Chapitre 45

J'en ai vue des films et je peux vous avouer que les scènes d'actions comme celles-ci, il n'y en a pas. Tout simplement, parce que dans les films tout semble plus soigné, les coups plus propres, les blessures moins choquantes tout comme les sons. La réalité est tout autre. Quand on voit des personnes qui nous sont proches se battre, se mettre en danger, ça déclenche tout une panoplie d'émotions. A nous de gérer celles qui sont utiles et celles qui ne le sont pas pour agir en conséquence. Dans mon cas, j'ai eu beau étudier toutes les possibilités, une seule s'est dégagée du lot.

Je me lance.

Je passe devant John pour me précipiter de l'autre côté du bar. Sous mes yeux, Denis a son arme pointée contre l'individu et sans réfléchir, je me penche pour déposer ma main sur la sienne. Cette main qui tient une arme est prête à tirer, cette idée me fait frissonner. En l'espace de quelques factions de secondes, mon cœur retrouve la chaleur rassurante de mon obsession. Pendant quelques fractions de secondes, je suis heureuse de l'avoir près de moi. Mais les fractions de secondes ne sont pas éternelles. Il repousse ma main et me jette un regard noir avant de reporter son attention sur l'homme.

Il m'ignore complètement.

- Vas-y tire, à la seconde où cette balle percute mon crâne, ta puta est morte.

Je sursaute quand je me rends compte que cette situation est partie trop loin. Je l'ai juste bousculé et je ne comprends pas comment on peut en arriver là pour ça.

Je fixe cet homme dans les yeux pour essayer de comprendre comment un type pareil peut lancer ce genre de menaces. Il avait plutôt l'air propre sur lui, il porte une chemise bleu ciel qui est maintenant taché par quelques goutes de son sang, des tennis de marque, il n'a pas du tout l'air d'un voyou.

Quand je décide de relever mes yeux, je remarque que Denis ne fixe plus l'homme mais moi. Je ne l'ai jamais vue aussi en colère, même avec mon frère, il n'a jamais eu cette tête. J'ai limite envie de retirer ce que j'ai dis il y a quelques minutes. A cet instant, Denis me fait peur.

Contre toutes attentes, il détache son arme de sa tempe et la range dans son jean. Un souffle de soulagement m'échappe quand je réalise qu'il ne le tuera pas. Enfin, je le savais mais j'ai quand même eu un doute en voyant la tête qu'il arborait.

Je m'attends à ce Denis dise quelque chose mais non. Dans le silence complet de la salle, il se relève, enjambe l'homme au sol pour passer à côté de moi et se dirige vers la porte de sortie.

Ni une ni deux, je cours après lui. Je ne fais pas attention à John qui m'appelle derrière mon dos, je fonce sans hésiter dans la foule qui nous avait entouré et vais rejoindre la sortie.

Quand j'arrive à l'extérieur, la nuit est presque tombée et j'ai du mal à retrouver Denis.

Là !

Il s'approche de sa voiture et se prépare à ouvrir la portière quand c'est moi qui dépose ma main sur son bras. Je n'arrive pas à croire que maintenant, j'y arrive ! Avec lui, j'y arrive ! Toucher quelqu'un, être aussi proche de quelqu'un, vouloir le prendre dans ses bras, tout ça je le veux à condition que ce soit avec lui.

Je relève que ses yeux verts ont repris la lueur que j'affectionne tant quand il tourne enfin la tête vers moi.

- Je veux plus jamais te revoir ici, t'as compris.

- Je ..je .. non !

Cette fois, j'ai son attention complète il se détache de sa voiture pour s'avancer vers moi.

- Quoi non ?

- Non, je remettrais les pieds ici autant de fois que toi tu le feras.

Il a pas du tout l'air ravie de ce que je viens de lui dire.

- C'est quoi ton but, Diviya ?

- Mon but c'est que tu arrêtes de fréquenter ce genre d'endroits.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Je l'ai déjà dis : personne ne me dit ce que je dois faire.

- D'accord et bien c'est pareille pour moi, tu viens ici, je viens.

- C'est quoi ton trip tu veux finir dans un fossé ? John ramène-la chez elle.

Je me retourne pour découvrir que John et Zac assistent eux aussi au spectacle.

- Allez Diviya, ça suffit pour ce soir je te ramène. Déclare John.

Je me mets soudainement à rire. C'est nerveux, c'est sûr. Ils n'ont vraiment pas compris que je ne bougerais pas d'ici tant que Denis ne rentrera pas chez lui et qu'il ne m'aura pas promis de ne plus revenir.

- Toi rentre chez toi, John et merci de m'avoir amené. Dis-je alors.

- Qu'est-ce tu comptes faire ? Me répond ce dernier.

- Je reste avec lui.

