Chapitre 35

- Pardon ? C'est quoi ce délire mec, vous vous voyez en planque pendant que tout le monde dort, je capte pas là ? Tu m'avais dis que tu laisserais sa sœur hors de tes plans !

Il y a beaucoup trop d'informations en une réplique. Ses plans ? Donc Denis fait tout ça pour quelque chose j'en ai la confirmation.

- Je fais ce que je veux. C'est pas aujourd'hui la veille que je vais te raconter ce que je fais de mes nuits.

Denis déclare cela d'une façon calme oubliant complètement que je suis là. Sa façon de répondre laisse insinuer qu'il se passe quelque chose entre nous alors que c'est complètement faux. Il ne se passe rien.

- Mais il s'est rien passé John. Dis-je alors.

Ce dernier m'ignore complètement pour continuer à s'adresser à Denis.

- Tu lui as raconté quoi exactement ? Demande-t-il enfin.

J'arrive à intercepter le regard songeur de Denis, je ne sais pas ce qu'il s'apprête à dire.

- Je lui ai parlé de Kate.

- Tu déconnes. Depuis quand tu racontes ta vie aux meufs, c'est nouveau ?

Denis commence à s'agiter et je sens que cette journée n'est pas prête de se terminer lorsque Paloma débarque à son tour dans la cuisine.

- Qu'est-ce qui se passe je vous entends gueuler depuis en haut ?

- Putain t'étais au courant que ces deux se captaient pendant la nuit ? Demande John.

Ça y est je commence à sentir mes joues rougir alors que tout le monde me regarde. Je m'agite sur ma chaise et la seule chose que je réussis à faire c'est de fixer le sol—plutôt beau d'ailleurs.

- Quoi ? Diviya ?

Je n'ose pas répondre à Paloma, après les mises en garde qu'elle m'a fait tout à l'heure, c'était vraiment pas le moment qu'elle découvre ça. Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne s'est rien passé. Enfin, certes il y a une ambiance étrange mais c'est tout, pas de quoi dramatiser. Cette conversation n'a pas lieu d'être.

- Comment ça « quoi Diviya » ? Elle a besoin d'une autorisation pour me parler maintenant ? Demande soudain Denis l'air menaçant.

- C'est pas ça mais hier, on sait très bien que vous étiez en train de vous embrouiller alors laisse-moi être étonnée.

- Ok, on va juste mettre certaines choses au clair là. Je dis et fait ce que je veux avec qui je veux et personne n'a son mot à dire.

Un silence étrange s'installe. Paloma et John s'échangent des regards et j'avoue me sentir de trop dans tout ça. Je suis la seule à ne pas être au courant de ce qui se passe et ma présence dans cette conversation me donne le sentiment que je suis idiote. Le dindon de la farce, voilà ce que je suis. J'en ai marre, sincèrement. En même pas deux jours, les disputes n'ont pas cessés. Adam lui aussi en a perdu son bon sens. Je n'ai qu'une envie sincèrement c'est de rentrer chez moi et ne plus remettre les pieds dans une pièce où il y aura Denis où John ou même personne. C'est ça, je veux retrouver la vie calme que j'avais il y'a quelques mois.

- Je pense que je vais rentrer avec Adam.

Je dis ça plus à moi même mais apparement c'est bien sortie à haute voix. Je vois tous les visages se diriger vers moi.

- Quoi ? Demande Paloma.

Je décide alors d'aller jusqu'au bout de mes pensées.

- Je vois bien que depuis que je suis là rien ne va. Entre Adam qui se dispute avec Denis, moi qui me dispute avec Denis, puis John ... Je pense qu'il vaudrait mieux que je vous laisse terminer ce week-end en paix.

Tout le monde semble attentif à ce que je dis et personne n'ose ouvrir la bouche. Je prends donc ça comme une invitation à partir. Je ne perds pas de temps, je me lève de ma chaise pour sortir de la pièce où l'air commençait à me manquer.
Je file vers ma chambre pour rassembler mes affaires puis je me dirige vers celle d'Adam.

La porte est entre-ouverte et je m'apprête à toquer mais une grande main m'attrape la mienne juste avant que j'ai l'occasion de faire quoi que ce soit.

Sans surprise, je croise le regard sombre de Denis. Comment c'est possible d'avoir des yeux aussi clairs et un regard aussi sombre en même temps ?

