Chapitre 3

Un blanc s'installe entre nous. C'est à mon tour de pencher la tête sur le côté, ne voulant pas comprenant sa demande. Il sourit et se recule sans me quitter du regard. Je cligne plusieurs fois des yeux, essayant de revenir à la réalité.

"J'aimerais te prendre en photo, je cherche un modèle comme toi depuis longtemps."

Acceptant de comprendre enfin sa proposition, je me recule d'un coup, décontenancé. Ça voudrait dire qu'il va voir mon corps ? Non, hors de question. Je secoue violemment la tête avant de me lever et de partir sans même prendre le temps de ranger mes affaires. Je ne prends que mon sac et cours loin de lui.

Non, non. Hors de question qu'il me voit ou même me touche. Les souvenirs affluent dans mon esprit rendant ma vision trouble. Bousculant plusieurs personnes sur mon passage, j'entends Éric m'appeler au loin. Je n'en tiens pas compte, et m'enfui loin de ce monde. Je préfère rentrer chez moi et rester loin de tout danger. Ces personnes ne sont pas bonnes pour moi et ma santé. Oui, je dois rester loin de tout ça, je ne veux pas que tout recommence.

Je sais qu'il ne me suit pas, j'ai pu l'apercevoir s'arrêter aux côtés d'Éric qui avait l'air un peu énervé. Je me demande pourquoi ? Mais je ne pense pas plus à ça et marche rapidement jusqu'à chez-moi.

Cependant, en arrivant dans mon appartement, la seule chose que je pense à faire, c'est appeler Noah, mon meilleur ami. C'est la seule personne à avoir été là depuis le début. Qui ne m'a jamais abandonné et m'a fait remonter la pente.

"Noah...." Pleurais-je au téléphone.

"J'arrive" dit-il avant de raccrocher.

Je me recroqueville sur mon canapé attendant mon ami, la tête coincer entre mes bras posés sur les genoux. Je pleure en silence, secoué par moment par des tremblements incontrôlés. Je joue désespérément avec une de mes bagues autour de mes doigts.

Je pensais avoir dépassé tout ça, mais j'aurai dû m'en douter, on ne peut pas oublier son passé. Je me rappelle de chaque douleur, chaque attouchement, chaque cicatrice, chaque regard, chaque parole à mon égard.

J'entends la porte de mon appartement claquer et la seconde suivante une voix rassurante emplie la pièce. Cette fois, je pleure franchement relevant la tête, je tends mes bras vers mon ami qui n'hésite pas, une seule seconde, pour me serrer dans ses bras.

"Je suis là, Priam" dit-il en caressant mes cheveux.

J'enfouis mon visage dans son cou, serrant son sweat avec mes doigts. J'essaye de chasser les souvenirs qui viennent par flash dans mon esprit, mais rien n'y fais. Je sens ma respiration se faire plus difficile et sifflante.

"Priam, regarde moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" Demande Noah en essuyant mes larmes.

"Il...mais....et puis..puis je..."

Mais je finis par secouer la tête essayant de me réfugier une nouvelle fois dans ses bras, mais il m'en empêche. C'est toujours comme ça, il doit savoir ce qu'il m'arrive avant de m'aider. Et c'est vrai qu'en faisant ça, il sait parfaitement comment réagir par la suite.

"Non, Priam, dit moi." Insiste-t-il.

"Il m'a demandé d'être son modèle photo." Finis-je par dire, après un moment où j'ai réussi à me calmer.

"Qui ?"

"Lui" dis-je en regardant derrière Noah.

Attendez quoi ? Je recule en repoussant fortement Noah le faisant tomber au sol, sur ses fesses. Qu'est-ce qu'il fait là ? M'a-t-il suivi ? Nan, je suis quasiment certain qu'il était resté avec Éric, sur le campus.

"Je suis désolé, Priam. Mon but n'était pas de te faire peur, si ma demande est infaisable pour toi ce n'est rien."

"Il accepte !" Cri mon ami en se relevant.

L'homme dévit son regard vers Noah, l'observant avant de s'avancer vers lui. Il lui tend sa main, que Noah s'empresse de serrer en se présentant maladroitement. Il n'y a que moi qui trouve sa louche qu'un mec que je connais à peine, se trouve chez moi ?

"Moi, c'est Noah, son meilleur ami. Et...Priam a du mal avec son..."

"Rien, et je retire ma demande, c'était déplacé de ma part aussi." M'empressais-je de dire avant de me relever, essuyant mes larmes.

