44. Pas de regrets
La pluie du début février n'avait pas cessée de tomber depuis la veille. Le ciel noir rendait la luminosité si faible que l'on se croyait déjà le soir à même pas onze heures du matin. Des éclairs zébraient de temps à autre le ciel et le tonnerre grondait au loin. Le déluge était pour bientôt.
Les lycéens étaient retournés en cours comme si l'incident de la veille n'avait jamais eu lieu. Pourtant, le fantôme de Sarah flottait dans toutes les conversations. Les adolescents avaient très vite relié les deux meurtres et les élèves de la seconde quatre étaient au centre de toutes les attentions.
Les disparitions soudaines et sans explications de Clémence, Emma et Pauline enflammaient les esprits qui créaient toutes sortes de théories. L'heure de permanence de la classe permettait aux élèves d'échafauder toutes sortes d'histoires pour se changer les idées. La mort de Sarah planait au-dessus d'eux comme une menace incompréhensible. Y avait-il un serial killer psychopathe parmi ce qu'il restait des trente-quatre élèves ?
- J'y crois pas qu'ils nous laissent retourner en cours le lendemain de la mort de Sarah. C'est horrible ! Quoi qu'il en soit je ne prendrais plus cet escalier.
Valentine écoutait distraitement Lisa se plaindre tout en regardant dans le préau autour d'elle. Edgar et Romain discutaient tranquillement, l'un contre l'autre. De quoi pouvaient-ils parler ? De la mort de Sarah ? Le blondinet senti le regard de Valentine et il tourna la tête vers elle. Ils se dévisagèrent de longues secondes avant que Romain ne capte leur échange silencieux.
- Vous croyez que la prof d'anglais va nous en vouloir de ne pas avoir fait nos devoirs ? Demanda Solène avec inquiétude.
- Je pense que c'est sa dernière priorité, rétorqua Lisa sarcastiquement.
Un sourire naquit sur le visage de Valentine.
- Ça je sais pas, elle est trop chelou cette prof.
Solène et Lisa pouffèrent avant de se lancer dans une imitation de leur professeur. Rires faisait du bien aux adolescentes qui n'arrivaient pas à se sortir le visage de Sarah de la tête. Tout en écoutant la discussion de Solène et Lisa, Valentine avait repris son observation du préau. Elle regarda Edgar se lever et disparaître dans le second préau, suivit de Romain qui s'arrêta devant les trois filles.
- Valentine je peux te parler s'il te plaît ?
L'adolescente acquiesça et suivit le petit ami d'Edgar qui s'éloignait des élèves.
- Y'a un problème Romain ?
Le garçon préféra rentrer immédiatement dans le vif du sujet.
- Il se passe quoi entre Edgar et toi ?
Valentine eu un mouvement de recul. Parlait-il de Sarah ? Cela semblait logique qu'Edgar lui ai tout avoué, voir même qu'il sache tout du plan de son petit ami depuis le début. Enfin s'il était réellement le meurtrier, la rousse n'avait aucune preuve.
- Comment ça ? demanda-t-elle méfiante.
- J'ai vu les regards que vous avez échangés tout à l'heure, dit Romain en plantant ses yeux dans ceux de la jeune femme.
Était-il à ce point jaloux ? Ok Edgar était bisexuel mais ce n'était pas une raison pour agresser la première personne que son petit ami regardait.
- C'est pas ce que tu crois, répondit-elle prudemment.
- Alors c'est quoi ?
Il savait, elle le lisait sur son visage. Il voyait ses doutes et théories.
- C'est à cause de Sarah, conclut-il.
Un silence s'installa entre eux avant que Romain ne reprenne la parole. Il passa une main dans ses cheveux et semblait chercher ses mots.
- C'est toi qui lui as dit pour la vidéo ?
- Je suis désolée Romain. Pour tout ce qu'il t'est arrivé à cause d'eux. Je suis désolée pour ça et pour la vengeance d'Edgar mais je ne lui ai rien dit. Il a dû tout comprendre tout seul.
- Comment tu l'as su ?
Son expression paniquée lui fit de la peine. Sauf que la jeune femme était focalisée sur autre chose : Romain n'avait pas nié l'implication de son petit ami dans la mort de Sarah. Elle avait raison.
