Ne s'aimer que la nuit

On pourrait faire l'amour
Mais l'amour c'est fait de quoi ?
On peut se faire la cour
Et finir chez toi, chez moi
Tu pourrais même, dire que tu m'aimes
On peut aussi
Ne s'aimer que la nuit

« À demain mec, j'y vais. » 

Il entend nettement le soupir d'exaspération de celui dont il vient de se lever du canapé. Son regard est légèrement énervé et son sourire légèrement déformé qui lui plaisait tant n'est pas présent sur son visage pale. 

« Tu sors encore ce soir ? » 

Il hausse les épaules et laisse Marco en plan. 

« C'est pas comme ça que tu vas guérir. » 

Il rit un peu. 

« Parce que passer toutes les soirées à te morfondre devant la télévision fonctionne tellement sur ta rééducation. » 

Ses yeux plongent dans ceux verts de celui avec qui il venait de partager un repas. Il peut y voir la colère s'installer et il regrette directement les mots qu'il venait de prononcer. Il ne pouvait pas blâmer l'ailier de tenter de guérir rapidement sans y parvenir. 

« On se voit demain ? » 

Il lui fait un sourire timide, tentant de passer la pommade sur celui qu'il savait avoir blessé. S'il y avait bien un sujet sensible chez le blond c'était ses blessures et il le savait très bien. 

« Ouais... » 

La tristesse est présente dans sa voix. 

« Bonne soirée Marco. » 

Il quitte les lieux. Ses pas l'entrainent dans la rue, l'air froid frappe son visage. Ses joues sont rougies par la température bien trop faible. Les hivers étaient toujours rudes ici. Il expire un nuage de gouttelettes d'eau qui viennent former un brouillard devant lui. Il le fait une seconde fois tout en souriant. Le bruit de ses chaussures claque légèrement sur le trottoir. Il sait où il se rend. Cela faisait des semaines qu'il suivait le même circuit. Il entre dans le bar où il se rendait bien trop souvent. La musique résonne doucement dans l'air. Il en reconnaît la chanson et la sifflote immédiatement. Il traverse la pièce en direction du comptoir où après une brève salutation une boisson l'attend déjà. 

« Tout seul ce soir ? » 

Il sourit. 

« J'étais chez Marco, les autres doivent me rejoindre ici. » 

Le barman était un fan du club où il jouait. Il avait un air sympathique qui donnait envie aux clients de se confier et de consommer. Il ne posait jamais de questions trop personnelles. Il ne creusait jamais. Mais il allait sans dire qu'il avait compris à quel Marco son client faisait référence. 

« Il revient bientôt ? » 

Il soupire en retour. 

« Il aimerait bien. » 

Le gaillard se contente d'hausser les épaules, le visage un poil déçu. 

« Profite gamin. »

x x x 

« DURM ! » 

Une voix résonne de l'autre côté de la pièce. Trois gaillards rentrent et viennent le serrer quelques secondes dans leurs bras. 

« Ne nous attend surtout pas ! » 

Le barman rit en entendant leurs remarques. 

« Vous énervez pas les jeunes, c'est moi qui lui aie proposé une boisson en attendant. » 

Il porte son regard bienveillant sur l'ensemble de l'équipée. 

« Je vous sers quoi les enfants ? » 

Le brun a les yeux qui pétillent en l'entendant. Il aimait ce lieu pour sa tranquillité mais surtout son patron. Il s'y sentait en sécurité, non jugé. Ils pouvaient faire tout ce qu'ils y voulaient, tant qu'ils ne faisaient rien de répréhensible du point de vue de la loi, ça lui convenait. Il les empêchait de faire des bêtises comme un grand frère l'aurait fait. Il était parfois une oreille attentive à des petits soucis du quotidien. Il les dépannait lorsqu'ils avaient un problème. Et il avait le don de les appeler par des noms qu'utilisaient juste ses grands-parents. Il s'y sentait en pleine confiance.

« Vous prévoyez quoi pour ce soir les jeunes ? Que je sache à quoi m'attendre. » 

Des éclats de rire lui répondent. 

« Ce soir, on met le feu à ton bar. » 

Il s'esclaffe en retour. 

