Tandis qu'ils descendaient les marches sales, Lauryne se rapprocha de Lola qui, les lèvres blanches et les yeux vitreux, se rongeait les ongles. Elle posa sa main sur l'épaule de la jeune fille qui sursauta.

"On va sortir, ne t'en fais pas, tu n'as pas à stresser..." dit Lauryne avec un sourire.

Lola soupira.

"Je sais mais...les endroits sombres comme ça...ça me fait peur. Je déteste être dans le noir." Marmonna-t-elle.

"C'est plutôt bon signe, ça veut dire que la mémoire revient!" Fit la fille rousse.

Lola rit et ça lui fit du bien. Elle se détendit un peu.

Ils débouchèrent dans une salle, plus grande que la précédente, mais tout aussi sombre et humide. Toutes les fenêtres étaient barricadées par des planches en bois et il y avait sur le sol un vieux tapis rouge miteux avec des tâches suspectes tentait en vain de rester en un seul morceau.

"Je crois que à la base c'était un hôtel..." chuchota Tom en promenant sa torche.

"Hey regardez!" S'exclama Adrien.

Du doigt, il pointait un enchevêtrement de grosses planches de bois sur ce qui avait dû être autrefois une porte.

"La sortie!" Soupira Tom de soulagement.

Ils poussèrent tous des petits cris d'excitation et coururent jusqu'à ce qu'ils considéraient comme leur Salut. Ils lâchèrent leurs torches et commencèrent à s'agripper aux planches pour les arracher de leurs clous. Ils tirèrent de toute leur force ces planches qui semblaient les narguer, mais n'arriverèrent même pas à faire grincer le bois.

"Ça veut pas céder..." marmonna Lauryne entre ses dents serrés.

Au bout de quelques minutes à pester et suer, ils arrêtèrent, le bois ne voulant visiblement pas bouger, les doigts en sang. Lola s'effondra sur le sol.

"Comment est-ce possible qu'un bois de merde comme ça puisses tenir aussi longtemps?" Ragea-t-elle, rapatriant ses genoux contre son torse.

"On peut pas les brûler?" Proposa Adrien en essuyant la sueur de son front.

Tom secoua la tête.

"Le bâtiment est trop vieux. On risque d'y mettre le feu et nous avec..."

Ils regardèrent tous la porte avec désolation. Une chose était sûre, ce n'était pas par là qu'ils allaient sortir.

"Ne me dites pas que l'on va devoir rester là jusqu'à ce que les secours arrivent?" Fit Robin.

"Je crois bien que oui...Il ne reste plus qu'à attendre..."

"Mais combien de temps? Si ça se trouve on va mourir de faim et puis il y a des rats!" Chuinta Lola.

Lauryne reconnaissait que depuis tout à l'heure elle entendait comme des grattements autour d'eux.

Comme si des gros rats passaient dans les coins sombres.

Et ce n'était pas du tout rassurant.

"Quelqu'un nous a forcément amené ici. Ce qui veut dire qu'il y a une autre entrée quelque part, on va la trouver et vite fait sortir d'ici." Dit Tom en croisant les bras.

"Oui...En plus je sais pas vous mais moi j'ai faim..." murmura Lauryne.

Il y eut un silence.

"Je commence à avoir faim moi aussi..." avoua Adrien.

Ils restèrent sans rien dire, sentant tous leur ventre crier famine.

"Bon c'est un hôtel non? Ça veut dire qu'il doit y avoir une cuisine, il y a peut-être des trucs à manger, et puis comme on va sans doute être là pour un bon moment autant faire quelque chose..."  Proposa Robin.

Ils acquiescèrent. Puis ils décidèrent tous de prendre le couloir opposé à celui d'où ils étaient arrivés.

Ce couloir était particulièrement étroit et ils étaient donc obligés de marcher les uns derrière les autres. Lauryne, fermant la marche, n'était pas très à l'aise et ne cessait de regarder par-dessus son épaule. Les torches primaires qu'ils possédaient n'éclairaient pas à plus de deux mètres ce qui lui donnait l'impression d'être précédée par un gouffre sans fond.

Et puis il y avait ces rats.

Elle ne les voyait pas mais elle les entendaient courir dans les murs et autour d'elle.

Scrich scrich scrich scrich

Qu'elle entendait. Et de plus en plus fort. La peur lui comprimait la poitrine et elle accéléra le pas pour se mettre à la hauteur de Tom.

