Chapitre 1

"Présentez-vous, je vous prie."

"Je m'appelle Priam Zographos, j'ai 20 ans. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour avoir une chance d'entrer dans le cursus d'art. Je sais que je n'ai pas un CV complet, je n'ai ni fait de classe préparatoire, ni fait une filière adéquate au lycée. J'ai encore moins étudié depuis presque 2 ans, c'est-à-dire depuis l'obtention de mon diplôme à la fin du lycée. Cependant, je crois fortement être capable de répondre aux exigences de cette filière, de m'épanouir pleinement, mais surtout, de me permettre de réaliser mon rêve."

"Quel est votre rêve monsieur Zographos ?"

"La liberté."

"Je vois, pouvez-vous nous montrer vos œuvres ?"

Essayant de calmer ma respiration, je me lève afin de lancer le diaporama sur le projecteur. J'appuie sur le bouton de la télécommande et la première image apparaît sur l'écran précédemment blanc.

"Voici mon tout premier tableau, il représente mon plus beau souvenir pendant ma jeunesse." Je continue ainsi, en présentant toutes mes œuvres, espérant convaincre le jury.

Je finis ma présentation au bout d'une heure, qui m'a semblait interminable. Je ne sais pas quoi penser de ce que j'ai fait aujourd'hui. Je ne dois plus qu'attendre leur verdict.

"Merci, monsieur Zographos, vous pouvez y aller si vous n'avez rien à ajouter. Revenez ici, à 17 heures pour avoir notre réponse quant à votre candidature." Me sourit la seule femme du jury composer de deux autres hommes dont l'un doit avoir dépassé l'âge de travailler.

Je finis par hocher la tête en guise de remerciement avant de sortir de la pièce. Je souffle après avoir refermé la porte derrière moi. Je vois encore plusieurs candidats assis sur les chaises mis à disposition dans le couloir du campus. Je constate très rapidement que certains sont stressés de par leur comportement et d'autres le sont aussi, mais le cache, vainement, du moins pour moi.

Je débute ma route vers l'extérieur du bâtiment sous le regard craintif des autres candidats. J'affiche peut-être une attitude détendue, mais je ne le suis pas. J'ai peur d'être recalé et donc j'aurai tout perdu. Je n'ai pas de second choix. Mais ça ne sert à rien de ressasser tout ça. Je vais me changer les idées en allant marcher un peu dans le campus, puis j'essaierai de trouver un coin tranquille où me poser pour dessiner un peu.

Je rejoins le chemin qui fait le tour du campus, et débute ma promenade, observant chaque recoin de ce grand terrain. Il est réputé dans le pays, voir dans le monde. Il y a beaucoup d'étrangers qui viennent ici, soit grâce à leur talent, ou grâce à leur famille. Moi, je suis là par la sueur de mon front, je n'ai pas de famille pour m'épauler après tout. Même si j'en avais une, elle me servirait à rien.

Je remarque différents types d'étudiants. Les dernières années, joyeuses ou stressées qui parlent déjà de leur examen de fin d'année. Il y a les éternelles redoublant, certains ont l'air de s'acharner alors que d'autres n'en n'ont plus rien à faire. Puis il y a les "populaires" ? Je ne sais pas trop, ils ont l'air appréciés, mais pas imbus d'eux-mêmes, au contraire. Ils parlent et discutent avec tout le monde. D'ailleurs, l'un d'eux vient vers moi.

"Salut, je t'ai vu tout à l'heure entrer dans la salle d'examen, comment ça s'est passé ?" Me demande l'homme d'une vingtaine d'année avec un sourire presque communicatif.

"Aucune idée, je verrais bien tout à l'heure." Dis-je, en penchant la tête sur le côté, surpris qu'il entame une telle discussion avec moi.

"Ça te dit de nous rejoindre ? Tu pourras penser à autre chose en attendant les résultats." Dit-il sans quitter son sourire.

Je regarde derrière lui et vois plusieurs personnes du groupe nous regarder. Certains ont disparu, il ne reste plus que quatre ou cinq personnes, je n'arrive pas à tous les visualiser de ma position.

Il est étrange, pourquoi venir me voir alors qu'il n'est pas sûr que je sois pris ? Peut-être qu'il veut m'aider à ne pas penser aux résultats ou est-il un psychopathe ? Trop de question sans réponse, mon cerveau n'est pas prêt à ça.

"Je vais décliner ton offre, mais je te remercie." Refusai-je poliment sa demande avant d'amorcer mon éloignement, sans compter sur un nouvel individu qui s'approche de nous.

"Éric, tu n'en as pas marre d'emmerder les nouveaux ?"

Je reste bloqué, regardant le vide. Cette voix, elle m'a paralysé sur place, c'est étrange. Je n'ai pas peur, mais je suis incapable de tourner ma tête vers le propriétaire de cette voix. Je suis conscient de tout, et pourtant, je suis là à regarder le vide, dans un monde parallèle.

Une voix, grave remplie de douceur et de vécu. Tout de suite, un visage se forme dans mon esprit et une migraine atroce me fait grimacer.

"Bah quoi ? J'aide à les intégrer. Tu sais, c'est difficile quand on débarque dans un si grand campus." Le dit Eric hausse les épaules et reporte son attention vers moi, "Alors tu ne veux vraiment pas ?"

"Je passe mon tour." Lançais-je avant de m'éloigner d'eux sans me retourner.