« J'espère bien que non. » 

Et puis, il les laisse pour se diriger vers un nouveau client qui vient d'arriver à son comptoir. Il y commence une nouvelle discussion enflammée alors que leur groupe va s'installer à une table. Ça rit, ça chahute, ça chante, ça boit. Ses sens se troublent petit à petit. Il quitte son groupe pour un autre, et puis encore un autre. Il s'égare dans sa discussion avec ce brun qui l'écoute avec attention, se perd dans son beau regard.

x x x

Il tourne dans le lit. Ça claque dans sa tête. Il rencontre un objet. C'était chaud et doux. Il finit par comprendre. C'était pas un objet. Il tente de remonter le fil de sa soirée sans y parvenir. Il ouvre avec difficulté les yeux pour comprendre immédiatement qu'il n'était pas chez lui. La lumière du soleil l'agresse. Il les referme rapidement. Son crame menace d'exploser. C'était dans des moments comme celui-là qu'il regrettait de ne pas suivre les conseils du blond qui lui servait de compagnon de galère. Lui devait déjà être en forme, ne pas avoir l'estomac au bord des lèvres et le cerveau en lambeaux. Et surtout, s'il avait dormi en compagnie de quelqu'un il devait être apte de s'en souvenir. 

Il effectue un nouvel essai d'ouverture de ses paupières. Il a fini par s'habituer un minimum à la l'éclat de l'astre solaire. À côté de lui, un brun aux cheveux bouclés repose dans les couvertures lui tournant le dos. Il cherche dans les tréfonds de son esprit mais rien ne lui revient à la mémoire. C'était le vide, le trou noir. Celui qui devait comporter un gros morceau de sa nuit.

Son regard se fixe sur les photos qui ornent le mur. Celles bien trop bleues et blanches à son goût. Pourquoi est-ce qu'il avait fallu qu'il tombe sur un supporter des bleus ? Partout, des photos de l'équipe de Gelsenkirchen. Seul ou à plusieurs. Une écharpe ornait le mur qui comportait toutes les photos, tout comme un maillot y était encadré. 

« Un fan de Goretzka, sérieusement ?! » 

La remarque lui échappe. 

« Ça semblait pas te déranger cette nuit Durm. » 

Il sursaute alors que la voix de l'autre a retenti. Elle est cassée par la nuit de sommeil. 

« La prochaine fois je te laisserai sous la pluie sur le pas de ma porte si ça te gêne tant que ça. » 

Il se prenait pour qui cet inconnu franchement ? Il n'y aurait pas de prochaine fois ! Il se redresse sur le lit, s'asseyant et étirant ses muscles endoloris par la nuit. Ça bouge à côté de lui. Il se fige lorsqu'il reconnaît le visage de l'autre. C'était impossible.

« T'as vu un fantôme Durm ? » 

Il reste silencieux, ne sachant plus quoi dire, se sentant complètement idiot. C'était tellement évident maintenant. Il reporte son regard sur les deux maillots accrochés et tout fait sens. 

« Et pour ta gouverne, avant que tu m'accuses de quoi que ce soit, c'est toi qui m'as fait du rentre-dedans toute la soirée. » 

Ses prunelles croisent celles rieuses de l'autre. Il sent ses joues qui s'enflamment alors que l'autre se lève comme si de rien n'était. 

« T'étais plus bavard hier soir Erik. Mais t'es peut-être moins chiant silencieux. »

Ça tambourine dans ses veines, dans ses tempes. Une sensation désagréable lui retourne l'estomac. Il détestait cette impression de ne rien maitriser du tout. Les yeux de l'autre semblent posés sur lui, le détaillant. Il n'a pas envie de se lever alors qu'il sait être nu sous les couvertures. 

« Quel prude j'te jure. Y a rien que je n'ai pas vu ou dont je n'ai profité hier. » 

Il ferme les yeux une seconde, tentant de contenir son exaspération et sa colère grondante. Il papillonne des paupières pour chasser quelques larmes alors que rien ne lui revient. Il se lève en vitesse et il ne lui faut que quelques secondes pour se rhabiller devant le sourire moqueur de l'autre. Sa main se repose sur son téléphone et ses clés de voiture posés sur la table de nuit. Il fuit les lieux. Une main s'abat sur son épaule alors qu'il allait quitter la pièce. Il se fait plaquer une seconde plus tard contre le mur. L'autre lui fait face, il sent son souffle sur son visage, puis qui parcoure son cou avant de s'écraser contre son oreille.

« C'est quand tu veux pour un deuxième round p'tit borussen. » 

Il le repousse. 

« Va te faire voir Goretzka. » 

Le rire éclate. 

« Oula, faut pas boire si on est pas capable d'assumer le lendemain Durm. » 

Il le fusille de ses yeux gris-verts. 

« C'est pas de ma faute si t'as tellement abusé sur la boisson que je suis le seul capable de te rappeler les brides de notre nuit. » 

Il l'énervait, mais qu'il l'énervait avec son sourire narquois. Il avait envie de lui faire ravaler. 

« C'est peut-être toi qui m'as fait boire pour profiter de moi. 

