Chapitre 59

Quand nous remontons dans la chambre où Jessy a passé la nuit, nous sommes toutes les deux surprises de découvrir qu'elle ferme brusquement la fenêtre et commence à s'essuyer quelques larmes sur son visage. Ni une ni deux, je m'approche d'elle pour la rapporter de nouveau vers son lit. Elle tient à peine debout.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Demandé-je.

J'essaie de fouiller son regard mais lorsque celui-ci croise le mien, j'en ai limite des frissons. Elle me dévisage d'un air drôlement dur. Je ne comprends pas.

- C-c'est rien, j'ai juste la nausée et le vertige.

- Les retombées de l'alcool. Déclare Paloma derrière moi. Je t'apporte de l'aspirine.

Paloma quitte la pièce nous laissant alors jessy et moi seules dans la chambre.

- Je suis heureuse que John et Denis nous aient trouvé, tu te rends compte Jess, ces deux garçons auraient pu aller bien plus loin !

Le regard de ma meilleure amie n'a toujours pas changé. Elle me fixe toujours aussi bizarrement.

- Ouais mais moi il m'a pas drogué. Dit-elle.

- Heureusement, dis-je.

Il s'avère que son surfer était moins dangereux que Luke. Comme quoi, il ne faut jamais se fier à l'apparence d'une personne.

- Et toi Diviya comment tu vas ? T'as passé la nuit chez Denis ?

Le visage de ma meilleure amie se crispe en un sourire un peu trop forcée. C'est là que je comprends. Elle est jalouse. Je m'en doute qu'elle a toujours des sentiments pour Denis. Leur relation s'est terminé brusquement et m'a meilleure amie ne s'en est pas resté visiblement.

- Oh tu sais, tu n'as pas raté grand chose. Dis-je alors pour la rassurer.

- Comment ça ?

- Aless a débarqué...

Jessy se lève brusquement du lit tout en me regardant droit dans les yeux. J'imagine qu'elle doit se poser un tas de questions.

- Et alors ?

- Et alors euh, t'imagines bien qu'il n'a pas bien réagi. Il s'est mit à hurler sur Denis enfin il pensait que j'avais passé la nuit avec lui ...

- Et c'est le cas non ? M'interromps Jess.

Bien sûr que non ! Même dans mes rêves les plus fous, je me doute que ça n'arrivera pas.

- Chez lui Jessy, mais pas avec lui.

Jessy me dévisage toujours comme si elle avait du mal à me croire. Mais c'est pourtant la vérité ! Je n'ai pas dormi avec Denis.

Paloma finit par nous rejoindre en tendant un verre d'eau avec ce qui me semble être de l'aspirine en effervescence à l'intérieur.

- Il faut que je rentre chez moi. Dis-je finalement.

- Déjà ! Me demande Paloma, restez ici pour la journée au moins.

- C'est gentil mais ça fait plusieurs fois que je passe mes nuits autre part qu'à la maison sans prévenir, c'est pas mon habitude.

Paloma vient me prendre dans ses bras tout en ajoutant.

- T'as dix huit ans Vivi, un peu de peps dans ta vie ne tuera personne.

Nous finissons alors par descendre en bas et Paloma propose de me déposer. Je n'ai vraiment pas la fois de marcher jusqu'à chez moi. J'ai l'impression que nous somme déjà en fin de journée alors qu'il est à peine onze heures. Jessy quant à elle décide de rester le temps d'aller un peu mieux. Je lui dis au revoir. On risque de se croiser lundi à la fac de toute façon.

Sur le trajet du retour, Paloma a laissé la radio en fond et j'avoue qu'entendre les informations m'ont permis de penser à autre chose que ce qui s'est passé ce matin et la veille.

Je m'apprête finalement à descendre de la voiture lorsque Paloma s'arrête devant chez moi mais elle m'interrompt.

- Tu viens au ski ?

- Non, je ne m'y suis pas inscrite.

- T'inquiète pas pour les inscriptions, je connais les organisateurs ils diront rien.

Je me gratte la nuque un peu hésitante. C'est loin d'être le genre de voyage que j'apprécie, et puis c'est dans deux semaines alors c'est bientôt ...

- Réfléchis-y, tu me diras ta réponse lundi ok ?

J'accepte.

Je me dirige alors vers ma maison. C'est sûr que ces dernières vingt quatre heures étaient chaotiques. Je dirais à mes parents qu'après notre sortie avec Jessy, on est allé terminé la nuit chez elle. Je veux éviter de les inquiéter en leur parlant du drame d'hier soir, ou plutôt de ce matin.

Quand j'entre à l'intérieur, mes parents sont tous les deux assis sur le canapé et discutent. Ils ne m'ont pas remarqué encore. Je m'approche alors du séjour et je découvre qu'ils ne sont pas seuls. Il y a cette femme avec eux.