"Priam, ça pourrait t'aider..." Commence Noah, mais mon regard se fait plus dure faisant se taire mon ami.

"Je suis venu te rendre ça." Fini par dire l'homme, il me tend mon calepin et mon crayon.

Je les attrape fébrilement avant de le remercier rapidement. Il me sourit avant de se reculer pour sortir de chez moi. Ok, je penserais à bien verrouiller la porte à l'avenir.

"Je vais laisser ma condition d'actualité, quand tu te sentiras prêt fait moi signe." Dit-il avant de fermer la porte d'entrée derrière lui.

"C'était quoi ça !?" Cri Noah en me regardant les yeux écarquillés.

Je lui tends mon carnet qu'il prend avant de l'ouvrir. Il parcourt les pages avant de tomber sur les portraits de cet homme qui m'obsède depuis la première fois que je l'ai rencontré, ou du moins, entendu.

"Qui est-il ?" Demande Noah, plus doucement.

"Je n'en sais rien, je l'ai rencontré à la fac. Après avoir entendu sa voix, j'ai imaginé à quoi il ressemblait et cette image a germé dans mon esprit et depuis ce jour, je n'arrête pas de le dessiner à chaque fois que j'ai un crayon en main." Dis-je dépité.

"Tu devrais accepter." Me conseille mon ami avant de me rendre le calepin, un sourire tendre sur les lèvres.

Je l'attrape et le range dans mon sac. Je vais m'asseoir sur le canapé avant de rapprocher mes genoux de mon menton. J'entoure mes jambes de mes bras avant de poser ma joue contre ces dernières.

"J'ai envie de guérir Noah..." Dis-je avant de fermer les yeux. "Mais je ne le connais même pas, une chose en moi me dit de me tenir loin de lui..."

Tout de suite, l'image de l'homme me vient à l'esprit. Aujourd'hui, j'ai pu apercevoir des tatouages sur son corps. J'imagine ses tatouages épouser parfaitement son corps musclé après des années à s'entraîner pour arriver à ce résultat plus que satisfaisant à mes yeux. Sur son cou, une inscription en latin épousait parfaitement sa jugulaire, sur son avant-bras aussi, il y avait des tatouages, mais je n'ai pu en distinguer les formes. Sa main aussi, il me semble, était taché d'encre. Je me demande s'il en a ailleurs ? 

Je souffle en essayant de chasser son image de ma tête, en vain. Il a piqué ma curiosité, il a l'air si inaccessible alors qu'il ne me fuit pas du tout. C'est plutôt moi qui le fuis. Je me demande ce qu'il peut me trouver, moi, Priam ? Je ne suis qu'un simple étudiant qui essaye de s'en sortir malgré un passé très douloureux et traumatisant. Et puis, n'est-ce pas bizarre qu'il vienne à moi ? Même son ami est direct venu me voir comme si on se connaissait depuis des années.

Devrais-je accepter ? Est-ce que ça pourrait réellement m'aider ? Rien que d'y penser ça me donne la nausée. Lui est si parfait, comment pourrait-il ne pas se moquer de moi ? Pire, montrer les photos à ses amis, les mettre sur Internet. Non, je ne le connais pas si bien que ça. Tout ça finirait par me détruire définitivement. Je ne veux pas tenter le diable. Je ne suis pas assez fort pour en supporter davantage.

Je sursaute en entendant mon téléphone sonner. Je le prends sans trop de conditions pour voir qui m'appelle. Je tape mon front plusieurs fois contre mes genoux avant de décrocher en soufflant fortement.

"Allô, maman ?" Dis-je en serrant les dents.

"Mon chéri, tu vas pouvoir venir cette fois ? Tu sais, j'ai essayé de faire en sorte de prévoir un repas que tu apprécierais de manger." Dit ma génitrice avec une voix mielleuse.

"Je ne peux pas venir, je viens de reprendre les cours. J'ai beaucoup de devoirs..."

"Quoi ? Mais une raison de plus de passer nous voir. On pourra fêter ça !" Annonce-t-elle en me coupant la parole.

"Non." Dis-je avant de raccrocher.

Je balance mon téléphone plus loin sur le canapé et frotte mes mains sur mon visage. J'en ai marre, elle ne veut pas me laisser tranquille. Elle ne me laissera jamais tranquille. Elle revient du jour au lendemain et elle croit que je vais lui pardonner aussi facilement.

