33. Jeudi 3 janvier - 22h15
Le couloir des toilettes était désert et Evan s'y engouffra rapidement. L'alcool qu'il avait ingéré pesait lentement sur lui, lui murmurant à l'oreille de se laisser aller. Soudain quelque chose de mou lui heurta le crâne, Evan tourna la tête, personne. Il ramassa le papier et lut avec horreur son contenu.
Profite bien de ta dernière soirée.
Une peur sourde naquit du plus profond de son être. Quelqu'un voulait le tuer ! Non, ce n'était pas possible, on lui faisait sûrement une mauvaise blague.
Les paroles de Margaux traversèrent son esprit et un frisson de terreur remonta le long de son échine. Sauf qu'elle était partie. Si seulement il n'y avait qu'elle. Evan savait que tous ceux qui voulaient sa mort étaient là ce soir. Qui pourrait le protéger ?
Il venait de se disputer avec Edgar, faire chanter son petit ami et agresser William. Une pensée obsessionnelle se faufila dans son esprit. Et si c'était un des trois garçons qui le menaçait ? Ou encore quelqu'un d'autre ?
Evan devait reconnaître qu'il avait fait souffrir tellement de personne que réussir à déterminer qui serait son assassin lui prendrait des heures. Mais il n'avait pas des heures devant lui ! Il tournait en rond dans les toilettes à la recherche de la meilleure chose à faire. Fuir la soirée ? Chercher lui-même qui voulait le tuer ? Rester enfermé toute la nuit dans cette minuscule pièce ?
- Merde !
Il frappa violemment le mur de son poing. Il faillait qu'il trouve quelqu'un pour l'aider... une personne en qui il avait confiance.
D'un pas décidé, Evan partit à la recherche de sa meilleure amie. Il fouilla le salon mais aucune trace de Sarah. Il scruta tous les visages luisant de sueur et sautant en plein milieu du salon, vérifia les canapés où William et Valentine trinquaient, croisant le regard moqueur du blond devant sa détresse. Tout le rez-de-chaussée était bondé mais aucune trace de sa meilleure amie. Ou était-elle allée ?
Il entreprit de faire le tour de la maison et son regard tomba sur une adolescente toute seule, cachée par les escaliers.
- Sarah ! cria-t-il.
Elle l'entendit malgré la musique et releva la tête vers lui. Il s'empressa de la rejoindre, slalomant entre ses camarades de classe.
- Sarah, j'ai peur.
Elle haussa un sourcil de surprise, dévisageant son ami.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Je crois que quelqu'un veut me tuer !
Elle regarda critiquement Evan, il était bourré.
- Arrête de psychoter, t'es bourré.
- Non, je te jure que c'est vrai. Je vais mourir avant demain !
- Et pourquoi je t'aiderais après ce que tu m'as fait ?
Evan tomba des nues. Pas maintenant ! Ce n'était pas le moment pour le mettre en face de ses conneries. Il allait crever !
- Pitié Sarah, aide-moi. Je ne veux pas mourir.
L'adolescente le regarda durement mais accepta.
- Je suis sûr que t'as pas à t'inquiéter. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
- Savoir qui veut ma peau !
- Quoi ? T'en sais rien ?
Elle le croyait difficilement mais déjà plus qu'au début de leur discussion. Son air affolé avait peut-être fini par la convaincre.
- J'ai reçu un message de menace. Regarde !
La brunette prit le papier et lit phrase à haute voix, rendant encore plus réelle aux yeux d'Evan ce qu'il lui arrivait.
- Profite bien de ta dernière soirée... C'est peut-être quelqu'un qui t'as fait une blague ? Ou alors ça ne t'était pas destiné.
- J'étais seul dans ce couloir ! Et puis tu sais très bien que c'est pas une blague avec... avec tout ça.
Sarah acquiesça.
- Je te promet que ça va aller. Tu veux rester avec moi ? Histoire de pas rester seul.
Evan la remercia mais secoua la tête. Il fallait qu'il vérifie par lui-même ceux qui pourrait vouloir le tuer, se venger en prévision.
- Très bien, si tu changes d'avis viens me voir.
- Merci Sarah.
Ils échangèrent un regard lourd de sens et Evan s'éloigna. Il faillait qu'il trouve un plan. Tout en se dirigeant, vers un endroit tranquille, il se mit à réfléchir.
- Crève !
- Tu mérites de mourir !
Evan se tourna brusquement mais il n'y avait personne autour de lui, le couloir était désert. Pris de panique, il courut s'enfermer à clef dans les toilettes, les mêmes voix le menaçant toujours. Sa respiration affolée résonnait dans le minuscule espace et il craqua. Son instinct de survie et l'adrénaline lui était passé. L'adolescent comprit ce que tout cela signifiait. Il se laissa glisser contre la porte et pleura de tout son corps.
Il réalisait peu à peu ce qu'il avait fait, les larmes et la haine qu'il semait sur son passage depuis le début de l'année. Mais il n'y pouvait rien. Ce n'était pas de sa faute. Evan voulait juste être aimé. Pourquoi personne ne le comprenait ? Les amis qu'ils s'étaient fait ne l'aimaient pas vraiment, il le savait. Ils préféraient tous faire semblant de l'apprécier pour ne pas subir ses attitudes incontrôlées. Quelle bande de dégonflés...
Finalement, la seule personne qui tenait vraiment à lui était Edgar. Lui qui le connaissait depuis toutes ces années savait que ce n'était pas vraiment lui depuis le début de l'année. Mais il avait tout foutu en l'air. Evan s'était attaqué à Romain en sachant pertinemment que son meilleur ami ne lui pardonnerai pas. Sauf qu'il était si jaloux. Pourquoi n'avait-il pas le droit au même bonheur que l'Espagnol et Edgar ? Pourquoi faillait-il que tout le monde le repousse ?
Il repensa à William, à son corps qu'il effleurait avec désir et aux yeux perçant de Valentine. À Margaux qui se promenait fièrement au bras d'un garçon de deux années son aîné. Et à Romain... Qu'avaient leurs moitiés de plus que lui ?
Et si au fond tout était de sa faute ? S'il méritait toute cette haine ? Comment quelqu'un aurait pu aimer un cœur aussi noir et pourri ? Il releva la tête, les larmes ruisselant par vagues sur ses joues pâles.
Il allait mourir.
Il allait mourir et au fond c'était peut-être ce qu'il méritait.
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