Vieilles canailles
Moi je t'ai reçu à bras ouverts
Vieille Canaille
Y'avais toujours ton couvert
Vieille Canaille
T'as brûlé tous mes tapis
T'as même fumé dans mon lit
T'as sifflé tout mon Whisky
Vieux Bandit
« Marcel ! Marcel ! Marcel ! »
Il est là, son grand sourire barrant son visage et ne disparaissant pas. Il a les étoiles qui pétillent dans ses yeux alors que le polonais de l'équipe est en train de hurler son nom depuis deux minutes dans le vestiaire.
« Bon, barbec chez moi pour fêter ça ! »
Mats qui vient de parler. Jeunes qui tournent leurs regards vers le petit groupe formé un peu plus loin. Celui des anciens comme ils disent.
« J'préviens Marco. »
Petit brun qui quitte le vestiaire tout habillé.
« À plus les gars ! »
Et il disparaît le téléphone déjà à l'oreille en train de prévenir leur capitaine.
« Jadon à ta place je l'aurais quand même mauvaise, les gens en ont rien à carrer de ton triplé. »
Et ça rit dans le vestiaire.
« Rigole pas trop Erling, à ce rythme-là, il dépasse ton total de buts rapidement. »
Et le voilà en train de recevoir des coups de serviettes et de l'eau.
« Vous faites chier, j'étais presque rhabillé. »
Mais y a ce sourire, ce sourire qui continue d'illuminer son visage et la pièce. Ouais, il était heureux, bien trop heureux aujourd'hui.
« Bon à plus les mecs ! »
Polonais qui quitte le vestiaire bientôt suivi de l'ancien bavarois.
« Rendez-vous dix-huit heures à la maison Schmelle, fête pas trop ça avec les retardataires. Bonne soirée les mecs
— Ça marche. »
Et peut-être que les jeunes comprennent qu'ils ne sont pas vraiment les bienvenus. C'était une soirée de vieux. Une de leurs soirées qu'ils faisaient régulièrement, les rescapés d'une autre époque. Ils se demandaient parfois ce qu'ils pouvaient bien y faire. Ils faisaient des prédictions, prenaient des paris. Mais le fait est qu'ils ne le sauraient jamais. Parce que s'ils étaient aussi régulièrement invités chez leurs coéquipiers, ils n'accéderaient jamais à leurs soirées de vieux, parce qu'ils étaient dix ans trop jeunes.
Et les gosses, ils étaient encore là, pas du tout habillés à faire la fête dans leur vestiaire. Ronde autour de l'ancien capitaine en train de remettre ses chaussures.
« Laissez-moi les gars. »
Mais ils ne le laissent pas tellement. Ils commencent à le soulever et il crie. Il détestait ça. Il avait un vertige terrible. Ils l'avaient juste oublié. Il est bien rapidement reposé à terre alors qu'ils l'avaient déjà lancé une fois dans les airs.
« Mais ça va pas ! Vous êtes complètement timbrés ! Vous voyiez pas que le sol est dur ici ? Il vous faut quoi de plus ? Qu'est-ce que vous auriez fait si je m'étais fracassé par terre ? »
Il est rouge, il explose, il a eu peur.
Il se retrouve bientôt plaqué contre le torse de Roman. Il peut lire la joie dans le regard de son gardien. Celui au poteau duquel il passait des matchs entiers à replacer la défense, à l'encourager, celui pour qui il avait pris un jaune. Mais n'empêche, qui pouvait oser lui envoyer une balle en plein visage alors qu'il était justement en train de placer son ballon ?
« J'suis content pour toi. »
Il continue à avoir les yeux qui brillent.
Sept ans. Sept ans qu'il n'avait pas marqué. Six mois, ou presque, qu'il n'avait pas eu le droit à plus de dix minutes dans un match. Six mois à être sur le banc et à attendre pour au final récupérer une petite minute dans le temps additionnel. Et là, là on lui en avait donné dix portant son total de la saison à vingt-sept.
« Bonne soirée, vieil homme. »
Il lève les yeux au ciel.
« Faites pas trop de bêtises les enfants. Quand je pense que vous étiez tous mineurs la dernière fois que j'ai marqué. »
Et il part en riant dans le couloir en direction de chez lui.
x x x
« Et voilà le héros de la soirée ! »
Rires qui éclatent alors qu'il franchit la porte d'entrée du défenseur. Il est accueilli par des sourires.
« J'ai ramené des brochettes. »
Petit brun qui vient lui piquer des mains.
« Parfait ! »
Et il disparaît en direction de l'extérieur sans rien rajouter. C'était toujours comme ça. Il récupère une bière qu'il ouvre alors qu'il suit les autres dehors. Le soleil tape doucement en cette fin de soirée, ils profitent de ses dernières rayons.
« Marco, va chercher de l'eau ! »
Mais le blond ne bouge pas.
« Vite, les gars, c'est en train de cramer, je m'en fous moi j'aime pas le canard c'est pour vous que je le dis là ! »
Il ne faut pas une seconde pour que Mats se soit précipité vers sa cuisine.
« Tiens Mario. »
Feu arrosé par le milieu de terrain qui récupère la bouteille lancée.
« Rien ne vaut une soirée entre mecs.
— Tu peux parler, ta femme est à Munich. »
Éclats de rire dans le jardin. Ils savent pas trop, ce qu'il se passe pour lui. Et à vrai dire, ils ne posent pas trop de questions. Ils parlaient de plein de choses, ils se confiaient leur vie, mais ils n'insistaient pas.
« Marco, va chercher un plat !
— Pourquoi c'est toujours moi ?