- J'ai entendu une conversation dans les couloirs entre Élie et Arthur. Ils parlaient de ce qu'il s'était passé le trois janvier, de toi, de Sarah.
Romain hocha la tête, les larmes aux yeux. Il respira profondément pour les chasser avant de parler :
- Pourquoi t'as rien dit ? T'aurais pu aller voir la police et arrêter tout ça ! Moi je n'aurais jamais eu le courage. Je ne voulais pas affronter le regard de toutes ces personnes qui allaient voir la vidéo. J'aurais préféré mourir que de sentir les regards de pitié et les jugements de tout le monde.
Valentine posa sa main sur l'épaule de Romain et la pressa avec un sourire doux. Elle ne savait toujours pas ce que contenait cette mystérieuse vidéo mais vu l'air paniqué de l'espagnol en face de lui, elle pouvait sûrement détruire sa vie.
- Je comprends, dit Valentine. Et je suis désolé. Mais j'ai mes raisons.
- Des raisons plus importantes que la vie de quelqu'un ?
- J'essayais de protéger William.
- En protégeant les meurtriers d'Evan ?! Ceux qui m'ont fait du mal !
La jeune femme serra les poings.
- Ils ont peut-être sauvé la vie de William ! Je suis désolé mais j'ai choisi de ne pas les haïr.
- Tu devrais. J'aurais pu mourir à cause d'eux.
- Qu'est-ce qu'ils t'on fait ? Demanda-t-elle d'une voix emplie de douceur.
Romain secoua négativement la tête, serrant ses bras autour de son corps ; comme pour se protéger d'un danger que la rousse ne pouvait voir. Alors elle prit son courage à deux mains et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis le quatre janvier.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé sur cette terrasse à minuit ?
Le regard de l'adolescent se voila de tristesse et de peur. Il baissa les yeux sur ses chaussures et Valentine eut de la peine pour lui.
- Evan... Il m'avait donné rendez-vous sur la terrasse à minuit, commença l'espagnol d'une voix tremblante. Si je venais pas, il envoyait une vidéo de moi et lui couchant ensemble à mes parents.
Était-ce cette fameuse vidéo ?
- Mais quand je suis arrivé... Putain ils venaient de l'assommer avec une bûche ! J'ai rien pu faire. Sarah m'a vue et après je me souviens de rien.
La jeune femme fronça les sourcils devant son récit décousu mais ne dit rien, le laissant terminer.
- Le lendemain j'ai reçu cette vidéo et c'est là que tout a commencé.
- Quelle vidéo ? Celle d'Evan ?
Il secoua négativement la tête, incertain quant à la réponse à fournir.
- Une autre. Ils... ils m'ont fait du mal putain ! Comment tu veux que je leur pardonne après ça ?! Ils m'ont fait chanter pendant des semaines ! J'ai voulu me tuer à cause d'eux ! Et tu les as protégés.
L'aveu secoua la lycéenne. Elle avait très bien compris le mot passé sous silence par son interlocuteur. Comment réagir ? Élie, Sarah et Arthur avaient tués quelqu'un et agressé une autre. Pour une de ces actions, Valentine avait volontairement gardé le silence. Mais face à la deuxième...
- Tu vas aller voir la police ? Finir par demander Romain.
- Et toi ? Tu vas dénoncer le meurtrier de Sarah ? Ou tu me demande de le faire ?
L'espagnol se figea.
- Non ! Bien sûr que non !
- Tu veux faire payer les meurtriers d'Evan mais pas ton petit ami ? Ricana-t-elle.
- Evan je m'en fiche.
- Alors on est deux. Qu'est-ce que tu veux que j'aille dire à la police ? Que j'ai gardé secret des éléments de l'enquête ? Crois-moi, si j'y vais Nass va sûrement remonter jusqu'à ton chéri. Et si tu y vas toi j'en parle même pas.
Romain le savait bien, c'est en parti pour cela qu'il refusait d'aller parler. Convaincre Edgar de faire demi-tour avait déjà été compliquer, il ne supportera pas être la cause de son arrestation.
- Alors on ne fait rien ?
- C'est ça. Et on vit avec.
