Chapitre 6

Ça fait deux jours que nous n'avons pas de nouvelles de mon frère. Mes parents sont paniqués à l'idée que quelque chose de mal lui soit arrivé.

En plus de ça, je n'ai même pas fait l'effort de leur raconter ce qui s'était vraiment passé cette nuit là. Je me suis contentée de dire qu'il était sortie avec des amis et que j'avais plus eu de nouvelles depuis ce moment.

Je me sens coupable et j'ai peur que mon mensonge ne finisse par mettre en danger mon frère.

Je suis actuellement en train de préparer mes affaires pour demain car c'est ma rentrée à l'université de Washington. Mon cerveau est partagé entre l'excitation de découvrir ce tout nouveau monde et le stress de ne pas revoir mon frère.

Amber vient interrompre mes pensées en pénétrant dans ma chambre.

- J'ai hâte que tu découvres le monde formidable de la fac, Vivi. Dit-elle.

- Oh tu es là ?

- Oui je voulais voir comment vous alliez après Aless et je voulais aussi te souhaiter bonne chance pour demain.

Ma sœur a toujours été très attentionnée envers moi. Elle est si douce et compréhensive.

Puis comme si elle lisait dans mes pensées, elle devine ce qui me tracasse et me demande :

- J'en suis sûr qu'il va bien. Il doit être chez l'un de ses amis.

Je hoche la tête en essayant de cacher mon air coupable. Je sais très bien qu'Aless n'est pas chez Denis mais en revanche elle a peut être raison sur un point. Il reste « John ».

- Sûrement. Répondis-je en me jetant sur mon lit.

- Je vais devoir te laisser, Alan doit sûrement m'attendre.

Je me relève brusquement en interrogeant ma rousse du regard.

- Alan ?

Amber se met à baisser les yeux et à sourire timidement.

- On s'est rencontré il y a un mois. M'avoue-t-elle.

- Je suis super contente pour toi.

Des fossettes apparaissent sur les joues de ma grande sœur non sans dévoiler ses dents blanches parfaitement alignées. Elle a l'air vraiment heureuse. Ça me fait plaisir pour elle.

- Allez...

Elle vient m'embrasser sur le front avant de me souhaiter bonne chance encore une fois et sortir de ma chambre.

Sans finalement m'en rendre compte, je me retrouve patiemment à attendre la voix de ma meilleure amie au bout du fil.

- Diviya ?

- Jessy est-ce que tu aurais des nouvelles de mon frère ?

- Non pas vraiment ma belle. Je peux appeler Denis si tu veux ?

- Non, non ne le dérange pas.

- Diviya ?

- Hmm...

J'arrive à discerner la respiration irrégulière de ma meilleure amie lorsqu'elle ajoute :

- Tu m'en veux ?

- Pourquoi ?

- De t'avoir caché tout ça avec ton frère. Je sais que j'aurais du t'en parler et maintenant il est dans cet état à cause de moi.

Je ne sais pas quoi dire. Une partie de moi en veut à Jessy. Elle aurait pu d'abord rompre avec mon frère avant de se jeter dans les bras de Denis. C'était pas bien de briser le cœur de mon frère comme ça, gratuitement. D'un autre côté, je sais que ce ne sont pas vraiment mes histoires, alors je choisis de lui en vouloir qu'un peu, le reste de ma haine je décide de la mettre sur Denis.

- Un peu.

- Je suis tellement désolée, on s'était disputé la semaine dernière et je lui ai dit que je voulais faire un break. C'est vrai que je n'aurais peut être pas dû voir Denis.

Un break. Je comprends alors qu'ils n'était plus vraiment ensemble. On va dire que ça atténue une petit peu ma haine contre elle.

- Je t'en veux mais je ne veux pas que ça brise notre amitié ok ?

- C'est vrai, moi non plus. Je m'excuse Vivi.

Je pense comprendre ce qui doit l'attirer chez Denis. J'imagine qu'il n'est pas laid. Il est grand, brun, ténébreux aux yeux clairs mais le physique est aussi attirant que son comportement est repoussant. Lorsqu'il m'a craché qu'Aless n'était pas mon frère biologique l'autre soir, ça n'a fait qu'enfoncer le couteau dans ma plaie et dieu seul sait à quel point elle est déjà profonde. Il semble aimer blesser les personnes autour de lui, cela ne montre que la toxicité de son cœur.

- Diviya ?

- Quoi ? Qu'est-ce que tu disais ?

J'étais réellement pas en train de l'écouter.

- On se retrouve demain à la fac ?

- Oui, bien sûr.

- Oh et Diviya...

-Hmm ?

- Denis fera tout pour le retrouver, je te le promets.

Je ne trouve rien à répondre et c'est donc pour cette raison que je lâche un simple « d'accord» avant de souhaiter bonne nuit à ma meilleure amie.

C'est donc la tête remplie de songes que je finis par sombrer dans les bras de Morphée.

***

Je me précipite pour prendre une douche puis par attraper mes vêtements. Alors j'ai décidé de porter un jean noir et un tee-shirt a manches longues blanc. Je dois avouer que ça me fait moi même bizarre de porter des vêtements aux couleurs neutres mais c'est ma rentrée à la fac et j'ai envie d'essayer quelque chose de nouveau aujourd'hui.

J'attrape mon chouchou favoris pour m'attacher les cheveux.

- Diviya tu vas être en retard ! m'appelle ma mère.

- Oui je descends. répondis-je.

J'attrape mon portable et mon sac avant de dévaler les escaliers. Comme tous les matins, le petit déjeuner est prêt mais quelque chose semble manquer.

