21. Je suis là
- C'est toi qui as tué Evan ? Répéta William après quelques secondes.
Maxime se détacha de son meilleur ami et le regarda dans les yeux. Le petit blond essuya ses dernières larmes sur la manche de son pull et soutenait son regard.
- Pourquoi tu crois que j'ai tué Evan ? C'est le policier qui t'a mis ça dans le crâne ?
- Non, c'est pas lui. Enfin il m'a parler de tes déplacements de la soirée et je me suis souvenu que tu avais disparu avant minuit.
Le brun arqua un sourcil.
- Ce n'est pas moi qui ai disparu, c'est toi qui es allé te coucher. Donc ça paraît évident que j'ai disparu puisque j'ai pas dormi avec toi.
- Tu sais très bien de quoi je parle ! S'emporta William. Je me souviens de rien après que tu m'ai emmenée dans une autre chambre. Tu... il aurait pu se passer n'importe quoi ! J'ai peur que t'ai fait ça juste pour me protéger. Je veux pas que t'ailles en prison à cause de moi !
Le silence se prolongea entre eux et Maxime resta cloué sur place. Le petit blond le croyait coupable. William le fixait de ses grands yeux bleus et attendait visiblement qu'il parle.
- Willy, j'ai pas tué Evan. Ouais il t'a fait des trucs dégueulasses mais j'ai jamais eu l'intention de régler ce problème comme ça, crois moi.
William resta immobile face à Maxime.
- J'ai... j'ai dit à Valentine que j'avais tué Evan.
- T'as fait quoi ?! Hurla Maxime.
Il attrapa son meilleur ami par le bras avant de le tirer vers les toilettes du troisième étage. Il ne manquerait plus que le policier entende leur conversation de l'autre côté de la porte. Une fois dans les toilettes, Maxime se tourna vers William. Ce dernier était appuyé contre le mur, la tête dans les mains.
- Elle t'as cru ? Demanda prudemment le brun.
- Je sais pas... J'ai pas pu lui dire ! J'ai tellement honte.
Un reniflement échappa au blond. Il avait tout avoué au policier mais n'avait rien pu dire à sa petite amie. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?
- Dis William... y'a pas quelque chose que tu me cache ?
Le jeune homme baissa la tête face au regard de son meilleur ami, essuyant avec sa manche les larmes sur ses joues. Il sentit la main d'Evan de glisser le long de son ventre, sous son pull et il secoua brusquement la tête de gauche à droite.
- Y'a rien.
- Ne me mens pas. Ça fait des années qu'on se connaît, je sais que tu me cache quelque chose.
Le corps de Maxime se rapprocha du sien. Un frisson de peur le traversa quand le jeune homme glissa ses mains sur ses joues humides.
- Dis-moi tout.
- Je ne peux pas.
Une pression sur son visage lui fit lever la tête et ses yeux rencontrèrent ceux de Maxime. Le brun passait souvent pour une brute arrogante et sans cœur mais il était tout le contraire. Il souhaitait vraiment le protéger. Dans ses prunelles, William lu toute l'inquiétude de son ami.
- C'est en rapport avec Evan ?
Il hocha la tête, incapable de parler.
- C'était pendant la soirée ?
Ses dents maltraitaient sa lèvre alors qu'il acquiesça. Le fait que Maxime devine par lui-même lui semblait être le seul moyen pour oser en parler. Le petit blond fixait le brun qui réfléchissait, ses épais sourcils froncés.
- C'était avant minuit, tu agissais bizarrement et tu voulais tuer Evan...
Ses yeux s'écarquillèrent soudain de terreur.
- William pitié dis-moi qu'il t'as pas touché !
- Non, il n'a pas eu le temps.
La prise autour de son visage se resserra. Maxime enrageait.
- Mais il a essayé ? Sa voix était descendue dans les graves.
Hochement de tête. William se retrouva d'un coup plaqué contre le torse de son meilleur ami. Une vague de soulagement le traversa tout entier. Maxime ne le rejetait pas, bien sûr qu'il n'allait pas le faire. Mais il avait eu si peur.
- Pourquoi tu m'en a pas parlé ?
- J'avais trop peur de ta réaction. Je suis désolé.
Le blond entendit sa profonde respiration et ferma les yeux quand la main de Maxime se glissa dans ses cheveux. C'était tellement apaisant après cette dernière heure qui avait mis tout son être à rude épreuve. Cela faisait des années que son meilleur ami le protégeait comme un grand frère. Ils comptaient l'un sur l'autre, toujours. Il était soulagé d'avoir enfin réussi à tout lui dire.
- Tu l'as dit au policier ?
- Oui, j'ai pas trop eu le choix.
- Et à Valentine ?
- Non, je suis pas prêt.
Elle n'était au courant de rien, même pas pour son harcèlement. Si un jour il voudrait lui expliquer ce qu'il s'était réellement passé le trois janvier, il devra lui parler de tout et ça le terrorisait.
***
Valentine quitta sa salle d'anglais quand la sonnerie de 16h retentie. Elle avait fini sa journée de cours mais c'était comme si elle n'y avait pas mis les pieds, ressassant les récents évènements en boucle. Le fait que son petit ami ait été cherché plus tôt dans l'après-midi par les surveillants ne l'avait pas aidé à se concentrer.
Les paroles de William tournaient en boucle dans son esprit. Elle ne le croyait pas coupable, elle ne le voulait pas. Imaginer son petit ami en tueur était impossible, il n'aurait jamais fait une chose pareille. Il l'évitait depuis leur discussion et la situation commençait à lui échapper, elle détestait ça.
- Valentine !
La jeune femme se retourna vers l'origine de la voix et son sang ne fit qu'un tour en apercevant Maxime. Elle l'attrapa par le col de son pull et le plaqua contre le mur dès qu'il fut à sa porter.
