Chapitre 60
Cette rue pourtant si calme et paisible gardera pour toujours le souvenir de ce premier baiser. Pour moi, Denis compte. Et même s'il ne ressent pas la même chose, les sentiments que j'éprouve en l'apercevant arriver ne changeront jamais. Il a été le premier et restera le seul. Quoiqu'il arrive.
Il gare sa voiture juste devant moi et en sort doucement . Je remarque immédiatement l'inquiétude prendre place sur son visage. Il a dû sûrement remarqué l'état pitoyable dans lequel je suis. Je porte toujours ses vêtements qui au passage sont bien trop grands pour moi. Mes cheveux retombent le long de mon dos sans pour autant qu'ils ne soient disciplinés. Et plus que tout, mon sourire est absent. Je dois arborer une de ces mines lorsque je me mets à réfléchir un peu trop à tout ce qui ne va pas dans ma vie.
Je suis épuisée.
Lorsqu'il s'arrête en face de moi dans le silence, je vais le prendre dans mes bras. Je dépose ma tête contre son cœur et j'enroule mes bras autour de lui. Je ferme les yeux tout en m'imaginant autre part. Dans une autre vie où seuls lui et moi comptent.
Après quelques instants, il dépose ses mains contre mon dos et je sens le poids de sa tête s'appuyer contre le haut de mon crâne. Il ne dit rien, je ne dis rien mais les gestes suffisent.
Il est le seul capable d'apaiser mes peines en ce moment. Il est sûrement le seul à pouvoir comprendre ce que je ressens. J'ai besoin de lui.
De son odeur si spéciale, de son regard si profond, de sa présence si parfaite et de son cœur si chaleureux.
Lui, tout simplement.
Sa voix finit par me faire rouvrir les yeux.
- Qu'est-ce qui t'arrive Diviya ?
Je secoue la tête, je n'ai pas envie de répondre et gâcher ce moment si réconfortant, mais je sais qu'il s'inquiète. Alors je fais l'effort de m'éloigner au moins pour quelques minutes, le temps de lui expliquer.
Son regard éclatant m'accueille comme à son habitude et je prends une grande inspiration avant de parler.
- J'ai tellement de chose à te raconter. Dis-je.
- Je t'écoute comme toujours.
- Est-ce que d'abord on pourrait passer la journée ailleurs ?
Je n'ai pas envie de rester dans cette ville. A chaque moment, je risque de croiser quelqu'un qui m'annoncera une nouvelle qui me contrariera.
- Euh ouais si tu veux. Quelqu'un t'a fait du mal ?
Il s'inquiète vraiment.
- Non. Pas dans le sens auquel tu penses.
Il approche ses deux mains pour les poser sur mes épaules.
- Tu me le dirais sinon hein ?
- Oui.
- Promis ?
- Promis.
- Ok. Termine-t-il en m'esquissant un petit sourire.
Il m'invite alors à monter dans la voiture. Je ne cherche pas vraiment à lui indiquer un endroit où aller, tout simplement parce qu'à part cette ville, je ne connais rien. Ma tête contre la vitre et mon esprit dans les nuages, je me laisse transporter par celui que j'aime.
Quand je pense qu'il y'a quelques temps, je ne m'imaginais pas rester avec lui. Je le détestais plus que tout et je pensais qu'il était une personne sans cœur et méchante. Je pensais qu'il faisait tout ce mal à mon frère pour aucune raison et que c'était sa façon de s'amuser. J'étais très loin de m'imaginer que la personne sans cœur était mon Aless. Depuis le début, j'ai cru la mauvaise personne et je ne referais plus cette bêtise. Malgré les mots de Paloma, je sais que je peux avoir une confiance aveugle en Denis.
Je sursaute légèrement lorsque la main de Denis se dépose sur la mienne. Je jette un coup d'œil à mon sauveur, un peu surprise.
Il me sourit. Ce genre de sourire que souvent on trouve réconfortant. Ça me surprend beaucoup de voir Denis dans cet état. Il a l'air plus calme, il m'écoute, sourit. C'est si rare et ça ne colle pas du tout à cette allure de brute qu'on lui associe souvent. De loin, Denis a une allure de gros dur. Il est imposant. Quand il parle les gens l'écoutent et ils ont peur quand il menace. C'est cette allure qui d'ailleurs a attiré Jessy. Elle a toujours eu un petit penchant pour les hommes un peu froid et difficiles. Ce sont d'ailleurs souvent eux qui brisent le cœur de nombreuses filles. Il a brisé celui de Jessy.