Je marche encore un peu avant de trouver un lieu tranquille et vide de personne, étrange avec le monde qu'il y a dans ce campus. Mais je ne vais pas m'en plaindre. Je m'assois sur le seul banc de la place, repliant mes jambes, proche de mon torse, pour ensuite poser mon calepin contre mes cuisses. Je sors mon crayon et commence à tracer des lignes aléatoires. Je repense à la voix que je viens d'entendre.

C'est avec l'image de sa voix, oui, c'est étrange dit comme ça, que je dessine une forme de visage masculin. Je ne sais pas pourquoi, mais sa voix me sonne comme s'il avait du vécu. Même si, à ce moment-là, de l'amusement sonnait dans sa voix, il y avait tout de même un arrière-goût amer. Oui, en une phrase, j'ai pu apercevoir tout ça. Cependant, j'ai confiance en ma perception des choses.

Petit à petit, un visage, avec des cicatrices à l'œil et aux coins de ses lèvres, se forme. Étonnement, les cicatrices ne l'enlaidissent pas du tout. Il est magnifique, il a un côté doux tout de même. Je prends ma trousse avec des crayons de couleurs. J'en sors le marron et mets de la couleur dans ses beaux yeux bridés. Je souris faiblement à la vue de ce visage, il a l'air inhumain. Des cheveux noir de jais, mi-long avec quelques mèches blanches.

"Moi qui pensais que tu ne m'avais pas regardé." Je sursaute en entendant cette même voix, mais cette fois j'ai le courage de me retourner pour le regarder.

Ma bouche s'ouvre doucement sous la surprise, faisant balancer mon regard entre lui et mon dessin. Je laisse tomber mon crayon soufflant doucement sous le choc de ma vision.

Le sourire qu'il m'offre avant de se baisser pour ramasser mon crayon de la même couleur que ses yeux, me ramène à la réalité. Je secoue doucement la tête, mais le voyant pas comprendre le sens de mon geste, je prends la parole doucement et prudemment.

"Je ne t'ai pas regardé. Mes traits ont suivi le son de ta voix." Parlais-je, moi-même incertain de cette réponse.

"Alors, tu n'as rien à craindre." Dit-il avant de s'éloignant, gardant mon crayon par la même occasion.

"Atte...hey mon cr..." Il a disparu.

Je regarde l'heure et me rends compte qu'il est presque 17 heures. Pas le temps de m'attarder sur ce qu'il vient de se passer, je paniquerais plus tard. Je commence à ranger mes affaires avant de me lever pour revenir sur mes pas et retourner dans le couloir de la salle d'examen.

Je croise sur le chemin le même groupe que tout à l'heure, avec cet Éric qui tourne la tête vers moi avec un sourire, ce mec sourit tout le temps. Je vois l'homme que j'ai dessiné plus tôt, ce dernier me lance un clin d'œil jouant avec mon crayon, sans quitter une seule seconde mon regard. Je secoue la tête et avance rapidement jusqu'au bâtiment où j'ai passé mon entretien avant que l'angoisse ne me gagne. Note à moi-même, rester loin de ce groupe.

Il y a plus de monde que tout à l'heure. Sachant que les places sont très restreints, je sens la tension émaner de chacun des candidats. Je ne sais pas pourquoi, mais la phrase de l'inconnu sonne dans ma tête.

"Alors tu n'as rien à craindre."

La porte s'ouvre sur la femme qui fait partie du jury. Elle nous lance un sourire compatissant, sachant d'avance qu'il y aura des déçue. Elle commence par tous nous féliciter, avant de commencer l'énumération des gagnants.

"Steve Jefferson, Sandy Delacour, Priam Zographos, Roan...."

J'ai été choisi. Et encore une fois, la phrase de l'inconnu résonne dans ma tête. Elle me semble tellement apaisante. Comme si elle me disait que je n'étais pas seul, que je pouvais tout surmonter. Si seulement on m'avait dit ça avant.

"Alors tu n'as rien à craindre."

Je souris avant de m'avancer pour aller chercher le dossier que nous devons remplir et donner le jour de notre rentrée. Je sors du bâtiment rapidement et croise Éric, il me lance un clin d'œil et je peux entendre la voix de l'homme avec les cicatrices me féliciter, mais je ne le vois pas. Je ne relève pas et après un sourire timide, je sors du campus pour me rendre à mon domicile. Cette journée était étrange, mais parfaite dans un sens.

Une fois rentrée, je me pose tranquillement sur mon canapé et allumé la télévision. Mais je ne mets qu'une émission quelconque, j'ai juste besoin d'un bruit de fond. Je souffle doucement en posant ma tête sur le dossier de mon canapé et souris. Je suis réellement heureux de ma tournure des choses.

J'ai tout de même un sentiment étrange en moi, cette voix...ce visage...j'ai cette impression qu'il ne faut pas que je m'en approche et pourtant tout m'attire chez lui que ce soit physiquement ou psychiquement. Étrange, car c'est la première fois que je le vois de ma vie...
-----------------------

Heyy

Je vous retrouve avec une toute nouvelle histoire ! J'espère qu'elle vous plaira autant que les autres. Je tiens à préciser que l'histoire mettra environ 4 ou 5 chapitres à se mettre en place. Mais dans chaque chapitre on en apprend énormément, normalement.

Pour ceux.elles qui ne sont pas fan de ce genre d'histoire, ne continuez pas et pour les autres bonne lecture.

Pour ceux.elles qui attendent le tome 3 de Mačiatko et Šteňa il sera publier quand cette histoire sera terminée.

Un avis sur ce premier chapitre ?

Je posterais tous les dimanches.

A la semaine prochaine pour la suite !

Mymy

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top