36 : Jalousies
Cela fait précisément une heure et quarante-huit minutes qu'il discute avec cette fille. J'essaie de maintenir un ton calme et maîtrisé lorsque John me demande comment se sont passées mes retrouvailles avec Jaï, mais c'est tellement difficile.
C'est aussi difficile que de garder mes yeux rivés sur mon assiette.
- C'est délicieux, dit Paloma à côté de moi.
Je reste silencieuse, incapable de détourner mes yeux de cette belle femme blonde. Elle est nettement plus grande que moi et semble totalement à l'aise malgré le froid. Elle porte un short noir très court qui laisse entrevoir ses longues jambes fines, ainsi qu'une chemise rose clair.
Lui, il est assis sur un tronc d'arbre allongé au sol. Ses grandes jambes imposantes sont presque en contact avec celles de cette fille, et cela m'énerve intérieurement.
À cet instant précis, tout ce que je désire, c'est de les rejoindre et de l'embrasser devant tout le monde, mettant fin à cette situation. Je ne saurais dire ce qui me dérange le plus : le fait que Denis accorde de l'importance à cette fille, ou bien le fait qu'il n'ait même pas daigné jeter un coup d'œil dans ma direction depuis le début de la soirée.
Une musique d'ambiance emplit l'air, créant une atmosphère incroyable en cet endroit, mais je suis incapable d'en profiter à cause de Denis Hernandez !
- Ce mec te mérite pas Diviya.
Mon attention se pose de nouveau sur John.
- Quoi ?
- Hernandez. Diviya, il ne t'a jamais méritée. Depuis que je le connais, il a toujours eu toutes les filles qu'il voulait. Ça... il se met à rire étrangement avant de reprendre. Ça devrait pas être aussi simple, putain. Les gars comme lui ne méritent pas les filles comme toi.
Mes yeux s'écarquillent tandis que je réalise qu'il vient de dire ça devant Paloma. Je jette un rapide coup d'œil à Paloma, qui n'a pas manqué un mot de ce que John vient de dire.
- Et tu penses qu'elles méritent quoi, les filles comme moi, John ? déclare Paloma.
Mon meilleur ami détourne la tête vers Paloma, comme s'il venait de se rappeler de sa présence.
- Je... tu...
- Tu penses que je ne mérite pas au moins ton honnêteté ? Ou tu penses que je mérite que tu continues à me mentir sur ce que tu ressens vraiment pour moi ?
Je reste silencieuse, baissant les yeux. Dans ces moments, tout semble plus important que le regard de mes deux amis qui se déchirent sous mes yeux, à cause de moi.
- Je suis désolé, Pam.
- Désolé ? De quoi ? D'avoir changé de camp et d'oser jouer sur deux tableaux ?
- Je suis désolé parce que tu mérites quelqu'un qui t'aime, et je ne suis plus cet homme.
Mon regard s'élève brusquement vers Paloma, qui vient de gifler mon meilleur ami sur la joue. Tous les deux se lèvent de table, et je remarque que tous les yeux sont maintenant braqués sur nous.
- Tu ne peux pas m'en vouloir, putain, Paloma ! Tu ne peux pas, parce que ce n'est pas moi qui t'ai demandé de venir ici, et ce n'est encore moins moi qui ai voulu mettre de la distance entre nous ! ajoute John.
Paloma semble sur le point d'exploser, le reflet du feu de camp se reflète sur ses joues rouges et je la vois éclater d'un rire nerveux.
- Tu sais ce qui est le plus drôle dans cette histoire ?
La musique s'est arrêtée, et les murmures ont remplacé les mélodies.
- Le plus drôle, c'est que la fille dont tu es tombé amoureux ne te voudra jamais, pauvre idiot ! Ouvre les yeux, tu n'arriveras jamais à la cheville d'Hernandez à ses yeux !
Le regard de John se pose brièvement sur moi, puis il se rapproche rapidement de Paloma et lui attrape le bras. Je suis confuse quant à ce qui se passe lorsque Paloma éclate en larmes, et encore plus lorsque quelque chose frappe brusquement le visage de John, le faisant s'effondrer au sol.
Quand je réalise que Denis est l'auteur de ce coup et qu'il continue à frapper mon meilleur ami au sol, je me précipite vers eux pour tenter de les séparer. Cependant, je n'y parviens pas, car je n'ai tout simplement pas assez de force pour m'opposer à Denis qui se tient juste devant moi.
Une aura de colère et de détermination émanant de lui. Ses poings sont serrés, ses épaules tendues et son regard brûlant fixe John au sol. La lueur dans ses yeux est intense, reflétant une passion et une fureur que je n'avais jamais vues auparavant.
