Chapitre 44

- Et ouais mais lui aussi qu'est-ce qu'il est partie te foutre dans cette merde.

- Ça veut dire quoi ? Demandai-je un peu perdue.

- Ça veut dire que pour lui c'est qu'un détail mais pas pour toi.

- Oh.

Ça fait mal mais c'était prévisible. C'était un moyen de me faire taire j'imagine. Je décide finalement de me reprendre et de quand même continuer. Qu'importe mais sentiments pour Denis, ils finiront bien pas s'en aller. Je veux juste qu'il retrouve sa vie comme avant. Je ne veux pas qu'il retombe dans ses travers du passé et cela même si je dois mettre mes sentiments en arrière plan.

- On y va quand même. Dis-je alors.

- T'es sûre ?

- Certaine.

Il finit par rattacher sa ceinture et reprendre la route. Nous finissons par arriver après quelques minutes. John se stationne juste en face de la porte d'entré. Il y a un peu moins de monde qu'hier, j'imagine car c'est parce qu'il fait encore jour. John descend de la voiture et je remarque que ce dernier ne prend pas d'arme avec lui comme son ami.

- Je peux rentrer le chercher si tu préfères. Déclare-t-il avant d'entrer.

- Non, je viens avec toi.

- Ok.

Je remarque qu'il n'y a qu'un homme devant la porte cette fois-ci. Nous finissons par entrer à l'intérieur et par arriver dans cette grande salle.
J'essaie de parcourir toute la pièce en un regard  pour essayer de le trouver mais il n'y est pas.

- Viens.

John me fait signe de le suivre et je m'exécute. Il me semble que c'est Zac qui nous fait un signe dans le fond.

- Salut ! Me dit ce dernier.

- Salut ! Répondis-je poliment.

- Il est où ? Demande John à mes côtés.

- Il est monté avec Valentina.

John me jette un coup d'œil avant de reporter son attention sur Zac.

- Je te la laisse, je suis là dans cinq minutes.

Je comprends que le « la » c'est moi au moment où John me laisse ici avec ce Zac que je connais absolument pas. Je décide de reporter mon attention sur le groupe de garçon qui s'entraîne au fond de la salle. Je veux éviter une conversation gênante avec Zac. Après tout cinq minutes qu'est-ce que c'est dans une vie ? Rien du tout, je vais pouvoir survivre.

Je remarque que l'un des garçons qui donnaient des coups dans le sac accroché au plafond s'arrête pour retirer ses gants. Il les jette par terre et son ami se penche pour les récupérer et les enfiler à son tour. Je pensais que la boxe était un combat de grosse brute mais en remarquant les têtes abattues de certaines personnes dans cette pièce, je commence à me dire que c'est un refuge.

Le garçon qui vient de retirer ses gants croise malencontreusement mon regard et se fige un instant avant de sourire.

Il me fait un clin d'œil.

Je décide de détourner le regard assez mal à l'aise mais je tombe sur les grands yeux de Zac qui m'observent.

- C'est quoi ton nom ? Demande-t-il.

Finalement, je ne manquerais pas à cette conversation gênante.

- Diviya.

- C'est beau, ça vient d'où ?

- Hum je suis cambodgienne.

Il semble comprendre quelque chose quand je lui dis ça. Il se met à hocher la tête comme s'il avait résolu une énigme.

- T'es la petite frangine d'Aless.

- Vous connaissez mon frère ?

- Ouais et pas qu'un peu. C'est quand même un sacré veinard, sans Hernandez il serait mort le petit.

Il a piqué mon attention. Je veux en savoir plus.

- Qu'est-ce que Denis a fait pour lui ? Demandais-je.

- T'as pas envie de savoir.

Il plaisante j'espère.

- Bien sûr que si, je veux savoir.

Le dénommé Zac finit par se laisser tomber sur un siège qui d'ailleurs est dans un piteux état. Il me fait signe de m'asseoir à côté de lui et j'accepte.

- Alors ? Insistais-je alors que ce dernier semble juger que c'est le bon moment de sortir une cigarette.

Je déteste cette odeur mais je décide de faire un effort pour connaître la suite de ce qu'il m'a annoncé.