Des fois, je me demande s'il était comme ça avec elle. Est-ce qu'il la réconfortait comme moi ? Est-ce qu'il l'écoutait aussi attentivement que moi ? Est-ce qu'il la regardait pareil ? Il la prenait dans ses bras aussi fermement ? Toutes ces questions, bien sûr que j'y pense et j'ai parfois peur de la réponse. Car si c'est le cas, et bien ça voudrait dire que j'en suis juste une de plus. Je finirais à mon tour brisée comme toutes les autres. Et après tout ce que j'ai vécu, je sais que si cela arrive, je ne le surmonterais pas.
Je suis forte mais pas à ce point. J'ai mes faiblesses et progressivement, je commence à comprendre que Denis est l'une d'entre elle. Il a le pouvoir de me briser à tout moment et c'est effrayant.
- Aless t'as fait quelque chose ? Demandé-je pour faire taire mes pensées.
- Qu'est-ce tu veux qu'il me fasse ?
Je sais pas peut être qu'il se sont disputés après mon départ. Denis avait l'air bizarre et mon frère un peu trop en colère.
- Je sais pas, il a dit quelque chose à propos de nous ?
- Je m'en fous de ce que les gens peuvent dire, Diviya.
D'accord. Il a raison, parfois les mots de certaines personnes peuvent blesser et s'en ficher, c'est une sorte de bouclier. C'est compréhensible.
- Alors euh juste après que je sois partie, qu'est-ce qui s'est passé ?
Sans détacher son regard de la route, Denis continue de répondre.
- Rien. Il est parti avec John.
Je sens que quelque chose ne va pas dans la voix de Denis. J'aimerais aussi pouvoir entrer dans sa tête pour voir ce qui s'y passe.
- Et toi, tu vas bien ?
Il finit enfin par détourner son regard de la route pour le poser sur moi. C'est l'affaire de quelques secondes mais c'est déjà ça.
- Pourquoi tu me poses cette question ?
- Parce qu'il est évident que quelque chose ne va pas.
- Ah ouais ? Tu penses pouvoir lire dans mes pensées maintenant ?
- Non mais je te connais. Et je sais que ce genre d'attitude ça ne te ressemble pas. Tu es un peu trop silencieux, si tu veux mon avis.
Je vois son sourire en coin apparaître sur son visage et presque comme un réflexe je souris aussi.
- J'étais juste en train de réfléchir à quelque chose , Reprend-il un peu plus sérieusement.
Il a clairement piqué ma curiosité.
- Ah oui, quoi ?
- Qu'est-ce que je suis pour toi ?
Je me redresse de façon peu discrète contre mon siège. C'est comme si cette question était pas celle pour laquelle je tentais de dissimuler au maximum la réponse. Maintenant, qu'il est près de moi je dois tout faire pour ne pas lui montrer ce qu'il est vraiment pour moi. Quelqu'un dont je suis tombé amoureuse.
- Un ami.
Sans m'y attendre le son du rire de Denis empli l'habitacle. Il rit à gorge déployée, où plutôt il se moque de ma réponse peut convaincante. Mince !
- Je te crois pas une seconde Diviya.
- C'est la vérité. Enfin je ne te déteste plus Denis.
- Ouais ça je sais. Par contre, je ne suis pas ton ami, on le sait très bien toi et moi. Vas-y soit honnête pour une fois.
La blague. La seule personne pour qui je suis honnête concernant ce sujet c'est moi même et c'est déjà beaucoup.
- Je suis honnête. Tu es devenue quelqu'un...en qui j'ai confiance. Tu es un bon ami.
Son regard se dépose de nouveau sur moi pour quelques fractions de secondes. Nous arrivons près d'une station service. Denis a pris la bretelle vers l'air de repos. Il se gare pas très loin de la pompe à essence et coupe le moteur. Il se tourne vers moi en détachant sa ceinture.
- C'est pas ce que tu m'as dit hier soir.
Je panique. Qu'est-ce que j'ai bien pu dire hier soir ? Bon sang réfléchis Diviya.
- Qu'est-ce que j'ai dit hier soir ?
Je vois l'expression taquine de Denis réapparaître. Son visage s'approche un peu plus du mien. C'est comme s'il savait à quel point sa proximité me déstabilise.
- Tu as dis que j'étais le plus beau mec que t'as rencontré et que t'étais folle amoureuse de moi.
Non ! Je n'ai pas dit ça. Je me sens rougir comme une idiote. C'est pas possible, si j'avais dit ça, je m'en serais souvenue. Je ne pouvais pas dire quelque chose d'aussi personnelle sans en avoir le moindre souvenir.
- J-je ...
Puis il rigole de nouveau. Ce sourire si particulier me fascine.
- Détend-toi, je déconnais. Mais à voir ta réaction, je ne suis peut être pas très loin de la vérité.
