Chapitre 5
J'en ai le souffle coupé. Les mots qu'il vient d'employer ne me sont pas du tout familier même si malheureusement j'en connais la signification. Puis je finis par comprendre, ce qu'il vient de m'annoncer.
- Il est carrément incontrôlable. Ça fait une heure que j'essaie de le dégager mais impossible. Jessy a eu l'idée de t'appeler pour la calmer un peu.
Donc si je comprends bien, mon frère est sortie avec ma meilleure amie pendant un an et Denis était avec Jessy lorsque mon frère complètement ivre a débarqué.
- Où-est-t-il ? Demandé-je enfin au grand brun.
Il ne prend pas la peine de me
répondre et m'attrape brusquement le bras pour me diriger vers la maison. Cette fois je n'ai pas la force de me retirer de sa prise, je fonce à l'intérieur.
Nous traversons la cuisine puis la salle à manger avant de tomber sur Jessy. Elle est en pleurs. Aless lui est enfermé dans le jardin.
Les parents de Jessy ne semblent pas être là. Je pense que ce n'est pas plus mal au vue de l'état du salon. Il y'a un vase fracassé au sol, sans compter l'eau qui s'est éparpillée un peu partout sur le tapis. Je n'arrive pas à croire que Aless ai pu faire une chose pareille. Il est d'habitude si calme.
Ma meilleure amie est debout et ses jambes tremblent. Je me précipite vers elle pour la prendre dans mes bras. Son mascara vient tâcher complètement mon débardeur fétiche mais je n'y prête pas attention.
- Je suis désolée Viya. J'aurais dû t'en parler avant.
- Jessy, t'en fais pas pour ça.
Je croise le regard de Denis qui nous observe l'air coupable. C'est sur qu'il n'y est pas pour rien dans cette histoire. Il est coincé entre son meilleur ami et son ex. Pourquoi être sortie avec elle, je ne comprends pas.
Nous sommes finalement tous brusqués lorsque des coups viennent s'abattre contre la vitre. En relevant le regard, je vois mon frère. Il a l'air complètement fou, j'ai du mal à me dire que c'est Aless. Lorsqu'il finit par comprendre que je suis ici moi aussi, il se met à hurler dans le jardin.
- Qu'est-ce qu'elle fout ici !
- Je vais aller lui parler. Dis-je alors.
Je m'approche de la grande baie vitrée qui nous sépare du jardin et m'apprête à retirer la sécurité mais Denis m'en empêche. Il vient clairement me barrer le chemin en s'initiant entre la baie vitrée et moi. Je le regarde assez confuse.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demande Jessy.
- Tu comptes la laisser foutre les pieds dehors seule ? Répond le brun.
- Elle ne risque rien.
- Tu te fous de ma gueule, tu vois pas dans quel état il est l'autre ?
- Et alors c'est son frère, Hernandez ! s'énerve Jessy.
Le regard de Denis se pose sur moi puis il semble examiner les solutions à la situation. Je ne vois pas pourquoi il aurait peur de l'état d'Aless. Il est énervé contre Denis, pas contre moi et puis même il ne pourrait pas lever la main sur moi quand même. Je décide finalement de mettre fin à ce débat en poussant Denis et en sortant rejoindre mon frère.
Lorsque je m'approche d'Aless, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil derrière moi. Denis me suit de près et Jessy fait de même. Et si je risquais vraiment quelque chose ?
...non c'est mon frère.
C'est à cet instant que ma conscience me rappelle que mes frères biologiques ne vivent pas ici et qu'ils sont à des milliers de kilomètres de moi.
Je recule ces songes de mon esprit pour me concentrer sur Aless.
- Tu fais quoi ici ? S'empresse-t-il de demander un peu plus calmement que tout à l'heure.
- Je suis venue pour te demander de rentrer à la maison, Aless.
Je remarque qu'il a les yeux rougis et les poings serrés. Je peux comprendre en quelque sorte sa rage. Denis est son ami, comment il a pu sortir avec son ex ?
- Je vais te buter salle fils de pute ! Hurle de nouveau mon frère.
En quelque secondes, Aless m'a contourné pour se retrouver juste en face de Denis.
Contrairement à ce que je pensais, Denis reste complètement immobile.
- Aless, s'il te plaît regarde-moi.
J'essaie d'attirer son attention en tirant sur son teeshirt mais c'est malheureusement peine perdue. Ses poings sont toujours serrés et il s'approche du brun d'une façon assez menaçante.
- T'es qu'un connard ! T'as pas de couilles pour venir te faire ma meuf.
La voix contrôlée de Denis vient s'ajouter à celle de mon frère lorsqu'il lui répond :
- T'en prends pas à moi, c'est elle qui m'a appelé.
Lorsque je croise de nouveau le regard de mon frère, j'y vois quelque chose se briser.
Il jette un coup d'œil à ma meilleure amie qui se tient un peu à l'écart. Cette dernière finit par baisser les yeux et je commence à comprendre ce qu'il se passe. Elle a trompé mon frère.
Je décide de penser à ce détail plus tard car pour l'instant, je veux essayer d'éviter une bagarre.
- Aless...
A peine ai-je prononcé son nom que mon frère me repousse violemment en arrière. Je retombe heureusement sur les fesses mais je ne manque pas de remarquer que j'ai atterris au moins deux mètres plus loin. Jessy court vers moi mais je l'empêche de m'approcher et décide de me relever toute
seule.
Aless vient finalement balancer son poing sur la mâchoire de Denis et ce sont les cris aigus de ma meilleure amie qui me poussent à réagir.
Je me précipite vers mon frère pour essayer de l'éloigner de Denis mais rien à faire. Je ne fais pas le poids face à lui.
