43. Mardi 7 décembre - 23h27
Sarah marchait légèrement de travers, l'alcool navigant dans son sang et la faisait vivre dans un meilleur monde, modifiant sa perception des choses. La silhouette fine d'Evan se glissa à ses côtés et il lui sourit.
- Tu passes une bonne soirée ? demanda innocemment Sarah.
Evan pris la main de la jeune femme et la guida à travers la foule jusqu'à un endroit calme. Son regard s'était assombri et la petite amie d'Élie s'inquiéta de le voir changer.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis peut-être bourrée mais je vois bien qu'il y a un problème.
L'adolescent s'appuya contre le mur en serrant les poings.
- Margaux ne veut pas de moi, chuchota Evan.
Cette fois, son refus était définitif.
- Je suis vraiment désolé pour toi, le consola Sarah en posant sa main sur l'épaule de son meilleur ami.
Evan haussa vaguement les épaules, son regard perdu sur la foule dansante. Pauline savait vraiment y faire pour organiser des soirées.
- Elle ne fait plus confiance à personne depuis que tout le monde la prend pour une pute, expliqua maladroitement Sarah.
- Ça doit être ça ouais.
C'était étonnant pour Evan que Margaux n'ai pas encore fait le lien entre son refus de sortir avec lui et le début de son harcèlement. Sarah lui tendit son verre qu'il vida d'une traite sans réfléchir. Il quitta sa meilleure amie quelques minutes pour remplir leurs verres. Il longeait les murs, il n'aimait pas les bains de foules. Ses yeux se promenaient sur les adolescents et Evan écarquilla les yeux de surprise alors que la colère le submergeait.
Margaux embrassait un terminal à pleine bouche. La tristesse et la honte balayèrent la colère mais Evan ne pouvait pas détourner les yeux. Plus rien n'existait autour de lui que les deux amoureux. Le couple remarqua rapidement que le brun les fixait car le garçon abandonna Margaux pour se rapprocher de l'adolescent au cœur brisé avec deux de ses amis. Il dépassait le jeune homme d'une bonne quinzaine de centimètres et, tout en passant nonchalamment sa main dans ses cheveux noirs en bataille, se pencha vers lui.
- T'as un problème avec ma meuf minus ?
Les deux autres adolescents ricanèrent pendant qu'Evan reculait contre le mur. Il ne savait pas comment se sortir de cette situation. Le terminal le bouscula violemment et le plaqua contre le mur.
- Je te parle !
Evan se débattait sans succès et un coup de poing dans le ventre le fit grogner de douleur.
- Lâche-moi ! couina-t-il.
- Personne ne matte ma copine.
Le meilleur ami d'Edgar regarda le terminal droit dans les yeux avant de dire avec aplomb.
- C'est pas ta copine, c'est une pute.
Chose qu'il regretta immédiatement quand Margaux apparue derrière son petit ami, une colère noire maquillant ses traits. La claque partie toute seule et Evan heurta le mur derrière lui.
- Je croyais que t'étais mon meilleur ami, accusa Margaux avec tristesse.
- Margaux, commença Evan.
D'un geste de la main, elle balaya ses explications.
- Dégage.
Evan resta immobile, perdu. Il venait de tout gâcher.
- Dégage ! hurla la tahitienne.
La main qui le tenait le poussa en avant et Evan se rattrapa in-extremis à un canapé. Il rejoignit Sarah dans un état second, l'esprit embrumés et ses espoirs brisés.
- Il fait chier ! s'énerva Sarah quand son meilleur ami s'approcha d'elle.
- Quoi ?
Elle remercia Evan quand il lui tendit son verre avant de répondre :
- Élie ne viendra pas.
Étonné par l'absence de réponse, Sarah leva la tête de son portable et écarquilla les yeux quand elle vit les larmes coulées le long des joues d'Evan.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Il t'est arrivé quoi ?
Elle prit délicatement la main de son ami et entra dans la première pièce vide à sa portée. La chambre des parents de Pauline était sobre mais élégante. Le lit à la parure grise s'accordait avec les murs blancs et se reflétait dans le miroir mural et dans l'écran plat accroché au mur. Evan se laissa tomber sur le lit comme une masse et Sarah le prit dans ses bras. Son meilleur ami pleurait sans retenue contre elle.
- Dis-moi ce qu'il s'est passé.
- C'est Margaux, elle sort avec quelqu'un, avoua Evan entre deux sanglots.