Je la reconnais ! C'est la femme qui sortait de chez nous l'autre fois. Ça remonte à plusieurs semaines déjà mais je me souviens encore des larmes de ma mère lorsqu'elle a quitté le domicile. Qu'est-ce qu'elle nous veut ?

J'entre alors dans la pièce et c'est à ce moment que tout le monde se lève. La femme blonde ainsi que mes deux parents me dévisagent d'un air inquiet.

- Diviya, on te cherchait, tu vas bien ? Me demande mon père.

Un peu confuse par l'ambiance qui règne dans la pièce, je leur réponds perturbée.

- Oui, euh j'ai passé la nuit chez Jessy. Pas de quoi s'inquiéter.

- Alors euh ma fille, reprend ma mère un sourire crispé au visage, je te présente Laura. Cette dame a vécu six ans au Cambodge et elle est assistante sociale.

D'accord. Donc la raison pour laquelle elle est ici, c'est moi. Ça ne peut pas être une coïncidence qu'elle ait travaillé au Cambodge, soit dit en passant mon pays.

Je finis par aller m'asseoir sur le grand fauteuil du séjour et j'attends patiemment ce qu'ils vont m'annoncer.

- Bonjour Diviya, j'imagine que tu ne te souviens pas du tout de moi. J'ai travaillé dans ton orphelinat au Cambodge. J'ai aidé tes parents pour l'adoption.

- Bonjour. Dis-je donc.

Je sens que le sourire un peu trop prononcé de cette femme n'est ici que pour atténuer ce qu'elle va me dire. C'est mon pressentiment du moins.

- Il y a quelques mois, Rama ta maman biologique est tombée gravement malade. Elle a réussi à prendre contact avec moi et j'ai par la suite contacter tes parents ici. Elle avait besoin de soins médicaux et au Cambodge, elle n'avait pas les moyens. Alors Madame et Monsieur Taller ont décidé de l'hospitaliser ici, sous leur frais. Ils ont fait ça pour toi, Diviya.

Malgré cette sensation qui remue encore dans mon estomac, mon cerveau quant à lui est en parfait état pour assimiler ce que je viens d'entendre.

- Pour moi ?

J'ai l'impression de vivre un nouveau cauchemar. Donc c'est mes parents qui ont décidé de faire venir cette Rama ici, pour la soigner ? J'aurais préféré qu'elle meure là bas avec sa maladie. J'arrive pas à croire que ce monstre se fait soigner aux États-unis en profitant de ma vie ici !

- Oui, ma belle. On s'est dit que ce serait aussi l'occasion que vous discutiez. Ajoute ma mère.

Je me lève brusquement alors que la colère commence à monter de plus en plus. J'arrive pas à croire qu'ils trouvent tous cette situation normale ! Je vois quand même que l'appréhension qui se lit sur leur visage témoigne d'un léger doute pour leur décision.

Cette femme qu'ils sont en train de soigner c'est à cause d'elle que j'ai faillit mourir. C'est elle qui m'a abandonné, c'est à cause d'elle qu'aujourd'hui je souffre autant et que je suis aussi...étrange.

- Ecoutez-moi bien, je n'irais jamais voir cette femme. Affirmé-je. Elle n'est plus rien pour moi ! Vous aurez du la laisser mourir, c'est ce qu'elle mérite.

Je suis rarement quelqu'un qui souhaite du malheur aux autres. Même si on me blesse, j'ai tendance à tout faire pour prendre sur moi et essayer de comprendre l'autre. En revanche, quand il s'agit de cette femme qui n'a eu aucun scrupule pour abandonner son enfant de six ans, là c'est tout autre chose.

Je m'apprête à sortir de la pièce lorsque la femme blonde me rattrape par le bras. Elle n'a pas le droit de me toucher...

- Écoutez Diviya, je comprends votre réaction. Elle est tout à fait normal mais réfléchissez -y, hein ? Vous n'aurez peut être pas d'autres occasions de la voir...

Oui, c'est ça le but. Je ne veux plus la voir.

- Ma décision est ferme. Je ne veux pas voir cette femme.

Je me détache de l'emprise de la femme et lance un dernier regard à mes parents.

- Vous aussi, au lieu de me dire la vérité vous l'avez ramené ici pour la soigner. Sans mon accord ! Est-ce que je compte un minimum pour vous ? Vous pensez que je ne méritais pas de savoir, c'est ça ?

- Non Diviya, c'est pas ça. Répond mon père.

- Mais bien sûr.

Je n'attends pas leur réponse et me précipite à l'étage pour rejoindre ma chambre. J'attrape un sac et y range quelques vêtements à l'intérieur, des affaires de toilettes, mon chargeur de portable puis je referme le tout.

Ensuite, j'attrape mon téléphone en dévalant les escaliers puis contacte la seule et unique personne avec qui j'ai envie d'être en ce moment.

Denis.

Hffmbx.

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