Chapitre 32
Je n'ose rien dire, je me contente de rester muette et l'observer s'asseoir sur la chaise à côté de moi. Il l'a déplacé d'ailleurs pour s'approcher encore plus.
- Comment ça va Diviya ?
- Je ... je vais bien.
J'en perds mes mots, ce n'est pas à son habitude de me demander ça et surtout de m'appeler par mon prénom. Lui et son ami semblent jusqu'à aujourd'hui bien amusés à m'appeler « l'indienne. » Un surnom bien évidemment que je trouve idiot.
- Je vois que tu prends ma défense, je t'en remercie.
Sans que je ne lui donne mon autorisation, il tend sa main vers mon sandwich pour l'apporter à sa bouche. Je suis son geste du regard en essayant de comprendre ce qui lui passe par la tête en ce moment. Si seulement je pouvais lire dans les pensées comme Paloma semble le faire avec John. Ce serait drôlement pratique.
- C'est pas que je prends ta défense, je parlais juste de façon général.
- Je vois.
Il continue de mâcher la bouchée qu'il vient de croquer de mon sandwich avant de me le rendre.
- T'étais où ?
Je me surprends à poser la question aussi directement. En revanche, lui ne semble pas surpris.
- Je suis partie courir. Pourquoi t'avais peur que je me casse ? Rigole-t-il.
Moi je ne rigole pas puisque au fond de moi, je sais que je n'avais pas vraiment envie qu'il parte.
- Je peux te poser une question ? Demandai-je finalement.
- Répond d'abord à la mienne.
Il est drôle, je vais quand même pas dire oui.
- Je m'en fiche que tu partes.
Son visage change soudainement et il finit par approcher sa chaise avec un sourire aux lèvres. Il est vraiment de bonne humeur contrairement aux autres.
- T'es sûre de ça ?
Cette fois je me contante de hocher la tête et il finit par reculer.
- Vas-y je t'écoute, c'est quoi ta question ?
- Tout à l'heure John avait l'air étrange, comme si j'avais dit quelque chose enfin je sais pas il a parlé d'Aless et de toi, s'est énervé contre moi et il est partie. Tu sais pourquoi ?
L'expression de Denis passe de l'amusement à de la contrariété. J'imagine qu'il sait donc pourquoi. C'était évident.
- Non, oublie.
Il répond beaucoup trop rapidement et se lève pour se diriger vers l'intérieur de la maison.
- Denis !
Pendant un instant il s'arrête sans pour autant se retourner et je me surprends moi même en l'interpellant ainsi .
Il finit par m'adresser son regard habituel m'invitant à poursuivre.
- On va faire une balade à pied près du lac, tu viens avec nous ?
Oh non, j'ai pas dis ça. J'ai envie de me donner des gifles. Je n'ai quand même pas proposer à l'individu ennemi juré de mon frère s'il nous accompagnait...
Sa réponse me surprend tout autant :
- Ça dépend, tu veux que je vienne ?
Je n'ose bien évidement pas répondre officiellement à sa question alors je me contente de détacher mes yeux des siens et sourire.
- Je prends une douche et je vous rejoins.
Alors là pour le coup, je suis surprise de nos comportement à tous les deux. Comment on peut passer de dispute à ...ça en même pas vingt quatre heures ?
Je l'ignore, c'est l'effet Hernandez sur moi j'imagine.
Je finis de manger mon burger, seule mais ça ne fait rien. Je prends l'initiative ensuite de débarrasser la table et mettre en marche le lave vaisselle.
Je ne le dirais jamais assez mais cette maison est vraiment incroyable. Je rêverais un jour en avoir une comme ça. Une maison de vacances où je pourrais m'évader à chaque fois où j'en aurais marre de la ville.
Je me dirige ensuite dans ma chambre pour aller mettre des vêtements plus adaptés à une marche en forêt. J'attrape un chemisier blanc et un jean bleu. Pour les chaussures je prend simplement mes baskets noirs, ça fera l'affaire.
Après cela, je sors de ma chambre et m'apprête à demander aux autres s'ils sont prêts mais honnêtement je n'ai plus envie de déranger personne. Je crois déjà avoir embêté trop de monde alors je me contente de simplement descendre pour les attendre à l'extérieur.
J'en profite d'ailleurs pour faire le tour de la grande maison. Une piscine est recouverte, tout autour des transats sont joliment disposés et non loin de là il y a la table sur laquelle nous avons mangé.
- Diviya ?
Je me retourne en direction d'Adam qui vient d'apparaître derrière moi.
- Oui ?
- Je m'excuse pour tout à l'heure, si je t'ai blessé et tout ça. Je voulais en aucun cas faire référence à toi et ton adoption, c'est juste que Denis ... je voulais te protéger c'est tout.