Ils se dévisagèrent quelques secondes. Valentine fini par laisser Romain seul. Elle avait raison, il le savait. Ils étaient tous les deux coupables d'une certaine manière. Coupable de ne rien dire pour protéger quelqu'un qu'ils aimaient. Coupable comme les trois meurtriers.
La rouquine aurait bien souhaité continuer de discuter avec Romain mais elle avait aperçu quelqu'un du coin de l'œil. Elle suivit Élie dans les escaliers jusqu'au troisième étage. Valentine ne savait pas pourquoi elle le suivait. Il n'y avait rien à dire, les faits parlaient pour lui. Mais les faits n'expliquaient pas son geste. Tout en marchant derrière Élie le long du couloir interminable, Valentine se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire quand il se retournerait. Il s'arrêta devant le mur du couloir.
- Tu veux quoi ?
La voix de son camarade de classe était lasse, aucune intonation ne la faisait vivre. Valentine observait le dos d'Élie sans rien dire, que devait-elle dire ?
- Je suis désolée pour Sarah.
Un rire froid fit frissonner la jeune fille de peur. D'un geste de bras, le tueur ouvrit la fenêtre.
- Elle était déjà en partie morte avant hier.
- Quoi ?
La question s'était échappée toute seule de la bouche de Valentine. Élie pivota sur lui-même pour faire face à la jeune femme.
- Demande à Evan.
- Ça va être compliqué, tu l'as tué.
Un sourire étira le visage d'Élie.
- Bien joué Sherlock, plaisanta-t-il, le visage absent de toutes émotions.
D'un saut fluide, le petit ami de Sarah s'assit sur le rebord de la fenêtre pour dévisager Valentine. Le papier peint vert pomme donnait une teinte maladive à la peau de l'adolescent qui sourit tristement.
- J'imagine que tu as entendu les rumeurs.
De quelles rumeurs pouvaient-ils bien parlé ? Laquelle justifiait la mort d'Evan ?
- Le viol de Sarah, souffla Valentine, les yeux écarquillés.
Comment avait-elle pu oublier cela ? Des larmes étaient apparues aux coins des yeux d'Élie. Il n'était plus au bord d'une fenêtre mais tourné vers le passé. Vers Sarah qui lui avouait tout au milieu d'une crise de larmes.
- C'était pas une rumeur. C'était vrai. C'était Evan. Sauf que personne ne l'a cru, même pas ses parents.
Un silence s'installa entre eux pendant que Valentine digérait l'information. À présent tout avait du sens. La conversation avec Arthur lui revint en tête et elle la revit avec un œil nouveau.
- Je comprends pourquoi t'as fait ça. Moi non plus je n'aurais pas supporté qu'il vive comme si de rien n'était après ce qu'il avait fait.
Élie haussa les épaules d'un air las.
- A quoi ça sert de toute façon ? Elle est morte. Elle ne reviendra jamais. Je l'aimais.
A son regard et sa façon d'observer le vide par la fenêtre, la jeune femme compris ce qu'il avait l'intention de faire.
- Je n'en doute pas une seconde.
Valentine ne savait comment le faire charger d'avis. Si elle avait réussi à remonter jusqu'à lui, la police ne tarderait pas à faire de même. Quoi qu'il fasse il était coincé et il le savait.
- Ne saute pas, s'il te plaît. Pense à tes parents.
- Oui justement je pense à eux. Qu'est-ce qu'ils diront quand je serai derrière les barreaux ?
- Ils comprendront pourquoi tu as fait ça ! Ils te pardonneront mais si tu sautes...
Un rire froid et moqueur la coupa.
- Ils me pardonneront ? T'es bien naïve. J'ai tué Evan, Valentine ! Et Romain a failli se suicider à cause de moi. Et puis tu as envoyé les filles à la case prison. Elles ne vont même pas tenir cinq minutes avant de tout balancer. Je suis déjà mort.
Ainsi les deux histoires étaient vraiment liées. Elle s'était tue pour protéger Élie et Arthur et voilà que ses propres actes lui revenaient comme un boomerang en plein visage. Peut-être qu'on ne peut lutter contre la vérité. Tout ce qu'il s'était passé n'avait mené qu'à ce moment. Et ça, la rousse venait d'en prendre conscience.
