Chapitre 51
Je n'ai pas osé l'allumer avant d'entrer. Je dirais...et bien qu'il s'est déchargé et que je n'avais pas de chargeur. Ça peut passer comme excuse, je pense.
Quand je tourne la clé dans la porte d'entrée et qu'elle s'ouvre, mon cœur bat la chamade. A peine le seuil de cette grande porte franchie, je suis accueillie par le visage froid de mon grand frère.
C'est la cata.
Il s'approche si vite de moi que j'émets un mouvement de recul de peur qu'il me fonce dessus.
- Je t'avais prévenue Diviya. Je t'ai dis de ne plus t'approcher de lui !
Mon monde s'écroule. Je m'apprêtais à sortir un autre mensonge pour ne pas changer mais malheureusement, Aless semble déjà connaître la vérité.
Je regarde autour de nous, m'apprêtant à voir arriver nos parents en plus, mais il n'y a personne.
- Ils sont pas là. Je leur ai dit que tu passais la nuit chez une amie.
Il a menti pour moi ? Je suis censée le remercier ? Surtout pas. Après toutes ces histoires entre lui et Denis, je n'arrive même plus à regarder mon frère droit dans les yeux. J'ai l'impression de faire face à un inconnu. Un inconnu qui est capable de battre sa petite amie dans un excès de colère. Je suis censée avoir peur moi aussi ? Il semble aussi en colère contre moi, serait-il capable de me lever la main dessus ?
- Viya, on doit avoir une vrai conversation toi et moi.
- Oui ! C'est le cas de le dire Aless. Me surpris-je à répondre.
- Très bien ! Je te laisse poser tes affaires en haut. Dans dix minutes dans le jardin !
Il n'attend même pas que je réponde et s'éclipse.
Je souffle. J'en ai marre qu'Aless soit obligé de me dire qui je dois fréquenter. Est-ce que je lui ai dit quelque chose moi quand je pensais que Denis et John n'étaient pas de bons amis ? Non, car ce sont ses choix et si ce sont ses amis et bien c'est pour une raison. Je n'ai pas à interférer dans sa vie tout comme il n'a pas a le faire avec la mienne.
Je veux bien écouter ses conseils bienveillants mais venant d'une personne qui se permet de frapper sa petite amie, non. Je me demande même si ce genre de chose n'est jamais arrivé avec Jessy. Et si...elle avait subit la même chose ?
Je jette mon sac sur mon lit avant de me laisser tomber contre la portière de ma chambre. Toutes ces histoires entre mon frère et mes amis, ça devient vraiment compliqué. Sans compter Anil et Rama.
Après une ou deux minutes passés à réfléchir à tout ça, je finis par me relever. J'en profite pour vider mon sac dans lequel je retrouve le tee-shirt de Denis. Il a son odeur. Je me retrouve à sourire contre le tissus du vêtement, le nez enfouie dans celui-ci.
On est amis.
Les amis ne reniflent pas en cachette le tee-shirts de l'autre. Je sais que pour moi, c'est plus qu'un ami et des fois je pense que c'est pareil pour lui aussi. Quand il me prend comme il le fait si bien dans ses bras, quand il m'embrasse. Je suis sûr que ce n'est pas amical comme geste. Lui même l'a si bien dit : « Je ne mets pas ma langue dans celle de Paloma ».
Beurk.
Cette vision me dégoûte un peu. Je décide de vite ranger le tee-shirt dans mon armoire avant de redescendre rejoindre mon frère dans le jardin.
Quand j'arrive à l'extérieur, je l'aperçois assis sur une chaise près de la grande table que nous réservons habituellement pour nos soirées barbecues.
Je m'y dirige alors le pas hésitant et finit par prendre place sur la chaise en face.
Il a l'air perdue dans ses pensées. Le visage fermé, toujours ce regard froid, il me scrute sans dire un mot. Je n'ai vraiment pas envie de commencer la conversation, c'est lui qui a proposé, alors j'attends.
Après quelques minutes, il finit par prendre la parole.
- Il se passe quoi entre vous ?
Il parle de qui ? Peut être de Denis, mais je vais quand même jouer l'innocence, ça paraîtrait suspect si je voyais directement de qui il parle.
- Entre moi et qui ?
- Fais pas l'idiote Diviya, ça ne te va pas. Entre toi et Hernandez.
Cet air beaucoup trop sérieux commence à me donner la migraine. J'ai l'impression d'assister à ce genre d'interrogatoire trop stressants.
- Que veux-tu qu'il y ait entre Denis et moi ?
- C'est à toi de me le dire, t'as passé la nuit chez lui.
- Alors déjà, ce n'était pas chez lui...
Je m'interromps presque immédiatement en me rendant compte de l'erreur que je viens de commettre. Je suis vraiment pas douée, c'est pas possible !
Les yeux de mon frère ont brusquement doublé de volume. Ce ne sont plus que deux grosses billes rondes qui sont prêtes à sortir de leur orbites à tout moment.
- J'attends des explications !
- Et moi, je t'en demande des explications, Aless ?
Il reste muet.
- Tu n'as pas idée à quel point ton image pour moi a changé en l'espace de quelques mois. Je n'arrive même plus à te reconnaître. Dis-je alors.
- Tu te fiches de moi ? T'inverses les rôles, là !
- Je n'inverse rien du tout ! Tu te fais passer pour le frère exemplaire depuis des lustres alors que tu n'as rien d'exemplaire. La moindre des choses, ce serait de faire profil bas et de me laisser vivre ma vie comme je le souhaite.
