I know you

I believe, I believe you could love me
But you're lost on the road to misery
And what I gave to you
I could never get back!

Son regard tombe sur le brun écroulé sur son canapé. D'un geste léger il vient faire glisser sa main sur sa joue. 

« Kevin, il est l'heure si tu veux pas être en retard à l'entrainement. »

Tout s'était déroulé très rapidement. Un retour en catastrophe au pays. Il avait pas compris pourquoi mais les faits étaient là. Kevin était de retour à Francfort et dormait chez lui avant de retrouver un logement digne de ce nom. On lui avait demandé s'il pouvait l'héberger quelques temps et c'était presque trop naturellement qu'il avait dit oui. Parce qu'il était toujours prêt à dépanner. Parce qu'il n'avait pas l'air bien méchant. Et parce qu'il ne dérangerait personne d'autre que lui-même et son train-train de célibataire 

« Salut... » 

La voix est faible, les yeux papillonnent alors qu'il se réveille lentement. Et il sourit devant cet air-là. Cet air qu'il voyait tous les matins depuis trois semaines alors qu'il avait élu domicile sur son canapé. 

« Le canapé est quand même confortable ? » 

Il y a un léger rire en retour. Et il se surprend à penser que c'est la première fois depuis qu'il était de retour qu'il riait. Il avait aperçu quelques sourires sur son visage, rarement, mais il n'avait jamais entendu le rire du plus jeune.

« Le petit déj est prêt, on peut le prendre si tu veux. » 

Et il voit un sourire réel qui s'installe sur le visage de l'autre. Un beau sourire. 

« Merci, je prends une douche rapide et j'arrive. » 

Il soupire. Rapide. Il n'en croyait pas un mot. Kevin mettait toujours des heures à se préparer le matin. Il se demandait même ce qu'il pouvait bien fabriquer dans la salle de bain. Et pourtant, il est agréablement surpris quand il entend les bruits de pas dans les escaliers seulement quelques minutes plus tard. Il reste dans son livre, attendant qu'il arrive pour commencer à manger. 

« Jan, t'aurais pas vu mon sweat vert ? » 

Il relève le visage du livre qu'il avait pris et qu'il parcourait pour tomber sur un gardien torse nu juste à côté de lui. Et il ne peut pas décoller son regard de lui pendant quelques secondes. Il déglutit. Il ne devait pas. C'était un coéquipier, un ami. Il ne pouvait pas se permettre que ça pose problème au sein du club. Craquer sur des gars oui, craquer sur des coéquipiers non. Il prend quelques secondes de trop à réfléchir tandis que l'autre le fixe. Il sent ses joues qui le brûlent un peu plus chaque instant. Est-ce qu'il s'en rendait compte ? Pourvu qu'il ne s'en rende pas compte. 

« Alors ? »

Il relève le regard vers le sien. 

« T'as regardé sur le linge qui sèche ?

— Ah non. » 

Et deux secondes plus tard, il entend ses pas dans les escaliers. C'est bruyant. Un peu trop. Aucune discrétion, comme bien souvent. Il ne peut retenir un léger rire à cette pensée. 

« C'EST BON, JE L'AI, T'AVAIS RAISON ! » 

Ça éclate à l'étage.

Il redescend bien vite comme une tempête. Y a ses lèvres qui se retrouve sur la joue de l'ainé. 

« Merci pour ça. » 

Et avant qu'il n'ait eu le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer, l'autre gardien est assis à table, tout sourire. 

« Alors, on petit-déjeune ? » 

