46. Pour l'éternité
La mort d'Élie fut un nouveau tremblement de terre au lycée. La police était dépassée par les événements et le directeur n'en menait pas large. Une décision radicale fut bientôt prise, celle de fermer le lycée pendant une semaine pour laisser à la police le temps de comprendre.
Éric avait clos son affaire avec un sentiment aigre et violent d'amertume. S'il avait mieux enquêté, les deux adolescents ne seraient pas morts. Ils étaient responsables du décès d'Evan mais ne méritaient pas la même fin que lui. La disparition d'Élie était un suicide, cela ne faisait aucun doute mais celle de Sarah restait un mystère épais. Les caméras du lycée étant en panne depuis début septembre.
Éric avait bien quelques idées mais rien de concret. Il allait devoir se lancer dans une nouvelle enquête. Il savait qu'il garderait cette enquête dans ses souvenirs pour toute sa vie. Tout avait commencé par un viol, et tout aurait pu se finir après cet acte si les policiers qui avaient récupérés la plainte de Sarah n'étaient pas des sexistes incapables. Un meurtre prémédité, une vengeance. Une vengeance envers Evan et le gouvernement. Élie avait fait justice seul puisque la justice elle-même ne l'aiderait pas.
Ce constat attristait terriblement Éric. Trois adolescents y avaient laissé la vie alors que tout aurait pu être évité. Le policier jeta un regard à la lettre sur son bureau. Qui avait bien pu le prévenir de la complicité de Clémence, Emma et Pauline dans le meurtre du sdf ?
Sans cette précieuse lettre, il n'aurait pas résolu l'enquête. En une phase, il se sentait terriblement inutile. L'auteur de la lettre savait-il que cela allait le mener au meurtre d'Evan ou ignorait-il la liaison entre les deux affaires ?
Le policier sentait au plus profond de lui qu'il n'aurait jamais la réponse. Ses yeux se levèrent vers un cadre accroché à son mur. L'objet était installé depuis le premier jour d'Éric dans la police. Il lut la simple phase, pourtant si cliché à ses yeux mais qui résonna en lui comme jamais auparavant.
Certains héros ne portent pas de capes.
***
Edgar essuya une larme sur sa joue et regarda Romain dormir à côté de lui. La culpabilité rongeait la moindre cellule de son corps, il ne resterait bientôt de lui qu'une coquille vide. Élie s'était suicidé. Il avait préféré sauter pour rejoindre Sarah, échappant ainsi à la prison pour le restant de ses jours. Mais était-ce seulement pour cette raison qu'il avait sauté ?Si Edgar n'avait pas tué Sarah, Élie serait peut-être toujours en vie. Était-il responsable d'un meurtre ou de deux ?
Tout allait trop vite autour de lui. Il savait que la résolution de l'enquête aurait dû le réjouir mais cela lui procurait l'effet inverse. Il savait qui avait tué Evan et pourquoi. Le discours de Sarah lui semblait à présent si limpide, coïncidant ainsi avec le comportement de son meilleur ami avant sa mort.
Evan avait violé Sarah mais c'était Edgar qui l'avait achevé. La jeune femme était à la fois victime puis coupable, ironique ou normal, Edgar n'en avait aucune idée. Est-ce qu'Evan méritait finalement de mourir ? Élie avait-il eu raison ? Et lui avait-il bien agis en protégeant son petit ami ? En tuant Sarah...
Il était convaincu qu'Élie avait sauté uniquement pour rejoindre sa petite amie, pas pour fuir la situation. Edgar savait très bien que l'adolescent n'était pas un lâche. Mais lui, était-il un lâche ? Il avait fui ses responsabilités, fuit le meurtre de Sarah comme une proie devant son prédateur. Mais n'était-ce pas ce qu'Élie, Sarah et Arthur avaient fait ?
Se cacher, espérer que la police ne remonte pas leurs traces. Ils ne s'étaient pas méfiez de la bonne personne. Les gens dans l'ombre sont parfois bien plus dangereux. Valentine avait remonté seule la piste du crime, plus utile et intelligente que le policier chargé de l'enquête. Mais avait-elle bien fait de déterrer tous les secrets ? Rien n'était moins sûr. Cette histoire avait fait comprendre une chose primordiale à Edgar.
Tout finit toujours par se savoir.
Toujours.
Mais que voulait-il faire ? Il se sentait responsable de la mort du couple, pas seulement de Sarah. Pourrait-il tenir comme cela jusqu'à sa mort ? Tenir avec un secret lourd à porter, qui finirait incontestablement par l'écraser. Son regard se posa sur Romain, serein et si beau. Un jour, une dispute, un mot de trop. Tout pourrait si vite basculer.
