Travis

Depuis que je sais que la protégée de Spider n’est personne autre que ma petite sœur de cœur, Anastasia, autant dire que je ne la lâche pas un seul instant des yeux. Il faut constamment que je l’ai dans mon champ de vision pour ma santé mentale, j’ai beaucoup trop peur que tout ça ne soit qu’un mirage et je sais très bien que si c’est le cas, je m’en remettrais pas.

Ça m’est déjà arrivé lors de ma période d’isolement. Elle était là, face à moi, de temps en temps en pleine forme puis finalement avec l’apparence d’une junkie si ce n’est pas, de temps en temps, pleine de sang. Et a chaque fois elle se mettait à pleurer, à demander pourquoi je suis parti, pourquoi je l’ai abandonné comme ça, avec tout ce qu’elle m’avait raconter.

Et comme souvent, je finissais sur le sol, recourbé sur moi-même en pleurant et murmurant que je suis désolé, encore et encore, jusqu’à ce que je m’endorme épuisé par mes larmes.
Alors je suis là, comme un con, à l’épier comme un putain de psychopathe, prêt à sauter à la gorge au moindre type au comportement suspect.

Spider m’a déjà dit d’aller la voir pour lui parler, mais j’ai beaucoup trop peur qu’elle m’en veuille pour lui adresser la parole. Parfois j’ai envie de rire de ma connerie, j’ai affronté la prison, chose que je fais encore, survécu à des années dans les rues à dealer avec des camés tous plus dangereux les uns que les autres et pourtant, j’ai peur d’une gamine à peine majeure.

Mais cette gosse est la personne la plus importante de mon univers, ma seule et unique famille, je pourrais mourir pour elle comme je n’aurais plus aucune raison de vivre si elle venait à me tourner le dos.

Mais cette distance m’a permis de voir à quel point elle a changé. D’un point de vue physique c’est même certains car elle a grandi comme toute personne normalement constituée, ce qu’il fait de ses formes, qui était invisible avant son adolescence, ce sont développées.

Ses cheveux n’ont pas changé si ce n’est qu’ils sont désormais plus long, en même temps des années dans un centre pénitencier quel qu’il soit ne permet pas d’aller faire un tour chez le coiffeur.

Mais son caractère a également évolué. Je me rappel très bien que la jeune fille chétive, qui bien qu’elle soit courageuse pour une petite d’une dizaine d’année, se retenait autant que possible de se faire dessus. Maintenant elle semble sûre d’elle, combative comme j’en ai rarement vue et doté d’une intelligence qui n’a fait que s’approfondir depuis que nous nous sommes rencontrés.

Actuellement, je la regarde discuter avec Flora dans un petit coin relativement à l’abris des oreilles indiscrètes. Leurs complicités dans ce monde de brute me fait chaud au cœur mais dans ma tête, il y a toujours cette petite voix qui relate tout ce que Spider à pu me raconter depuis qu’elle est ici.

Le passage à tabac par les gardiens pour je ne sais quelle raison, l’altercation avec les trois nunuches, les menaces a peine voilées et pour finir, sa cellule mise sans dessus-dessous par une personne dont nous ignorons encore l’identité.

J’aimerais beaucoup pouvoir la protégée de toutes menaces probables mais je sais qu’elle serait plus du genre à m’en mettre une plutôt qu’accepter mon aide. Déjà il faudrait déjà que j’aille la voir et lui parler entre quatre yeux.

C’est lorsque je vois Flora rejoindre son groupe et Anastasia me tourner le dos pour aller se poser à son endroit habituel que j’en profite pour aller la voir, lui montrer qu’avec tout ce temps passer je ne l’ai pas oublié et surtout, renouer le contact avec elle.

N’étant pas suicidaire, j’attends qu’elle soit face à moi pour me manifester d’un simple raclement de gorge. Je me vois pas la prendre dans mes bras d’un coup ou lui tenir l’épaule comme j’avais fait lors de notre première rencontre.

Je la vois regarder mes pieds dans un premier temps puis remonter doucement son regard sur mon corps. Elle a un moment d’arrêt sur mon nom de famille lui fini par croiser ses yeux avec les miens.

Et bien que je m’attendisse à toutes les possibilités, j’avoue que je suis surpris de me retrouver tout de suite à terre à cause d’un coup de poing en pleine mâchoire suivit d’un tabassage en règle avec des coups de ventre et des insultes à foisons.

Je repère mes amis au coin de l’œil qui semble vouloir s’approcher, prêt à me venir en aide mais je les stops d’un geste du bras. C’est une histoire entre elle et moi, personne d’autre n’a besoin d’interférer.

Une fois que les coups ont finis de pleuvoir, je me lève douloureusement non sans cracher un peu de sang à mes pieds. La vache elle frappe fort quand-même ! Après avoir essuyer le sang qui dégouline sur mon menton à l’aide de ma manche, je me tiens devant elle, prêt pour le second round.

- Tasia… dis-je d’une voix rauque dû à la douleur

Si je n’ai pas senti le premier coup que je reçois sur le torse, les suivants me font reculer d’un pas. Mais voyant les larmes inondant ses joues, je sers mes bras tout autour d’elle et pose ma tête sur la sienne, attendant qu’elle finisse de décharger sa colère pour ensuite, reprendre sur des bonnes bases.

- Tu… tu n’as pas le droit de m’appeler comme ça… tu n’as plus le droit ! dit-elle d’une voix étranglée.

