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- Tout s'est bien passé ? Me demande sa maman.
- Elle s'est comportée comme une grande. Elle a beaucoup joué et on leur a lu des histoires.
La maman me sourit heureuse de retrouver son enfant. Elle me remercie avant de prendre sa fille dans ses bras.
Je lui dit à demain avant de m'en aller à mon tour récupérer mes affaires. Je croise Lola ma collègue de travail qui est déjà dans les vestiaires en train de fouiller dans son sac.
- T'as perdue quelque chose ? Lui demandé-je.
- Normalement non. Dit-elle en continuant de chercher. C'est mes clés de voitures, elles étaient dans cette poche tu vois ?
Je hoche la tête et je regarde autour de moi rapidement et c'est là que les aperçois sur la table en bois.
- Tiens regarde, c'est pas eux ?
- Oh merde, bah si ! Merci, Diviya.
- Je t'en prie.
Je retire mon badge et le four dans mon sac, puis j'attrape mon téléphone pour regarder les horaires de bus pour rentrer. J'ai l'habitude de me faire récupérer par John mais aujourd'hui, j'ai décidé de le laisser un peu tranquille. Il doit sûrement avoir des choses à préparer avant son départ chez Paloma ce week-end. Je ne veux pas non plus devenir trop imposante.
- Pourquoi tu regardes les horaires de bus ? Ton mec vient pas te chercher ?
Je sourie en comprenant à qui elle fait référence. Si seulement elle savait que le seule petit ami que j'ai eu dans ma vie s'est barré alors que je venais d'apprendre la mort de mon frère. Bien sûr, je ne lui dis pas ça.
- Oh tu parles de John. Non c'est pas mon mec. C'est mon meilleur ami. Dis-je.
- Ah merde ! Désolée.
- Pas de soucis.
Nous finissons par sortir toutes les deux de la garderie et Lola s'arrête devant sa voiture garée dans le parking.
- T'as besoin que je te dépose ?
- Non, ça va aller je prends le bus. Dis-je.
- Ça ne me dérange vraiment pas Diviya, vient on fera plus connaissance comme ça.
En la voyant insister, je me dis que c'est peut être pas plus mal. C'est sûrement l'occasion de me faire de nouveaux amis tout en gardant quand même mes distances. J'ai bien appris la leçon avec Jessy.
- C'est gentil. Dis-je alors en m'approchant de sa voiture.
C'est dans ce genre de moments que je songe parfois à prendre des leçons de conduites. C'est vrai que ce serait bien plus pratique d'avoir sa propre voiture et d'être indépendante. Je m'installe alors dans la voiture tout en gardant le silence mais connaissant Lola, le silence ne durera pas longtemps.
- Il fait un froid de canard ! Dit-elle en allumant le chauffage.
- Plein Janvier, Washington...je crois que c'est normal. Dis-je.
- Je viens de Floride, j'ai plus trop l'habitude de ce genre de météo.
- C'est compréhensible. Répondis-je en souriant.
Nous nous insérons sur la grande route et je rentre mon adresse sur le GPS alors que Lola commence à s'énerver derrière le volant :
- Putain mais c'est pas possible t'en a vraiment qui devraient le rendre leur permis !
Je sourie assez amusée par la spontanéité de ma collègue.
- Au moins ils ont le permis ! Ajouté-je.
- Tu devrais le passer Diviya, c'est vraiment super pratique surtout quand t'as des gosses.
Je sais que Lola a des enfants. Elle en parle absolument tout le temps pendant les pauses repas. Elle en a deux : Paul et Abi. Je n'arriverais jamais à comprendre comment elle fait pour supporter à la fois ses enfants et ceux de la garderie. Non pas que je déteste les enfants bien au contraire mais je sais que n'en voudrais pas personnellement. Je serais une mauvaise mère à coup sûr.
- On dirait que j'ai de la chance de pas avoir d'enfants. Dis-je sur le ton de la rigolade.
- Oui mais tu es jeune, t'as le temps d'en avoir t'inquiète pas.
Je décide finalement de changer de sujet pour éviter de débattre sur ce thème.
- Alors euh tu comptes faire quoi pour ta semaine de congé ?
- On a prévu de retourner dans le chalet familiale ! Tu sais avec les enfants, ils aiment bien pouvoir se défouler en campagne. Sans oublier que mon mari adore la nature !
- Oh, je vois.
Je ne sais pas si ma réplique sonne bizarre mais dans ma tête c'est le grand questionnement. Je n'arrive pas à passer une seule journée sans me préoccuper de mon avenir. J'ai 21 ans et pourtant je n'ai aucun projet concret. Je vie toujours chez mes parents car les quitter me briserait beaucoup trop le coeur surtout après ce qui s'est passé. Je ne me vois pas non plus construire une famille. Je rie intérieurement ! Vraiment ! Pourquoi avoir une famille si on ne peut pas faire confiance à la personne qu'on aime hein ? Tout le monde est capable de trahir, de blesser et c'est hors de question que je ressente ce que j'ai ressenti quand il m'a abandonné. Ce serait de la torture de revivre ça.