Il se retient de laisser un soupir échapper à la barrière de ses lèvres. Il ne sait pas quoi faire, quoi dire, comment agir. Kevin était en train de prendre un peu trop de place. Et peut-être que c'était une erreur de l'avoir invité. Peut-être qu'il s'attachait un peu trop. Il connaissait ses goûts. Savait qu'il allait vouloir du café et du pain avec du fromage finement tranché. Ensuite il finirait par une petite tartine avec de la confiture. Elle serait aux fruits rouges, c'était la seule qu'il aimait. Lorsqu'il sortait celle à la prune elle restait sur la table et il n'en mangeait pas. Alors il avait pris l'habitude de toujours sortir celle aux fruits rouges quand il avait compris cela. Ensuite, il piquerait un sucre dans le pot, celui qu'il aurait dû mettre dans son café et il croquerait dedans pour en manger une moitié avant d'éponger la fin de sa tasse avec l'autre. Et puis, après avoir débarrassé ses affaires et une partie de la table, il irait se brosser les dents rapidement. Et en faisant tout ça, son visage resterait légèrement fermé, nostalgique, triste. Et il à chaque instant, il se dirait qu'il avait envie de faire quelque chose pour l'aider sans savoir quoi. Parce qu'il était là que depuis trois semaines, parce qu'il ne le connaissait que depuis trois semaines, et parce qu'il y avait certainement bien des personnes mieux placées que lui pour discuter avec l'international allemand.

x x x

« Ça va Kevin ? » 

Il est rentré par surprise dans le salon. Et devant lui, le plus jeune semble pleurer. 

« Ouais, ouais, t'inquiète pas. » 

Pourtant, il voit nettement les yeux rougis, les joues qu'il essuie rapidement mais pas suffisamment pour que ce geste lui échappe. Il était redescendu boire un verre d'eau et son colocataire n'était pas encore endormi. 

« Tu peux me parler si tu veux. Tu me dérangeras pas. » 

Et il remonte. Ne pas le forcer, ne pas le brusquer. Il comprendrait. Il parlerait s'il en avait l'envie. Et pourtant, il aurait bien envie qu'il se confie, qu'il puisse le réconforter, qu'il réinstalle un sourire sur son visage. Parce qu'après l'avoir pris plusieurs fois à sourire, il s'était aperçu d'une chose, Kevin était beau quand il souriait. Il était même très beau. Et il l'était encore plus quand il riait alors qu'ils regardaient des films comiques l'un à côté de l'autre dans le canapé. C'était si rare ces moments-là.

Il se doutait que ça avait forcément un lien avec son départ précipité de la capitale française cette situation. Il n'avait juste pas les éléments. Il ne pouvait les avoir alors que l'autre ne voulait pas lui donner. Et pourtant, son retour rapide, ses pleurs cachées le soir, son visage triste à longueur de journée, le fait qu'il semblait évident qu'il n'était pas pressé de retrouver sa liberté. Il avait besoin de compagnie et il serait sa compagnie. Il savait aussi plein de choses sur la vie de Kevin depuis le temps. Sur sa famille, sur ses amis, sur ce qu'il aimait, sur ses passions en dehors du foot. Une fois, il lui avait joué un air de clarinette. Et il jouait très bien. Il n'avait pu détacher son regard des doigts dansant sur l'instrument qu'il maitrisait à la quasi-perfection de son point de vue de néophyte.

x x x

« Jan ? T'es occupé ? » 

La voix timide résonne dans la cuisine alors qu'il était en train de préparer des pancakes pour le soir. C'était une idée de dernière minute mais il avait envie d'en manger. Il aimait faire la cuisine de base, mais seul, il n'arrivait pas à se motiver. Alors en sachant qu'il avait un invité, il en profitait. Il retourne son visage vers son coéquipier qui est dans l'embrasure de la porte et l'observe silencieusement attendant sa réponse. 

« Je fais la cuisine, mais on peut discuter en même temps. » 

Il lui fait un léger sourire. Et le plus jeune vient prendre place sur une des chaises autour de la table. Il l'observe repliant une jambe contre lui, déposant son pied sur celle-ci et l'entourant de ses bras. Bientôt, il y a la tête qui repose sur le genou alors qu'il semble pensif. 

« Tu fais quoi ? 

— Des pancakes. T'aimes ça ? » 

Et il peut voir quelques secondes des étoiles qui brillent dans le regard de l'autre, un sourire véritable s'installer sur son visage. 