- Et Arthur ? T'y penses ? Vous êtes dans la merde tous les deux !
- Pas lui, la preuve qu'il l'inculpait a mystérieusement disparut. Il est libre. Surtout qu'aucune des filles ne sait pour son implication. Romain se tait et Edgar a déjà tué Sarah, il ne risque rien.
Le regard brun profond du garçon se planta dans ceux de la petite amie de William. Valentine se mordit la lèvre, il savait que c'était elle.
- Comment t'as deviné ?
- T'es plus maligne que ce que je croyais. Même plus que la police. La rousse dans les escaliers, murmura-t-il. Pourquoi tu n'as rien dit à la police ?
- Quand vous avez tué Evan, vous avez sauvé William. Je l'aime tellement et j'ai rien vu.
Elle avait fait cela oui, elle avait protégé Arthur, Élie et Sarah elle avait protégé des meurtriers. Si la police découvrait tout elle risquait également très gros. Evan avait failli tuer Lina, détruire William, ce n'était qu'une autre vengeance.
- Des regrets ? Questionna Élie.
- Non.
- Tu devrais.
Je sais, pensa-t-elle.
- Moi non plus je ne regrette pas ce que j'ai fait, ni ce que je vais faire, termina-t-il.
Il se retourna et, sans un regard en arrière ni une once de peur, il sauta dans le vide. Valentine se précipita à la fenêtre avant de reculer, elle ne voulait pas voir cela. Elle quitta les lieux avant de s'adosser contre un mur du premier étage. Combien de personnes allaient-elles encore mourir ?
Plus aucune normalement, à moins que les remords ne fassent des ravages. Elle pensa à Edgar, il avait tué Sarah, avec autant de désespoir et de raisons, bonnes ou mauvaises, ce n'était pas à elle d'en juger, qu'Élie et Arthur avaient tués Evan.
Elle repensa à Clémence, Emma et Pauline, elles avaient toutes été arrêtées la veille, Clémence avait tout avoué. Il n'y avait plus qu'à attendre le procès. Elles étaient là par hasard, à faire des conneries, mais un homme était mort.
Des klaxons et des hurlements retentirent. Quelqu'un avait trouvé Élie. Valentine se détacha du mur et espéra du plus profond d'elle-même que si il existait bien un dieu quelque part, il lui ai pardonné, à lui comme à Sarah, elle qui n'était que la victime avait fini par devenir la meurtrière.
Elle descendit les marches et retrouva Lisa et Solène qui lui demandèrent des nouvelles de Romain. Au même moment, elle vit le garçon embrasser Edgar avec force. Pour l'instant, tout était encore normal. Les gens riaient, pleuraient, discutaient. Mais dans quelques minutes, tout le monde sera au courant. Deux morts en deux jours.
La folie va s'emparer du lycée, pensa Valentine avec inquiétude.
***
Le dossier se posa bruyamment sur la table de métal, devant le regard atterré d'Emma. Elle n'avait rien compris quand la police avait débarqué chez elle pour l'arrêter. La seule chose dont elle était sûre c'est qu'elle ne renverrait pas le ciel de sitôt. Clémence avait parlé, c'était la seule solution logique. Elle leur avait envoyée un message avant de se rendre au poste et après, plus rien. Emma leva la tête vers Éric qui la regardait fixement.
- Bonjour Emma. Je pense que tu as compris qu'il ne sert à plus rien de mentir. Si tu coopères le juge pourrait se montrer clément.
La jeune femme n'attendit même pas une seconde avant de lâcher la bombe au policier.
- C'est pas Romain qui a tué Evan. C'est Élie.
Les sourcils d'Éric se dressèrent de surprise. Il ne s'attendait pas à ce qu'Emma coopère dans la seconde.
- Élie ? Répéta l'enquêteur avec surprise.
- Oui. C'est lui.
Les doigts du policier glissaient sur les pages de son carnet noirci par les interrogatoires et ses questionnements.
- Pourquoi accuser Romain alors ?
Haussement d'épaules.
- Il fallait bien trouver un meurtrier et comme il se trouvait sur la terrasse au moment du meurtre, c'était le coupable parfait.
