Jour 4

Le réveil n'a pas sonné. Elle va être en retard. Elle court ce matin.

La ville semble déserte, complètement abandonnée, voilée même, mais elle est tellement pressée.

Son laboratoire l'attend. Sa recherche sur le point d'aboutir. Des années de travail.

Elle récapitule en courant : les atomes, essentiellement constitués de vide ... la matière, pratiquement condensée dans le noyau ... si on supprimait le vide dans le corps d'une personne, c'est moins d'un millionième de millimètre cube qui resterait, qui pèserait ...

Elle rêve, elle essaye d'imaginer ... moins d'un millionième de millimètre cube et tout le reste vide, vide, c'est à dire rien, lacune, néant !

Elle ferme les yeux, les ouvre ... ce qui s'offre à son regard la laisse totalement désorientée.

Devant elle, un désert, pas un désert avec du sable, des dunes, des oasis ou des chameaux, mais plutôt une pâle transparence comme celle d'une vitre parfaitement astiquée.

Et au – delà de cette vitre ! ... Elle regarde avec attention, prend ses lunettes, les enlève, les nettoie, les remet sur ses yeux médusés ... il n'y a plus rien, plus d'arbres, plus de maisons, plus de murs, plus d'humains même !

Son regard troue l'espace comme si chaque atome immobile, figé, se laissait traverser.

Jour final

Le vide, ce vide qu'elle voulait maîtriser l'envahit, plus aucune matière, aucune particule visible, le vide pur, le vide absolu.

Son esprit détaché s'étale, se perd insensiblement dans l'infini.

Elle est sereine, ses recherches ont enfin abouti.