Je le fixe en attendant une explication mais celui-ci ne me dit rien. Il m'attire jusqu'à sa chambre et ferme la porte derrière lui.

Ça fait la troisième fois que je me retrouve seule dans une pièce avec lui en l'espace de même pas 24 heures, ça devient une habitude à ce stade.

- Qu'est-ce qui te prend encore ? Demandai-je.

- Tu partiras pas.

Un sourire nerveux m'échappe. Il se comporte sincèrement comme s'il était mon frère celui là.

- Pardon ?

- Tu restes là jusqu'à demain et on partira tous ensembles d'ici, c'est non négociable.

- Tu plaisantes j'espère. En quel honneur tu décides de ce que je dois faire ?

Je reste debout devant la porte tandis que Denis s'agite sous mes yeux, après plusieurs secondes il finit par attraper violemment une chaise de bureau et s'asseoir dessus.

- Ok, tu veux pas rester ?

- Non !

- Alors je te ramène.

Je commence à voire plus clair dans son jeu. Il veut tout contrôler, c'est plus fort que lui. Je décide finalement à mon tour de m'approcher de lui et de prendre place sur le lit en face. J'essaie d'examiner ce qu'il peut bien penser à l'heure actuelle, en fait j'essaie de décoder la raison pour laquelle il voudrait m'emmener.

- Adam rentre, lui aussi. Tu n'as pas à faire cet effort pour rien, je partirais avec lui.

Au moment où j'ai prononcé le nom « Adam » je remarque que sa jambe se met à trembler nerveusement.

- Attend attend, y'a un truc que je comprends pas. Ce mec a clairement balancé que tout ce qu'il l'intéressait c'était de te sauter et toi tu comptes te barrer avec lui ?

J'émets un mouvement de recule avant de comprendre la signification de ces mots. Je sais qu'Adam a dit ça sous le coup de l'énervement, il ne pensait pas ce qu'il disait et en aucun cas je lui pardonne en partant avec lui. Je veux juste partir d'ici et rentrer chez moi.

- Il pensait pas ce qu'il a dit. Quand bien même, si je rentre ce n'est pas pour lui, c'est pour moi.

- C'est pour ça que je te dis que c'est moi qui t'emmène.

- Pourquoi Denis ? Ça change quoi que ce soit toi ou lui ? Toi aussi tu me détestes à ce que je sache.

Soudainement, il approche son siège roulant jusqu'à moi si bien que nos jambes se touchent à présent. Ce rapprochement suffit pour remettre le feu aux poudres. Mon cœur s'emballe de plus belle et une sensation de chaleur vient s'immiscer sur mes joues. Instinctivement, je baisse le regard.

Je ne peux pas soutenir le poids de ses yeux sur moi. C'est beaucoup trop compliqué. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette proximité ne me dérange pas et ce n'est pas la première fois que je ressens ce sentiment de sécurité. Je n'ai jamais envie de le repousser et pourtant je déteste la proximité. Tout ce que je trouve à faire, c'est alors de baisser les yeux pour éviter le contact des siens.

- Tu crois pas que si je te détestais je t'aurais laissé crever dans ce lac ?

Lorsque je relève mes yeux vers lui, je vois un sourire apparaître sur son visage. Il semble être de bien meilleur humeur et étrangement cela déteint immédiatement sur moi aussi.
Je reste cependant toujours muette.

- Écoute Diviya, ce mec...je lui fais pas confiance et je suis en général assez doué pour reconnaître les gens pas réglo. Alors si tu veux vraiment rentrer, je t'amène sinon tu peux rester ici jusqu'à demain et on rentrera tous ensemble.

Je ne sais pas quoi faire. Denis a réussi à embrouiller toutes mes intentions.

- Pourquoi je devrais te faire plus confiance qu'à Adam ?

Je vois qu'il est surpris de ma question et qu'il étudie de bien trop prêt les expressions de mon visage avant de m'offrir une réponse.

- Parce que c'est pas la première fois que tu montes dans ma voiture. Tente-t-il.

Sur le coup, il n'a pas tort. Puis soudain, une idée me traverse l'esprit. Une idée que sûrement je vais regretter lorsqu'elle sortira de ma bouche mais je décide de ne pas trop réfléchir et céder.

- À une condition.

- Laquelle ?

- Tu vas me raconter pourquoi tu as demandé à Jessy de ne plus m'adresser la parole.

