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- Un autre ! Demande John à ma droite.
- Tu voulais dire quoi par « je l'ai empêché de venir ici », Zac ?
Je me penche subtilement sur la table du bar, observant attentivement Zac et attendant calmement sa réponse. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il frotte sans cesse le même verre depuis un moment, laissant transparaître une certaine inquiétude dans ses yeux ce soir.
Soudainement, il me surprend en déposant bruyamment le verre juste en face de moi, attirant également l'attention de John.
- Quoi ? Ça t'intéresse maintenant ? Répond-il.
Bon sang qu'est-ce qu'il lui prend à la fin, c'est quoi son problème avec moi ?
- Zac fait gaffe, parle-lui correctement. Menace John à côté de moi.
Un rire mauvais émane de Zac alors qu'il jette un bref regard à John, puis à moi.
- Ça te fais pas chier qu'elle pose encore des questions sur lui ? Trois ans après putain et elle y pense encore !
La colère monte en moi et mes joues s'embrasent alors que Zac semble s'amuser à un jeu dangereux avec nous. Je suis consciente que compte tenu de la situation actuelle de mon meilleur ami, les choses pourraient rapidement mal tourner. Ce n'est vraiment pas le moment de le pousser à bout.
John peine à garder son équilibre alors qu'il se lève de sa chaise.
- Va te faire foutre mec ! Lui crache mon meilleur ami.
C'est incroyable ! En l'espace de trois ans, il n'y a jamais eu de disputes entre nous, et maintenant, ce supposé retour de Hernandez commence à semer la zizanie ! Même en son absence, son nom est synonyme de problèmes et j'en ai plus qu'assez.
- John tu peux aller me récupérer mes affaires dans le vestiaire s'il te plaît, on s'en va. Demandé-je enfin.
Ce dernier ne quitte pas pour autant le regard de Zac mais il acquiesce après quelques minutes et finit par s'en aller.
- Ok, maintenant qu'il est parti, tu vas me dire clairement : c'est quoi ton problème ce soir ?
Zac semble hésiter quelques secondes mais il finit par me répondre d'un air accusateur.
- J'aime pas la tournure que prend votre relation.
Je ne peux m'empêcher de rire, bien que ce soit un rire jaune ! Je n'en peux clairement plus de cette situation. Je prends une grande inspiration pour me donner une apparence sérieuse, puis je lui annonce clairement la couleur.
- Alors de un : tu n'as pas ton mot à dire sur mes relations. De deux : John est et restera mon meilleur ami. De trois : Qu'est-ce que notre relation peut bien te faire ?
- Si pour toi c'est qu'un ami, je veux bien le croire mais si tu penses que pour lui c'est pareil, c'est que t'es putain de naïve, Diviya.
Quoi ? Je n'ai pas le temps de répondre, Zac reprend :
- Je dis pas que t'as des comptes à me rendre, je dis seulement que ça risque de virer aux problèmes si Paloma découvre que vous êtes aussi proches et par respect pour Hernandez, je ne cautionnerais jamais votre relation non plus.
- Ah parce que tu penses qu'il en a eu lui du respect pour moi ? J'arrive pas à croire que tu le défendes et le respecte comme tu dis. Ton pote c'est un lâche et je ne veux plus rien entendre de lui venant de toi, t'as bien compris !
Sans lui laisser le temps de répondre, je quitte le bar et me dirige rapidement vers la sortie. Sur le chemin, je croise John qui me regarde d'un air perplexe, mais je continue ma route jusqu'à sa voiture. Je m'assois côté passager dès que les portes s'ouvrent et abaisse le siège pour m'allonger, essayant de fermer les yeux sur ce qui vient de se passer.
John fait de même à ma gauche et je le remercie intérieurement de ne pas me poser davantage de questions.
