30: Nous

L'amour et la peur sont des forces puissantes qui se mêlent et s'entrelacent dans les recoins les plus profonds de notre être. L'amour est une force qui nous élève, qui nous connecte à l'autre d'une manière profonde et inexpliquée. C'est une émotion qui nous fait ressentir une plénitude, une joie et une chaleur intense. Mais l'amour peut également être effrayant, car il nous expose à la vulnérabilité, à la possibilité d'être blessé et abandonné.

La peur, quant à elle, est un instinct de survie qui nous pousse à nous protéger, à ériger des barrières pour prévenir toute douleur potentielle. Elle surgit lorsque nous nous sentons menacés, lorsque nous craignons de perdre l'être aimé, de ne pas être aimés en retour ou de souffrir à nouveau. La peur nous pousse parfois à nous éloigner de ceux que nous aimons le plus, par crainte de souffrir ou de les perdre.

Mais l'amour et la peur ne sont pas incompatibles. Ils coexistent, se défient et se complètent. Parfois, l'amour nous donne le courage de surmonter nos peurs, de nous ouvrir à l'autre, de nous risquer à l'abandon. Parfois, la peur nous rappelle l'importance de protéger notre cœur, de prendre soin de nous-mêmes et de ceux qui nous entourent.

Naviguer entre l'amour et la peur est un voyage complexe et parfois tumultueux. Mais c'est dans cette confrontation que nous grandissons, que nous découvrons la force de notre cœur et que nous trouvons le courage d'aimer malgré les peurs qui nous habitent.

À cette heure-ci, John doit être avec Paloma et je suis heureuse pour eux. J'espère que tout se déroule comme prévu. Quant à moi, j'ai décidé de reprendre les rênes de ma vie et d'écouter mon cœur.

Je descends du bus et me retrouve à quelques pas du bâtiment qui abrite son appartement. Il est presque vingt heures et mes appels sans réponse ont finalement eu raison de ma résistance. J'ai cédé et je suis venue le retrouver.

Je prends un grand souffle avant de m'avancer vers la porte d'entrée du grand hall. Je me dirige vers l'ascenseur et monte lorsque les portes s'ouvrent.

Huitième étage.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et je descends, le cœur battant la chamade. J'espère de tout mon être qu'il est là, qu'il va bien malgré tout.

Je m'avance dans le couloir jusqu'à repérer le numéro de son appartement. Je prends une grande inspiration, cherchant à calmer les battements frénétiques de mon cœur.

J'appuie sur la sonnette, fermant les yeux l'espace d'un instant, attendant d'entendre le bruit de la porte s'ouvrir. Un mélange de nervosité et d'excitation m'envahit.

Lorsque la porte s'ouvre enfin, mon sourire s'élargit naturellement, dénouant les noeuds qui emprisonnaient mon esprit. Mais mon sourire se fige presque aussitôt lorsque je me retrouve face à une femme. Elle a de longs cheveux blonds, un visage radieux et un maquillage impeccable. Lorsqu'elle me voit, un large sourire illumine son visage.

- Bonsoir, me dit-elle.

Au départ, je me demande si je me suis trompée d'appartement, mais lorsque j'entends la voix de Denis demander "C'est qui ?", mon cœur manque un battement. Je recule d'un pas, mon cerveau tentant de reconstruire la réalité qui se déroule devant moi, jusqu'à ce que je heurte le mur derrière moi lorsque Denis apparaît enfin à la porte.

- Diviya, qu'est-ce que tu fais ici ?

Il est vêtu d'un sweat à capuche noir sans manches, d'un short de survêtement gris et ses cheveux sont ébouriffés sur le haut de sa tête, lui donnant un aspect décontracté et incroyablement séduisant en même temps. Ses yeux verts se détournent des miens lorsque son regard se pose sur la femme à ses côtés.

- Je vais vous laisser. Bonne soirée, Denis.

Elle se retourne pour lui déposer un baiser sur la joue, m'adressant également un sourire.

Je reste adossée contre le mur pendant quelques instants, essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Ai-je interrompu quelque chose entre eux deux ? Alors que je m'inquiétais énormément de son silence, il était là avec cette femme !

Denis s'approche de moi et saisit l'une de mes mains, me ramenant à la réalité.

- Tu vas bien ? Rentre, reste pas là.

Je reste silencieuse alors qu'il me tire à l'intérieur de son appartement. Je réalise que je ne peux pas vivre une telle situation. Je suis incapable de le voir avec quelqu'un d'autre dans la même ville que moi.

Je ne peux pas être son amie.