Il me fait un clin d'œil avant de reprendre de la distance. Je reprends ma respiration. Mon dieu, c'était quoi ça ?
- Je vais mettre le plein, tu peux aller à l'intérieur de la station, je te rejoins.
J'acquiesce et m'enfuis presque de la voiture. C'était super gênant ! Je ne prends pas la peine de lui jeter un coup d'œil et j'entre à l'intérieur de l'espace. Il y a de tout, de la nourriture des journaux, des confiseries. Je m'approche du côté confiserie et j'opte pour des crackers. Ils ont la forme de petits smileys. C'est mignon.
Je prends également une bouteille d'eau et me dirige vers la caisse. C'est à ce moment que Denis vient me rejoindre. Il me prend les crackers ainsi que la bouteille d'eau de mes mains et se dirige vers le caissier.
Il ne m'a pas laissé payé. C'est vraiment stupide. J'ai pris ça pour moi et je n'ai pas besoin qu'il m'offre tout ça enfin, j'avais mon argent. Je le regarde un peu étonnée lorsqu'il sort de la station service.
- Y'a un Burger King juste derrière. Je préfère manger là bas plutôt que me taper tes vieux crackers de gosse.
Je le regarde un peu offusquée.
- J'ai pas faim, moi. Répondis-je.
- Et bah moi si.
Il se dirige alors vers l'autre côté et je commence à apercevoir l'enseigne de fast food. Denis me jette quelques coup d'œil amusés alors que je le suis comme une enfant. Une chose est sûr, l'ambiance entre nous et bien plus agréable qu'il y a quelques heures. Nous avons l'air de bonne humeur malgré tout.
- Tu prends quoi ? Me demande-t-il.
- J'ai pas faim Denis, je te jure.
- Sérieux Diviya ? Tu crois que ces conneries c'est de la bouffe ?
Il me pointe encore du regard mes crackers. Après la soirée d'hier, si je m'aventure à manger un de ces burgers, c'est sûr que cette fois-ci je vais vomir. Je préfère me garder mes petits crackers pour grignoter, ça me suffit.
- T'es jaloux. Tu en veux toi aussi c'est ça ?
Je vois qu'il sourit en finissant par abandonner. Nous nous installons alors dans un coin près d'une grande fenêtre.
Je n'ai jamais mis les pieds hors de la ville. Depuis mes huit ans en fait, je suis ici à Washington. Jusque là, je n'avais jamais vraiment pensé à sortir de la ville. Je me sentais bien près de ma famille et de Jessy. Tout allait bien dans ma zone de confort. Mais aujourd'hui, je sens que cette environnement vire peu à peu au noir. Je me rends compte que mon entourage m'a blessé peut être sans le vouloir comme avec mes parents, mais une chose est sûre, j'ai besoin de respirer.
Je vois Denis engloutir son burger en un temps record, ce qui me fait sourire. C'est sûr que tous les deux n'avons pas le même gabarit. Il a peut être besoin de plus d'énergie que moi. Je laisse mon regard virer vers la fenêtre. A travers, j'observe quelques chauffeurs routiers leur café en main. Il y a des couples également, qui partent peut être en week end. Et rarement, des familles avec des enfants. Cette ambiance des airs de repos est plutôt marrante. On y croise des gens que l'on ne reverra probablement plus jamais. Ce ne sont que des intersections dans les courbes tumultueuses de nos vies.
- ...York.
Je retourne ma tête vers Denis dont la voix vient de me tirer de mes réflexions pour ne pas changer.
- Tu disais ?
- On va à New York.
- C'est vrai ?
- Ouais c'est vrai. C'est à quelques heures.
Je souris comme une enfant gâté à noël. C'est officiel, Denis tu es incroyable. Bien sûr, je garde tout ça pour moi.
- Merci. Dis-je sincèrement.
- De quoi ?
Je dois le remercier pour tellement de chose.
- De me rendre heureuse.
Le sourire qu'il arborait disparaît doucement. Je ne l'ai pas insulté, au contraire je l'ai remercié alors pourquoi arborer cette tête confuse ?
- Euh, de rien.
Il se lève alors comme soudainement pressé de sortir du restaurant. Il m'annonce qu'on a encore de la route à faire et qu'il faut se dépêcher pour ne pas arriver trop tard. Alors, sans dire mot, je m'en vais le suivre en direction de la voiture.
Hffmbx
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Coucou !!!
J'espère que ce chapitre vous a plu, et que le petit voyage de Denis et Diviya vous plaira aussi.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et ce que vous imaginez ou aimeriez lire pour la suite.
Bon week end productif et reposant à vous !
❤️
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