« J'adore ! T'es un super cuisinier d'ailleurs. C'est rare que je mange aussi bien que chez toi mis à part au resto. » 

Il sent son cœur qui s'emballe légèrement sous le compliment et la douceur et sincérité dans le regard de l'autre. Il n'est pas à l'aise. Il ne veut pas penser à ce qu'il peut ressentir quand il traine à côté de lui. Quand il rentre dans une pièce à moitié dénudé ce qui arrivait de plus en plus fréquemment, notamment quand il fallait qu'ils se dépêchent de se préparer le matin. Quand il lui faisait des légers compliments. Quand leurs bras se frôlaient alors qu'ils étaient installés à discuter ou regarder un film dans le canapé. Quand il lui souriait le matin en entrant avec son air peu réveillé dans la cuisine. Quand ses lèvres se collaient à sa joue pour une raison futile. Et il savait qu'il le faisait à d'autres. Il l'avait déjà vu à l'entrainement avec d'autres coéquipiers. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de se faire des films qu'il n'aurait jamais dû commencer à faire. Kevin était un simple coéquipier à qui il rendait service le temps qu'il le désirait.

« Tu voulais me parler de quelque chose ?

— Ah... Euh... Ouais... » 

Il peut sentir qu'il n'a pas confiance en lui. Et il aimait ça. Quand il lui demandait des conseils sur le club, sur la ville, sur comment agir parce qu'il ne savait pas comment faire. Parce qu'il avait cette fébrilité qu'il n'avait pas dès lors qu'il pouvait quitter la maison et qu'il plaquait un masque de sureté sur son visage, ne laissant filtrer aucune crainte à ceux qui pourraient le croiser. 

« J'ai besoin d'un avis, et je me dis que t'auras peut-être des idées. » 

Il sent son intérêt grandir immédiatement. Il se demande ce qu'il peut lui demander. Parce que pour la première fois, il voulait son avis. 

« À propos de quoi ? » 

L'autre est toujours installé sur sa chaise. 

« Comment on fait pour oublier son ex ? » 

Il peut voir ses yeux tristes, son regard plein de douleur, son visage dont le sourire a disparu. 

« Euh... » 

Il l'a pris par surprise. Il ne sait pas quoi répondre. Il comprend enfin ce qui lui arrivait. 

« C'est pour ça que t'as quitté Paris ? » 

Et il peut palper la douleur qui devient un peu plus forte encore chez l'autre. 

« J'avais besoin de changer d'air. » 

Larmes qui viennent brouiller le regard de l'autre même s'il tente de les maitriser. Mais il ne peut que les voir. Parce qu'il avait compris avant qu'il n'allait pas bien. 

« Ça faisait sept ans et tout s'est arrêté d'un coup. » 

Les mains viennent écraser quelques larmes. 

« Il faut laisser du temps. Et tu rencontreras peut-être quelqu'un. T'es agréable à vivre, tu trouveras forcément. » 

Il lui sourit. Et quand il voit les coins de ses lèvres qui se redressent un tout petit peu, il se sent heureux. Heureux de réussir à presque lui arracher des sourires. Heureux de lui remonter le moral ne serait qu'un peu. 

« Tu veux qu'on aille faire quelque chose cet aprem après l'entrainement. 

— Pourquoi pas. Ça me changera les idées. » 

Et il se lève. Il ne peut pas s'empêcher de sourire quand il vient piquer un pancake. Ça aurait été n'importe qui d'autre qu'il aurait râlé. Mais c'était Kevin, alors ça le faisait juste sourire.

x x x

« Tu peux rester encore un peu si tu veux... » 

Il marque une pause alors que le parc dans lequel ils se promènent prend une belle teinte orangée. 

« Enfin. Si ça te permet de te changer les idées pour l'instant. » 

Il ne dit pas le fond de sa pensée. Qu'il n'avait plus envie qu'il parte. Qu'il se verrait bien avec lui plus longtemps. Qu'il s'était attaché bien trop rapidement et qu'il était en train de se perdre un peu plus à chaque instant passé en sa compagnie. 

« Merci pour la proposition. T'es génial tu sais. » 

C'est dit simplement mais ça accélère les battements de son cœur bien trop fort. Comme n'importe quelle petite phrase qu'il disait ces derniers jours arrivaient à le faire.


Chemicals rushing in,
I know it's you that I belong to
I'm fighting like a cannonball in the air
Crashing into who I belong to


« Je crois que je vais partir. » 

Il sent son cœur qui se serre violemment. 

« Mais pourquoi ? 