- Aless était un sacré couillon. Il débarquait ici toujours bourré, je sais pas ce que le poto avait consommé mais il était vraiment à l'ouest. Puis il se retrouvait à foutre la merde un peu avec tout le monde. Il cherchait à se battre. La plupart du temps, on le virait puis ça en restait là mais un soir c'est partie en couille. Ils s'en est prit à des nouveaux. Ils étaient armés et avaient des têtes flippantes, plus que la mienne tu captes ?

Je hoche la tête pour l'encourager à continuer.

- L'un d'eux a proposé à Aless de régler ses comptes à l'extérieur. Personne voulait s'en mêler alors on les a laissé. Hernandez était avec moi et c'est le seul qui a bougé son cul pour aller voir ce qui se passait à l'extérieur. Ils allaient le buter. Ils étaient cinq aux couteaux en mains et l'un d'entre eux avait un putain de flingue pointé sur la gueule de ton frangin.

- Et donc qu'est-ce qui s'est passé ?

- Hernandez débarquait ici toujours avec une arme. Il a réussi à les distraire, à en convaincre d'autres de se tirer mais y en avait un qui voulait pas décamper. Hernandez lui a foutu une balle dans le bide et s'est tiré avec ton frère, la blonde et John. Ils avaient plus refoutus les pieds ici depuis.

Il a sauvé mon frère.

Un sourire niais se trace sur mes lèvres quand je réalise. Denis ne s'est pas vengé sur moi uniquement parce que c'était moi, il ne l'a pas fait car ce n'est pas un monstre tout simplement. Il lui reste une part d'humanité dans son cœur et je suis ravie de l'avoir compris ce soir.

De l'autre côté, je comprends que Aless a une face cachée. Il l'a toujours eu et ça fait drôlement bizarre à me l'avouer mais je ne fais plus confiance à Aless. Lui qui était mon frère, j'imagine pas comment il a pu se comporter ainsi avec les autres.

- Diviya ?

Je relève la tête en direction de Zac qui vient de m'appeler.

- Oui ?

- Tu peux me faire une promesse ?

Dans ce genre de situation, il faut répondre non immédiatement. On ne peut pas promettre quelque chose avant même d'avoir entendue cette chose. Mais visiblement, ma bouche se décide à ma place.

- Oui laquelle ?

- Fais tout ce que tu peux pour qu'il ne remette plus les pieds ici.

- Aless ne reviendra pas je vous le promets.

- Non je parle pas de lui.

Quand je comprends qu'il s'agit de Denis, j'ai envie de lui demander pourquoi moi ? John pourrait bien mieux s'en occuper j'en ai aucun doute. Malheureusement, je n'ai pas le temps de demander parce que Denis apparaît avec John ainsi qu'une jolie brune.

Valentina.

C'est vrai que maintenant je l'admets, elle est jolie. J'ai eu beau critiquer sa façon de se maquiller la veille, elle a de jolies traits. Je n'arrive même pas à sa cheville.

J'essaie d'éloigner ces mauvaises pensées de ma tête, je ne suis pas ici pour ça.

- Ça t'amuse de me pister comme un flic ? La prochaine fois vous avez qu'à me coller une puce ce sera plus simple.

Denis s'adresse à Zac, son coach. Même si cet homme est plutôt spéciale, il ne veut que le bien de Denis et je pense que c'est le cas de l'ensemble d'entre nous. Enfin Valentina, je ne sais pas, je ne la connais pas.

- John te cherchait. Lui répond l'aîné.

- Qu'est-ce tu me voulais, t'as ce que je t'ai demandé ?

J'arrive pas à reconnaître Denis. Il est tellement froid, non pas qu'il soit de chaleureuse compagnie habituellement mais là, à sa façon de se tenir, parler comme un robot. Il ne laisse transparaître aucune émotion.

- Elle te cherchait. Répond John en me désignant du doigt.

Et bien pour le coup, j'ai maintenant l'attention de tout le monde sur moi. Je me sens déjà minuscule face à eux mais maintenant je me sens encore plus proche du sol. C'est assez intimidant.
C'est comme si je me faisais gronder.

