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À mon réveil, mon smartphone m'indique que la journée est déjà largement entamée. Et que quelques personnes ne peuvent pas se passer de moi.

Des messages des filles pour prendre de mes nouvelles mais aussi d'Andrews – ce qui m'étonne un peu, je l'avoue, mais qui me fait plaisir car il se soucie de me savoir en bonne santé. Bon après, peut-être qu'il s'y intéresse uniquement par rapport au mariage. D'autant que je suis son employée. D'autres d'Ethan qui me demande comment s'est terminée la soirée et qui veut savoir si je vais bien.

Deux de ma mère qui se désire savoir ce que je deviens. Il faut que je passe faire un saut chez elle pour en apprendre un peu plus sur Andrews et les Felton, toutefois cela devra attendre. 

Saddy me renouvelle ses vœux de prompts rétablissements. Ce couple est vraiment adorable. Je suis heureuse de les avoir rencontrés et j'espère organiser la cérémonie de leurs rêves. Je veux les combler comme ils le méritent.

Les suivants sont uniquement pour le travail : des réponses à des propositions de travail, des demandes de l'imprimeur... Je m'y attarderais plus tard.

Je vérifie aussi mes mails et parmi la montagne de messages professionnels, l'un d'entre eux attire particulièrement mon attention.

Je ne m'y attendais absolument pas. Je ne sais qu'en penser.

Dois-je le supprimer sans le lire ? Ou prendre la peine de l'ouvrir pour voir ce qu'il a à me dire ?

Finalement, ma curiosité l'emporte et je clique sur le message de Numéro Cinq.

Ryan : Bonjour Meghan,

C'est Ryan, mais tu t'en doutes... Bien vu, puisque ton prénom est noté.

Je suppose qu'après la soirée d'hier, tu ne veux plus rien avoir à faire avec moi. Effectivement... Je tenais tout de même à te présenter mes plus plates excuses pour la façon dont s'est achevée cette soirée.

J'étais sous l'emprise de l'alcool – je sais, cela n'excuse pas tout. Je suis encore d'accord avec toi. J'étais extrêmement nerveux, je venais de recevoir une mauvaise nouvelle en arrivant au restaurant et j'avais l'impression d'être en compétition avec Ethan et Ayrton alors que ce sont deux mecs supers. Ce n'est pas faux... J'avais dit aux filles que ce n'était pas forcément une bonne idée, surtout pour les garçons. Mais bon. Je me suis comporté comme le dernier des crétins alors que vous êtes géniaux.

Je ne suis pas du tout ce genre d'hommes. Ceux qui pensent pouvoir tout se permettre avec une femme. Ce n'est pas l'impression que tu m'as laissé, malheureusement. Je sais que tu étais aussi ivre que moi, et je n'aurais pas dû essayer de profiter de la situation. Eh oui.

Tu es une femme géniale. Merci. J'ai beaucoup apprécié de passer du temps ensemble et j'aimerais me faire réellement pardonner. Je suis mitigée personnellement. Si tu me penses sincère – et je t'affirme que je le suis, n'hésite pas à me recontacter. Je veux te montrer qui je suis vraiment, pas un imbécile imbu de lui-même et prenant ce qui ne lui est pas dû.

J'espère avoir de tes nouvelles prochainement. Je ne sais pas, il faut que j'y réfléchisse. Si ce n'est pas le cas – ce que je comprendrais – je te prie de croire que je te souhaite le meilleur dans ta quête de l'amour car tu mérites un homme qui te comblera.

Amicalement. Ryan.

Je suis très surprise par ce message. Il n'a pas tort : nous étions aussi gris l'un que l'autre, et j'avoue que j'ai ma part de responsabilités dans ce « quiproquo ». Je lui ai tout de même envoyé des signaux pour ensuite me défiler.

Son message semble bienveillant. Et j'ai du mal à ne pas croire en son honnêteté.

Je préfère tout de même me laisser le temps de la réflexion. Je ne veux pas prendre de décision hâtive et la regretter par la suite.

Je réponds aux textos des filles, à ceux d'Ethan et Saddy, mais zappe intentionnellement ceux d'Andrews. Je lui répondrais plus tard, et puis de toute façon, nous nous voyons ce soir.

Je regarde l'heure et m'aperçois qu'il est déjà midi passé. Je ne me sens pas tout à fait remise de mes excès de la veille, toutefois je me sens bien mieux qu'avant mon petit somme.

Andrews avait peut-être de bonnes intentions avec son hamburger, et je lui en ai été très reconnaissante sur le coup puisque j'ai été rassasiée. Seulement maintenant, j'ai encore plus faim. J'appelle donc un petit restaurant italien, situé à quelques minutes de chez moi. Le Supper propose une carte spécialement pour les livraisons ; le choix est tellement varié que j'hésite. Tout a l'air délicieux.

J'opte finalement pour une salade césar au sel noir. Elle paraît copieuse et après le burger, je dois faire attention.

Après avoir raccroché, je file prendre une seconde douche, qui me fait un bien fou. L'eau, qui coule sur ma peau, semble emporter avec elle une partie de mes maux.

J'ai à peine le temps de me sécher et de m'habiller que le livreur est déjà là. Timing presque parfait ! J'avale la salade en quelques bouchées, la faisant passer en buvant régulièrement de l'eau. Je consulte, par la même occasion, mes mails professionnels, cette fois.

Madame Bates, la couturière chez qui j'ai déposé la robe de Saddy, me confirme que celle-ci est terminée et que nous pouvons venir, avec ma cliente, pour les derniers essayages voire pour directement la récupérer. L'idée à coudre vient de gagner un partenariat avec moi. Je sais que le travail qui va m'être proposé sera de qualité ; de plus, il a été effectué en un temps record. Vraiment, chapeau !