- Et toi ? Me demande Lola.
- Oh et bien, je ne sais pas. Je vais probablement rester avec mes parents ou rendre visite à ma sœur. Dis-je songeuse.
Et aller rendre visite à cette femme qui m'a donné la vie !
Je me force à ne pas penser à elle ni à son fils car ce ne ferait que me faire monter les nerfs, chose qui m'est beaucoup arrivé ces dernières années.
C'est à cet instant que je reçois l'appel de John, je jette un coup d'œil vers la conductrice qui semble aussi concentré sur la route que lors de nos conversations sur les enfants et je décide finalement de répondre.
- Diviya ?
- Oui, John ça va ?
- Non.
Je marque un temps de silence avant de réaliser que la voix de mon meilleur ami est bien moins enjouée qu'à son habitude.
- Qu'est-ce qui se passe ? Je demande.
- Je préfère t'en parler en direct. T'as finis le boulot ? Je passe te chercher.
- Non, John te prends pas la tête une collègue me dépose chez moi mais euh on se voit toujours pour ce soir n'est-ce pas ?
- Ouais bien sûr. Je peux passer te chercher plus tôt ?
Je comprends rapidement qu'il y a un problème alors je me dépêche de répondre.
- Tu sais quoi, retrouve moi chez-moi dans dix minutes.
- Ok.
Et il raccroche.
En trois ans, j'ai appris à connaître John. Je le connais beaucoup trop bien même et je suis sure à 100% qu'il y'a quelque chose qui le dérange. Lui a été là pour moi quand j'étais au plus mal. Il a su me réconforter quand c'était nécessaire et il a su trouver les mots justes. Je n'oublierais jamais tout ce que John a fait pour moi et si aujourd'hui quelque chose le tracasse, la moindre petite épine qu'il rencontrera sur son passage, je serais là pour la lui retirer et le soigner.
Nous finissons par arriver juste devant chez moi. Je remercie Lola de m'avoir déposé et lui souhaite bon courage avec ses enfants. Elle sourit attendrie avant de s'en aller. Je décide de rentrer rapidement dans ma maison pour préparer mes affaires. Un petit sac dans lequel je viens ranger mon legging, mon teeshirt Oversize ainsi que mes tennis.
Je remarque que mes parents sont aux abonnés absents alors je laisse un petit mot pour leur dire que je rentrerai probablement pas ce soir. Nous sommes vendredi et qui dit vendredi dit toujours le même rituel.
Je sors de la maison et m'assied sur les marches devant ma porte en attendant le message de John.
Dans l'attente, mon esprit s'évade quelques instants dans mes souvenirs d'il y'a quelques années.
Deux ans plus tôt
Je ne veux plus avancer ! C'est plus fort que moi, mon cœur saigne doublement et je n'aurais jamais cru qu'un jour il était possible pour moi de ressentir un truc aussi douloureux. Je sais que j'ai connu pire, bien pire même mais depuis que je suis arrivée aux ÉtatsUnis, j'ai eu de l'espoir. Ce foutu espoir à pointer le bout de son nez et pendant un temps je me sentais invincible. C'est comme si dans ma tête, je pensais que plus rien ne pourrait autant me faire souffrir. J'avais tout faux ! Nous sommes jamais bien loin de la tristesse ni de la douleur.
Foutu espoir.
Cela doit faire bien dix minutes que ma mère me demande d'ouvrir la porte de ma chambre. Je ne sais pas comment ils ont réussi à digérer tout ça, eux. Ils ont réussit à vite reprendre leur vie normale, leur petits boulots et ils ont oublié Aless. J'ai du mal à comprendre comme des parents peuvent survivre à quelque chose comme ça !
Je ne suis pas comme eux moi ! En un an ma vie a complètement été bouleversé. J'ai arrêté mes études, j'ai perdu mon seul espoir que j'avais en l'amour. Ma seule amie Paloma est partie au Canada et moi je reste ici emprisonnée dans mon nouveau cauchemar.
- Diviya, s'il te plaît. Il y a quelqu'un qui voudrait te parler.
Je décide de prendre sur moi et d'aller leur ouvrir la porte en sachant pertinemment que je vais devoir faire face à cette dame qui veut absolument que je rende visite à Rama. Il ne manquerait vraiment plus que ça !
Mais quand j'ouvre la porte c'est sur ma mère et John que je tombe. Surprise, je dévisage le meilleur ami de Denis en essayant de comprendre ce qu'il fait ici. Ce dernier tente de comprendre comment m'aborder. Je le vois hésitant lorsqu'il s'approche de moi.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Demandé-je.
- Je voulais te voir.
- Pourquoi faire ? C'est Paloma qui t'envoie ? Dis-lui que je vais parfaitement bien !