Je crois rêver en entendant ce qu'il vient de dire. Comment il le sait ? Je ne lui ai jamais parlé de ça, je ne lui ai jamais dit que j'étais adoptée...
- Comment tu sais que j'ai été adopté ?
- Denis me l'a dit hier soir, tu te souviens juste un peu avant l'épisode de la cigarette ...
Il paraît soudain confus, gêné et puis je me souviens les avoir vu discuter un peu avant que j'arrive.
Pourquoi Denis lui aurait dit ça ? Je n'arrive pas à comprendre.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre sur moi ?
- Rien seulement ça.
Ce n'était pas vraiment à lui de dévoiler mes histoires à Adam. Il n'avait pas à faire ça tout comme moi je n'oserais jamais raconter quelque chose de personnel à quelqu'un d'autre.
Paloma et John finissent par nous rejoindre et je suis surprise d'intercepter un regard plein de colère dans le bleu glaçant des yeux de John.
J'aimerais tellement comprendre. Je voudrais savoir pourquoi lui et Denis ont quelques chose contre mon frère, mais je n'ose pas poser la question directement surtout pas à John. J'ignore s'il va me hurler dessus comme tout a l'heure alors je préfère garder le silence.
Paloma s'approche directement de moi.
- On marche un petit peu, ils vont nous rejoindre.
Elle me dirige alors vers le bois tout en silence.
J'attends des explications, longtemps alors que nous nous enfonçons dans la forêt. Ce n'est pas effrayant comme dans les films, ce n'est pas non plus si sombre. Je dirais que le son des branches qui bougent au rythme du vent est plutôt rassurant et reposant. La saison a donné une couleur brunes tendant vers le rouge aux feuilles qui nous entourent. C'est vraiment très beau, très calme. On n'entend que le bruit des branches sur lesquelles nous posons les pieds et quelques fois le bruit du vent qui s'initie entre nous.
- Tu sais je me doute que tu dois te poser des questions sur ton frère, John et Hernandez.
Me poser des questions ? Elle est très loin de s'imaginer que c'est carrément devenu une obsession ces derniers jours.
- C'est personnel j'imagine, c'est pour ça que vous ne voulez pas me raconter. Dis-je.
- Ça concerne surtout Hernandez en fait et c'est une histoire plutôt compliqué. Je n'aime pas trop m'en mêler.
- Je comprends.
Non en fait, il y a une chose que j'arrive pas à comprendre. Si John déteste aussi mon frère, pourquoi l'avoir hébergé chez lui ?
Ma langue me démange, j'ai envie de demander mais j'ai peur de la réponse.
- John n'aime pas mon frère ? Hernandez semblait aussi apprécié mon frère jusqu'à l'histoire de Jessy non ?
Je vois Paloma commencer à s'agiter. Elle finit par s'arrêter et sortir son téléphone, elle semble y chercher quelque chose tandis que je m'impatiente. Finalement, elle range son portable pour reporter son attention sur moi.
- Diviya, il y a des choses que je ne peux pas te dire. Désolée.
Ok.
Pour le coup, je suis déçue. Non pas de la réponse mais de Paloma. Je pensais qu'on était devenue amies. Je pensais qu'elle m'aimait bien.
Au moment de repartir, j'entends les garçons arriver derrière nous. Je m'apprête à aller les rejoindre mais Paloma me rattrape par le bras.
- Éloigne-toi d'Hernandez Diviya, c'est un conseil.
- Comment ça ?
- Je ne veux pas que tu finisses comme les autres filles, je t'apprécie beaucoup et si tu ne veux pas finir blessée, arrête de lui tourner autour.
Je ne trouve pas les mots. Je n'ai pas le temps de répondre que les garçons nous rejoignent.
Adam discute avec John tandis que Denis se tient un peu à l'écart, l'air contrarié. Il est si grand mais pas plus grand que John. Ses cheveux sont dans le désordre et il porte un jean bleu ainsi qu'un col roulé noir. Je ne peux pas le nier, ses traits sont beaucoup plus agréables à regarder que ceux des autres garçons. Son regard croise le mien et mon cœur se met aussitôt à prendre un nouveau rythme. Je sens mes joues chauffer drôlement, mes mains deviennent toutes moites dans mes poches et j'ai du mal à émettre quelconque mouvement.
J'ignorais ça. Ça ne m'étais jamais arrivé avant. J'ai beau connaître les symptômes qui débarquent juste avant mes crises de panique, mais là c'est totalement différent.
Je réussis à rompre notre contact visuel lorsque je remarque Paloma qui m'appelle à ma droite.
- S'il te plaît. Demande-t-elle.
S'il te plaît quoi ?
Il ne me faut que quelques secondes pour comprendre le lien entre notre conversation et l'arrivée de Denis.
Oh.
Hffmbx
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