Ce qu’elle me dit de fait mal au cœur, mais je sais qu’elle a vécu ma « disparition » comme un abandon. Si elle pensait au départ que je suis mort à cause d’un drogué, le fait qu’on n’ait pas trouvé mon corps lui a fait comprendre que ce n’est pas le cas. Mais je dois maintenant lui faire comprendre que je n’ai jamais voulu ça, et pour cela, il ne me reste qu’une chose à faire : m’excuser.

- Je suis désolé, dis-je doucement, en déposant un baiser sur ses cheveux, je suis désolé de t’avoir laissé comme ça, je vais tout te raconter, c’est promis, je ne voulais pas te laisser, si j’aurais pu, tu serais parti avec moi loin de Camden, je te promets que je ne voulais pas partir, je ne partirais plus jamais loin de toi, plus jamais.

Je continue de la câliner malgré les quelques moments où elle tente de me repousser, en vain, c’est finalement une fois qu’elle est calmée que je lui dis que je vais la porter et l’emmener dans ma cellule pour qu’on soit au calme et qu’on puisse parler tranquillement sans avoir de spectateurs curieux. A ces mots, Anastasia dépose ses bras autour de mon cou puis saute contre moi pour enrouler ses jambes autour de mon bassin.

Après avoir placer mes bras sous ses cuisses pour avoir une bonne prise et ainsi éviter qu’elle ne tombe, je nous conduis vers ma cellule d’un pas tranquille en lui murmurant quelques paroles sans grande importance.

Une fois sur place, je la dépose sur mon lit puis part en direction de ma pile de linge propre pour prendre des objets qui ne me quitte jamais depuis que je suis enfermé. Sans rien dire, je m’installe à ses côtés puis lui tend.

- J’ai tout gardé de ce qui te concerne. Dis-je en passant une main sur mes cheveux courts. Je les regarde tous les jours en pensant au jour où je te verrais de nouveau face à moi

Je l’observe regarder attentivement chaque photo ou même les dessins qu’elle me faisait durant nos moments à deux qui, bien que de courte durée, nous permettait de couper le temps pour enfin nous permettre de renouer avec l’enfant que nous étions.

C’est ainsi que l’on s’est mis à parler de notre première sortie dans la ville d’a côté alors que la foire venait de débarquer, nous avions mis le moindre centime possible de côté pour cette journée idyllique, nous nous mettons même à rire en nous souvenant les têtes des forains lorsqu’on payait une attraction avec des petites pièces.

Pour en revenir à notre situation actuelle, je me mets à répondre à toutes ces questions tels que :
1°) Pourquoi je suis ici
2°) Combien j’ai pris et ce qu’il me reste
3°) Ce que je compte faire une fois sortie de ce trou

Je n’omets pas la proposition de Spider, même si, à sa tête, elle ne comprend absolument rien. Malheureusement je ne peux pas en dire plus alors je lui annonce simplement que Spider ne fera le moment opportun.

Nous finissons par nous allonger sur la couchette et parler de tous les sujets possibles, profitant simplement du contact de l’autre et du plaisir de nous être retrouver pour ne plus, je l’espère, se lâcher de sitôt.

C’est lorsque je sens que la tête d’Anastasia se fait plus lourde que je comprends qu’elle vient de s’endormir. Je reste quelques minutes à la regarder en lui caressant les cheveux avant de me décidé de la porter et la ramener dans sa chambre.

Je ne suis pas surpris de me retrouver escorter par Spider, Luis, Hiro et Daniel alors que je viens à peine de sortir avec Anastasia dans les bras.
Sur la route et bien qu’elle soit courte, je repère sans mal l’attitude de Spider, celui-ci aimerait soit m’arracher ma petite sœur de cœur des bras ou même faire en sorte que je ne pourrais plus jamais la toucher d’une quelconque manière.

Ça ce voit clairement à cause de ses poings qu’il serre et desserre de manière incontrôlé. Sans parler de sa mâchoire qui est crispé au possible. Visiblement, cette histoire de protection n’est vraiment pas anodine, il faut que j’en ai le cœur net. Une fois Anastasia allongée et couverte d’une couette, nous partons tous pour la cour afin de prendre un bon bol d’air frais avant le repas du soir.

Néanmoins, je stoppe Spider sur sa lancée en lui attrapant l’avant-bras, je dois connaitre ses intentions envers elle, rapidement. S’il commence à me regarder d’une manière surprise avec mon geste, je n’ai pas besoin de me mettre à parler avant qu’il ne pousse un soupir et commence à ouvrir la bouche.

- Ne me force pas à te répondre, me dit-il
- Et toi ne me force pas à te faire cracher le morceau
- Je ne sais pas ce que je ressens pour elle, mais une chose est sûre, je ne veux pas que ça s’arrête
- Oublis pas un truc Spider, je t’apprécie beaucoup, surtout avec la chance d’avoir une famille que tu me fais miroiter à ma sortie, mais une chose est certaine, si je dois te tuer parce que tu lui as fait du mal je le ferais, sans hésiter.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre quoi que ce soit que je rejoins les autres dehors. Je vais l’avoir à l’œil plus que nécessaire, mais je veux être sûr qu’il soit avec elle pour des bonnes raisons, si cela découle sur une histoire, il sera le premier pour Anastasia, et j’espère bien le dernier.