Je m'installe sur le canapé, toujours perturbée par ce que je viens de voir. Denis me regarde et jette un coup d'œil à sa montre.

- Il s'est passé quelque chose, hmm ? demande-t-il. Il est à peine vingt heures trente... Ça peut pas être un de tes cauchemars.

Je soupire et le regarde droit dans les yeux.

- Cette... femme, Denis. Elle était avec toi à la porte de ton appartement.

Denis s'appuie contre le meuble en marbre après avoir pris une gorgée d'eau. Je me sens soudainement mal à l'aise. Au fond, il ne m'a jamais rien promis. Notre relation est comme un jeu de chat et de souris. Un jour, on s'embrasse, et le lendemain, je le repousse. Ou bien il me dit quelque chose de blessant, et je ne veux plus jamais le voir, même si mon cœur crie le contraire.

- Ouais, Amanda.

- D'accord, euh... Je suis désolée de vous avoir interrompus.

Je me lève en attrapant mon sac à main, évitant soigneusement son regard. Mais il se rapproche rapidement de moi et saisit fermement mes bras, m'obligeant à relever les yeux vers lui.

- Hé, tu comptes aller où comme ça ?

- Je rentre. Chez moi. Laisse tomber.

Je détourne le regard, sentant la chaleur de sa main sous mon menton. Je peine à trouver les mots, gênée par la situation. Son regard intense me scrute, cherchant probablement une réponse à ma gêne et à mon comportement. Je ne peux m'empêcher de me sentir stupide. Évidemment, Denis a côtoyé des femmes par le passé, et il en côtoie encore aujourd'hui. Nous ne sommes plus rien l'un pour l'autre. Notre histoire n'a duré que quelques mois, et c'est tout.

- Non, je laisse pas tomber. T'as pas fait tout le trajet jusqu'à chez moi et à cette heure ci pour que je laisse tomber, Diviya.

- J'avais peur. Lâché-je sans le vouloir.

Denis émet un mouvement de recul, détachant sa prise de moi ce qui me permet de respirer un peu mieux.

- Peur ? De quoi ?

Son visage se crispe d'inquiétude.

- J'avais peur pour toi.

Le visage de Denis se transforme instantanément, comme si quelqu'un avait appuyé sur un bouton magique, faisant surgir une nouvelle expression. C'est comme ces jouets d'enfance, où en tournant une petite manivelle, leur expression passait de triste à joyeuse en un clin d'œil. Sa mâchoire se détend, ses sourcils se soulèvent légèrement, et ses yeux reflètent une lueur d'émotion que je n'avais pas vue depuis longtemps. C'est comme si, en un instant, tout son être s'était illuminé, comme si une chaleur s'était répandue dans l'air. Ce changement dans son visage me fait réaliser à quel point il peut être complexe et imprévisible, capable de passer d'une humeur à l'autre en un instant. Et pourtant, malgré cette transformation, il reste cet homme mystérieux et captivant qui continue de m'attirer comme un aimant.

- Je vais bien, Diviya. Me rassure-t-il. C'est gentil de ta part de t'inquiéter mais tu n'as pas à le faire, ok ?

Un sourire moqueur s'échappe involontairement de mes lèvres, soulignant à quel point je parais ridicule. Bien sûr que je n'ai pas à m'inquiéter. Il y a cette Amanda qui a dû prendre soin de lui, alors qu'il venait de se débarrasser d'un homme pour son faux patron, impliqué dans un trafic dangereux. Qui suis-je pour Denis, après tout ? Pourquoi est-ce que je m'inquiète autant ? Je ne tire jamais de leçons de mes erreurs, c'est dingue.

- C'est vrai, tu as raison. Je suis désolée d'être venue jusqu'ici pour m'assurer que tu allais bien. De m'être inquiétée. Et je suis désolée de t'avoir interrompu avec Amanda. Ce n'était pas mon intention. Tu peux la rappeler, je ne vous dérangerai plus.

Je me hâte vers la porte d'entrée, ne lui laissant pas le temps de me répondre. Mais une fois de plus, Denis m'arrête en plaçant ses deux mains contre la porte, m'emprisonnant entre son torse et la porte. Je me retourne pour lui faire face, malgré ce feu brûlant qui consume mon être.

Alors que je m'attendais à une réponse préparée de sa part, mon cœur rate un battement lorsque son visage s'incline vers le mien, ses lèvres frôlant les miennes. Mon ventre s'embrase et le feu de la colère laisse place à une tumulte de papillons.

Ses yeux se ferment lentement, et je sens son souffle mentholé caresser ma peau.

