Que le temps s'arrête...
Trois jours. Trois minuscules petits jours à attendre et enfin, je pourrai retourner à l'école.
Chaz y voit comme une sorte de mauvais présage que je fasse mon comeback le jour d'Halloween mais au moins, l'ambiance sera festive et détendue dans les classes.
En attendant, j'ai reçu l'autorisation du toubib d'effectuer quinze minutes de footing léger aujourd'hui. Keith va me surveiller de loin tandis que Scott et Chaz ont pour mission de ne pas s'éloigner à plus de cinq mètres.
Je me demande même si mon père ne va pas se pointer aussi. Il est bizarre depuis trois jours. Apparemment il a multiplié les planques et les cernes en dessous de ses yeux donc...soit la fin est proche soit il est complètement embourbé dans son enquête.
J'inspire profondément : le soleil d'automne réchauffe agréablement ma peau et je suis ravie de pouvoir, enfin, mettre le nez dehors.
Je ne suis pas la seule d'ailleurs : en ce samedi après-midi, le parc est bondé. Des familles se promènent, des groupes de jeunes sont installés sous les arbres pour écouter de la musique et d'autres jouent au soccer ou au basket. Je soupire en voyant plusieurs garçons jouer au baseball et je détourne la tête.
- Allez Karlie, encore un peu de patience. Si tout va bien, la semaine prochaine tu pourras recommencer.
- Oui mais ce sera trop tard. Les entraînements vont être suspendus jusque début février.
Je dévisage Scott en grimaçant mais celui-ci me donne une petite tape amicale dans le dos :
- Bah, on travaillera notre condition physique ensemble alors. Ton père veut que je t'apprenne quelques techniques de self-défense.
- De...quoi ?
- Je pratique le karaté depuis dix ans. Je suis deuxième dan depuis septembre. Et donc...ton père aimerait que...que je t'apprenne quelques mouvements de blocages.
- Ah. Il aurait quand même pu m'en parler.
- Hum...écoute Karlie, je ne veux pas m'imposer alors...ne t'inquiète pas je ne te forcerai pas.
Nous poursuivons notre footing en silence et je regarde droit devant moi pour ne pas croiser le regard furieux de Chaz.
Lorsque nous revenons à notre point de départ, mon meilleur ami nous informe qu'il doit rentrer chez lui parce qu'il a promis à son père de l'aider pour une réparation urgente.
Je n'y crois pas un seul instant et d'ailleurs, le regard noir qu'il me lance avant de partir est clair : Karlie tu as merdé encore une fois, t'as intérêt à rattraper le coup.
Scott et moi nous faisons quelques étirements puis nous nous asseyons à une table de pique nique. Je repère Keith un peu plus loin, assis sur sa moto et faisant semblant de pianoter sur son smartphone. Pour l'aspect tranquillité et intimité on repassera. Même si, dans ce coin du parc, nous sommes seuls.
Je passe une main dans mes cheveux puis, je m'oblige à regarder Scott droit dans les yeux :
- Je ne suis pas très sympa avec toi et je...je voulais te dire que je suis désolée.
- Je ne suis pas très subtil non plus. Pardonne-moi de m'être montré aussi...hum...de m'être immiscé à ce point dans ta vie privée.
- En fait...ça ne me dérange pas.
Oups, pourquoi j'ai dit ça moi ?
- T'es tellement étrange comme fille. Mais tu es spontanée et je dois dire que j'adore ça.
Au loin j'aperçois Keith qui commence à s'agiter sur sa moto. Je suppose que nous avons largement dépassé le quota qui nous avait été accordé pour cette sortie. Je me lève lentement en disant :
- Mister Muscles Two a envie de rentrer je crois.
- Comment...tu l'as appelé ?
Scott me regarde et éclate de rire. Et moi, je rougis. Puis, je fixe ses yeux couleur chocolat et je remarque alors à quel point son visage est devenu sérieux tandis que nous nous dévisageons à présent en silence.
Une idée étrange m'effleure alors l'esprit : que le temps s'arrête, qu'il se fige et que ce moment ne se finisse jamais.
- Oh et puis merde !
Je crois bien que j'ai dit ça tout haut mais je m'en fiche. Il faut que j'arrête de me mentir : Scott me plait. J'aime sa manière d'être franc avec moi et là, je n'ai qu'une envie, c'est d'attirer son visage près du mien et de l'embrasser.
Et c'est ce que je fais.
Lorsque je consens à libérer ses lèvres, Scott me contemple avec un petit sourire en coin :
- Je m'attendais à tout sauf...à ça ! Oh, et surtout, ne t'excuse pas. Parce que, avoue que c'est ce que tu t'apprêtais à faire non ?
- Euuuuh....
- C'est bien ce que je pensais.