- Ouais c'est vrai que t'as vraiment l'air de péter la forme là !
Je ne relève pas sa tentative de blague où je ne sais pas vraiment ce que cette phrase peut s'apparenter et j'entre de nouveau dans ma chambre puis referme la porte sur mes deux visiteurs. Malheureusement, la porte bute contre quelque chose. Je baisse les yeux et je remarque alors la grosse pair de tennis de John.
C'est pas vrai !
Il est aussi agaçant que Den...
Je m'interromps intérieurement pour éviter de prononcer ce nom ne serait-ce que mentalement. Il ne mérite pas que je me souvienne de lui.
Je finis par abandonner et retourner me jeter sur mon lit.
Ma mère finit par s'en aller et John pénètre dans ma chambre en refermant la porte derrière lui.
Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il me veut au juste ?
Comme si ce dernier lisait dans mes pensés, il vient se positionner juste en face de mon lit et ajoute :
- Crois pas que je suis ici parce que je m'inquiète ou une merde dans le genre ! Je suis très loin d'être quelqu'un de sentimental.
J'avais pas besoin qu'il me le dise, je le sais. Lui et Den...
Bon sang mais pourquoi je dois toujours penser à lui !
- Qu'est-ce que tu fais ici alors John !
- Tu veux de ses nouvelles ?
Mon cœur rate un battement. De qui il parle ?
- Quoi ?
- Est-ce que tu veux savoir ce que Hernandez devient ?
Non ! Mon cerveau hurle « Non » mais mon corps réagit tout autrement. Je me relève subitement, mon cœur se met à battre bien plus rapidement. Saleté d'organe vitale !
- Je comprendrais que tu veuilles pas. Cet enfoiré t'as abandonné mais je me sens quand même obliger de te demander. Alors, c'est oui ou c'est non ?
Mon interlocuteur a l'air complètement détendu. Ses deux mains sont enfoncées dans ses poches de pantalon et il me scrute d'un air neutre. Il ne me juge pas, il ne me regarde pas avec pitié et attend patiemment ma réponse. Ça fait tellement longtemps que quelqu'un ne m'avait pas observé ainsi.
Je décide d'être sincère.
- J'en ai aucune idée.
J'enfonce mon visage dans mes mains et ferme les yeux comme si ça m'aiderait à prendre la décision la plus juste. J'ai besoin d'avancer, j'ai besoin de me détacher de Denis et j'ai besoin d'apprendre à vivre sans mon frère. Le seul problème, c'est que j'ai aucune idée de comment m'y prendre.
Je sens le lit s'affaisser sous mes fesses et c'est là que je décide de relever les yeux. Je tombe sur le regard circonspect de John.
- Je suis vraiment un con. Lâche-t-il en me prenant au dépourvu.
- Pourquoi donc ?
Il rapporte ces deux mains sur son visage et détourne son regard du mien pendants quelques secondes avant de se mettre à fixer mes rideaux de fenêtres.
- J'ai été con d'avoir cru en Hernandez. J'ai été con d'avoir cru qu'il avait changé. J'ai été con d'avoir pensé qu'avec toi, il était différent.
- Alors dans ce cas là, je suis là reine des connes, John.
A ma grande surprise John tourne son regard vers le mien et se met à rire sincèrement. Son rire est contagieux et je me vois moi même le suivre en me moquant de ma naïveté et de la situation tout simplement. C'est comme si ce rire me faisait réaliser à quel point j'ai été débile de me chagriner autant pour Denis Hernandez. Il ne me méritait pas et plus jamais, je ne lui offrirai la chance de me blesser. Alors, je décide. Là. Maintenant. Q'il est temps !
Temps de finir ce chapitre de ma vie.
- Vas-y dis-moi qu'on en finisse. Mais après ça, je ne veux plus jamais entendre parler de lui. Dis-je finalement.
- Il est devenu flic à New York.
**
Un bruit de porte finit par me sortir de mes pensés et je me relève en découvrant John s'avancer vers moi d'un air drôlement triste.
Je me précipite vers lui en essayant de le songer par le regard. Je ne l'avais jamais vue ainsi !
- Qu'est-ce qui s'est passé John, tu m'inquiètes !
Il baisse ses yeux bleues vers moi. J'arrive à distinguer qu'ils sont rougis et automatiquement je me mets à imaginer le pire.
- C'est finit, Diviya. Lâche-t-il difficilement.
- Quoi ? Qu'est-ce qui est terminé ?
Mon cœur décide de remuer dans ma cage thoracique. Je ne sais par quel miracle j'arrive à rester aussi calme.
- Paloma m'a jeté comme une merde, putain!
Oh !
Alors ça, je ne m'y attendais pas.
Hffmbx
Coucou les gars !!
Je suis de retour pour un nouveau chapitre ! Bon le premier chapitre du tome 2 en fait. J'espère qu'il vous a plu et que vous avez hâte de connaître la suite !!
❤️
PS: la photo en média, c'est John. :))
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