— Qu'est-ce que tu insinues ? Vas-y dégage d'ici et va chouiner auprès de Reus que le méchant Leon Goretzka t'a entrainé dans son pieu. Il est pris tu sais, toute la Ruhr est au courant de ses frasques avec Götze. C'est pas parce qu'il est parti au Bayern et que tu es coincé en rééduc avec lui que t'as la moindre chance face à Mario. » 

Comment est-ce qu'il savait ? Comment est-ce qu'il avait compris ? Est-ce qu'il en avait parlé la veille au soir ? Ses poils s'hérissent sur sa peau à l'idée qu'il savait et qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de cette information. Il ne prend pas garde au visage légèrement inquiet de l'autre quand il se met à paniquer à l'idée qu'il parle.

« Ils ne sont pas ensemble, ils sont meilleurs amis. » 

Les doigts frôlent sa joue. 

« Ce que tu es naïf. Se faire briser le cœur par son vice-capitaine, fait-on plus pathétique ? "Il est si beau, si gentil, si à l'écoute. Et puis on se rééduque ensemble. Et puis il m'invite à manger le soir." » 

Ses poings se serrent alors qu'il le sait être en train de l'imiter. 

« Tu m'étonnes qu'il cherche à s'occuper comme il peut, ses soirées doivent être longues avec son amant à l'autre bout du pays. 

— Je t'ai déjà dit qu'ils n'étaient pas ensemble. » 

L'autre se tait quelques secondes. 

« Et moi je te dis que Reus va te briser le cœur parce que tu es incapable de voir la réalité en face. » 

Il se recule, enlevant les bras qui l'emprisonnaient contre le mur et lui laissant un passage. 

« Mais vas-y, va le retrouver, je ne te retiens pas. » 

Leurs épaules entrent un poil violemment en contact alors qu'il quitte la pièce en précipitation. 

« À bientôt Durm, c'était un plaisir de faire connaissance dans ces conditions. » 

Il reclaque la porte derrière lui. L'air frais lui fait le plus grand bien mais n'a aucun effet sur sa mémoire défectueuse.

Il se laisse tomber le long de la maison, ferme ses paupières sur ses yeux verts. Il inspire fortement, tentant de calmer les battements de son cœur s'étant emballé un peu trop fort. Son portable vibre dans sa poche. Marco. Il décroche après un moment d'appréhension. 

« T'es où mec ? Ça fait des heures que j'essaie de t'appeler. On a entrainement ce matin je te rappelle. Je commençais à paniquer. En plus tes potes m'ont dit qu'ils t'avaient perdu en milieu de soirée. 

— J'arrive, j'ai juste pas entendu mon réveil. 

— Va vraiment falloir que t'arrêtes de faire la java toutes les nuits. » 

Le ton de reproche est net et présent dans la voix. 

« Ouais ouais... 

— Bon, allez magne, t'auras presque pas de retard si tu vas direct à Brackel. »

x x x

« T'as pleuré ? » 

Il détourne son regard pour ne pas qu'il puisse guetter son regard certainement rougi d'avoir repleuré dans sa voiture. Le nœud dans son ventre ne voulait pas disparaître alors qu'il ne savait pas ce qu'il avait fait la veille au soir. 

« Non non. 

— Il s'est passé quelque chose que je devrais savoir ? » 

La réponse lui échappe avant qu'il n'ait le temps de la contenir. 

« Je sais pas. 

— Comment ça tu sais pas ? » 

La malice traine un instant sur le visage de l'autre, mais s'y mêle une réelle inquiétude. 

« Je me souviens pas de ma soirée. Et je sais pas ce que... » 

La goutte salée se met à rouler sur sa joue. 

« Viens-là. » 

Il se muche contre le torse de celui qui le prend dans ses bras. 

« Ça va aller Erik. Ça arrive à tout le monde d'oublier une soirée. » 

Il aimerait lui dire que ce n'était pas ça le problème mais ça reste coincé dans sa gorge. 

« Tu vas finir par guérir et tout sera plus simple tu verras. » 

Il reste blotti contre lui trop longtemps. Le silence l'apaise tout comme les légères touches laissées sur lui par l'autre. 

« Faut qu'on se bouge, ils vont vraiment nous attendre. » 

C'est glissé au creux de son oreille doucement. Il se décolle du blond qui lui fait un léger sourire. Et pendant le temps que ça dure, tous ses soucis s'évanouissent. 

x x x

et oui, je reprends les republications par l'os en mode revierderby bvb vs schalke. il est en 4 parties, c'est presque une petite histoire vues la taille de certaines d'entre elles. j'espère qu'ils vous plairont pour ceux qui les avaient pas encore lus. 

pour ceux qui le découvrent, durm fait partie des champions du monde 2014 avec 0 min joué, mais champion quand même haha (même si sa carrière n'est pas celle du siècle à côté de ça voilà). 

et il est possible qu'un ou deux os tout neufs arrivent mais pour l'instant je manque d'un poil de temps pour les mettre en page, mais j'ai des idées pour ça !

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