Ça va faire presque deux mois que je squatte chez toi quand même. Je ne veux pas abuser de ta sympathie trop longtemps. » 

Il avait dit ça de manière naturelle, bien trop naturelle. Et il aurait dû s'en douter. Kevin n'avait aucune raison de rester chez lui. Parce qu'il n'était que celui qui l'hébergeait pour le dépanner. Alors il reste silencieux. Parce qu'il ne sait pas quoi dire. Parce que l'idée qu'il puisse partir lui fait un peu trop mal. Un peu... C'était un euphémisme. Il souffrait rien qu'à l'idée qu'il parte. Il s'était attaché bien trop vite à celui qui partageait des instants de sa journée et de sa vie depuis deux mois désormais. Et il n'aurait pas dû. Parce que c'était une règle qu'il ne devait pas franchir jamais, pour ne pas avoir de souci par la suite. Il peut voir le sourire sur le visage de l'allemand qui lui fait face. Celui qui s'agrandit un peu plus chaque jour. Celui qu'il rêvait de voir bien trop proche de lui. Celui à qui il avait presque tout donné. Son logement. Son temps. Ses conseils. Son attention. Et peut-être aussi un peu son cœur sur les bords. 

« T'en abuses pas, je suis content de t'héberger tu sais. » 

Il a les prunelles qui plongent dans celles de l'autre. Et l'échange dure un peu trop longtemps. 

« Je sais. »

Y a le silence qui se fait. Les passants qui tournent autour d'eux dans le parc où ils trainent. Celui où ils se rendaient si souvent. 

« Mais parfois, j'aimerais bien avoir un peu plus qu'un canapé tu vois. » 

Le plus jeune a un léger rire. Et il le comprend, même s'il ne veut pas l'admettre. Il déglutit. Son cœur se brise. Il avait été si naïf. Croire qu'il lui tomberait dans les bras. Quel idiot il avait pu faire. Tout n'avait été que des gestes amicaux. Les mêmes qu'il pouvait réserver au reste de ses coéquipiers. Est-ce qu'il avait compris ? Est-ce qu'il avait peur ? Est-ce que c'était pour cela qu'il partait maintenant, parce qu'il croyait qu'il allait l'approcher ? Non, il ne pouvait pas avoir compris. 

« Mais ne t'inquiète pas, maintenant que je connais tes talents de cuisinier, je viendrai squatter. » 

Léger rire qui s'élève au milieu de l'allée bordée de platanes. 

« Enfin, si tu m'invites. » 

Évidemment que je t'inviterai. Il soupire légèrement. 

« Bien sûr. 

— Cool ! » 

Le silence se fait. Il ne sait pas quoi dire. Il ne veut pas admettre qu'il va bientôt partir. 

« Tu m'aiderais à trouver un appart ? J'aime bien tes conseils. Et puis, il faut que tu le trouves sympa pour toutes les soirées qu'on se fera. » 

Et son sourire s'élargit un peu.

x x x

Il rentre dans son appart bien trop vide. Cela faisait une semaine qu'il n'était plus là et il lui manquait déjà. Qu'est-ce qu'il avait pu être naïf. Croire qu'il l'apprécierait autant qu'il pouvait l'apprécier. Croire que les lèvres collées sur sa joue signifiaient quelque chose. Croire que les mots presque doux prononcés avec une quelconque signification. Croire qu'il allait l'embrasser alors qu'ils avaient sauté dans un lit pour en tester le matelas alors qu'ils achetaient des meubles pour le nouveau logement de l'autre. Il pouvait revoir leurs visages trop proches. Enfin, c'était l'impression qu'il avait eu. Mais ça n'avait pas eu l'air d'être le cas de l'autre. 

Il ferme ses paupières et soupire. Il n'y avait que le silence autour de lui. Et pour la première fois depuis son divorce avec son ex, en sachant que Kevin ne serait pas celui qui lui permettrait de l'oublier malgré ce qu'il avait pensé un instant, Jan se sent seul. Seul, triste et avec un cœur qu'il pensait irréparable après sa précédente rupture de nouveau brisé.

x x x

(pas du tout mon pref cet os...)

le prochain os ce sera un inédit (owi). 

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