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- Mes parents sont pas là. Tu peux tout me dire, Diviya.
Il me tend une tasse de thé et s'installe sur le fauteuil en face de la télévision. Je m'enfouie un peu plus dans le grand canapé et bois une gorgée de mon thé. Je suis épuisée physiquement ainsi que mentalement.
- Ça fait une semaine que j'essaie de te contacter, John.
- Je sais. Dit-il l'air pensif.
- Je sais ? Et quelle est la raison ?
J'attends patiemment sa réponse qui met du temps à arriver.
- J'avais des choses à faire.
- Écoute, repris-je, si c'est à cause de ce baiser, sache que j'ai tout oublié ok ? John, je ne t'en veux pas pour ça. T'es mon meilleur ami et ça arrive à tout le monde de faire des erreurs.
Le regard de mon interlocuteur se pose sur moi, son visage est sérieux et ne laisse rien transparaître.
- J'ai compris Diviya. On est meilleur amis. C'est pas...pas à cause de ça que j'étais pas dispo cette semaine, t'as rien à craindre.
- À cause de quoi alors ?
Puis il finit par relever son dos du fauteuil et il me regarde maintenant d'un regard accusateur. Ça sent pas très bon pour ma pomme.
- Et toi ? Tu comptes m'expliquer ce que t'as vue dans cette rue ?
- Rien du tout. Le coupé-je.
- C'est ça. Diviya, on avait dit quoi ? Pas de mensonge non ?
C'est vrai. Ces dernières années, John et moi sommes transparents l'un envers l'autre. Je lui raconte absolument tout mes ressentis, mes préoccupations, mes sentiments et il en fait de même. Ça a toujours fonctionné jusqu'à aujourd'hui.
- John ?
- Quoi ?
- Tu te souviens du jour où je t'avais demandé de ne plus jamais me parler de lui sauf si je te le demandais?
Apparemment John est pris de cours par ma question. Ses traits se crispent sous ma demande et il se met à serrer les poings de façon frénétique.
- Je m'en souviens.
- Et bien ce soir, je te le demande.
Moi meilleur ami se met à se masser les tempes comme agacée ou frustrée et je sais pourquoi il réagit ainsi. Il a peur que je revive les moments où je pleurais pour Denis. J'ai passé de longs moments à lui raconter à quel point j'aurais voulu qu'il soit à mes côtés alors que je pleurais encore la mort de mon frère.
Il n'a pas de quoi s'inquiéter, je veux seulement savoir à quel point son retour est dangereux. Quel genre de personne est-il devenu ?
- Qu'est-ce que tu veux savoir ? Me demande-t-il alors.
- Tout ce que toi tu sais.
*
Si je récapitule, Denis vivait à New York jusqu'à il y a une semaine. Il était dans la police mais d'après Zac, il n'est pas resté longtemps. Refusant sûrement les ordres qu'on lui donnait, il a démissionné. Il n'a pas reposé les pieds à Washington depuis trois ans ni même pour voir ses parents. Ce soir, il était au club accompagné du nouveau patron et selon John ça ne sent pas bon.
- Ce nouveau patron, il trempe dans quoi ? Demandé-je.
- J'en ai aucune idée, mais je sais que son business n'est pas net. C'est pour ça qu'avec Zac on a flippé comme des dingues quand t'as disparu.
- Désolée.
John finit par se lève du canapé et se positionne juste en face de moi. Il se met doucement à croupi et me surprend en attardant mon visage délicatement par le menton, me faisant ainsi relevé les yeux vers lui.
- Diviya, si quelqu'un te faisais chier, tu me le dirais n'est-ce pas ?
- Oui. Répondis-je logiquement.
Oui mais je n'ai rien dit à propos de Denis car je ne veux pas envenimer les choses et puis je me dis que c'est sans importance dans tous les cas c'est pas comme si je fréquentais du monde dans le club pour balancer qu'il était de la police. Même s'il y a quelque chose qui me perturbe dans cet histoire. Pourquoi dit-il être encore de la police alors qu'il a démissionné ? C'est pas logique. Rien n'est logique quand il s'agit de lui de toute façon.
- Alors pourquoi j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout ?
Je me retire de la prise de John et me relève rapidement. Je ne dirais rien de plus ce soir.
- Je te dis tout. Est-ce que ça te dérange si je dors ici ? Ou bien tu peux me ramener chez moi si tu préfères ?
- Diviya, tu fais ce que tu veux.
- D'accord, très bien... alors sur ce canapé ça ira.
Je suis nerveuse et cela ne semble pas passer inaperçu auprès de John mais il ne me fait plus de réflexion comprenant probablement que je ne parlerais pas davantage sur cette soirée.
- Je te montre ma chambre, moi je prendrais le canapé. Me répond mon meilleur ami.
Sans me laisser le temps de riposter, John m'attrape par la main et me dirige vers les escaliers. Nous traversons un couloir étroit avant qu'il n'ouvre la porte donnant dans sa chambre.
Je suis déjà venu chez lui, j'ai déjà rencontré ces parents mais je n'ai jamais osé dormir dans son lit jusqu'à ce soir.
- Je te file mes affaires, si ça ne te dérange pas ...
- Euh non pas du tout. Merci.
Il me tend un grand teeshirt ainsi qu'un short de sport puis me sourit étrangement avant de m'assurer qu'il reste en bas si j'ai besoin de quoi que ce soit.
- C'est gentil. Lui dit-je.
- T'inquiète.
Puis il s'en va en refermant la porte derrière lui. Lorsque je retire mes vêtements pour les échanger contre ceux de John, je me sens étrange.
A peine me suis-je recouverte des draps sombres du lit de John, mes yeux se ferment me laissant traverser la barrière de l'autre monde.
*
Je traverse la ruelle en courant et j'entends encore ce cris résonner dans l'obscurité de la nuit. Cette fois-ci j'accours vers les deux hommes et me place entre la victime et Denis.
Son regard est si perturbant.
Alors que l'homme qui criait finit par s'en aller en courant, je reste face à l'autre qui finit par retirer sa cagoule.
Son visage est tordu par la colère, il n'y a pas une once de surprise lorsqu'il me scrute et puis tout se passe rapidement.
Ces deux mains s'enroulent autour de mon cou puis elles serrent. Ma respiration se coupe et mes yeux sont près à sortir de leur globes oculaires. Je tente de le repousser avec mes mains mais rien ne semble le perturber. Il sert davantage sa prise et finit par me soulever du sol pour me plaquer brutalement contre le mur.
Mes jambes se balancent dans les airs alors que je tente de hurler et de me défaire de sa prise.
Rien ne fonctionne.
Son visage qui me paraissait autrefois si rassurant n'est plus que celui d'un ennemi empli d'amertume.
Je finis par accrocher mes deux mains à ses bras et tente d'y planter mes ongles mais rien.
Il reste imperturbable.
Je sens que je n'ai plus assez de force pour me débattre, je n'ai plus d'oxygène et tout mon corps s'asphyxie.
- Denis.
Lorsque je me relève, je porte directement mes mains à mon cou et je découvre que sa prise n'est plus là. Elle n'a jamais été là en fait puisqu'il s'agissait que d'un horrible cauchemar.
Depuis petite, les cauchemars me hantent. Mon enfance traumatisante m'a poursuivi toute ma vie mais ce que j'ignorais c'est à quel point ça faisait mal de se faire torturer par une personne qu'on a autant aimé.
J'étais très loin d'imaginer qu'un jour, Denis Hernandez deviendrait la source de mes cauchemars.
Hffmbx
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