Finalement, je ferme les yeux et commence à imaginer une vie où les Tallers sont ma vraie famille, où Aless n'a jamais rencontré Denis ni sa petite sœur, où tout le monde vit heureux. J'ai entendu dire que ce genre de scénario est un signe de désordre psychologique, mais après tout ce que j'ai vécu, cela ne m'étonnerait pas que je sois complètement bouleversée du cerveau.
En réalité, mes pensées m'aident beaucoup, elles créent une forme de paix intérieure qui m'est indispensable.
***
Et tout d'un coup, le ciel tombe. Mon avenir s'effondre et la douleur n'est presque plus supportable.
« Tu es une battante » me répète une voix au loin.
Est-ce mon subconscient qui me convie à garder espoir sur la vie ? Où est-ce seulement une projection illusoire de ce qu'on mon âme désire profondément ?
J'aimerais tellement être la femme forte qui ne ressent plus rien et dont les actes ne sont plus dictés par les émotions. Mais c'est difficile et si inhumain finalement.
- Quel enculé, la prochaine fois tu t'en sortiras pas comme ça Max !
J'ouvre les yeux un peu désorientée. Je me rends compte que je suis mi-allongée dans la voiture de John. Ce dernier a côté de moi semble dormir péniblement. Je le remarque à ses sourcils bruns froncés. Même dans son sommeil, il ne semble pas en paix. On dirait que nous sommes au moins deux dans le même panier.
Je relève mon siège tout en me massant la nuque. C'est drôlement douloureux de dormir ainsi. D'habitude, John et moi passons nos vendredi soir éveillés à discuter un peu de tout et de rien, à rire et ce n'est seulement qu'au petit matin que nous finissons par rentrer. C'est la première fois que John se met à boire autant. C'est la première fois que nos conversations se sont écourtées.
Quand je jette un coup d'œil à mon téléphone. Non seulement j'aperçois qu'il n'est que trois heures trente du matin mais je remarque surtout le message de Paloma.
Je décide de sortir de la voiture en refermant la porte délicatement derrière moi et de le lire en m'asseyant sur une sorte de gros rocher apparent.
J'ouvre son message :
De Paloma à minuit quarante :
« Ne m'en veut pas stp stp ! »
De Paloma à minuit cinquante :
« Tu sais très bien que John est le seul homme de ma vie et que je ne vois que lui. Mais je sens qu'il souffre de cette distance entre nous. Il essaie de se rendre utile, il est toujours là pour toi et pour moi mais ça le bouffe de l'intérieur Viya ! Je le sais. Je veux pas être un fardeau pour lui. C'est pour ça que j'ai choisi de lui rendre sa liberté. Il m'aime et moi aussi. C'est pour ça que je suis persuadée qu'on se sépare seulement pour mieux se retrouver. Quand je rentrerais à Washington, quand j'aurais finit mes études, on se retrouvera. D'ici là, je te le confie. Fait en sorte qu'il aille mieux.
Je vous aime, prenez soin de vous ! <3 »
Je relis plusieurs fois le message en essayant de comprendre pourquoi faire une chose aussi stupide, mais je ne trouve pas de réponse. Elle est en couple avec l'homme de sa vie, ils s'aiment tous les deux malgré la distance et ils sont près à tout l'un pour l'autre, alors pourquoi ? La distance est selon moi une très mauvais raison pour mettre fin à cette relation. John souffre non pas de la distance mais de cette séparation stupide sortie de nulle part !
Je ne manquerais pas de rappeler Paloma demain matin.
Lorsque je relève de nouveau le regard vers cet homme qui m'a réveillé en hurlant le nom de « Max » je vois qu'il a le visage tuméfié. Les yeux gonflés...
Et je comprends que Max n'était finalement que son adversaire de combat de la soirée.
Je décide d'aller rejoindre Zac qui est avachit contre un des murs de l'entrepôt une cigarette entre les lèvres.
Il relève les yeux lorsqu'il m'aperçoit m'arrêter juste en face de lui et retire finalement sa cigarette de la bouche pour la jeter au sol et l'écraser de sa grosse chaussure noire.