Un soupire las s'échappa de ses lèvres. Il ne voulait pas l'abandonner, abandonner sa vie pour des murs froids et gris d'une prison. Il voulait vivre ! Vivre sa vie, découvrir ce que le monde avait à lui offrir. Il avait seize ans, il ne voulait pas mourir dans une prison, passant à côté de la seule vie qu'il possédait.
Mais faisait-il quelque chose de bien ? Avait-il vraiment envie de laisser les parents de Sarah dans le brouillard quant à la mort de leur fille unique ? Edgar se mordit la lèvre. Il avait tellement peur. Quand le corps de la brunette avait basculé dans les escaliers, le blond avait immédiatement regretté son geste. Mais ses sentiments n'avaient rien changé, l'adolescente ne s'était pas relevée.
Il avait rêvé tant de fois de pouvoir revenir en arrière, remonter le temps. Empêcher la mort d'Élie, de Sarah, d'Evan... Mais il ne le pouvait pas. Le dilemme qui faisait rage en lui l'empêchait même d'entendre la voix douce de Romain. Il avait l'impression que peu importe son choix, les choses allaient mal tourner ; se rendre à la police et dire adieu à sa liberté, sa famille et son petit ami ou vivre, ne rein dire et être pris de remords sans fin, laissant les parents de Sarah dans le flou quant à la mort de leur fille.
La voix de Romain le sorti soudain de ses pensée, brisant le silence comme une épée le ferai avec de la glace :
- Arrête de penser à ça.
Edgar sursauta. Il n'avait pas remarqué que l'espagnol s'était réveillé.
- Je ne peux pas m'en empêcher.
Des bras encerclèrent sa taille et le front de son petit ami se posa contre sa nuque.
- Y penser ne changera rien. Tu te tortures juste pour rien.
- Pour rien ?! J'ai... Sarah est morte putain ! Tu sais pas ce que ça fait de rêver en boucle de ça ! De la voir tomber encore et encore ! De la voir mourir...
Sa voix s'était brisée à la fin de ses paroles.
- Si, je le sais.
Bien sûr qu'il connaissait ce sentiment ; la culpabilité, les cauchemars, l'impression de sombrer toujours plus profond, d'être englouti par l'abysse. Il avait tellement essayé d'oublier ce qu'il s'était passé sur cette terrasse le trois janvier. Romain avait eu beau prétendre que rien n'était arrivé, son inconscient le harcelait. Il avait bien tenté de museler sa tristesse, sa colère et sa honte mais le mélange explosif d'émotion hurlait trop fort. Il se retrouvait souvent allongé sur le bois glacial de cette terrasse, le corps tremblant, transpercé par le froid.
Puis les voix et la douleur.
Seulement la douleur.
Toujours.
Evan jeté à l'eau. Tout se mélangeait dans sa tête et, quand il se réveillait, l'angoisse persistait ; comme si c'était lui qui avait tué l'adolescent de ses propres mains. En n'allant rien dire à la police, il savait qu'il empêchait l'enquête de se résoudre. Il avait tout vu, tout entendu mais il ne pouvait pas parler ! Qu'allait-il faire si Edgar allait en prison ? Il ne préférait pas imaginer ce qu'il serait capable de faire. Le brun quitta sa position pour faire face à son petit ami, glissant ses mains sur ses joues humides.
- Arrête. Arrête avec ce regard et n'y pense plus, c'est mieux pour nous.
- J'ai... j'ai tué quelqu'un Romain.
- Je sais et même si c'est complètement illégal et égoïste je m'en fous.
- Dis pas de conneries. À la moindre dispute, la moindre connerie, tout peut ressortir, exploser. Je ne veux pas ça pour nous.
Il se détacha de son petit ami qui lui attrapa les poignets.
- Donc tu préfères aller voir la police ? Si tu le fais y'aura même plus de nous.
Romain avait les larmes aux yeux. Il ne voulait pas qu'Edgar disparaisse. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'il ait tué Sarah ? Il ne voulait que lui.
- Je t'en supplie, ne fait pas ça. Je... je pourrais pas continuer sans toi, ajouta-t-il dans un souffle.