— Parce que t'as pas été cherché l'eau jusqu'à preuve du contraire, que Mats nous invite, que Lukasz a fait la salade, que j'ai fait le feu et que Marcel mérite bien de ne rien faire. »
Il grommelle l'autre avant de se bouger.
« On mange dehors ? »
Ils entendent une voix au loin.
« Pourquoi ?
— J'ai les assiettes et tout le reste en plus du plat.
— Amène. »
Pied qui vient heurter le rebord de la porte, blond qui perd un instant l'équilibre. Il réussit à rester sur ses pieds tant bien que mal. Couverts qui glissent et vont s'écraser au sol.
« Sauvé !
— Bon laisse-moi faire, tu vas encore faire un malheur ou te blesser. »
Défenseur qui attrape les assiettes et les dépose sur sa table avant de laisser le plat au brun qui dépose la viande en vitesse.
Ça rit, ça papote, ça se raconte sa vie, ça discute, ça mange. Ça boit un peu aussi. Pas trop, il fallait enchaîner les matchs. Ils ont les yeux qui brillent et les voix qui portent.
« Le canard était parfait Mario. Pour quelqu'un qui n'en mange pas, tu l'avais très bien préparé. »
Il sourit le plus jeune à la remarque de son meilleur-ami.
« C'est certainement parce que je t'ai amené le plat à temps. »
Il lève les yeux au ciel.
« Vantard va. »
Il prend une claque du polonais de la troupe.
x x x
« Bon, on rentre et on joue ? »
Acquiescements autour de la table alors que chacun prend quelque chose et s'engouffre dans la maison.
« On peut se mettre sur la table du salon.
— On fait comme d'hab. Nous quatre seuls et Piszczu qui est en binôme ?
— J'le veux avec moi !!
— Tu le veux toujours avec toi Schmelle.
— C'est pour mieux vous battre. »
Lueur malicieuse qui traîne un instant dans son regard.
« Pour qu'on gagne, il faudrait qu'au moins une fois vous soyez séparés.
— Vous avez qu'à augmenter votre niveau, on veut de la concurrence, que ce soit ici ou au quiz-taxi, vous êtes bien trop à la traîne tous autant que vous êtes depuis un moment.
— Que veux-tu, Marco n'est pas d'une grande aide. »
Léger coup reçu à l'arrière du crâne qu'il tente d'éviter sans réussir.
« Eh ! »
Petite moue arrachant des sourires aux autres.
« Et avant que l'on commence, je rappelle que le polonais est interdit.
— Non, mais les gars !
— Si c'est trop simple sinon.
— Je suis d'accord avec Marco, déjà vous êtes à deux, vous allez pas en plus avoir l'avantage de la langue. »
Ils s'installent autour de la table, récupèrent une tasse de thé servie par l'hôte au passage.
« Bon, allez, on démarre.
— J'en ai acheté un nouveau, vous allez voir il est trop trop beau. J'avoue, je me suis fait un petit kiff perso. Mais je l'ai vu dans une petite boutique de jeux de société et comment dire... »
Immense sourire du brun qui apporte sa boite et la pose au centre de la table.
« Alors vous en pensez quoi ?
— J'en pense que Marco va devoir faire attention si tu veux pas te retrouver directement avec des pièces en moins. »
Rires qui éclatent.
« Très drôle ça Marcel. On rigole bien dit donc ce soir. C'est pour ça que j'en ai acheté un en bois. Pas de risque.
— Tu parles, tu serais capable d'y foutre le feu. »
Visage du blond sur lequel apparaît une moue.
« Bon allez on démarre. »
Main qui vient se glisser dans le sac que tend leur défenseur central.
« Regarde pas Mario.
— Jamais, après toutes ces années tu ne me fais toujours pas confiance ?
— Je fais pas confiance aux traîtres.
— Le traître peut aussi te botter le cul hors de chez-lui. »
Quelques rires s'élèvent à nouveau avant que le silence se fasse, chacun concentré devant son jeu.
Vibrations typiques de l'arrivée de messages de leurs téléphones.
« Laisse, ça doit être les gamins qui essaient de nous narguer sur le whatsapp de l'équipe. Pas de le droit au téléphone, on le rappellera jamais suffisamment. »
Ils les envoient au loin.
« T'as aussi acheté un trop beau dictionnaire au passage Mats ? »
Ironie qui traîne un peu trop dans la voix de l'attaquant.
« Je vais te l'écraser sur la tête mon dictionnaire, tu vas le voir. »
Ils observent le brun qui se lève et le ramène.
« Et voilà, on est vraiment paré cette fois. »
Ils commencent.
Et puis après quelques tours, ils voient le sourire fier de Marcel et celui victorieux de Lukasz. Ils les voient qui prennent leurs pions.
« Non, me dites pas que...
— Oh non, pas encore !
— Et si les gars, inclinez-vous devant notre surpuissance. En plus c'est Piszczu qui a trouvé, cet homme parle mieux allemand que vous. »
Silence qui se fait alors que les trois autres se mettent à bouder.
« Je suis sûr qu'ils trichent. »
Et ils se contentent de rire des autres. Ils étaient meilleurs, c'était tout ! Visages qui s'effondrent un peu plus quand ils voient où ils places les pièces de verre.
« Mats, amène-moi une camomille pour me calmer là ! »
« Allez-là, c'est la déculotté pour le Götzeus et Matsou, aboulez les points ! Scrabble sur un mot compte-triple ! »
x x x
j'espère que vous aurez apprécié la chute ^^
j'arrive au difficile moment où je vais devoir trancher sur des republications ou non des os restants...
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