Cette fois, c'est à mon tour de pointer Denis du doigt. Ils me regardent tous, les yeux grands ouverts, j'imagine qu'ils sont surpris. C'est vrai que je me dépasse un petit peu. Je réussis de plus en plus à tenir tête à quelqu'un, j'en suis fière.

Zac décide alors de déposer son bras sur l'épaule de John avant de le tirer vers lui.

- Vas-y, je m'occupe de lui.

Il emporte John avec lui vers l'intérieur de la salle nous laissant enfin seuls : Denis et moi.

- T'es complètement dingue. Déclare Denis dans mon dos.

- Je prends ça comme un compliment.

Je ne le laisse pas me répondre et ouvre la portière passagère puis monte dans la voiture. Denis met plusieurs secondes avant de monter à son tour et de démarrer en silence.

Nous quittons alors le parking et je suis bien déterminée à trouver un moyen de l'empêcher de côtoyer ce lieu. Je m'en fais moi même la promesse.

Nous finissons par emprunter la voix rapide et je remarque que nous prenons la direction complètement opposée de chez moi.

- Tu vas où ? Demandais-je alors.

- C'est toi qui est montée dans ma caisse, maintenant je décide et tu la mets en veilleuse.

Je ne trouve pas le moyen de répondre puisque à peine j'ouvre ma bouche qu'il vient positionner un de ses doigts contre mes lèvres.

A l'intérieur de moi, j'ai juste envie de sourire de joie. Il a complètement changé d'humeur et je suis ravie de pouvoir profiter du Denis que j'aime. Enfin que j'aime comme bien aimer quelqu'un...comme j'aime Jessy !

Je me mens à moi même, je le sais. Je décide de vite mettre fin à mon débat intérieur lorsque Denis retire son doigts de mes lèvres.

Alors je profite. Je profite du silence apaisant, du magnifique couché de soleil qui se dresse sous nos yeux, des oiseaux qui traversent mon champ de vision, de l'ambiance agréable qui règne dans mon fort intérieur. Je suis sur un petit nuage. Je comprends mieux l'expression aujourd'hui.

Mon nuage s'effondre malheureusement quand mon téléphone se met à vibrer.

Aless.

Oh non, ce n'est pas le moment. Je décide d'éteindre mon téléphone pour éviter toute éventuelle perturbation. Je ne laisserais personne me retirer ce moment. Pour une fois, que j'oublie tous mes problèmes et même si je sais que cela ne sera pas éternelle, je préfère prolonger un maximum le moment.

- C'était qui ? Me coupe la voix de Denis.

Toujours amusée, je lui fais signe que ma bouche est scellée et là, j'obtiens un sourire. Un vrai sourire et je fonds littéralement sur mon siège.

Est-ce que j'ai déjà dit que j'étais complètement foutue ? Et bien si je l'ai dit, je le redis. J'ai Denis dans la peau et ce sera mon petit secret.

Nous finissons par emprunter une route forestière qui ne m'est pas du tout étrangère et je reconnais finalement la maison magnifique de Paloma.

- Quoi ? Pourquoi tu m'emmènes ici ?

- Je t'emmène nulle part, c'est toi qui m'a suivis.

Nous finissons par nous garer juste devant la maison et Denis descend en premier. Je ne perds pas de temps pour le rejoindre alors qu'il est déjà arrivé devant la grande porte de la maison.

- Elle te donne les clés ?

- Ouais.

Je suis pas vraiment surprise. Paloma et Denis sont de très bons amis et ce même si elle n'approuve pas toutes les décisions de Denis.

- Entre.

Quand je retrouve l'allure chaleureuse de cette maison je ne peux m'empêcher de sauter de joie. J'aime tellement cette endroit et cela même si la dernière fois que j'y suis entrée a été un vrai fiasco.

- Je vais prendre une douche. Déclare Denis derrière moi.

C'est là que je réalise que je suis toute seule avec lui. Je me répète cette dernière phrase dans la tête et ça commence à s'imprégner dans ma tête. C'est à la fois assez stressant et excitant. Je n'ai pas peur. Parce que je sais que Denis est quelqu'un en qui je peux avoir confiance. Il a abandonné sa vengeance pour moi et ça c'est une preuve énorme.

- Ohh euh, je n'ai pas de vêtements de rechange, moi. L'interrompis-je.

- Placard de Paloma ! Lâche-t-il alors que sa voix se perd à travers les murs en bois.

Je décide de me diriger dans la cuisine pour essayer de préparer quelque chose pour dîner. Je me doute bien que je vais passer la nuit ici et honnêtement je pense que ça va me faire du bien. Je ne penserais plus à cette histoire avec Aless ni à celle avec Anil. C'est une pause, j'ose juste espérer que Denis restera de bonne humeur mais quand nous sommes que tous les deux, je ne pense pas que quelque chose pourrait le contrarier.