- Qu'est-ce que tu me veux gamine ?
- Je n'aime pas rester en mauvais terme avec quelqu'un...
- Je sais. Me répond Zac le visage sérieux.
Depuis le décès d'Aless, je me suis fais la promesse de ne jamais rester fâchée avec quelqu'un plus de quelques heures. On ne sait jamais de quoi la vie est faite et quitte à mettre ma rancoeur de côté, je préfère ça plutôt que d'apprendre le décès de cette personne sans avoir pu mettre les choses au clair avec elle.
Malheureusement, cette résolution reste très difficile dans la mesure où mon cœur refusera toujours de pardonner un certain Denis Hernandez.
- Alors ? Ajouté-je en fixant Zac un sourire aux lèvres.
- Alors quoi ?
- J'attends tes excuses ...
Zac pouffe de rire en face de moi avant de se reprendre.
- Je vais pas retirer ce que j'ai dit car je le pense, Diviya. MAIS...
Il lève le doigt m'empêchant de surenchérir et continue :
- Mais je m'excuse de m'être mêlé de ce qui ne me regardait pas.
C'est déjà ça.
- Excuse presque accepté. Lui répondis-je alors.
- Comment ça « presque » ? Tu t...
La phrase de Zac reste en suspend alors que j'attends patiemment qu'il la termine. Je remarque que le regard de mon ami se dépose sur un point derrière moi.
- Et merde putain ... lâche-t-il doucement.
Perdue, je décide de me retourner et c'est là que j'aperçois un homme d'une cinquantaine d'année aux cheveux grisonnants sortir d'une belle voiture noire. Jusque là, rien de surprenant, il y a de tous les âges dans ce club. Certains sont là pour parier, d'autres pour combattre chacun y trouve son compte mais l'étrange réaction de Zac réussit tout de même à piquer ma curiosité.
- Qui c'est? Demandé-je.
- Reste à côté de moi et n'ouvre surtout pas la bouche. Fait la muette.
Je m'apprête à enchérir de nouveau mais je me tais lorsque cet homme à l'aura très peu rassurante finit par s'approcher de nous. Il est grand et porte un costume très élégant. Malgré l'obscurité, je relève très vite les nombreuses cicatrices sur son cou et son visage. Il a une lèvre fendue.
- Zac, Mademoiselle...Comment se passe la soirée ?
Sa voix grave me donne littéralement la chair de poule. Il est carrément flippant ! Je ne sais pas si c'est mon instinct de survie qui parle ou bien si tout le monde perçoit la dangerosité de cet homme.
- Très bonne soirée, patron. La recette a été plutôt bonne. Répond Zac.
Patron ? Alors c'est lui le nouveau patron du club dont John m'avait parlé il y'a quelques semaines. Il m'avait dit qu'il trempait dans des histoires pas très nettes. Je comprends mieux pourquoi tout le monde s'est mis à nous observer.
Le regard de l'homme finit par se poser sur moi. J'hésite entre maintenir son regard ou bien tout simplement baisser les yeux d'effroi.
- Et vous ? Mademoiselle, vous êtes-vous bien amusée ?
Je m'apprête à répondre mais Zac me devance.
- Elle n'est pas d'ici. Elle ne parle pas la langue.
Je garde le silence et arbore un sourire niait en essayent de paraître la moins étrange possible. C'est pas gagné, je ne suis pas très douée pour le mimétisme.
- Bien alors Zac prépare moi un quelque chose de quoi boire à moi et mon invité qui ne va pas tarder à arriver.
- Ouais, pas de problème. Répond mon ami en attrapant ma main.
- Zac, tu me vexes. Cette demoiselle t'attendra sagement ici. T'en fais pas.
Je déglutis.
En croisant le regard de Zac, ce ne sont pas ses yeux habituellement rassurants qui m'accueillent mais un regard complètement paniqué de quoi tout simplement me donner un avant goût de la fin de soirée ou plutôt du début de matinée qui s'annonce.
Hffmbx.
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