Scott m'enlace tendrement la taille sans me quitter des yeux puis il jette un bref regard vers Keith qui va finir par bouffer ses gants de moto je crois.
- Donc, si je comprends bien...tu ne serais pas contre l'idée que toi et moi...
- Ça te semble impossible ?
- Et bien, que tu repousses Ayden et Darren était prévisible. Eux, ce sont des filles comme Shaelyn qui les intéresse. Elles sont peut-être intelligentes et très sportives, elles n'en restent pas moins des filles superficielles.
Et tu n'es pas comme ça. Tu n'as rien tenté avec eux parce que tu savais que cela ne marcherait pas.
Après...j'ai le sentiment que tu fuies toute célébrité donc moi, membre de l'équipe de basket du lycée, je pensais ne pas avoir ma chance.
Pourtant tu es venue me chercher lors du bal du Homecoming.
- Tu es observateur...une carrière au FBI ne te tenterait pas ?
- Ne te moque pas mais...j'ai beaucoup parlé avec ton père ces derniers jours et je dois dire que la NBA pourrait avoir un concurrent à présent.
- Tu songes vraiment à devenir professionnel ?
- J'aimerais beaucoup mais je ne suis pas certain d'avoir le talent. C'est une chose de gagner des matchs pour le lycée mais se faire repérer pendant la Draft c'est autre chose. Et je n'ai pas totalement envie de renoncer à mes études universitaires.
- Et tu aimerais faire quoi ?
- Je ne sais pas trop encore. Disons que l'économie, le marketing et le management m'intéressent beaucoup. Et toi ?
- Hum...j'aimerais faire comme mon père.
- Pourquoi ça ne m'étonne même pas...
Je pense alors à un truc qui ne m'avait pas effleuré l'esprit : Scott est un texan pure souche. Il y a de fortes chances qu'il poursuive ses études à Arlington, Austin, Dallas ou San Antonio. Moi...je vais retourner à New York, que l'enquête de mon père soit terminée ou non, il ne tient pas à ce que je loupe la rentrée universitaire. Et mes choix se sont portés sur des campus de l'état de New York ou proches de ma ville natale.
Je soupire et pour cacher mon trouble, je montre Keith du bout des doigts :
- Je pense qu'on devrait rentrer sinon...il va nous remonter les bretelles celui-là.
- Oui...mais d'abord...
Scott pose une main sous mon menton et il m'embrasse doucement.
Et là, je comprends vraiment cette expression qui dit qu'on a des papillons dans le ventre quand on se trouve avec la personne que l'on aime.
Cette sensation est tellement intense !
Main dans la main, nous récupérons nos vélos et nous nous dépêchons de rentrer chez moi. Peu désireuse de laisser Scott filer chez lui, je lui propose d'aller se changer et de prendre une douche.
J'essaie ensuite de faire abstraction des regards interrogateurs de Trish et de Michaela qui sont assises dans le divan du salon, chacune un livre à la main.
Puis je me rappelle de la présence de Spencer et je me tourne vers lui :
- Je suppose que Keith a déjà vendu la mèche ?
- Vous auriez pu éviter de le faire en public.
- Merde, vous croyez que ça se contrôle ce genre de truc ? Attendez...
Et là, je percute. Bon sang qu'est-ce que je suis conne !
Je m'approche de Spencer et je lui agrippe le bras :
- Vous allez le protéger hein ? Vous allez faire en sorte qu'il ne lui arrive rien ?
- Nous ne disposons pas de beaucoup d'agents dans le secteur Karlie. C'est parce que ton père est un agent respecté et très bien placé que tu as droit à ce dispositif. Scott par contre...
- Mais...c'est un peu comme s'il faisait partie de ma famille non ?
- Sans vouloir te vexer, il aurait mieux valu qu'il ne se passe rien entre lui et toi.
Envolés les papillons. Disparus.
Je suis à ce point plongée dans mes réflexions que je n'entends pas Scott arriver. Evidemment, en voyant ma tronche, il capte tout de suite qu'il se passe quelque chose. Alors je m'effondre dans ses bras en pleurant et en m'excusant de le mettre en danger.
- Wow...Karlie ! Doucement, calme-toi ! Ton père m'a déjà expliqué les risques que je courais en te côtoyant. Je les ai acceptés.
- Mais je...
Il pose un doigt sur mes lèvres pour me faire taire.
Mal à l'aise, je m'éclipse ensuite rapidement pour aller, moi-aussi, me doucher et me changer.
Tandis que l'eau chaude ruisselle sur mon corps, je ne cesse de me dire que je ne mérite pas un mec comme Scott.
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Saint Valentin oblige lol, rapprochement entre Karlie et Scott... Nan mais c'était prévu. Après...je n'ai rien promis non plus sur leur avenir commun...
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