Je vois son visage se décomposer et là je suis fière de le surprendre. J'ai un coup d'avance sur lui maintenant, il ne peut pas contourner la question.

- Qui t'a dit ça ?

- Peu importe, je veux une réponse. C'était quoi ton but ? Tu savais très bien que c'était ma seule amie et tu l'as laissé me dire toutes ces choses abjectes. C'était super blessant.

Cette fois-ci je découvre un Denis perdue dans ses pensées. Je l'ai piégé et il n'a aucun moyen de se détourner de la vérité.

- J'avais mes raisons.

-Tes raisons ? Tu viens de dire que tu me détestais pas, Denis. Pourquoi t'as fais ça alors ?

Puis tout d'un coup, c'est comme si je tombais de cinq étages. Alors que j'étais persuadée qu'il allait me répondre, il finit par s'éloigner de moi emportant toute la chaleur de la pièce avec lui. Je le suis du regard en espérant peut être qu'il me donne une petite explication, mais non. Il ne dit rien.

Il se dirige vers la porte et l'ouvre.

- Tu peux partir.

C'est tout.

Je ne sais pas comment décrire cette sensation mais je suis déçue, tellement déçue. Je pensais que finalement il allait peut être tout me raconter enfin il en avait l'air. J'ai eu l'impression depuis hier soir que Denis avait un peu d'estime pour ma personne. Apparemment, je me trompais sur toute la ligne.

- Tu vas me laisser partir avec Adam ?

Il se passe la main dans ses cheveux encore un signe de nervosité j'imagine, je ne peux cette fois-ci décrocher mes yeux des siens lorsque je le rejoins devant la porte. J'essaie d'intercepter encore une fois son regard pour voir s'il est vraiment sincère mais il ne me laisse pas cette chance. Il regarde droit devant lui et de toute sa grandeur il m'envoie bouler.

- Fais ce que tu veux c'est pas mon problème.

Une deuxième balle reçue en plein poumons, voilà ce que ça fait. Comment peut-il changer autant d'humeur en quelques minutes ? J'arrive pas à le suivre.

Je m'étonne moi même à insister.

- C'est si grave que ça ?

Une mini victoire, c'est l'effet que je ressens lorsqu'il répète ses yeux sur moi.

- De quoi tu parles ?

- De ce que mon frère a fait. C'est si grave que ça pour que tu élabores tout ce plan contre lui ? Jessy, moi ...

Une lueur étrange traverse le regard de mon interlocuteur, de mon obsession depuis maintenant plusieurs jours.

Il reste muet comme paralysé et là je comprends que cette histoire est bien plus grave que ce que je pensais.

- Pourquoi tu ne me racontes pas Denis ?

- Parce que c'est pas tes putains d'affaires l'indienne !

C'est repartie avec l'indienne.

- Bien sûr que si ! Ça me concerne ! J'ai l'air d'une débile à être la seule à ne rien connaître de tout ça. Comment tu veux que je m'intègre à votre petite bande d'amis alors que je me sens toujours à l'écart ?

Il me fixe les yeux rougis à présent et je m'en veux un petit peu d'insister autant. C'est quelque chose qui le blesse et ça je l'ai remarqué mais j'ai besoin de savoir.

- Denis ... s'il te plaît.

Finalement j'entends un raclement de gorge juste derrière moi alors que j'étais totalement prise dans ma conversation.

En me retournant,  Adam est là et nous observe étrangement.

- Diviya, je m'en vais.

J'émets un premier regard sur Adam puis un second sur Denis qui ne décroche pas Adam des yeux. Je jurerait à l'instant présent qu'il meure d'envie de le frapper.

Sachant pertinemment, que je ne soutirerais plus aucune information de Denis,  je décide finalement de montrer à ce dernier qu'il est perdant dans tout ça. Non seulement, il ne soulagera pas sa douleur en me racontant ce qui lui pèse gros sur le cœur mais en plus, il n'aura pas le pouvoir de me dicter ce que je dois faire.

- Bouge pas Adam, je viens avec toi.

C'est à ce moment que je me range du côté d'Adam et que j'abandonne officiellement Denis.
C'était sa dernière chance.

Je m'octroie une petite seconde à le regarder alors que je m'éloigne dans le couloir et c'est un Denis complètement vide et impuissant que je découvre.

Hffmbx.

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