Chapitre 16

J'arrive à distinguer une légère étincelle qui éclaircie ses yeux dans l'obscurité. Son parfum vient m'envelopper toute entièrement et j'ai du mal à avoir les idées claires. C'est comme s'il était partout. Même quand je ferme les yeux, je le sens prêt de moi.

Qu'est-ce qui me prend ?

Je rouvre les yeux et je reste figée. Je reste là à regarder ce garçon dans les yeux alors que je déteste le moindre contact physique avec ma famille. Je reste là à quelques centimètres de lui alors que je le déteste. Je reste là alors qu'à cause de lui, j'ai perdue ma meilleure amie ainsi que mon frère.

- Je ne te pensais pas du genre menteuse, Diviya. Déclare-t-il enfin doucement.

Je me surprends à sourire bêtement fière de ma repartie.

- Je ne mens pas.

- Depuis quand tu traines avec John ? Me demande-t-il.

- Depuis que Paloma est devenue mon amie.

Je ne comprends pas pourquoi il se tient aussi près de moi pour tenir cette conversation. C'est peut être un moyen de me déstabiliser mais honnêtement et aussi surprenant que cela puisse paraître, ça ne me dérange pas.

Je dois sûrement être sous l'influence de la fatigue, je ne vois aucune autre explication.

- Je suis content pour toi.

J'essaie de distinguer l'amusement dans ces yeux qui ne sont qu'à quelques centimètres de moi, mais je n'y parviens pas.
Il a vraiment l'air sérieux.

- Pourquoi ?

Son regard ne dévie pas du mien mais il semble réfléchir à ce qu'il va dire.

- Parce que tu es quelqu'un de bien et que Paloma l'est aussi.

- Jessy ne l'est pas et pourtant tu continues à la voir.

C'est clair que ça m'a échappé.
Je ne voulais absolument pas dire ça. Enfin si je le pensais mais je ne voulais pas le dire à haute de voix devant lui.

- Qui t'as dit que moi, j'étais quelqu'un de bien ?

Pour une fois qu'il dit quelque chose de vrai. Je suis surprise. Et je pense que c'est l'élément déclencheur. Denis n'est pas quelqu'un de bien.

Je me rends enfin compte de ce que je suis en train de faire. Je décide alors brusquement de me décaler vers la droite pour me dégager de son emprise.

Il finit à son tour par se redresser et s'éloigner un peu non sans me lâcher du regard.

- Je crois qu'il vaut mieux que je rentre. Dis-je.

- Tu veux toujours que je t'ignore en croisant ton chemin ? Me demande-t-il.

Bien sûr que oui. Je n'arrive toujours pas à croire que je suis d'ailleurs toujours en train de lui parler. A cette heure-ci et devant chez moi ! J'ai un million de raison pour me convaincre de répondre : oui. Une personne normalement constituée partirait en courant et ne lui adresserait même pas la parole. Moi, je suis Diviya. Une fille complètement perdue et totalement idiote alors c'est peut être pour ça que je réponds automatiquement.

- J'en ai aucune idée.

Un sourire s'affiche sur son visage comme si en réalité il s'agissait de la réponse qu'il souhaitait ou peut être que j'ai aucune idée de ce qu'il pense parce que je n'ai aucune idée de qui il est réellement.

- Bonne nuit Diviya. Lâche-t-il.

C'est à ce moment que je décide de me retourner et d'entrer chez moi sans lui adresser un au revoir.

***

Une alarme abominable vient me tirer de mon sommeil et je dois tendre ma main à l'aveuglette sur mon chevet pour mettre fin à ce supplice.

Je prends quelques minutes pour me réveiller à peu près correctement et les événements de la nuit dernière me reviennent en cascade.

- Quelle idiote... Me dis-je à moi même.

Je finis par me lever pour filer en vitesse dans la salle de bain. Je prends ma douche en essayant de penser à tout sauf à ça. A tout sauf à cette pseudo-balade-nocturne-irréaliste.

J'ai vraiment l'impression que ce n'était pas moi. Que tout ce que j'ai pu dire ou faire avec Denis n'était pas réfléchis. Ça ne me ressemble pas du tout et je m'en veux de lui avoir laissé sous entendre que j'appréciais plus ou moins sa compagnie. Bon sang mais il sortait de chez Jessy comme si de rien était...

C'est sur et certain, je suis une pauvre idiote.

J'attrape un pantalon large de couleur grise et mon pull kaki. Je me précipite pour me brosser les cheveux et me les attacher en une queue de cheval bien haute.

J'attrape mon sac de cours et mon téléphone portable avant de dévaler les escaliers.

Pour vue que je n'ai pas raté mon bus.

Je me précipite jusqu'à l'arrêt qui n'est qu'à quelques mètres de chez moi et c'est là que je le vois démarrer sans moi.

- Génial.

Alors ça pour un début de journée.

Je lâche un soupir énorme avant de tirer mon téléphone portable de ma
poche de pantalon et d'appeler Paloma.

Je prie pour qu'elle ait cours à la même heure que moi.

- Salut !

- Paloma, je viens de rater mon dernier bus pour la fac, tu n'aurais pas cours par hasard.

- Oh ma puce je suis déjà à la fac mais John est sur le trajet je peux l'appeler pour qu'il passe te chercher si tu...

- Non, non, ... ça va aller, je vais trouver un autre moyen.

- Mais tes parents bossent, tu vas rater ton cours Diviya.

Elle n'a pas tort mais j'ai tout sauf envie de voir Jonathan.

- Je lui envoie l'adresse, t'en fais pas ça va le faire.

Je n'ose même pas répondre.
Au point où j'en suis, rien ne pourra me surprendre aujourd'hui.

- Merci. Réussis-je à lancer.

Je capitule et retourne devant chez moi pour attendre mon chauffeur.

Mon dieu mais même ce surnom me rappelle la soirée où Denis était mon chauffeur.

Je secoue la tête pour tenter de retirer ces souvenirs de mon crâne, quitte à passer pour une idiote autant le faire jusqu'au bout.

Ce sont deux coups de klaxons qui me font revenir à la réalité et je remarque la jolie BM qui se tient devant moi.

- Bon tu montes ? S'énerve Jonathan.

Je ne réponds pas mais me contente d'aller prendre place au côté passager.

- T'es une putain de veinarde, d'habitude je me casse jamais le cul pour aller en cours le matin.

Charmant.

- Merci. Dis-je comprenant immédiatement qu'il s'agit simplement du jolie language fleurie du petit ami de Paloma.

- C'est quoi le délire ? Me demande-t-il enfin.

Je le regarde interrogée ne comprenant pas où il veut en venir.

- T'as une tronche ! Enfin pas que t'en aies une bien meilleure d'habitude mais là t'as l'air d'avoir fumé toute la nuit.

Donc ça se voit.

- J'ai mal dormis. Comment va Aless ? Demandai-je pour changer de sujet.

- Il ...va bien.

Je me retourne brusquement vers Jonathan en remarquant que nous n'empruntons pas du tout le trajet de la fac.

- On passe chercher Denis.

Génial fois deux.

Je m'enfonce doucement dans mon siège en priant pour que cette journée finisse au plus vite.

Hffmbx.

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