- Je te jure que je rigole pas. T'as intérêt à tout me dire. Je commence à en avoir marre d'être la dernière au courant de choses qui concernent mon petit ami.
Le brun avait les yeux écarquillés de surprise. Il ne s'attendait pas à un pareil accueil.
- C'est pour ça que je suis là. William veut te parler, il est à l'endroit habituel.
Elle relâcha sa prise sur le col du brun et se dirigea vers les toilettes du troisième étage. Son petit ami se réfugiait toujours là-bas quand il n'allait pas bien. Elle poussa la porte sans bruit et les sanglots de William lui brisèrent le cœur.
Elle s'approcha de lui sans qu'il ne la remarque. Le blond avait la tête cachée entre ses bras posés sur ses genoux. Valentine s'accroupit à côté de lui et glissa ses bras sur ceux de William. La rousse l'enlaça avec force et le blond posa sa tête contre son cœur.
- Je... il y a quelque chose dont j'aurais dû te parler et...
- Chut... viens on en parle pas.
Il se tu et ferma les yeux contre le corps de Valentine, soulagé que son cauchemar se termine. Même mort Evan avait trouvé le moyen de continuer à le persécuter. Cependant, maintenant que l'abcès était percé, William avait envie de lui parler, de tout lui expliquer, de s'excuser, de demander avec espoir si la rousse l'aimait encore. Le fait qu'elle lui laisse le choix de ne rien lui dire l'encourageait encore davantage.
- Evan m'harcelait.
- Je le sais.
Sa voix le figea sur place.
- Tu me déteste pas ? Demanda-t-il, tournant sa tête vers celle de la rousse qui lui souriait.
- Bien sûr que non. Tu n'étais pas responsable des actes de quelqu'un d'autre. C'est Axel qui m'a tout dit et Edgar me l'a confirmé.
- Je suis désolé de t'avoir rien dit mais j'avais trop peur d'Evan... il me disait toujours que tu m'aimeras plus quand tu apprendras qu'il m'harcelait.
- J'espère que t'es pas trop déçu que ce soit pas le cas.
À présent elle comprenait mieux les agissements de William depuis le trois janvier. Le jeune homme avait refusé qu'elle enquête pour protéger son secret par peur qu'elle le rejette. Quand il lui avait avoué avoir voulu et avoir tué Evan, ce n'était pas pour rien. Il était devenu un enfer pour lui.
- Je ne l'ai pas tué, glissa William comme s'il avait deviné ce qu'elle pensait. J'ai préféré te mentir que te dire tout ça.
Mais si William n'était pas responsable, qui ?
Maxime entra soudainement dans la pièce et adressa un sourire au couple.
- Il était temps que vous vous reparliez.
- Pourquoi tu m'en a pas parlé plutôt ? L'accusa Valentine sans relever sa remarque.
- Je lui ai fait jurer de rien dire.
L'adolescente tourna la tête vers son petit ami qui soutint son regard. Elle grogna mais n'ajouta rien. De toute manière elle était mal placée pour faire des remarques, elle n'avait même pas réussi à tirer les vers du nez de son petit ami.
Cependant la phrase d'Axel ne la lâchait pas. "La où il n'aurait pas dû être. Avec Evan. Dans le même lit." Pourquoi avait-elle l'horrible sensation que ce qu'il disait était vrai ?
***
À l'étage du dessous, Éric finissait de noter ce qu'il apprit lors de l'interrogatoire du petit blond. Il se sentait incapable de réfléchir correctement tant la scène qu'il venait de vivre tournait encore en boucle dans son esprit. Cependant, il entoura le prénom de Maxime en rouge sur son cahier. Les déplacements du jeune homme étaient flous vers minuit, pile dans le créneau horaire du meurtre.
Se pourrait-il que Maxime soit passé à l'action, incapable de supporter plus longtemps ce qu'Evan faisait subir à son meilleur ami ? L'enquêteur devait le revoir pour en être sûr.
Il soupira et s'adossa sur sa chaise. Au lieu de devenir plus facile, le puzzle de l'enquête devenait toujours plus grand, comme s'il on rajoutait des pièces encore et encore. Éric n'avait pas encore trouvé le moyen de les imbriquer les unes aux autres. Néanmoins il devait y avoir un lien, il y en avait toujours un.
Plus les révélations tombaient, plus le portait d'Evan se tachait de noir. Il semblait avoir fait souffrir tellement de personnes autour de lui. À l'heure actuelle, Éric ne voyait toujours aucun lien, à part la présence néfaste d'Evan dans la vie des autres. Peut-être que c'était tout ? Un trop plein de colère envers un adolescent haïs de tous.
Le policier n'était pourtant pas convaincu. Il y avait forcément quelque chose d'autre, une pièce plus grande que les autres, celle qui expliquait les évènements jusqu'à meurtre, qui donnait une consistance à cette escalade de violence qui avait conduit au cadavre d'Evan flottant dans la piscine.
Il avait le sentiment qu'on ne lui disait pas tout... Qui pouvait détenir un tel secret capable d'aboutir au meurtre de l'adolescent ? À chaque interrogatoire et chaque révélation, Éric avait l'impression d'avoir trouvé sa pièce de puzzle, mais elle lui filait toujours entre les doigts. C'était terriblement agaçant.
Comment toute cette histoire allait se finir ? Il en venait même à se demander si c'était une bonne idée de poser la question. Il posa ses yeux sur sa montre quand la sonnerie retenti, 17h40. Les cours étaient terminés pour aujourd'hui. Éric s'étira avant de commencer à ranger ses affaires. Le lendemain matin, il aurait des choses à dire à Maxime.
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