n'est pas des questions personnelles, j'essayais juste ...

- T'essayais quoi ? D'obtenir des informations sur moi et mes exs ?

Oula. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ?

- Non.

C'était peut être pas très convaincant. Tant pis !

Denis finit par me surprendre et s'approcher de moi pour me prendre dans ses bras. Je ne le repousse pas car c'est tout simplement la dernière chose dont j'ai envie en ce moment. Il y a une autre chose que je veux faire ou plutôt dire mais je ne le fais pas. Je ne veux pas compliquer encore plus les choses. Je sais que ces moments passés ensembles ne vont probablement pas perdurer lorsque nous rentrerons à Washington alors je me préserve, moi et mon cœur.

- Mes exs n'ont rien avoir avec toi, Diviya.

Son chuchotement dans mon oreille me procure tout un tas de frisson. Ce n'est pas la première fois que ses mots me touchent. Je sens finalement ses lèvres s'affaisser sur le haut de mon crâne lorsqu'il finit par faire un bisou.

Et je trouve ça tellement pas lui que ça me surprend d'autant plus. Denis est visiblement encore rempli de bien des surprises.

Hffmbx.

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