"Tu crois qu'il est quelle heure?" Demanda-t-elle pour créer une conversation.

Il soupira.

"Je sais pas trop...il n'y a aucune lumière qui filtre et on n'entend pas les oiseaux. Je suppose donc que c'est la nuit...Je donnerais cher pour avoir ma montre."

Elle fronça les sourcils.

"Comment peux tu savoir que tu avais une montre?"

Il lui montra son poignet où l'on voyait la trace de bronzage d'une montre.

"On me l'a enlevé et la marque montre clairement que je ne m'en séparait jamais. C'est pour ça que j'en ai déduis que quelqu'un nous avait emmené."

Elle le regarda avec de grands yeux étonnés. Elle devait avouer qu'il avait un grand sens de l'observation.

"Donc...du groupe c'est toi l'intello?" Dit-elle avec un sourire.

Il rit légèrement.

"Je n'irais pas jusque là. Je dirais plutôt que je suis prédominant en matière de survie."

"Tu crois que tu es scout? Je te verrais bien avec un chapeau et un foulard rayé en chantant "youkaidi youkaida"..."

Ils rirent tous les deux, ayant l'image de Tom ne paraissant pas du tout viril dans sa tenue de scout dans leur tête.

Ils contiuèrent leurs chemins jusqu'à ce que soudainement Lola s'arrête.

"Pourquoi t'avances plus?" Demanda Robin en se mettant sur la pointe des pieds pour voir devant Adrien.

Elle regardait intensément une porte sur la gauche, entrouverte.

"Je...j'ai une impression de déjà vu." Souffla-t-elle.

Puis sans rien dire elle entra dans la pièce comme poussée par une force invisible et néfaste. Les autres la suivirent, ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre.

La salle ressemblait fortement à une salle de repos, avec quelques fauteuils couverts de poussière et rongés par endroit ainsi qu'un comptoir avec des étagères derrière montrant que cela avait été un bar il y a longtemps. Lola s'avança, observant la salle avec curiosité. Puis ses yeux se posèrent sur un des fauteuils et elle vit un objet sur l'accoudoir.

"Regardez! Il y a un téléphone!" S'exclama-t-elle.

Elle le prit entre ses mains et essaya de l'allumer.

"Zut il a presque plus de batterie..."

"Alors dépêche toi d'appeler la police!" Dit fébrilement Adrien.

Elle poussa un juron.

"Je peux pas...Y'a pas de réseau. Mais putain ça arrive que dans les films ce genre de merde!" Grogna-t-elle.

Robin lui prit des mains.

"Si on ne peut pas appeler, autant voir si il a des informations à nous donner..." dit-il tandis qu'il fouillait la mémoire du téléphone.

Ils attendirent un instant puis Robin fronça les sourcils.

"Ce téléphone appartenait à une certaine Alexia. (Il leur montra des photos d'elle et on pouvait voir une jeune fille, plutôt belle avec de longs cheveux blonds, des yeux bleus et portant un collier "1D") Mais j'ai trouvé quelque chose de bizarre..."

"Quoi?" S'enquit Lauryne.

Pour toute réponse, Robin cliqua sur une photo et tourna le téléphone vers le groupe pour que tous puisses voir. Les adolescents faillirent s'étouffer.

Sur cette photo, on voyait Alexia se prenant clairement en photo avec eux en compagnie d'autres inconnues.

"Attendez...On se connaissait avant?" Murmura Lola.

"Cette photo n'est pas vieille...d'une semaine d'après l'appareil." Fit Robin.

"Mais qu'est ce qui a bien pu se passer? Et puis elle est où cette Alexia?" Souffla Lauryne.

Tom se frotta le menton.

"Si ça se trouve...Elle est quelque part dans l'hôtel, comme nous amnésique!"

"On serait donc plusieurs dans ce cas là!" Fit Robin.

"Oui, et comme on dit l'union fait la force, il faut les retrouver, peut-être que eux ont trouvé une sortie..."

Il acquiescèrent, sentant un espoir nouveau se disperser dans tout leur corps. Ils n'étaient peut-être pas seuls.

Ils quittèrent donc la pièce, le visage illuminé. Lauryne, fermant la marche,  s'arrêta un instant. Elle avait cru voir quelque chose derrière la porte, comme une trace. Elle haussa les épaules, se disant qu'elle avait sans doute mal vu. Puis elle continua son chemin, oubliant peu à peu cette trace de main ensanglantée.