Romain connaissait très bien le poids de ses paroles, Edgar aussi. Ils se dévisagèrent un long moment. Depuis quand les yeux noisette du blond étaient-ils autant voilés de tristesse, de regrets et de peur ? L'espagnol avait la sensation de vivre dans un cauchemar. Tout allait de mal en pis, une fin heureuse ne semblait pas pouvoir exister. Il se prit soudain à rêver d'une fin différente, un achèvement où tout cela serait derrière eux, où ils se tiendraient main dans la main sans barreaux ni prison.
- Je t'aime Edgar, ne m'abandonne pas.
Si le blond l'abandonnait, il ne pourrait pas continuer sans lui. Alors il lâcha prise. Romain raconta tout : Evan, le rendez-vous, le chantage, la peur permanente dans laquelle il vivait depuis le trois janvier. Parce qu'il ne voulait pas qu'Edgar l'abandonne. Il ne pouvait pas l'abandonner, pas maintenant, pas ici.
A la fin de son récit, le footballeur saisit le menton de son petit ami entre ses doigts et releva son visage, de manière à ce qu'ils puissent se regarder dans les yeux. Il était si en colère et souhaitait tellement le protéger. Alors il ouvrit la bouche, conscient qu'il scellait leurs destins dans le mensonge.
- Nous deux c'est pour l'éternité, promit-il en liant leurs lèvres.
C'était mal, c'était une promesse pleine de douleur, égoïste. Mais c'était la seule chose qu'il pouvait assurer à Romain. Il voulait oublier alors qu'il savait très bien qu'il n'y parviendra jamais vraiment. Oublier Sarah, Élie, Evan et toutes les conséquences de ses actes.
Parce qu'il était égoïste. Égoïste et amoureux.
***
Eric ferma le dossier au nom de Sarah avec un pincement au cœur. Trop de choses s'étaient écoulés en un mois, du trois janvier au cinq février. La mort de Sarah était un mystère et le policier voyait toujours aussi flou. Il sentait qu'il n'avait pas tous les éléments de l'enquête en sa possession. Il lui manquait quelque chose, le lien qui unissait la mort de la jeune femme et celle d'Evan. Le policier n'avait pu interroger aucun des deux meurtriers, eux seuls auraient pu répondre à ses questions. Soudain, des coups à la porte de son bureau le fit relever la tête.
- Entrer.
Une silhouette fine se dessina dans l'encadrement de porte.
- Arthur ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- J'ai tué Evan.
- Quoi ? bredouilla le policier, incrédule.
- J'ai aidé Élie et Sarah à tuer Evan le soir du trois janvier.
Les mots glissaient seuls hors de sa bouche à mesure qu'il racontait les évènements : le viol de Sarah, le coma de Lina, le plan de vengeance, le soir du meurtre.
- Élie a entendu Evan donner rendez-vous à Romain sur la terrasse à minuit. Il s'est dit que c'était l'occasion parfaite. Donc on a attendu mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Romain s'est pointé en avance et il a tout vu. On... on a dû faire en sorte qu'il se taise.
- La vidéo dont m'a parlé Edgar, compris Éric.
Arthur hocha la tête en détournant le regard.
- Vous l'avez vraiment...
Il ne termina pas sa phrase mais l'adolescent comprit la question et il acquiesça, détournant le regard. Il s'en voulait toujours énormément.
- Après on l'a remonté dans une chambre et on l'a fait chanter en lui envoyant tous les jours la vidéo. Il fallait qu'il se taise sinon on allait tous en prison.
- C'est à cause de cette vidéo qu'il a voulu se suicider, accusa le policier.
- Je sais. C'est à partir de ce moment que tout est parti en vrille. Romain n'était pas mort donc il pouvait encore tout raconter. Avec Élie, on n'était pas d'accord sur quoi faire. Je voulais laisser Romain tranquille mais lui voulait absolument détruire les preuves, les vidéos qu'on avait envoyé à Romain. Et puis Sarah est morte. Éric se redressa sur sa chaise. Le voilà le chaînon manquant, l'explication qu'il attendait et qui reliait les deux meurtres.
- Qui l'a tué ?
- Je ne sais pas. Quelqu'un nous a entendu quand on se disputait avec Élie au sujet de Romain. Je sais seulement qu'il avait les cheveux noirs.
Edgar n'avait pas les cheveux noirs, Valentine non plus. Arthur mentait au policier yeux dans les yeux. Contrairement à Lina, Romain était vivant. Le blond avait simplement voulu le protéger. Il avait fait la même chose que lui quand il avait assassiné Evan. Il ne pouvait pas dire la vérité. Il ne lui en voulait pas, il le comprenait tellement.
