42 : Diviya Phal
Deux semaines plus tôt
- Cette fois-ci, c'est vraiment la fin.
- Non! Ne me dis pas ça, je t'en prie.
Je m'approche de lui, le serrant dans mes bras, craignant qu'il s'échappe, craignant de ne plus jamais ressentir son cœur battre contre le mien, de ne plus jamais sentir son odeur, sa chaleur, sa voix.
- Tu dois apprendre à vivre sans moi, je sais que tu en es capable.
Je secoue frénétiquement la tête, mon nez frottant contre son pull.
- Je ne peux pas, Denis. Je n'aurai pas la force.
Il réussit à se détacher de moi, ses deux mains me tenant fermement à une certaine distance. Son regard, je ne pourrais jamais l'oublier. Je ne suis pas prête à le voir partir alors qu'il vient de revenir. Il y a encore tant de choses que j'aimerais vivre avec lui, tant de choses qu'il doit m'apprendre.
- Pourtant, tu as réussi à m'oublier en trois ans, Diviya.
- Non. Je... je n'ai jamais cessé de penser à toi. Mon cœur ne t'a jamais oublié, Denis, et je savais qu'un jour je te reverrais. Je savais que tu étais quelque part en vie, mais si tu pars... ce sera pour toujours.
Il n'y a aucune expression sur son visage. Il est neutre, et je déteste ne pas ressentir ce qu'il ressent. J'ai l'impression que ce n'est pas lui.
- Aless et moi n'étions pas destinés à vivre longtemps près de toi, l'Indienne.
Mon cœur rate un battement. Je vois le visage de Denis se déformer d'un sourire maléfique, et je fais un pas en arrière.
- Tu aurais notre mort sur la conscience pour le reste de tes jours. Chaque matin, tu te lèveras, te regarderas dans le miroir, et te diras que le seul homme que tu as aimé est mort, et que le seul frère qui t'a soutenue est mort.
Je place mes mains sur mes oreilles, incapable d'entendre davantage ces mots. Ce n'est pas Denis. Il n'aurait jamais prononcé ces mots.
Il vient me retirer les mains des oreilles de force.
- Tu es un poison, Diviya. Tous ceux que tu aimes, tu les tues. Ton amour est toxique.
- Tais-toi ! Arrête.
- Tu as blessé Aless. Tu as blessé John. Tu blesses tes amies. Diviya, fille de Rama. Ta mère biologique a fait le bon choix en t'abandonnant. C'était la meilleure décision de sa vie.
- Stop ! Tais-toi ! Je ne veux plus t'entendre. Arrête !
Sans comprendre comment c'est possible, je me retrouve soudainement en haut d'une énorme tour, mon corps réagissant de lui-même. Je pousse de toutes mes forces Denis, qui perd l'équilibre avant que son corps ne bascule dans le vide.
Haletante, je me tiens au bord de la tour, mon regard croisant une dernière fois le vert électrique de ses yeux.
Et je me réveille.
Ma respiration forte résonne dans l'obscurité de ma chambre, et mes mains tremblent le long de mon corps. Il me faut quelques secondes pour réaliser que rien de tout cela n'est vrai.
Mes rêves doivent me détester pour me jouer mes pires peurs chaque soir.
Je passe une main sur mon visage avant de descendre du lit. Sans réfléchir, j'attrape une veste, enfile mes chaussons, et m'apprête à sortir de ma chambre lorsque je me rends compte que la lettre de mon frère que j'avais pris la peine de relire est toujours posée sur mon bureau.
Je la rangerais plus tard.
Là, tout de suite j'ai besoin d'air.
Je me précipite vers les escaliers, puis prends soin de ne pas faire de bruit en sortant de la maison.
Je prends la peine de souffler en arrivant à l'extérieur.
- Demain, on ira se venger et j'irais mieux.
« Demain, on ira se venger et j'irais mieux. » « Demain, on ira se venger et j'irais mieux. »« Demain, on ira se venger et j'irais mieux. »« Demain, on ira se venger et j'irais mieux. »« Demain, on ira se venger et j'irais mieux. »« Demain, on ira se venger et j'irais mieux. »« Demain, on ira se venger et j'irais mieux. »
Je marche encore, me perdant dans les rues du voisinage.
La nuit est douce, le vent ni frais ni chaud, et le ciel est dégagé de tout nuage.
Ça fait plus d'une semaine que je m'entraîne sans relâche avec Zac et Alana. J'ai rencontré l'ensemble des soldats coéquipiers de Denis. Ce sont eux qui l'ont formé à New York, et je me suis portée volontaire pour faire tomber Richardson.
Alana et son équipe m'ont demandé de le neutraliser avec Zac au moment où on l'aura piégé. Mais avec Zac, nous nous sommes échangé un regard pour nous mettre d'accord. Il est hors de question que cet homme finisse en prison.
Je veux qu'il pourrisse sous terre, et Zac et moi nous en occuperons personnellement.
C'est ça qui me fait tenir.