Un second mail me fait atteindre le nirvana du bonheur. Jacques, mon traiteur, me confirme la commande des Felton. En prime, il me propose une petite réduction si nous convenons d'un arrangement futur pour au moins trois autres cérémonies. Je ne peux qu'accepter. Ses plats étaient aussi excellents les uns que les autres, ses prestations comblent toutes mes attentes, et ses prix sont abordables. Bien sûr, je ne pourrais proposer ses services qu'à une clientèle aisée ; malgré tout, je veux travailler avec lui.

Je confirme à Holly et Livia ma présence demain après-midi pour revoir les différents bouquets, les décorations de tables, du lieu de cérémonie ainsi que leur maison.

Certains mails, peu intéressant professionnellement parlant, passent à la trappe. D'autres attirent mon attention. En effet, lorsque j'ai débuté il y a quelques semaines, j'avais mis des annonces dans divers magazines spécialisés dans les mariages, posté des publicités sur les réseaux sociaux, bref j'avais commencé à me créer un petit nom dans ce vaste monde. Ainsi, de jeunes entrepreneurs me vantent leurs services et leurs prix, selon eux, « imbattables ».

J'imprime les mails, profils et toute la documentation que je trouve sur ceux qui me paraissent crédibles et sérieux.

Je suis tellement prise dans mon élan que je ne vois pas l'heure défiler et que je parviens même à oublier le mal de tête qui me taraudait. Heureusement que mon smartphone est là pour me rappeler à l'ordre de temps en temps. Celui-ci émet le son caractéristique de la réception d'un message.

Andrews, 17h24 :

J'espère que tu t'es reposée et que tu vas mieux depuis ce matin. Si c'est le cas, toujours d'accord pour ce soir ?

Mince. Je l'avais un peu zappé. Enfin pas tout à fait si je veux être honnête. Malgré tout, plongée comme je l'étais dans les derniers préparatifs des Hamilton et les diverses propositions, je n'ai pas pensé à la soirée à venir.

Meghan, 17h29 :

Beaucoup mieux, merci. Quelle heure ce soir ? Où ?

La réponse ne tarde pas à arriver. À croire qu'il attendait mon message...

Andrews, 17h31 :

Génial. Retrouves-moi à mon appartement à 19h. Ne t'inquiète pas pour ta tenue, sois-toi même.

Ne pas m'inquiéter pour ma tenue ? N'importe quoi ! Toutes les femmes se soucient de leur apparence, aussi bien vestimentaire que générale, lorsqu'elles ont un rendez-vous, qui plus est avec un client. Et ex-petit-ami, vous avez raison.

Il ne me reste donc qu'une heure trente – enfin un peu moins maintenant – pour me préparer et faire bonne impression.

Je me constitue trois tenues, chics mais détendues.

Je marie une blouse bleue nuit, au col couvert de fines dentelles de même couleur et aux manches longues, que je pourrais retrousser s'il fait trop chaud, avec un jeans slim push up dans les mêmes tons mais plus clairs. J'allie l'ensemble à une paire de boots à lacets, cognac.

La suivante est composée, là encore, d'une blouse lâche mais blanche cette fois, le buste et les manches sont composés d'un panneau en dentelle transparent et le col s'ouvre sur des cordes nouées. Je lui associe un jeans noir et une paire d'escarpins à lacets, noués aux chevilles.

Pour la dernière, mon choix se porte sur une combinaison tailleur noire. La fermeture à gros boutons du haut met en valeur le col en V. Tout comme la corde de serrage qui affine ma taille. Une paire de sandales à talons hauts parfait l'ensemble.

Je me sens à l'aise dans ces trois tenues, qui flattent d'ailleurs ma silhouette. Cependant, la combinaison tailleur pourrait me faire paraître trop sérieuse alors qu'il m'a précisée d'être « moi-même ». Je la mets donc de côté, et hésite entre les deux autres.

J'adore la seconde tenue que j'ai sélectionné, cependant les escarpins... Je ne sais pas. J'ai la sensation qu'ils font « too much », pas assez détendu.

Mon choix final se porte donc sur la première tenue que j'avais composée. Je me sens bien, assez chic mais pas trop, et surtout décontracté.

Je laisse mes cheveux libres sur mes épaules et me farde légèrement. J'attrape un blazer et l'enfile avant de sortir pour héler un taxi. Mon cœur bat à cent à l'heure. J'ai revu Andrews, je sais à quoi m'attendre mais malgré tout, je suis extrêmement nerveuse. Nous serons seule à seul, toute une soirée durant. À moins qu'il ne m'emmène au restaurant. Mais j'avoue que cette seconde option me déplaît mais je décide de ne pas m'attarder sur ce point.

Lorsque le taxi me dépose devant son immeuble sur West Street, je prends une longue bouffée d'air frais et souffle un grand coup. Tout se passera bien. Il n'y a pas de raison de s'en faire.

Le réceptionniste m'accueille avec les questions habituelles, il vérifie que je suis bien attendue puis appelle un groom qui m'escorte jusqu'au penthouse de « Monsieur Felton ».

Quand j'accède enfin à l'appartement d'Andrews, personne n'est là pour m'accueillir. Je suis déconcertée car les deux fois où je suis venue, Marge était là pour me montrer le chemin vers son employeur. J'avance, hésitante, vers le salon et décide de l'appeler :

– Andrews... C'est Meghan. Euh...

Je me sens ridicule à déambuler comme une intruse alors qu'il m'a invitée.

– Meghan ! Désolé, j'étais sous la douche, me fait sursauter une voix dans mon dos.

En me retournant, je découvre une vision qui me coupe le souffle. Littéralement.

Mes souvenirs étaient donc fiables. Andrews n'a vraiment pas changé. 

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