21
Sa main remonte le long de ma cuisse. Lentement. Sensuellement.
Des frissons me parcourent toute entière. Ma respiration s'accélère. Mon cœur bat la chamade.
Sa bouche suit le même parcours que sa main quelques instants plus tôt. Chaque baiser me fait tressaillir. Je manque de gémir, de lui hurler d'accélérer le mouvement. J'ai tellement envie de lui.
Je sens un sourire se dessiner sur ses lèvres lorsqu'il les approche de la partie la plus intime de ma personne.
Il sait l'effet qu'il me fait.
Il sait que je suis en feu.
Il sait que je le veux. Là. Maintenant.
Il me laisse sur ma faim, délaissant cette zone pour remonter le long de mon abdomen. Où sa langue trace un sillon brûlant, de mon nombril au creux entre mes seins. J'expire le peu d'air qui se trouvait encore dans mes poumons.
C'est alors que ses dents viennent titiller mes tétons, déjà très sensibles. Il les mordille. Les suçote tour à tour. Les assaillant pour mieux les cajoler ensuite. Je me consume. Littéralement.
Je sens le désir palpiter dans mon bas-ventre. Ses caresses vont réussir à me faire jouir. Je suis au bord de l'explosion.
Brrrrr ! Brrrrr !
Un son étrange se fait tout à coup entendre, perturbant ce moment orgasmique. Je décide de l'ignorer et me concentre sur mon partenaire... qui a disparu !
Brrrrr ! Brrrrr !
Mais laissez-moi en paix ! Je veux mon orgasme !
Brrrrr ! Brrrrr !
Non, ce n'est pas possible. Pourquoi maintenant ? Il était si proche...
Brrrrr ! Brrrrr !
Je sursaute. Mes yeux s'ouvrent alors.
J'étais en train de rêver ! Ce n'est pas possible. Je ne peux pas avoir fait ça.
Je suis vraiment en manque. J'ai fait un rêve érotique avec Andrews ! Merde !
La soirée me revient alors en pleine face, tel un boomerang. Et c'est surtout la scène du baiser qui reste gravée dans ma mémoire. Qu'ai-je fait ?
Brrrrr ! Brrrrr !
J'attrape mon smartphone, qui n'arrête pas de vibrer. J'avoue que je suis partagée entre l'envie de l'envoyer finir sa vie contre le mur d'en face, et celle de le remercier de m'avoir réveillée – puisqu'il ne s'agit que de mon réveil qui sonne – au moment où mon subconscient allait faire une grosse bêtise.
La raison est toujours la plus forte. Je me lève et file sous la douche pour me rafraîchir les idées. Et surtout oublier un certain ex-amant. Je me sèche puis enfile la combinaison tailleur que j'avais préparé la veille, qui affine ma taille ; une paire d'escarpins parachève le tout. J'applique ma crème du jour, mets une touche de maquillage ; dompte mes cheveux en un chignon coiffé-décoiffé et me voilà fin prête.
J'attrape une banane dans la corbeille de fruits et la mange tout en lisant mes mails.
Me revient alors en mémoire celui de Ryan, alias Numéro Cinq. Je ne l'avais pas complètement oublié mais je m'étais promis de lui répondre – que ma réponse soit négative ou positive. Je me sens d'humeur conciliante et décide donc de lui accorder une seconde chance.
Je prends la peine de relire son message avant de rédiger le mien.
Meghan : Ryan,
J'ai pris le temps de réfléchir à la soirée de mercredi.
Tu étais ivre mais je l'étais tout autant, voire plus. Ton attitude n'a pas été des plus galantes, ni des plus sympathiques mais tu sais le reconnaître, ce qui est déjà un grand pas.
Je pense, moi aussi, que tu pourrais être un homme génial, qui gagne à être connu. La situation dans laquelle nous t'avions mises, mes amies et moi, n'était pas des plus confortables. Je m'en excuse, d'ailleurs.
J'accepte également tes excuses, car je dois dire que tu n'es pas le seul à blâmer dans cette histoire.
Je pense être prête à te donner une seconde chance et à oublier la fin de cette soirée qui ne nous met, ni l'un ni l'autre, en valeur.
À bientôt. Amicalement. Meghan.
Je prends le temps de me relire puis, sans réfléchir davantage de peur de me dégonfler, clique sur « Envoyer ». Les filles vont me détester lorsqu'elles seront que je l'ai recontacté mais je verrais avec elles plus tard. Pour l'heure, je dois rejoindre Livia et Holly pour faire le point sur les fleurs choisies pour le bouquet et les décorations.
***
Lorsque j'arrive chez Flower by Holly, la gérante et la future mariée sont déjà en grande conversation. Je vérifie tout de même l'heure, mais non, je ne suis pas en retard.
– J'étais tellement excitée ce matin, m'annonce Livia, que je n'ai pas pu résister à l'envie de venir dès l'ouverture.
Je souris à ma cliente avant de répondre :
– Je te comprends tout à fait. Je serais aussi excitée si j'étais à ta place. Le mariage approche à grands pas.