- Je ne comprends pas. Emma m'a assuré que les deux meurtriers étaient Élie et Sarah, pas toi. Pourquoi n'était-elle pas au courant de ton implication ?
- Quand Sarah a avoué à Clémence, Pauline et Emma le meurtre, elle n'a pas prononcé mon nom, juste celui d'Élie. Il en a profité pour me protéger quand il les a menacées de révéler à la police qu'elles étaient responsables de l'incendie.
- Mais pourquoi venir avouer alors que personne ne pourrait jamais te soupçonner ?
Le garçon en face de lui se brisa.
- Lina est morte hier soir, avoua Arthur. J'ai fait tout ça pour elle. J'ai accepté de tuer Evan pour elle et elle est morte ! Elle ne reviendra jamais ! Elle ne saura jamais ce que j'ai essayé de faire pour elle ! Je voulais que quand elle sorte du coma, elle puisse se sentir en sécurité, oublier Evan. Mais elle est morte.
Les sanglots d'Arthur résonnaient dans le bureau. Il bénéficierait peut-être de la clémence du juge vis à vis de la raison l'ayant poussée à commettre le crime mais rien n'était moins sûr. L'enquêteur devant à présent s'occuper du cas de Romain. Il avait passé sous silence les véritables meurtriers et lui avait caché des éléments clés de l'enquête. L'adolescent ne risquait rien, il avait été manipulé et avait subi du chantage. Cependant Éric tenait à s'excuser, il avait fait vivre un véritable enfer à l'Espagnol.
Maintenant que la procédure judiciaire allait être lancé, les évènements tragiques prendront vite fin et les lycéens pourront essayer de tourner la page. Cependant, la classe de seconde quatre ne sera plus jamais la même. Comment était-ce possible qu'autant de tragédies frappent une même classe, un seul groupe de trente-quatre élèves ?
Le policer n'avait plus la tête à répondre à ce genre de questions philosophiques en quittant son bureau quelques heures plus tard, l'enquête pour le meurtre de Sarah classé sans suite. En ce qui le concernait, cette enquête était bel et bien derrière lui mais le suivrait dans chacun de ses pas pour encore de très longues années.
***
Rien n'avait de sens dans ce que voyait Valentine. Elle se trouvait à un enterrement, encore. L'enterrement du garçon qu'elle avait vu sauter par la fenêtre quelques jours plus tôt. Son regard glacé parcourut l'assemblée avant de croiser le regard de William. Son petit ami, voyant sa détresse, la guida à travers les tombes, loin des funérailles. Ils s'assirent sur un minuscule banc en pierre et la jeune femme regarda la fine couche de givre recouvrir les pierres tombales.
- Raconte-moi ce qu'il s'est passé depuis le début, ordonna avec douceur le blondinet.
- Je sais que tu vas m'en vouloir mais j'ai pas pu laisser tomber l'affaire quand tu me l'as demandé, Valentine marqua une pause avant de soupirer. Je crois que j'aurais dû t'écouter. J'ai fait des conneries, j'ai joué avec le feu. Je savais qui avait tué Evan et j'ai rien dit.
William se figea. L'annonce de l'arrestation d'Arthur ne datait que de la veille.
- Tu le savais depuis quand ? Pourquoi t'as rien dit ?
- J'étais au courant avant la mort de Sarah. Peut-être que si j'avais dit quelque chose elle serait toujours vivante.
Le blond sentait qu'elle évitait sciemment sa deuxième question. Il prit la main de sa petite amie et plongea son regard glacé dans le sien.
- C'est à cause de moi c'est ça ?
- Evan t'avait fait tellement de mal ! Élie, Arthur et Sarah t'ont protégé de lui en le tuant, même si c'était sans le savoir. Je me voyais pas les dénoncé, ils ont été plus utile que moi pour te protéger. Je suis ta petite amie putain j'aurais dû voir, comprendre, deviner ! Je suis tellement désolée, si j'avais fait plus attention, si...
- Ce n'est pas de ta faute Val, la coupa le blond.
William prit le corps tremblant de sa petite amie dans ses bras sans ajouter. Il préférait ne rien dire, que pouvait-il dire ? A sa place, il aurait sans doute fait pareil. Il savait que c'était mal mais la mort d'Evan l'avait soulagé. Même si le brun le poursuivait toujours dans ses cauchemars, au réveil il se sentait désormais en sécurité.
Il ferma les yeux contre les cheveux de sa petite amie. Il entendait au loin les voix de la famille d'Elie et de certains de ses amis. Un oiseau se posa sur une pierre tombale et regarda le couple de ses yeux noirs. Il se mit à chanter avant de s'envoler quand la rouquine se redressa sur le banc.