Son visage est marqué par la rage, les traits durs soulignant sa détermination à faire payer à John ce qu'il a ressenti comme une trahison. Sa mâchoire est crispée, ses sourcils froncés, et il ne montre aucune intention de s'arrêter dans son assaut. C'est comme s'il libérait toute la frustration accumulée depuis des années.
Les muscles de son dos se contractent alors qu'il frappe, chaque mouvement étant précis et puissant. On peut presque sentir la tension dans l'air lorsque son poing s'abat sur John. Pourtant, il y a aussi une lueur de tristesse dans son regard, comme si chaque coup lui rappelait une douleur passée.
Denis est en train de livrer une bataille intérieure autant qu'une bataille physique. Ses émotions semblent mêlées entre la colère, la tristesse et la frustration. Et malgré cette violence apparente, il reste une part de lui qui est vulnérable, qui porte les cicatrices du passé et qui a peur de perdre ce qu'il a finalement trouvé.
Alors qu'il continue à frapper, je reste là, impuissante face à cette scène. Mon cœur bat la chamade, partagé entre la crainte pour John et l'inquiétude pour Denis. Les émotions tumultueuses qui traversent le visage de Denis m'évoquent une tempête intérieure qui refuse de se calmer. Et même si je ne peux pas le comprendre entièrement, je ressens chaque frappe comme une expression de sa propre douleur et de son désespoir.
Soudain, deux autres hommes surgissent de nulle part et se précipitent pour séparer Denis et John. Le chaos et la tension semblent s'apaiser légèrement alors que ces deux figures robustes les éloignent l'un de l'autre. Leur intervention met fin à la lutte brutale, mais l'atmosphère reste tendue.
Je reste figée sur place, mon souffle court, incapable de détourner le regard de cette scène qui s'est déroulée en quelques instants seulement. Le silence ambiant est rompu par les murmures et les chuchotements des autres invités qui ont assisté à cette confrontation.
Denis semble maintenant hors de contrôle, son regard sauvage et ses poings encore serrés. Je peux voir qu'il lutte pour retrouver son calme, pour apaiser la tempête qui gronde en lui. Ses épaules haletantes témoignent de l'intensité de l'affrontement qu'il vient de livrer.
Mon regard se tourne vers John, gisant au sol, son visage marqué par les coups qu'il a encaissés. Ses yeux sont à moitié fermés, sa respiration difficile. L'image de lui dans cet état me remplit de chagrin, de culpabilité et de confusion.
Tout est allé si vite. La situation a pris un tour que je n'aurais jamais pu anticiper, et je me demande si cela va avoir des répercussions sur nos vies à tous les trois.
Pendant que les deux hommes maintiennent Denis à distance de John, je tente de m'approcher de ce dernier pour m'assurer qu'il va bien. Mon cœur est lourd d'inquiétude et de remords, et je me demande comment tout a pu dégénérer de la sorte.
Je m'approche prudemment de John, mes yeux ne quittant pas Denis qui est maintenant retenu par les deux hommes costauds. Lorsque je me penche pour aider John à se relever, je remarque immédiatement les traces des coups qu'il a encaissés sur son visage. Des marques rouges et gonflées témoignent de la violence de la confrontation. Mon cœur se serre à la vue de son état.
- John, ça va ? murmuré-je doucement.
Il hoche la tête, forçant un sourire pâle malgré la douleur. Je l'aide à se mettre debout avec précaution, consciente de sa fragilité à cet instant. Les autres invités semblent avoir formé un cercle autour de nous, chuchotant et lançant des regards curieux. J'ignore les murmures et me concentre sur John, m'assurant qu'il tient bien sur ses jambes.
Lorsque je relève la tête pour chercher Denis du regard, je tombe sur lui à quelques pas de nous. Ses yeux, d'ordinaire si intenses et remplis d'une lueur envoûtante, sont maintenant glacés, remplis de colère et d'une froideur qui me glace le sang. Je sens son regard pénétrer mon âme, m'accusant silencieusement de quelque chose que je ne comprends pas totalement.
Cette expression dans ses yeux me fait reculer mentalement, m'emplissant d'appréhension.
Mes yeux cherchent instinctivement Paloma parmi les invités, mais elle a disparu de mon champ de vision.
La clairière est suspendue dans le temps, les émotions virevoltant autour de nous. Mon souffle se mêle au doux frémissement de la nuit, alors que je reste là, à la lisière des étoiles et de la terre, en attente de ce que la nuit révélera.
Hffmbx.
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