- Serait-ce de la jalousie, ou bien je rêve ? susurre-t-il.

- Hmm, hmm. Fais-je en remuant doucement la tête de gauche à droite.

Mes yeux se promènent avec admiration sur les traits du visage de Denis, captivés par sa beauté naturelle. Son visage anguleux est encadré par une chevelure brune légèrement ébouriffée, ajoutant une touche de désinvolture à son allure. Ses sourcils prononcés accentuent l'intensité de son regard perçant, où se mêlent des nuances envoûtantes de vert profond. Au-dessus de ses lèvres charnues et bien dessinées, se trouve un grain de beauté qui ajoute une note de singularité à son visage séduisant. Et juste au-dessus de ce grain de beauté, une petite cicatrice discrète marque sa joue gauche. Elle témoigne des épreuves qu'il a traversées, ajoutant une touche de mystère et de résilience à son charme. Je me souviens encore du moment où je lui ai demandé, il y a trois ans, si cette cicatrice lui faisait mal.

Il finit par ouvrir de nouveau les yeux et s'éloigne légèrement, créant une mince distance entre nos visages.

- Amanda, c'est une amie. Je la connaissais bien avant de te rencontrer. On a couché ensemble, ouais, mais il n'y avait aucun putain de sentiment entre nous. Pour être clair, c'est elle qui a décidé de tout arrêter parce qu'elle a trouvé un autre mec et qu'elle était folle de lui. Ce matin, je l'ai croisée au centre commercial et j'ai appris qu'elle était enceinte. Elle voulait discuter, alors je l'ai invitée ce soir. Ça s'arrête là.

Il marque une pause, puis ajoute avec un ton légèrement agacé :

- Alors rassurée ?

Je sens qu'il a percé à jour mes pensées les plus profondes, mais je refuse de lui avouer que oui, je suis rassurée. À la place, je le repousse doucement de mes mains pour me libérer de son emprise et me dirige vers le salon, m'effondrant sur son canapé.

- T'as dîné ? je demande.

Denis me suit, visiblement confus, et répond que non.

- Alors je vais attendre que tu me prépares quelque chose, je meurs de faim.

Son rire remplit la pièce alors qu'il me regarde, les bras croisés, révélant davantage ses muscles. Je ne détourne pas le regard. Le spectacle est... parfait.

- T'as l'air bien sûr de toi d'un coup, Diviya.

- Oui, c'est vrai, je réponds d'un ton enjoué.

- Et j'ai quoi en retour ? demande-t-il.

Je feins de réfléchir un instant, cherchant quelque chose qui le convaincrait et le surprendrait à la fois. Puis, je trouve.

Après quelques secondes d'hésitation, je décide de me lancer, même si cela ne correspond pas du tout à ma nature habituelle. Les conseils de Paloma résonnent encore dans ma tête, me poussant à agir.

Je me redresse rapidement et m'approche de Denis, qui se tient debout de l'autre côté de la table basse. Je me place juste devant lui, levant mon regard vers le sien alors qu'il me scrute de sa hauteur. Sans réfléchir davantage, je me mets sur la pointe des pieds et écrase mes lèvres sur les siennes.

Je sais que je l'ai pris par surprise, car il ne bouge pas pendant les premières secondes.

Le temps semble s'arrêter alors que nos lèvres se pressent l'une contre l'autre, créant une décharge électrique qui se propage dans tout mon corps. Les papillons dans mon estomac prennent leur envol, dansant avec une joie effervescente. Finalement, Denis réagit, répondant avec une intensité qui dépasse toutes mes attentes. Ses mains trouvent naturellement leur place sur mes hanches, nous rapprochant davantage dans cette étreinte passionnée. Chaque caresse de ses lèvres sur les miennes est une promesse silencieuse, un témoignage de l'amour et du désir qui brûlent entre nous.

Je me détache de lui avec audace, mais avant de le quitter complètement, mes lèvres capturent les siennes entre mes dents pour une brève caresse taquine. Lorsque je m'éloigne, je croise son regard intense, sentant mes joues s'empourprer de gêne. Une bouffée d'excitation et d'embarras m'envahit simultanément, comme si j'avais osé franchir une limite inattendue. Mais malgré la légère teinte rougeâtre sur mon visage, je ne peux m'empêcher de lui offrir un sourire malicieux, témoignant de l'audace dont j'ai fait preuve.

- Alors ?

Les yeux de Denis semblent briller et je me sens satisfaite.

- Putain, ouais. Je suis à tes ordres, pour ce soir.

Hffmbx.

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