Parce que sinon, je passerais mes journées, mes nuits dans cette chambre d'hôpital à attendre qu'il se réveille.
Je sais qu'il va se réveiller. J'en suis certaine, même si mes cauchemars ont tendance à me faire changer d'avis. Au fond de moi, je sais que je vais le revoir, car notre histoire ne peut pas se terminer ainsi. J'ai besoin d'un miracle pour compenser tous les malheurs dans ma vie.
Et mon miracle, c'est lui, Denis.
- Diviya Taller. La petite protégée de Denis Hernandez.
Une voix grave me fait vibrer derrière mon dos, et je me tourne brusquement en mettant une main derrière mon dos, pensant y trouver mon arme.
Merde !
- Qui êtes-vous ?
L'homme est grand, mais son visage m'est dissimulé par l'obscurité et par la capuche qu'il porte sur sa tête.
- Un ami. Je veux t'aider, Diviya.
Un sourire moqueur m'échappe.
- M'aider ? Montrez-vous, espèce de lâche. Qu'est-ce que vous faites près de chez moi à cette heure-ci ?
Un rire léger résonne dans la ruelle, alors que je reste concentrée sur le moindre geste de ma cible.
- Je vous attendais. J'ai quelque chose pour vous. Enfin, quelqu'un plutôt.
Quoi ?
L'homme s'avance vers moi, et je lui maintiens tête, car la pire décision serait de lui montrer que j'ai peur.
Il enlève alors d'une seule main sa capuche, et je tombe sur un homme proche de la quarantaine, le visage empli de cicatrices, ce qui est presque effrayant.Ses cheveux sont foncés tout comme ses yeux et ses sourcils droits lui donne un air sévère mais le sourire sur son visage est en contraste avec toutes ces cicatrices qu'il porte.
- La vie ne m'a pas épargné moi non plus, lâche-t-il.
Moi non plus ?
Face à mon regard clairement interrogatif, il continue.
- Je suis plutôt habile pour obtenir des informations.
- Alors, qu'attendez-vous de moi ? Que je vous suive, alors que je ne sais rien de vous ni de cette personne dont vous voulez me parler ?
L'homme arbore toujours un demi-sourire, s'approchant lentement.
- J'ai une histoire à vous conter, Diviya Taller, et je suis sûr qu'après l'avoir entendue, vous me suivrez.
Il a vraiment piqué ma curiosité, cet idiot !
- Allez, parlez.
L'homme prend alors ses distances pour s'appuyer d'une épaule contre la murette de la ruelle.
- Il était une fois, au Cambodge, le destin tragique d'une jeune femme. Contrainte de se marier de force à Sarath Sok, un homme plus âgé, son cœur battait pour Vannak Phal. Les années de mariage la séparèrent de son amant, et elle donna naissance à deux fils. Un jour providentiel, le hasard les réunit à nouveau, ravivant leur amour secret. La jeune femme tomba enceinte d'une petite fille, mais elle tenta en vain de dissimuler sa grossesse. Son mari découvrit la vérité et traqua le père pour le tuer sous les yeux de son jeune frère de 15 ans. Le jeune garçon grandit, déterminée à découvrir la vérité sur la mort de son frère.
Mon cœur bat tellement vite que le temps semble s'être arrêté. J'ai baissé toutes mes gardes et écoute attentivement cet homme me raconter l'histoire la plus folle de ma vie.
Dans le silence de la nuit, il reprend :
- Le mari força la jeune femme à élever l'enfant du défunt, punition pour son infidélité. Les années passèrent, et il ne put plus supporter la présence de cette belle jeune fille sous son toit. Il maltraita sa femme jour après jour jusqu'à la forcer à abandonner sa propre fille. Imaginez, Diviya, la douleur de cette femme. Aujourd'hui, plusieurs années plus tard, le petit frère, témoin du meurtre de son aîné, a retrouvé la jeune femme, ses enfants, sa nièce, et le mari meurtrier. Cette histoire te rappelle-t-elle quelque chose, Diviya ?
Le silence règne en réponse, tandis que les tremblements secouent mon corps, révélant lentement l'identité de cette jeune fille abandonnée. Mon esprit tente de tout assimiler, me laissant figée, incapable de bouger, et ma voix m'abandonne.
Mais lorsque les larmes se mettent à couler, emportant avec elles les souvenirs de mon enfance, tout devient flou. Les souvenirs s'entremêlent brusquement, et ma vie semble se dissoudre.
- Je suis ce petit frère, Diviya. Je m'appelle Sovann Sok, et tu es ma nièce, celle que je recherche depuis vingt ans.
Dans le silence des larmes, vingt années d'obscurité se sont dissipées, et dans cet instant solennel, mon passé et mon avenir se sont entrelacés, créant une toile complexe et déconcertante.
La vérité, jusque-là insaisissable, a surgi comme un éclair, me laissant sidérée, choquée par la révélation de toute une vie.
Une émotion si profonde que les mots peinent à la traduire, une découverte qui bouleverse l'âme et l'existence même de ce que je croyais savoir.
Hffmbx.
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