Pourquoi ça ne me revient pas ?
Mon père maintient toujours qu'Arlington n'est pas la cible du tueur des Queens. Il dit aussi que la pseudo disparition de Shaelyn au bal du Homecoming va sans doute inciter l'assassin à se tourner vers un autre lycée si jamais mon école faisait partie de ses cibles potentielles.
Mouais...
Moi, je pense que le mec, ou la fille il ne faut exclure aucune possibilité, sait parfaitement ce qu'il veut faire.
Je m'étire lentement : j'ai un mal de crâne pas possible et mes membres sont engourdis à force d'être restée aussi longtemps dans la même position.
Cela fait trois heures que Chaz et moi nous effectuons des recherches sur Google au sujet de Shaelyn et de toutes les personnes qu'elle fréquente.
Mon meilleur ami croise ensuite les noms avec les listes du personnel des écoles de Forth Worth et de Dallas ainsi qu'avec les yearbooks.
J'ai également épluché les comptes Facebook et Instagram de Jenna et de Shaelyn mais sans grand succès.
Le seul point qui relie les deux lycées à Arlington, c'est Vicenzo Rackers, celui qui a précédé Monsieur Weaverling au poste de proviseur.
Chaz et moi, nous avons passé une bonne demi-heure à rechercher des informations à son sujet mais nous n'avons pas pu le relier à l'une des familles des cheerleaders assassinées.
L'homme est à présent en fonction dans un lycée dans le Dakota du Nord et, nous avons pu lui trouver un alibi pour les deux soirées où les meurtres ont été commis.
La première fois, il participait à une représentation d'une pièce de théâtre à Fargo : nous l'avons reconnu sur des vidéos postées sur Youtube et où son nom avait été mentionné.
Et pour la seconde date, même chose, il présidait la réunion mensuelle d'une association destinée à venir en aide aux vétérans de l'US Army. Là encore, l'entièreté de la séance avait été filmée et prouvait qu'il était bien sur place et non à Dallas.
Chaz avait alors suggéré que nous nous renseignions sur sa famille mais là encore, nous avions fait chou blanc sur les réseaux sociaux : aucune trace de dispute quelconque, aucun tweet ou post rageur, rien.
C'est désespérant.
Après, je suppose que mon père a, lui-aussi, fait les mêmes démarches donc...quelle direction prendre à présent ?
Tout en rangeant soigneusement dans ma table de nuit le carnet où je consigne mes notes, un désagréable sentiment m'envahit, comme une sorte de...prémonition ou d'avertissement.
La fatigue me joue certainement des tours mais j'ai l'impression d'avoir laissé passer quelque chose d'important.
Je fais part de mon agacement à mon meilleur ami : c'est dingue, c'est comme si je cherchais un mot, que je l'ai sur le bout de la langue mais que je suis incapable de m'en rappeler.
- Mais qu'est-ce que tu veux dire par « j'ai loupé quelque chose » ?
- J'en sais rien, c'est ça qui m'énerve !
- Et...ça se rapporte à quoi ?
- Là encore j'en sais strictement rien ! Ça pourrait être un truc que j'ai vu à la télé, sur internet, une conversation que j'ai entendue...
Bordel, si je pouvais me rappeler ! Ça me tue !
- N'y pense plus. Je suis certain que ça te reviendra.
- De préférence avant que le tueur ne frappe à nouveau.
- Quoi, tu as des infos ?
- Chaz ! Tu m'écoutes quand je te parle ? Je suis convaincue que mon cerveau a enregistré, je ne sais pas quand et je ne sais pas où, un truc qui pourrait être lié au tueur des Queens. Du moins c'est ce que je crois parce que trier toutes ces infos avec toi, ça m'a rendue mal à l'aise
- OK. écoute, je te propose d'aller travailler un peu ton swing, ça te fera du bien et peut-être que ça te permettra de retrouver la mémoire. Tu es vraiment convaincue de savoir quelque chose ?
- Oui. Oui, plus j'y réfléchis, plus j'en suis certaine.
Je prépare un sac avec mes affaire de baseball puis, Chaz m'entraîne ensuite dans le garage afin d'y prendre nos vélos. Nous nous rendons ensuite au Vandergriff park qui se situe à moins de deux miles de nos demeures respectives.
Dans un premier temps, je reconnais que mon meilleur ami a eu une excellente idée : m'exercer, frapper dans la balle me fait un bien fou.
Mais très vite, je repense aux recherches que j'ai effectuées plus tôt dans la journée et ma concentration se met à faiblir.
Chaz m'envoie alors une balle, normalement très facile pour moi, que je rate complètement et que je balance...dans l'estomac de mon meilleur ami.
- Karlie ! Merde, tu ne pouvais pas...faire...attention !