A ma plus grande surprise, Denis ne se débat pas dans les premières minutes. Il encaisse les coups non sans tourner la tête pour cracher du sang. Il arbore par la même occasion un sourire satisfait lui donnant clairement l'allure d'un vrai psychopathe.
- Aless je t'en prie arrête ! Supplié-je.
Je ne reconnais pas ma propre voix. Cette détresse me fait une étrange sensation. Quelle qu'elle soit, c'est désagréable.
Denis décide finalement de se reprendre et pousse brusquement mon frère en arrière. Ce dernier recule alors et sa tête percute violemment le sol.
Puis le grand brun semble avoir décidé de rendre les coups. Il vient s'approcher de mon frère. Il se positionne devant lui puis s'abaisse pour lui maintenir les bras au sol.
- Ça y est t'as finit ? demande alors Denis d'un ton drôlement calme.
- Non ! Lâche-moi putain !
- Alors ça fait mal hein ? Renchérît Denis.
J'ai peur que cette situation ne finisse par aller trop loin. J'ai peur qu'il y ait encore plus de dégâts.
Jessy finit alors par s'approcher de Denis pour le prendre dans ses bras par derrière.
- Lâche-le. Demande doucement ma meilleure amie.
Quelques secondes plus tard, il s'exécute.
Mon frère reste allongé par terre et il rigole mais d'un rire tellement faux qui trahit sa douleur.
Denis et Jessy sont vraiment fautifs dans cette histoire.
Du peu que j'en connaisse, il s'agit bien d'une règle d'honneur entre deux amis. On est déjà pas censé sortir avec l'ex petite amie de son ami et encore moins tromper son copain.
Je décide de m'approcher d'Aless pour l'aider à se relever. Lorsqu'il croise mon regard, je remarque immédiatement ses yeux injectés de sang, son haleine alcoolisée et ses joues toutes roses.
Je me surprends moi-même en déposant les paumes de mes mains contre ses joues froides.
- Ça n'en vaut pas la peine. Dis-je.
- Ça fait mal, Diviya.
Je sais et je compatis à cent pour cent avec lui.
Mon frère finit par se relever non sans s'approcher de Denis de nouveau. Ils ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre lorsque mon frère déclare :
- Je veux plus voir vos gueules, bande de traitres.
Aless jette un dernier coup d'œil à ma meilleure amie avant de s'en aller, me laissant plantée en plein milieu de cette scène semblant toute droite sortie d'une série télévisée.
Je jette un coup d'œil à ma montre et remarque qu'il est bien trois heures du matin passés. Je suis censée dormir à cette heure-ci.
- Il va te raccompagner. Déclare ma meilleure amie.
J'aimerais venir lui demander des explications mais je pense que ce n'est pas le meilleur moment pour le faire. Elle a peut être besoin de réfléchir à tout ça de son côté, elle pourra m'en parler plus tard. Je ne lui en veux pas tellement car c'est Jessy. Elle n'a pas voulu blesser Aless, elle agit un petit peu sans penser aux conséquences. Mais je ne peux quand même pas m'empêcher de me dire que c'est mal ce qu'ils ont fait. Mon frère semblait vraiment aimer Jessy.
Je ne peux m'empêcher de penser à mon frère, Aless. Il est partie dans cet état et je suis persuadée qu'il ne rentrera pas à la maison. Il est dans les rues de Washington en plein milieu de la nuit et je me retrouve mêlée à cette histoire qui ne me concerne pas vraiment.
Je décide finalement d'aller rejoindre la voiture de Denis à contre coeur. J'aurais bien aimé rentrer à pied mais je pense qu'à cette heure-ci, c'est pas très prudent. Alors je prends sur moi. Je finis par arriver devant la voiture et à ce moment mes yeux croisent la couleur verte que mon pantalon vient d'emprunter. C'est génial.
Après plusieurs minutes, j'ai finis de compter le nombre de feuilles qui s'étaient échoué au sol dans la rue et c'est à ce moment que Denis finit par apparaître en face de moi. Je n'arrive pas vraiment à déchiffrer son humeur. Tout en faisant tourner ses clés dans la main, il fait le tour de la voiture puis entre sans me dire un mot. Je monte alors à mon tour en évitant de croiser son regard.
Le chemin me semble bien plus long que l'allée. Où est-ce le silence pesant qui donne l'impression de dilater le temps ?
Lorsque Denis se gare devant chez moi, je détache ma ceinture sans un regard vers le conducteur et m'accroche à la poignée pour quitter l'habitacle mais sa voix m'interrompt coupant court à mon action.
- Je savais que c'était une mauvaise idée. Dit-il.
Je tourne alors la tête pour déposer mon regard sur l'individu à mes côtés sans pour autant dire quoi que ce soit. Il fixe toujours ses mains sur le volant et paraît plutôt détendue. Une chose est sûr, je n'ai pas l'impression que cette situation l'a touché.
- Ça te fait chier de voir que j'ai briser le petit cœur de ton frangin. Ajoute-t-il enfin en détournant enfin son regard pour le planter dans le mien.
Comment peut-il trouver la situation amusante ? Ça ne le blesse pas de voir qu'il a brisé son ami ? Je ne comprends pas. Il a clairement un sérieux problème.
- Ne t'approche plus jamais de mon frère. M'énervais-je.
Sur ces derniers mots, je décide cette fois-ci de sortir de la voiture et je me fais la promesse de ne plus adresser la parole à cet homme.
Alors que je marche en direction de la porte d'entrée, j'entends une porte s'ouvrir et une voix grave me parvenir.
- Hé l'indienne, ta contrariété n'est pas légitime t'es que sa sœur adoptive, oublie pas.
hffmbx.
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