Je me surprends à tenir ces propos pour la première fois face à lui. Cette personne qui a toujours été là pour moi quand j'en avais besoin. Le grand frère qui m'a toujours réconforté quand j'en avais besoin. Je n'aurais jamais pensé un jour éprouver ce dégoût envers lui. Malgré toutes les bonnes choses qu'il a fait pour moi, au plus profond de moi, je sens que ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas assez car ça n'effacera pas les images de lui en train de blesser Kate.
Je ne connais pas cette fille. Je ne sais pas si je me serais entendue ou pas avec elle mais je sais que personne dans ce monde mérite d'être violenté. Si traiter mon frère ainsi est la seule façon pour moi de lui transmettre mon dégoût alors je le referais.
- Tu veux que je te laisses faire ta vie avec un délinquant comme Hernandez. Un mec qui obtiendra ce qu'il veut de toi avant de te jeter comme un vulgaire mouchoir usagé. Parce que c'est ce que tu seras à ses yeux si ce n'est pas déjà arrivé. Il te jettera comme toutes les autres et je veux pas lui offrir cette chance.
L'entendre prononcer ces mots en feignant l'insensible, c'est dur. Il est en train de me jeter les pires atrocités qui tournent en boucle dans ma tête. J'ai déjà assez peur de mes sentiments beaucoup trop envahissants, je n'ai pas besoin qu'il m'en rajoute.
Alors je pique à mon tour.
- Tu parles pour toi aussi j'espère ? Tu te rends compte que tu n'es pas si différent de ça finalement. Quoi, il y a eu Jessy et puis Kate et je ne sais qui d'autre.
Soudain, je sens quelque chose changer dans son regard. Je vois la colère monter à mesure que sa peau habituellement si pale prend une teinte rougeâtre ne présagent rien de bon. Il se lève de sa chaise la faisant basculer à l'arrière par la même occasion et contourne la table pour arriver à mon niveau.
- K-Kate ?
Sa voix tremble. Ses poings sont serrés. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Je ne me fais pas prier et me relève à mon tour de ma chaise pour récupérer quelques mètres de distances.
- Oui ! Kate Hernandez.
- Q-qui t'a parlé d'elle ? Qu'est-ce qu'on t'a dit ?
Je reste silencieuse en essayant de déchiffrer à quoi il peut bien penser en ce moment même. Est-ce qu'il voit des images d'elle défiler sous ses yeux ? Est-ce qu'il se souvient des moments où il la frappait ?
- Alors c'est vrai, Aless ? Tu l'as vraiment fait ?
- FAIT QUOI ? PARLE !
Mon cœur rate un battement lorsque sa voit perce l'ambiance paisible du voisinage. Ça ne m'étonnerait même pas de voir débarquer quelqu'un. Il ne m'a jamais crié dessus. Aless ne m'a jamais regardé ainsi. Et c'est ce simple petit détail qui me fait choisir mon camp définitivement.
Je décide de prendre sur moi. Je garde la tête haute et m'avance jusqu'à lui tout en le fixant droit dans les yeux.
- Comment t'as pu faire une chose pareille ?
Il reste silencieux et manque de s'écrouler en arrière lorsqu'il réalise que je sais tout.
- À partir d'aujourd'hui Aless, je n'ai plus de frère.
Je n'attends même pas sa réponse. Je déguerpis d'ici au plus vite. En rentrant, j'ai la surprise de retrouver ma mère qui vient d'entrer. Il ne manquait vraiment plus qu'elle ait tout entendu.
- Viya ma belle ? Demande ma mère.
- Maman, bonjour.
J'essaie d'intérioriser au maximum ce que je ressens. Je n'ai pas le choix.
- Ça fait un moment qu'on n'a pas fait de sortie en famille, on se croise rarement à la maison...
- C'est vrai. Répondis-je en jetant un coup d'œil sur l'horloge de la salle à manger.
- Ça te dirait une sortie mère fille hein ?
- Euh oui oui, mais pas maintenant j'ai quelque chose à faire.
- Oh oui d'accord pas de problème.
J'écourte vite la conversation et monte à l'étage. Ça me peine un peu de devoir éviter mes parents à cause de cette histoire. Après tout, c'est grâce à eux que je suis sauvée de la misère du Cambodge.
Je me fais moi même la promesse de passer plus de temps avec eux lorsque cette histoire sera réglé.
Lorsque j'arrive dans le couloir de l'étage, une idée me vient en tête. Et j'ai beau me dire que cette idée bien qu'intéressante est mauvaise, je finis quand même devant sa porte.
D'un geste rapide, je me retrouve dans la boîte secrète d'Aless. Autrement dit sa chambre. Elle n'a pas vraiment changé depuis la dernière fois que j'y ai mis les pieds. Toujours en bazar, des vêtements éparpillés un peu partout...
Bref, ce n'est pas pour ça que je suis là. Je dois trouver quelque chose qui pourrait m'intéresser. Alors, je me mets à fouiller.
Son armoire, ses tiroirs, ses trousses, ses boîtes, absolument tout y passe et pourtant, je ne trouve rien.
Je m'apprête à sortir de la chambre un peu déçue lorsqu'une enveloppe cachée sous un de ces oreillers finit par attirer mon attention.
Sans hésiter, je l'attrape. Cette dernière est toute bleue et plutôt grande. Quand je l'ouvre, je remarque qu'il y a des photos et une feuille pliée en plusieurs fois.
Il me suffit d'avoir ces photos sous les yeux pendant quelques secondes pour comprendre que c'est elle.
Kate Hernandez.
Hffmbx.
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