Chapitre 57

Et puis il s'approche de nouveau. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour comprendre qu'il est juste en face de moi. Je n'ai pas besoin de l'entendre pour savoir que c'est lui. Je le sens. J'ai juste besoin qu'il reste aussi proche pour toujours. Je le veux pour moi seule et pour toujours.

J'ouvre de nouveaux les yeux. L'eau chaude coule depuis au moins dix minutes alors que j'ai déjà finit de me laver. Je m'empresse de couper l'eau car je sais que je pourrais rester des heures à me l'imaginer au près de moi. Je me demande quand même si ce genre de pensées ne font pas de moi une folle à lier. Est-ce que c'est normal de penser à lui quasiment tout le temps ? Est-ce que c'est normal de me l'imaginer avec moi dans ce genre de moment ?

Je ne sais pas ! Mais ce que je sais, c'est que Jessy aurait sûrement la réponse. En parlant de Jessy, il faut que je l'appelle.

Je me dépêche de sortir de sous la douche pour aller m'habiller. Des vêtements appartenant encore à Denis. Je vais finir par devoir créer un dressing qui ne contiendront que ses affaires à cette allure.

Je me dépêche de me rhabiller et de quitter la salle de bain. Hésitante, je m'en vais rejoindre la chambre dans laquelle je viens de passer une partie de la nuit. Sa chambre.

J'essaie de retrouver mon sac ainsi que ma veste. J'essaie de fouiller du regard un petit peu partout sans pour autant toucher à quoique ce soit. Je n'ai pas envie de fouiner dans la chambre de Denis. C'est personnel.

Quand j'aperçois la lanière de mon sac déborder de sous le lit, je me penche pour l'attraper. Rapidement, je sors mon téléphone pour composer le numéro de Jessy. Elle ne répond pas.

John m'a pourtant dit qu'elle était chez Paloma. Peut être qu'elle dort encore. Elle doit avoir la gueule de bois, je pense. Je ne connais pas grand chose à cette maladie post consommation.

Alors que je me laisse tomber sur le lit de Denis, j'aperçois la silhouette de John me fixer à l'entrée de la chambre.

- Qu'est-ce qui te prend à me regarder comme ça ? Ça va pas ?

- Moi, ça va.

Je me relève pour me mettre debout non sans déposer ma main sur ma tête. Le vertige atroce que cette drogue m'a provoqué est affreux.

- Qui ne va pas bien, alors ? M'inquiété-je en apercevant le visage neutre de John.

« C'est quoi le délire, je veux la voir ! »

Aless ?

La voix de mon grand frère résonne au rez-de-chaussée alors que mon cœur commence à battre de plus en plus fort. Qu'est-ce qu'il fait là !

Je regarde John paniquée en attente d'une réponse.

- Voilà ! Ça c'est ce qui va pas. Fait-il en levant le doigt en l'air.

Il a l'air de s'amuser. La situation l'amuse où je rêve. Je ne cherche pas vraiment à comprendre la réaction de cet abruti de John et le bouscule pour aller rejoindre les escaliers. Malheureusement, il me rattrape en me tirant par le bras. Je me soustrait vite à ce contact avant de l'interroger.

- Ça t'amuse John ? Sérieusement ?

- Un peu.

Je m'apprête à descendre mais il me retient de nouveau.

- Ne me touche pas s'il te plaît. Je m'énerve.

- Ok, écoute moi. On s'est mis d'accord sur quelque chose. C'est Paloma qui t'a déposé ici. Vous avez passé la nuit chez elle avec Jessy et elle est partie chercher le petit dej avec Jessy. C'est bon ?

- Quoi ?

- Putain, c'est pas le moment de pas comprendre l'anglais, Princesse.

- Arrête tes bêtises John s'il te plaît !

- Je suis sérieux merde !

- Mais, comment Aless a su que j'étais là ? Qu'est-ce qu'il fait ici ?

John se gratte l'arrière de la nuque nerveusement avant de me répondre.

- Hernandez l'a appelé hier.

Je nage en plein cauchemar. Oui, c'est ça ! Je vais me réveiller sous peu, c'est pas possible.

- Denis n'appellerait jamais Aless...Dis-je.

- Et bah si, il l'a fait ! Quand il t'a trouvé, t'étais dans une sale état, il a paniqué, il voulait bien faire et il a appelé ton frère, satisfaite ?

Alors je peux être tout sauf satisfaite ! J'ai du mal à me dire que Denis a mis cette haine de côté envers mon frère, pour moi ? Encore une fois !

Je me dépêche d'aller les rejoindre en bas avant qu'ils ne s'entretuent. Je m'arrête à quelques mètres d'eux et c'est à ce moment que le regard de celui que je considérais comme un frère exemplaire, se pose sur moi. Il finit par glisser ses yeux de mes pieds jusqu'à ma tête et là je réalise. Cette tenue est vraiment douteuse et ne corrobore pas du tout avec l'excuse de John.

