La porte d'Akhessaa

La jeune femme courait dans le dédale sombre et oppressant de son esprit depuis maintenant plus d'une heure. Elle s'était perdue plusieurs fois, et avait du à maintes reprises rebrousser chemin.

Alors c'était ça "apprendre à se connaître ?"

Quand son mentor, un éminent magicien du royaume, lui avait annoncé qu'il était temps qu'elle se soumette à l'Épreuve, elle ne s'attendait pas à ce genre de chose. Elle pensait qu'explorer les méandres de son subconscient serait intéressant, voire même drôle !

Mais au lieu d'amusement, elle déambulait sans but dans des couloirs obscurs et étriqués, construits sans logique apparente. Elle n'était pas de nature impressionnable, mais être bloquée là-dedans devenait réellement angoissant.

L'éternelle litanie du mage lui revint en tête.

"L'imagination est la clé. L'imagination permet de s'évader de tout."

Certes, elle était entièrement d'accord avec ses propos. Mais, en ce moment précis, l'imagination jouait apparemment à cache-cache.

La peur en revanche avait bel et bien pris ses quartiers. Le découragement s'installait aussi à la table et la panique n'allait pas tarder à les rejoindre, pour un fabuleux dessert de larmes et de cris.

- Bon, on se calme, renifla-t-elle.

Bien décidée à se ressaisir, elle avança de quelques mètres. Une drôle de lueur vacillait au loin.

Timidement, la jeune fille approcha.

Elle se trouva devant une porte. La porte la plus étrange qu'elle n'ait jamais vue. Instinctivement, elle posa ses mains sur la gigantesque poignée lumineuse. Ses doigts rencontrèrent alors un matériau inconnu. Ni froid, ni chaud. Ni dur, ni mou. Une sensation inédite la traversa, des millions de petites bulles d'émotions explosèrent en elle. Elle ôta vivement sa paume et examina l'insolite construction qui s'érigeait devant elle.

La porte ne possédait pas une, mais plusieurs serrures, une multitude. Chacune d'une teinte différente. Certaines clignotaient, d'autres tournaient sur elles-mêmes. Toutes renfermaient en leur sein des images animées.

La jeune femme, curieuse, regarda à travers une serrure vert pâle. Une mélodie douce emplit immédiatement l'air. Le son était pur et cristallin. Elle aurait pu rester des heures à le contempler.

"Contempler un son ? Mais c'est insensé." pensa-t-elle brièvement, avant de se tourner vers une serrure adjacente, bleu turquoise.

Celle-ci contenait un océan. D'étonnants poissons bariolés nageaient paisiblement sous ses yeux.

Par une autre ouverture, elle aperçut des dragons qui crachaient du feu au milieu d'une foule en liesse. Un peu effrayée, elle ne s'en approcha pas.

Elle jeta alors son dévolu sur une autre serrure, rosée cette fois. Une serrure au goût de sucre glace, de beignet au chocolat, et de pomme d'amour. Une serrure délicieusement régressive.

Frustrant horriblement ses papilles, elle s'extirpa avec regret et se blottit dans une serrure en coton, qui sentait bon la lessive et les fleurs des champs.

Épuisée par sa longue errance, elle s'endormit.

Quand elle se réveilla, elle distingua d'abord la longue barbe grise de son mentor. Il lui souriait.

Fièrement, il lui remit un petit carnet marron et un joli crayon.

"Félicitations, lui annonça-t-il doucement. Tu as réussi l'Épreuve. Tu as plongé avec brio dans le monde de l'imaginaire. Tu es à présent un écrivain."

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