Le sourire de mes parents.

- On va le retrouver, j'en suis sûr. Leur dis-je.

Ma mère s'efforce de me rendre un sourire et elle finit par me tendre une tartine au nutella. J'en raffole !

Je me dépêche de finir et de boire mon jus de fruit pour éviter de rater mon bus.

Oui, aujourd'hui Aless était censé me déposer à la fac mais comme il n'est plus là, je dois prendre le bus.

J'ai l'étrange sentiment que mon frère va bien mais que là où il est, il est triste.

Enfin bref, après une vingtaine de minutes à m'imaginer les pires scénarios de cette rentrée, je finis par descendre du bus pour tomber en face de cette immense université.

Je viens de recevoir un sms de ma meilleure amie qui m'indique qu'elle m'attend devant l'amphithéâtre principal. J'essaie de suivre les différents panneaux du campus pour me diriger mais cet endroit est assez immense ce qui rend la tâche très compliquée.

Ce n'est donc pas sans un début de migraine que je finis par retrouver ma meilleure amie.

- Salut. Tente-t-elle.

- Salut.

La tension est palpable et je vois que ma meilleure amie s'en veut, beaucoup plus que ce qu'elle ne devrait d'ailleurs.

- Diviya je veux que tu saches que j'aimais vraiment ton frère. C'était d'ailleurs peut être le seul à qui j'ai été autant attaché.

- Je te crois Jessy mais je ne veux plus parler de cette histoire, d'accord ?

Elle hoche la tête puis nous décidons d'entrer dans le grand espace en suivant tous ces nouvelles têtes.

Nous prenons place à côté d'une jolie fille brune qui nous sourit chaleureusement en nous apercevant.

Le cours commence et c'est plus du blabla qu'autre chose. Le professeur insiste sur la principale nouveauté cette année : l'autonomie.

J'ai toujours été quelqu'un de très autonome, ça va de soit. En revanche, aujourd'hui il reste un domaine bien particulier dans lequel l'autonomie n'est pas mon fort : le domaine émotionnel. Depuis le jour où j'ai atterris dans cette famille, j'ai ressentis l'amour pour la première fois et j'ai toujours été entourée.

J'ai en réalité toujours besoin de quelqu'un pour me rassurer dans ma vie, quelqu'un qui me fait sentir en sécurité, quelqu'un qui me soutient et qui m'aime. La question est : suis-je capable d'aimer réellement quelqu'un ?

J'aime ma famille, c'est tout ce que j'ai dans cette vie mais serais-je capable de trouver mon âme sœur ?

Pour ma meilleure amie ça semble être simple. Elle essaie avec toute personne qui l'attire plus ou moins physiquement. Je précise « plus ou moins » car il lui est arrivé de fréquenter certains garçons avec un style...Comment dire ?

- singulier.

Ma meilleure amie me sort de mes pensées en prononçant le mot exact auquel je pensais. En revanche, je doute que ce soit dans le même contexte.

- Quoi ? demandais-je.

- Le prof, Viya. Il est vraiment pas éloquent pour un prof de fac.

- Ah.

Je me concentre sur le quinquagénaire qui s'agite devant son diaporama, sa télécommande à la main.

- Qu'est-ce qu'il y'a ? renchérît Jessy.

- Rien, seulement je réfléchissais.

Cette dernière me regarde d'un air désolé, une nouvelle fois.

- Ce n'est pas Aless. La devançai-je.

- C'était quoi alors ?

Sans savoir vraiment pourquoi je me mets à rougir. Il est hors de question que je raconte le fond de ma pensée.

Le cours finit par se terminer. C'était plus un presentation qu'un cours d'ailleurs.

Des centaines d'étudiants se précipitent vers la porte d'entrée et je m'apprête à faire de même mais ma meilleure amie me tire par la main vers l'opposé.

- Où vas-tu ?

- Un raccourcit.

Je la suis alors qu'une porte vient s'insérer dans mon champ de vision. Nous la prenons avant de finir à l'extérieur du bâtiment.

- On va manger avec des amis. Me dit-elle.

- Quels amis ?

C'est vrai, ça a toujours été Jessy et moi. Enfin, sans compter les amis de soirée de ma meilleure amie. Elle n'avait pas trop le choix car c'était impossible de m'y traîner et ça, elle l'a bien compris.

- Tu verras, mais avant que tu ne juges qui que ce soit, apprend à les connaître ok ?

Je regarde Jessy un peu perdue mais j'accepte de la suivre.

Nous finissons par arriver dans un coin d'herbe dans le campus. C'est assez calme et plutôt jolie.

Au loin, il y'a trois personnes que j'arrive à peine à distinguer. Une jolie blonde qui semble être sur les genoux d'un garçon et puis un autre garçon, brun, assez imposant et une casquette sur la tête...

- Salut ! Déclare ma meilleure amie.

Cette dernière se dirige immédiatement vers Monsieur casquette, il lève à peine les yeux vers elle qu'elle vient l'embrasser. Je détourne alors immédiatement le regard, je n'avais pas remarqué que c'était Denis.

- T'as ramené l'indienne ?

- Jonathan ! s'exclame la jolie blonde sur ses genoux.

Denis finit par se décoller de Jessy pour ensuite déposer son regard sur moi. Ses yeux verts m'immobilisent sur place.

- Ton frère crèche chez John. Déclare-t-il alors d'une voix neutre.

Je me contente d'hocher la tête sans vraiment comprendre l'information.
Ce n'est que lorsque tout le monde se rassoit et que je reste debout que j'arrive à ouvrir la bouche.

- Attend quoi ?

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