- J'ai besoin d'un peu d'air.
- Je te rejoins dans cinq minutes.
Le sourire tendre de William la suivit jusqu'à l'arrière cours de l'église. La jeune femme soupira en s'adossant contre la pierre froide du monument. Elle ferma les yeux et essaya de chasser de son esprit le visage d'Élie et le souvenir de sa chute fatale, gravé dans sa mémoire.
Certes le mystère de la mort d'Evan était résolu mais l'assassin de Sarah courait toujours. Il était même debout devant la tombe d'Élie. Un rire sans joie lui échappa. C'était donc comme ça que tout se terminait ? Elle avait fait arrêter les amies de Sarah mais pas Edgar alors qu'elle pouvait le faire. C'était ça la justice ? Protéger les gens qu'on aime et ceux qui nous paraissent avoir agis conformément à notre pensée ? En tout cas, c'est ce qu'elle avait fait ; et elle se sentait monstrueuse. Elle avait voulu jouer l'enquêtrice et avait tout foiré.
- Tu culpabilises dans ton coin ?
Une voix moqueuse lui fit instantanément relever la tête. Axel se tenait non plus loin d'elle, les bras croisés sur son torse.
- Et toi ? répliqua-t-elle du tact au tact.
Elle n'avait pas oublié ce qu'il lui avait dit à la bibliothèque quelques semaines plus tôt. Ah ça non.
- Ma culpabilité ? demanda le brun en haussant les sourcils. C'est toi qui as dénoncé les filles, je t'ai vu entrer dans la salle d'interrogatoire du policier avec une lettre.
- Elles ont tué quelqu'un en foutant le feu à une maison !
- Et alors ? Tu joues les balances comme ça toi ?
La jeune femme vit rouge.
- Je comprends mieux pourquoi tu fermais ta gueule au sujet de William et Evan avec cette mentalité.
- C'était seulement entre lui et Evan.
- Et le soir du trois janvier quand il a failli se faire violer c'était aussi seulement entre lui et Evan ?! Tu savais ce qu'Evan faisait à William et t'as rien dit ? T'as rien fait ?!
- Putain William disait rien je pensais qu'il était consentant moi ! cria le brun sur le même ton.
- Évidemment ! C'est parfaitement logique de vouloir coucher avec son harceleur !
Les hurlements de Valentine résonnèrent dans l'arrière-cour de l'église. La jeune femme serrait les poings, des larmes de rage aux coins des yeux. Son corps se détendit quand une main se posa sur son épaule.
- Calme toi. C'est passé maintenant, n'y pense plus.
Le ton apaisant de William ne réussit pas à la calmer. Comment pouvait-il être aussi serein alors qu'Axel l'avait trahis à ce point ?
- Je suis désolé William, s'excusa le brun en baissant la tête. J'ai été stupide et j'ai pas réfléchis.
- J'aurais pas dit mieux, grinça Valentine. Mais sinon insinuer qu'il avait tué Evan c'était stupide aussi ? T'as pas d'autres choses à me dire ?
Le regard du blond changea et Axel préféra se taire. S'il leur avouait qu'il avait jeté le policier sur les traces de William, il était certain que les cloches sonneraient pour lui le lendemain. D'autant plus qu'il l'avait fait pour se préserver Fiona et lui d'Éric alors qu'il savait parfaitement le footballeur innocent.
- Non, je le croyais vraiment impliqué. T'avais un sacré mobile quand même. J'ai agi en vrai connard mais comme l'a dit William, c'est passé non ?
Sa tête partie sur le côté quand Valentine le gifla.
- Enfoiré.
Pour éviter un nouveau meurtre, William attrapa sa petite amie par la taille et la ramena sur le banc de pierre. La jeune femme se laissa tomber dessus et posa son regard sur les silhouettes au milieu des tombes. L'ironie de la situation la fit sourire amèrement ; Sarah, Élie et Evan étaient enterrés dans le même cimetière.
- J'ai quelque chose à te dire, commença William.
La rousse tourna la tête vers lui et haussa un sourcil, l'incitant à continuer.
- J'ai accepté la demande d'un centre de formation.
Cela lui avait sauté aux yeux quand il avait retrouvé cette ancienne lettre, avant Evan, avant tout ça. Le brun avait voulu lui briser les ailes mais avait échoué. Cette note d'espoir, William se jura de la garder toujours avec lui quand la rouquine posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser aux mille promesses.
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