Aless s'appprche de moi et me tire par le bras jusqu'à me positionner à côté de lui. Sans me lâcher il continue de s'adresser à Denis qui se tient juste en face de nous.

- Fils de pute un jour, fils de pute toujours hein Hernandez ? Déclare Aless.

- Fait gaffe à ce que tu dis, mec ! S'énerve John qui a finit par nous rejoindre.

Bizarrement, Denis ne dit rien. Il ne bouge pas et nous fixe Aless et moi à tour de rôle. Ça ne lui ressemble pas de se taire dans ce genre de situation... Qu'est-ce que j'ai raté ?

- Où sinon quoi hein ? Qu'est-ce qu'il compte me faire ? J'attends une réponse avant de me casser d'ici, qu'est-ce qu'elle fou chez toi à 8 heures du mat et pourquoi tu m'as appelé bordel ?

Denis continue à se taire et je remarque que son silence ne fait qu'augmenter la rage de mon frère. Sa main me serre beaucoup trop fort, je ne serais pas surprise d'y découvrir une marque lorsqu'il l'a retirera. Pour autant, je n'ose quand même pas bouger.

- Parle putain !

- Elle était avec Jessy. Elles ont passé la nuit chez Paloma avant de venir ici. Déclare John sûr de lui.

Je ferme les yeux. Il n'y a rien qui va. Entre cette soirée affreuse de la veille, John qui essaie de me défendre, Denis qui reste silencieux, Aless qui me broie l'avant bras. Il n'y a rien qui va et ma migraine n'arrange rien du tout. J'essaie de respirer calmement pour tenter de reprendre du recul sur tout ça.

- Tu te fous de ma gueule ! Même toi putain, John. Elle porte ses sapes bordel, vous me prenez pour qui ?!

Les deux hommes en face de moi restent silencieux. L'air coupable et là je comprends que c'est fichu. Ce mensonge a bien trop duré. J'en ai marre de mentir à tout le monde !

- Hier soir, j'étais dans un bar avec Jessy et Denis et John nous ont sauvé de deux mecs bizarres qui nous ont drogué. Satisfait, Aless ?!

Tous les visages se sont braqués sur moi. Les yeux verts de Denis sont les plus douloureux. Il me scrute comme il ne l'avais jamais fait avant. Je ne sais pas ce qu'il ressent à ce moment même. Mais j'arrive à comprendre que c'est tout sauf quelque chose de bon.

Je grimace lorsque la prise de John se fait encore plus douloureuse. Je tente de prendre sur moi mais à cette allure, dans quelques secondes je ne sentirai plus le sang circuler jusqu'à ma main...

- Lâche-là.

La voix grave de Denis brise l'atmosphère qui était déjà assez glaciale comme ça. Je vois le regard de mon frère se poser sur mon bras et une lueur étrange traverse son visage juste avant qu'il ne me lâche en réalisant un pas en arrière.

- J-Je... Commence Aless incertain.

Je lance à mon frère le regard le plus menaçant que j'ai en encore en stock et ne réfléchis plus, je sors de cette maison.

Je les laisse tous les trois. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, s'entretuer, se hurler dessus, j'en ai plus rien à faire ! Tout ce dont j'ai besoin, c'est du repos.

Je me mets à courir le plus vite que je peux. Je me faufile dans la première ruelle que je trouve pour me dérober à leur regard. J'ai tout sauf envie qu'ils ne me retrouvent. Par la même occasion, je sors mon téléphone portable pour désactiver la localisation.

Après dix minutes à courir et traverser toutes les ruelles. Je finis par m'arrêter et me laisser tomber sur un banc. A peine ai-je repris ma respiration, mes larmes se mettent à couler. Comme très souvent, je n'arrive pas à les arrêter. Je me mets à repenser à tout ce qui cloche dans ma vie.

Je ne sais plus quoi faire. Je suis partagée entre mes sentiments pour Denis qui se font de plus en plus forts à mesure que je le vois et ma famille. Je doute de tout le monde maintenant. J'arrive même à me demander si mes parents n'étaient pas au courant de cette histoire avec Kate.

Comment le suicide d'une jeune fille a pu passer inaperçu ? Il est évident qu'ils sont au courant. Quant à moi, j'étais tellement absorbée par mes cours et Jessy que je n'ai rien vu. Aveuglée par la vie comme en général.

Après je ne sais combien de temps, je décide de me lever et d'attraper mon portable. J'appelle Jessy.

- Diviya ! Tu sais pas à quel point j'ai mal au crâne.

Sans blague ! Tout ça est un peu à cause d'elle. Je lui ai dit que le mieux c'était de rentrer ...

- Tu es où ?

- Euh toujours chez Paloma. Mais toi t'es où ?

- J'arrive.

Je ne prends pas la peine de lui répondre et pianote la dresse de Paloma sur mon téléphone.

Trente minutes de marche.

Je m'y mets !

Hffmbx.

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