Éric se pencha vers Emma. La fin de son enquête se terminait dans cette pièce. Il ne lui restait plus qu'à comprendre pourquoi le petit ami de Sarah avait commis le crime.
- Mais pourquoi Élie a tué Evan ?
- Pour protéger Sarah. Evan l'avait violé à une soirée et c'était devenue une vengeance pour lui.
La face sombre de l'histoire surgit devant les yeux du policier.
- Elle n'en a pas parlé à la police ?
La question innocente et rationnelle fit naître une colère noire sur le visage de l'adolescente.
- La police comme vous dîtes lui a ri au nez. Exactement comme ses parents, cracha Emma. Comment vouliez-vous qu'elle puise avancer et se remette de ce traumatisme si la justice n'était même pas là pour elle ? Alors Élie a décidé de faire justice lui-même.
Éric cessa d'écrire dans son carnet. Sarah était avant tout la victime. Une triple victime même. Celle d'Evan, de l'ignorance et de la stupidité de certains policiers puis de la personne l'ayant poussé dans l'escalier. Se reconnectant au monde autour de lui, Éric se rendit compte que, depuis le début de l'interrogatoire, Emma ne parlait que des actes d'Élie. N'aurait-elle pas participé à l'assassinat ?
- Pourquoi étais-tu dans la confidence ?
- Sarah nous a tout avoué à Clémence, Pauline et moi quelques temps après le meurtre. Elle nous a dit qu'elle avait préparé le plan avec Élie depuis l'annonce de la soirée. Je n'étais pas là au moment du meurtre, j'ignorais qu'ils allaient tuer Evan.
- Tes amies et toi les avez protégés ?
Emma frappa du poing sur la table, faisait trembler le dossier. Elle planta ses yeux ébène, chargés de colère et de tristesse dans ceux du policier.
- On avait pas le choix ! Après nous avoir tout dit, elle a avoué à Élie qu'elle avait parlé. Il nous a fait chanter. Si on se taisait, il ne dirait rien à la police concernant l'incendie.
- Il était au courant ?
L'incompréhension tentait la voix du policier qui notait à une vitesse folle les aveux.
- Sarah était avec nous ce jour-là. Elle lui avait tout lui racontée. Après son chantage, il m'a ordonné de mentir pendant l'interrogatoire et d'accuser Romain.
Silence. La vérité nageait dans la piscine d'air.
- Je n'avais pas le choix, souffla Emma au bout d'un moment, le teint pâle, les yeux et les lèvres d'un rouge sang. Si elle n'avait pas parlé, personne n'aurais jamais apprit la vérité.
Le policier regarda les larmes coulées sur les joues de l'adolescente sans rien dire. Il s'apprêta à saisir son téléphone pour demander à une patrouille d'aller arrêter le jeune homme quand un message apparu sur l'écran. Il le lu plusieurs fois pour en être certain. Élie était mort. Il s'était suicidé.
L'enquête était terminée.
***
Le noir profond du ciel de janvier happait les lumières des lampadaires du lotissement de Valentine. La nuit rendait l'endroit sinistre et étrangement calme. Le trente et un octobre, des monstres se promenaient dans les rues sombres mais ce soir, c'était un autre fantôme qui occupait l'esprit de la jeune femme.
Assise sur un canapé, Valentine fixait sans ciller les flammes dévorer ses bûches dans le poêle à bois. Elle froissait et défroissait sans s'en rendre compte le morceau de papier volé chez Evan. La lumière tamisée du feu faisait baigner la pièce d'une aura fantomatique, l'ombre de l'adolescente immense derrière son dos. Seul le craquement du bois dans l'antre faisait vivre la pièce.
Valentine baissa les yeux sur le papier. La faible luminosité l'empêchait d'y distinguer les mots mais elle n'avait pas besoin de le lire, elle connaissait son contenu par cœur. D'un mouvement silencieux, Valentine se leva et ouvrit le poêle. Elle fixa une dernière fois le papier avant de le jeter dans le feu.
- Je viens de te sauver la peau Arthur, chuchota-t-elle, les flammes brillant dans ses yeux bleus. Merci pour William.
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