Je trouve alors des pâtes dans un des placard. Je ne suis pas super douée en cuisine donc des pâtes et des œufs brouillés feront largement l'affaire pour ce soir. Je m'attelle à la tache alors que je suis déjà en train de penser à l'exposé que je n'ai même pas encore terminé. Il faut que je me remette au travail dès que je rentre.

- T'as l'air calmé. Résonne une voix derrière moi.

Je ne fais même pas attention à ce qu'il me dit lorsque je remarque l'étrange changement dans sa voix. Lui même a l'air complètement différent de tout à l'heure. Même si j'étais persuadée qu'il ne tirerait pas sur cet homme au club, je ne peux pas dire qu'au moment où j'ai vue sa tête je n'y ai pas songé pendant une minute. Après tout, il l'a déjà fait une fois au moins. Il a déjà tiré sur un homme pour sauvé Aless. Je ne pourrais jamais faire une chose pareille. Je ne peux pas blesser physiquement une personne, je n'en aurais jamais les épaules.

- Pardon tu disais quoi ? Dis-je.

Je dépose les œufs sur le plan de travail avant de reporter toute mon attention sur Denis.

- Je disais que t'as l'air plus calme que tout à l'heure.

- Toi aussi, j'ai vraiment cru que t'allais lui tirer dessus.

Ses yeux que j'adore tant m'inspectent étrangement alors que j'essaie de fixer un point imaginaire derrière Denis pour ne pas perdre mes moyens. Cette anxiété quand il est proche de moi est super déstabilisante.

- J'allais pas le faire.

- Pourtant tu as déjà tiré sur quelqu'un.

Oups. Ça m'a échappé.

Je vois son sourire disparaître de son visage et ses sourcils se froncer. Oui, je suis au courant.

- Qui t'as dit ça ?

- Zac.

Je vois qu'il commence à s'agiter étrangement. Il finit par s'approcher à son tour du plan de travail et prendre le relais de la cuisson des pâtes.

- Tu lui tapes la causette quand je suis pas là, c'est ça ?

- Non enfin, quand John est monté te chercher il m'a un peu raconté cette soirée avec Aless.

- Faudrait qu'il apprenne un peu à se la fermer celui là.

Il n'y a rien de mal à ce qu'il fait. J'avais le droit de connaître ça, si ce n'est pas pour Denis, pour mon frère. Nous vivons quand même sous le même toit et je ne sais même pas qui il est vraiment.

- Pourquoi ça te dérange autant que je le sache ? Demandais-je.

- Parce que c'est pas tes affaires. T'as quand même un don pour te foutre dans des merdes qui te concernent pas c'est fou.

- C'était super méchant. Tout ce que je veux, c'est connaître les personnes qui m'entourent et aider celles que j'aime !

Denis finit par verser les œufs sur une poêle avant de se retourner de nouveau vers moi.

- Ok et moi je suis où dans cette histoire ? Qu'est-ce que t'es venue me suivre jusque ici ?

La réponse est évidente pour moi. Elle ne l'est pas pour lui et ça m'arrange. Je ne veux pas qu'il lise dans mes pensées, je ne veux pas qu'il découvre qu'il compte bien plus pour moi qu'il ne se l'imagine.

- T'es quelqu'un de bien, je ne voulais pas que tu retombes dans tes travers du passé. Avouais-je ainsi.

Cette fois-ci, il s'éloigne complètement du plan de travail pour s'approcher lentement de moi jusqu'à s'arrêter à quelques centimètres.

- Je suis quelqu'un de bien ?

Je me contente de hocher la tête pour éviter d'avoir la voix qui tremble. Je passerais pour qui sinon ?

- Tu considères le mec qui voulait se venger sur toi comme quelqu'un de bien ?

Cette fois je prends une grande respiration avant de répondre.

- Je considère celui qui abandonne sa vengeance comme quelqu'un de bien, oui.

Sans comprendre comment c'est encore possible, il réussit à s'approcher de nouveau et cette fois, il lève une de ses main qu'il utilise pour me maintenir la tête. De cette façon son regard est parfaitement aligné au mien. Il ne retire toujours pas sa main lorsqu'il ajoute sérieusement.

- Et si je te dis que je t'ai embrassé hier juste pour ma vengeance.

Je sais qu'il ment. J'en suis sûre à cent pour cent. Il s'est excusé juste après, il avait l'air tellement sincère, je sais qu'il me dit ça juste pour me persuader que c'est quelqu'un de mauvais et que j'abandonne, je ne le ferais pas.

- Tu mens.

Il s'approche encore et cette fois-ci, c'est impossible de ne pas me toucher. Il dépose soudainement ses deux mains au niveau de ma nuque pour m'attirer jusqu'à ses lèvres.

Hffmbx.

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