Sarah passa sa main dans les cheveux de l'adolescent en essayant de le consoler. Voir son ami dans cet état la rendait triste.
- Tu ne veux pas en parler à Edgar ?
- Non ! Il va se foutre de ma gueule, tu le connais.
Sarah devait bien avouer qu'il avait raison, Edgar n'était pas le garçon le plus compréhensif et gentil de la planète, loin de là. Evan sécha ses larmes sous le sourire encourageant de Sarah. Ils se retournèrent tous les deux quand la porte s'ouvrit sur Margaux, main dans la main avec son copain. La petite amie d'Élie reconnue Léo qu'elle avait déjà croisée dans une soirée. Il lui fit un clin d'œil avant de glisser sarcastiquement.
- Je vais te laisser avec ta meuf Evan, le provoqua-t-il.
Pour toute réponse, la future victime se pencha vers Sarah et l'embrassa. La surprise passée, l'adolescente le repoussa avec douceur et fermeté. Le ricanement de Léo brisa le silence gêné.
- Putain toi t'as la côte avec les filles. T'es sûr qu'avec un mec ça marchera pas mieux ? Tu peux toujours demander à tes potes gays comment ça se passe.
Evan se leva d'un bond avec l'unique envie d'exploser la figure de bad boy de Léo. Le terminal lui fit un clin d'œil provocateur avant de lui fermer la porte au nez. Evan donna un violent coup de pied dedans avant de se tourner vers Sarah.
- T'aurais pas pu m'aider ? Maintenant il va croire que je suis gay !
- Et alors ? C'est pas un problème ça, rétorqua la brunette.
Evan prit une inspiration tremblante avant de se tirer les cheveux. Elle l'énervait. Pourquoi ne pouvait-elle pas comprendre ? Margaux venait de lui briser le cœur et son petit ami avait piétiné son ego. La jeune femme se leva et marcha vers la porte.
- Je vais te laisser te calmer, dit-elle.
- Non !
D'un geste brusque, Evan attrapa le poignet de Sarah et tira dessus. Elle poussa un hurlement de douleur stoppée quand il plaqua ses lèvres sur les siennes. Il plaqua la jeune fille contre le mur et fit face à son regard paniqué.
- Evan lâche moi, supplia-t-elle.
Il secoua lentement la tête de gauche à droite, l'esprit dans une chambre à l'étage.
- Non, souffla-il, je ne peux pas. Je ne peux pas.
***
- Maman ? Appela Sarah d'une petite voix.
Elle entra dans la cuisine neuve et spacieuse et ses parents se tournèrent vers elle. Mari et femme ressemblaient à leur fille, la même peau dorée, les mêmes cheveux noirs et le même nez.
- Il y a un problème chérie ? Questionna Marc.
- Je... oui.
Les adultes échangèrent un regard soupçonneux.
- Et bien ? La pressa sa mère.
Sarah pris une longue inspiration avant de chuchoter, des larmes dans la voix.
- Je me suis fait violer.
Un conteneur de silence s'écrasa dans la pièce. Sarah fixait ses pieds, attendant avec toujours plus de peur la réaction de ses parents.
- Il y a forcément une explication, résonna son père.
- Quoi ? Une explication ? S'écria Sarah incrédule.
Marc s'appuya sur le bar avant de fixer sa fille.
- Tu devais être bourrée et tu ne te souviens plus d'avoir dit "oui".
La douleur aurait été moins violente si son père l'avait poignardé avec un des couteaux de la cuisine. Sarah se tourna vers sa mère, au bord du gouffre.
- Maman, dis quelque chose, supplia l'adolescente.
Élisa posa le verre qu'elle tenait en main avant de parler.
- Si tu arrêtais de faire ta victime une minute ? Tu as vue avec quelle tenue tu es sortie hier soir ? Ton père a raison, tu devais être trop bourré pour t'en souvenir.
Les mots de sa mère la firent basculer au fond du gouffre et Sarah resta inerte et incapable de parler en plein milieu de la cuisine. Ses parents la fixaient durement, imperméable à sa douleur. Ils ne la croyaient pas.
- Si tu allais te changer maintenant ? On est invité chez des amis ce midi, assena sans remords Élisa.
Sarah tourna les talons et s'enfuit dans sa chambre. Elle se changea en vitesse, les larmes inondant son visage. Elle devait retrouver Élie, il la croirait forcément. Elle ouvrit sa fenêtre et sauta dans le jardin avant de courir loin de chez elle. Si Élie réagissait comme ses parents, elle ne le supporterait pas.
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