Nous revoyons les trois bouquets qu'avait proposés Holly.
Les trois sont exquis, délicieux et même « absolument parfaits ». Cependant les deux premiers manquent tout de même de peps. Les tons blancs rappellent le côté mariage mais ne sont pas assez bohèmes pour Livia. Elle opte ainsi pour le dernier bouquet plus coloré, avec son mélange de dahlias, d'œillets, de roses aux noms variés et de gypsophiles. Sa passementerie en dentelle blanche le rend très élégant.
– Pour moi, ce bouquet s'accorde parfaitement avec mon thème de « bohème chic ». Je voudrais que mes demoiselles d'honneur en aient dans le même style, mais des plus petits que le mien, évidemment.
– Et que voudriez-vous pour la boutonnière des hommes ? s'enquit Holly.
– Une simple rose blanche, qu'en pensez-vous ?
– Pourquoi ne pas lui associer un peu de gypsophile et une touche de feuillage. Relié avec une ficelle, cela pourrait être intéressant, non ? suggéré-je, à mon tour.
– Tu as toujours d'excellentes idées, Meghan, me félicite Livia.
Je dois dire qu'elle n'est pas difficile à satisfaire.
Nous discutons pendant encore deux bonnes heures des décorations qui viendront enjoliver le jardin des Felton et la maison des mariés.
L'arche fleurie est l'élément in-dis-pen-sable de tout mariage en extérieur. Des roses de différentes couleurs pastels seront associées à du feuillage retombant et des rubans. Livia suggère d'y ajouter des voilages blancs ou rosés, ce qui s'avère être une brillante idée.
Pas de chemin de table pour la future mariée qui trouve cela trop traditionnel pour le coup. Mais plutôt des boules en verre à suspendre sur des supports métalliques recouverts de passements de couleurs claires. A l'intérieur, y seront glissées des bougies ou diverses fleurs. Elle tient tout de même à ce que des petits bouquets viennent agrémenter les chaises, lesquelles seront recouvertes d'un voilage blanc ou rosé, selon ce qui sera retenu pour l'arche.
– Avez-vous pensé à une couronne de fleurs, pour orner votre chevelure ? propose alors Holly.
– Qu'en penses-tu, Meghan ?
– Tu m'as dit que tu voulais laisser tes cheveux flottés librement sur tes épaules. Quelques boucles pourraient faire très jolis, et la couronne viendrait raffiner l'ensemble.
Cette matinée a été fructueuse puisqu'Holly et moi avons les grandes lignes des décorations. Nous sommes toutes les trois entièrement satisfaites.
– Que dirais-tu d'aller manger ensemble, avant d'enchaîner sur le choix de la robe ?
– Excellente idée, acquiescé-je.
– Je t'invite dans l'un de mes restaurants préférés. Il n'est qu'à quelque rues d'ici, m'entraîne Livia.
Quelques minutes, nous sommes installés à l'une des tables au chic luxe discret du Per Se. Le personnel est bienveillant et connaît visiblement très bien Livia, qui a le droit à un traitement de star.
– Je t'invite ! me lance Livia alors qu'un serveur nous apporte le menu.
– Non, je...
– Fais-moi plaisir, s'il te plaît ! fait-elle mine de me supplier, en prenant un air de chien battu à la Andrews.
J'éclate de rire, et elle fait de même.
Livia commande pour nous deux menus dégustation du chef à neuf plats. Rien que ça. Il est même précisé qu'aucun ingrédient n'est répété dans le menu.
Je m'apprête donc à savourer un sabayon de tapioca aux huîtres et caviar Sévruga de Russie, un tartare d'albacore – de thon si vous préférez, un gâteau de l'Hudson au foie gras, entre autres délices.
– Tu verras, tu vas te régaler. D'ailleurs, c'est ici que Peter m'a fait sa demande...
– Oui, je sais.
– Tu le sais ? répète Livia, interloquée.
– Andrews m'en a parlé, hier soir...
– Tu as vu Andrews, hier soir ? s'exclame la sœur de mon « client », faisant se tourner quelques têtes désapprobatrices.
– Oui, il voulait se faire pardonner d'avoir fait une bourde lors de la dégustation pour votre repas. Il m'avait promis de me parler de votre histoire, à Peter et toi.
– Et Andrews est un homme de parole... me rétorque Livia, sarcastique. Tu sais, reprend-elle sérieusement, Andrews ne t'a jamais oubliée.
– Andrews et moi, c'est de l'histoire ancienne ! De l'eau a coulé sous les ponts.
– Toutes ses petites-amies étaient ton antithèse.
– Qu'essaies-tu de me dire ?
– Qu'il a essayé de t'oublier mais qu'il n'y est jamais parvenu. Toutes ses pimbêches, qui se pavanaient à ses côtés, étaient terriblement insipides, artificielles et bêtes à manger du foin, comme disait ma mère. Tout ton contraire en somme.
– Non, c'était juste...
– Andrews est et a toujours été amoureux de toi. Aujourd'hui encore, il a des sentiments pour toi. Ça crève les yeux.
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