Rouge écarlate, je me précipite vers Chaz pour l'aider à se relever tout en ne cessant de m'excuser. Nous convenons de stopper là ma séance de frappes et nous nous asseyons contre un arbre, à l'ombre.
C'est alors que je remarque un petit groupe non loin de nous : je bondis sur mes pieds et, en voyant Ayden Heymsfield approcher avec toute sa bande, j'indique à Chaz que nous devons rentrer tout de suite.
Au moins, mon meilleur ami est réactif malgré ses douleurs abdominales mais, pas de chance, Ayden m'interpelle alors que je grimpe sur mon vélo.
Mon père m'ayant bien éduquée, je résiste à faire celle qui n'a rien vu et je salue les élèves de mon lycée. Bizarrement, Scott ne fait pas partie du petit groupe.
Pour montrer cependant à Ayden que je n'ai pas l'intention de m'attarder, je reste assise sur la selle de mon vélo.
- Jolies frappes Karlie ! Dommage de terminer la séance par un raté.
- Parce que toi peut-être, tu ne manques jamais un panier ?
Oups, c'est sorti tout seul. Oh et puis merde, il se prend pour qui le dieu du basket ?
Ah...on dirait bien que j'ai touché un point sensible.
La légère grimace qu'affiche Ayden me prouve qu'il n'a sans doute pas l'habitude de se faire remettre à sa place par une fille.
Tant pis, moi je ne fais jamais semblant.
Bon, Mister popular retrouve le sourire tout en me dévisageant. Zut, moi qui espérais qu'il retourne dans son coin...
- Au fait, il y a quoi entre toi et Scott ?
- Il y a quoi entre...hein quoi ?
Qu'est-ce que je fais ? Je prends ma batte et je l'assomme ? Histoire que son cerveau se remettre à fonctionner normalement ?
Non, je peux pas faire ça quand même. Surtout devant témoins. Le pire, c'est qu'il est hyper sérieux Ayden.
Bon sang, la manière dont il me regarde...ce mec est jaloux ! Oh oui, il est jaloux de son meilleur ami, ça crève les yeux.
Je comprends mieux pourquoi Scott n'a pas été autorisé à venir du coup.
La tronche du leader de l'équipe de basket d'Arlington est telle que je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. D'accord, c'est pas sympa mais...ça vaut le détour.
- Hum...je dois le prendre comment ?
Je respire un bon coup pour ne pas sortir une nouvelle connerie et, en prenant la peine de bien articuler, je dis :
- Ayden...il me semble que j'ai été claire avec toi. Et je n'ai aucun compte à te rendre. Donc, ma vie privée ne te concerne pas.
- Donc tu sors avec Scott !
Les mecs...
Nouvelle respiration pour m'empêcher de lui foutre mon poing dans la figure...
- Ayden...si ça peut te rassurer, non, je ne sors pas avec Scott. Et sinon, tu vas me faire un caca nerveux chaque fois que je discuterai avec un autre garçon que toi au lycée ? Le monde ne tourne pas autour de toi je te rappelle.
En fait je sais même pas pourquoi je réponds à tes questions. Je fais encore ce que je veux de ma vie.
Pour le coup il m'a sacrément énervé le basketteur. J'enfourche alors mon vélo et je quitte le parc, suivie de près par Chaz.
Je passe le restant de la journée à faire du jardinage. En temps normal, ça me détend mais l'attitude d'Ayden combinée à ce truc au sujet du tueur des Queens suffit à faire de moi une boule de nerfs.
Je fixe un instant les gants, noirs de terre, que je porte : pourquoi ça ne me revient pas ?
Le soir venu, je refuse de rester devant la télé avec mon père et je recommence mes recherches sur internet sans trop savoir exactement vers quoi m'orienter.
Je reprends mon carnet où j'ai noté toutes mes idées et toutes mes réflexions.
Depuis mon arrivée à Arlington, je n'ai remarqué aucun conflit important entre élèves, rien qui ne puisse justifier le recours au meurtre.
Euhhh, qu'est-ce que je suis en train de dire moi ?
Je reste cependant convaincue qu'il s'agit d'un élève. Ou plutôt...de deux élèves. Un mec et une fille. Genre, une lycéenne victime de moqueries, d'intimidations, de comportements déplacés de la part des cheerleaders et, soit son frère soit son petit-ami qui souhaite la venger.
Même si, on est bien d'accord, le meurtre reste une option totalement inacceptable.
Épuisée, je finis par me coucher mais je peine à trouver le sommeil.
Je me réveille en sursaut vers deux heures du matin après avoir fait un cauchemar et avec la certitude que mon inconscient cherche à me transmettre quelque chose d'important.
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