Après tout ce qu'il s'est passé, comment lui faire confiance ? Elle a quitté son mari, mon géniteur, mais ça ne suffit pas à effacer tout ça. Elle s'est laissé faire, a participé, elle...elle...je ne la pardonnerai jamais.

Le jour où j'ai été envoyé dans cet endroit, j'ai cru qu'ils allaient venir m'aider. Mais j'ai très vite compris qu'ils m'y ont envoyé. Au début, je ne comprenais pas pourquoi je pensais que c'était mon homosexualité, mais non. Le discours que tenait l'homme qui me torturait était tellement incohérent.

J'ai fini par abandonner, je ne voulais pas comprendre. Même si les questions sans réponses se bousculent dans ma tête, et que ça m'empêche d'avancer réellement dans la vie, je ne veux rien savoir, j'ai trop peur de ce que je pourrais découvrir.

Je finis par sortir de mes pensées pour vérifier l'heure sur mon téléphone, il est déjà vingt heures passé. Je vais me préparer un petit repas et j'irais me doucher. J'ai besoin de repos, je pensais que ma journée se terminerait bien, me voilà bien con.

"Priam ?" Je sursaute en entendant la voix de Noah, j'ai oublié sa présence, quel con. "C'était elle ?" Je hoche la tête en soufflant. "Ne donne pas raison à ta famille et gagne ce combat contre tes traumas. Si tu as peur de ce gars, apprends à le connaître, ça t'aidera à y voir plus clair et puis je ne te lâcherais pas. Au moindre problème, je serais là pour t'aider !"

Il a raison, je ne vais pas me laisser aller, il ne faut pas que j'abandonne ma bonne volonté. J'ai promis à Noah de ne pas lâcher prise. Je dois m'y tenir.

"Je vais essayer, Noah. Merci d'être mon ami !" Dis-je en lui faisant une accolade.

Je souris et me lève pour nous préparer à manger. Une salade devrait suffire, je n'ai pas très faim de toute manière. Ma fin de journée m'a quelque peu coupé l'appétit, mais je dois faire des efforts.

Une fois la salade prête, je mets le tout sur la table souhaitant bon appétit à mon ami. Appréciant le goût de la sauce que j'ai acheté il y a quelques jours, je souris mènent de bon cœur.

Je range la vaisselle après la fin de notre repas et me dirige dans la salle d'eau pour me doucher après avoir salué mon ami qui devait rentrer chez lui.

Une fois nu, je me regarde dans le petit miroir, je vois simplement ma tête. J'ai l'air si fatigué, j'ai d'énormes cernes, la peau blanche alors que d'ordinaire, j'ai un teint hâlé. Mes cheveux ont l'air ternes, ils ont perdu de leur éclat naturel, pourtant la couleur orange était la seule chose que j'aimais chez moi. Roux avec quelques taches de rousseur qui rendait ma peau attractive, malgré mon teint hâlé. Je dois faire un effort physique, avant tout ça, j'ai toujours aimé prendre soin de moi et de mon apparence. J'aime la mode, d'ailleurs je fais quand même attention a ce que je mets, même si je fais attention à ne pas montrer mon corps. J'ai la peau sur les os, des cicatrices qui ne partiront jamais partout sur le corps. Je le savais, on ne peut pas guérir d'un trauma.

Pourtant, je garde mes bijoux sur les doigts, oreilles et cou. Une part de moi n'abandonne pas, mais elle n'est pas assez forte pour me donner le courage d'être comme avant. Quelqu'un d'extravertie.

Quand je suis sortie de l'hôpital, je me suis longtemps demandé pourquoi Noah restait avec moi. Lui était comme avant, égal à lui-même. Un blond aux yeux verts qui ne laissait indifférent ni les femmes, ni les hommes. Il n'a pas changé sa façon de s'habiller. Ce qui était bien avant, c'est qu'on avait les mêmes goûts vestimentaires, on était un duo de choc. On adorait faire les boutiques ou même s'échanger nos vêtements. Bien sûr, notre amitié ne tenait pas qu'à ça, mais c'était la mode qui nous avait réunies. 

Et maintenant qu'est-ce qui nous réunit ?
--------------

Heyyy

Voici la suite, j'espère qu'elle vous a plu !

Un avis ?

Dites-moi si je vais trop vite ou trop lentement. Êtes-vous perdu dans l'histoire ?

À dimanche pour la suite !

Mymy

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top