Denis pose enfin son regard sur moi et je prends beaucoup sur ma personne pour éviter à mon tour de me laisser submerger par mes émotions.
Il m'interroge :

- Tu me veux quoi ? Tu voulais que je dégage loin de toi non ? C'est chose faite, qu'est-ce que tu viens me poser tes pieds ici ?

Il a toujours eu une façon bien à lui de s'exprimer. Tout comme son ami John au passage mais là ses mots sont vraiment crus.

- Je m'inquiétais, tu ne répondais pas au téléphone.

Ce dernier jette un regard mauvais sur Valentina et cette dernière souris à son tour.

- Et alors j'étais occupé, ça veut pas dire faire chier tout mon entourage pour me joindre.

- Hernandez... commence John.

Je n'arrive plus à me contrôler, c'est trop difficile, je craque.

- Qu'est-ce qui te prends Denis ? Demandais-je.

Mon obsession finit par se détacher de sa brune avant de s'approcher vers moi de façon menaçante. S'il compte m'impressionner en arborant son armure de gros dure, il se trompe sur toute la ligne. Je n'ai pas peur de lui.

- Ce qui me prend ? Tu veux vraiment le savoir ?

Je hoche la tête positivement.

- Tu vas pas te mette à chialer comme une môme ?

J'encaisse.

- Parle. Dis-je.

- Très bien.

Il ne lâche pas mon regard un instant et s'approche encore plus de moi jusqu'à qu'il ne reste qu'un petit espace pour me permettre de respirer à peu près normalement. C'est faux, à partir du moment où ses yeux verts percutent les miens, mon souffle s'épuise.

- Je t'ai pas touché ça veut pas dire que je reconsidérerais pas ma décision.

J'encaisse.

- Heureusement que t'as pas cédé à ta colère Denis parce que tu l'aurais regretté toute ta vie. Même si t'essaies de me faire croire le contraire, je sais que tu es quelqu'un de bien.

J'étouffe. J'ai besoin d'espace. Je décide d'émettre un pas en arrière pour récupérer un peu d'air mais je m'affale sur Denis au moment où un un homme me pousse en avant.

- Regarde où tu mets les pieds, puta !

Denis me retient le temps que je reprenne pieds puis d'un seul coup il me repousse sur sa droite pour s'approcher de l'homme qui vient de me repousser.

Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui se passe que Denis a envoyé son poing sur sa figure. J'émets un cri sans me contrôler et je dépose mes mains sur ma bouche pour éviter de recommencer.

Tout le monde nous regarde à présent. Denis a finit par poser sa main autour du coup de l'individu avant d'envoyer de nouveau son poing gauche sur sa figure.

L'homme finit par se relever pour faire face à Denis et je commence sincèrement à paniquer.

- Puta ? Demande Denis.

- Ouais ta puta vient de renverser mon verre sur moi !

Alors que Denis s'apprête à reprendre les enchères, je jette un coup d'œil furtif à John pour lui demander d'arrêter ça. Je ne vais pas m'aventurer entre eux pour les séparer, j'ai peur de me prendre un coup. Mais John m'ignore et repose son regard sur Denis.

Personne ne semble vouloir les séparer.

- Denis s'il te plaît arrête. Suppliais-je.

Ce dernier n'écoute pas non plus et cette fois-ci il repousse l'homme si violemment qu'il finit par s'écouler par dessus le bar. Alors que je pense qu'il allait arrêter là les frais, Denis va le rejoindre pour le relever.

- Tu vas t'excuser espèce de fils de pute sinon ...

- Sinon quoi ? Reprends l'autre.

A cet instant Denis soulève son teeshirt et laisse découvrir son arme enfouie dans son jean derrière son dos. Il l'attrape et en quelque secondes, il la pointe sous le menton de l'homme.

- Sinon je te fais sauter sur place.

Non, il ne va pas le faire. Il bluff mais c'est plus fort que moi, même si je ne crois pas Denis capable d'une chose pareille, je ne peux pas le laisser faire. Je regarde autour de moi pour essayer de trouver de l'aide mais tout le monde regarde et personne n'agit. Valentina se contente de regarder la scène les bras croisés sous sa poitrine et le visage fermé, elle ne dit rien.

Je me lance.

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