A million dreams

They can say, they can say it all sounds crazy
They can say, they can say I've lost my mind
I don't care, I don't care, so call me crazy
We can live in a world that we design'

Cause every night I lie in bed
The brightest colors fill my head
A million dreams are keeping me awake
I think of what the world could be
A vision of the one I see
A million dreams is all it's gonna take
A million dreams for the world we're gonna make


Ça pousse dans les tribunes et pourtant sur le terrain les cœurs sombrent. Regards qui se posent sur le chrono. Quatre-vingt-dixième minute. C'était mort. Ils allaient pas réussir à le faire. Ils le savaient tous, qu'actuellement ils étaient que quatrièmes. Ils le voient aux mines sombres sur le banc. Ils le voient dans la joie des supporters adverses qui se moquent gentiment. Ca s'énerve, ça se pousse, ça s'engueule. Rouge qui sort alors que le stade s'embrase un peu plus. Pourtant ça démarrait bien, ce match à la maison tout en étant à l'extérieur. Y avait des cris qui avaient résonné tout du long, pour eux, parce que le peuple s'était bougé, parce que le club adverse leur avait laissé des places, parce que le leur s'était débrouillé pour les acheter. Y avait le but qui était entré, la joie parce qu'ils savaient tous ce qu'il signifiait. 

Et puis la chute. L'erreur. Le but encaissé. Les mines qui avaient sombré au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Les téléphones utilisés sur le banc pour savoir le classement. Et tour à tour chacun récupérait les places qualificatives ou de barrage. Six premiers qui se battaient. Et sur le terrain, le néant. Les joueurs qui partaient dans tous les sens avec la rage de vaincre, celle d'en planter un. La désorganisation. Le vide et l'absence de tout pendant un bon quart d'heure. Ils tenaient pourtant. Mais ils jouaient bien moins bien que les autres. Que ceux qui n'avaient en plus plus rien à jouer et qui s'amusaient à gagner du temps. Peut-être parce qu'ils ne voulaient pas perdre à domicile pour leur dernière. 

La pression qui n'était pas là pendant des mois venait de ressurgir subitement au moment le plus important de leur carrière. Ils savaient tous pourquoi. Parce que l'enjeu était devenu subitement réel. Ils étaient à l'aube de l'exploit, ou de l'oubli. Parce que s'ils réussissaient, ils deviendraient les héros d'une ville, d'une région, d'un stade et d'un club. Et s'ils échouaient. S'ils échouaient ils seraient ceux qui les avaient juste fait rêver avant de s'effondrer, comme d'autres avant eux. 

On ne retiendrait pas leurs noms, ils ne seraient jamais gravés dans l'histoire du club, ils ne seraient pas en photo à côté de ceux qui avaient réussi à se payer une finale au Stade de France une quinzaine d'année plus tôt dans le bureau du président. Non, ils seraient juste ceux qui avaient réussi à remettre le club dans les clous après avoir frôlé la relégation en national 2 deux ans plus tôt. Pourtant, personne n'y croyait quand encore dix journées plus tôt, ils trainaient à une maigre septième place, quatre points manquant pour arracher la place de barragiste.

Et dix journées plus tard, ils étaient là, à la porte des plus grands.

x x x

90'+6. Et alors que le banc n'y croyait plus. Et alors que les joueurs eux-mêmes n'y croyaient plus. Et alors que les supporters n'y croyaient plus même s'ils continuaient leurs chants, il avait placé son ballon. Ils le savaient tous que c'était la dernière action. Le chronomètre qui s'affichait, surplombant le un-un leur brisant le cœur était plutôt clair là-dessus. Capitaine qui prend ses responsabilités. Celle d'envoyer le coup-franc dans les seize mètres cinquante. Pas au-dessus, pas à côté, surtout pas en sortie de but. Non. Il fallait une occasion. 

Et c'est l'explosion. Marée humaine qui débarque sur la pelouse. Rugissement à l'arrière du but rémois. Il aurait voulu continuer son match l'arbitre que c'était impossible. Y a les embrassades, les hurlements, les joueurs qui courent seuls de façon désordonnée, les supporters qui s'invitent sur le terrain et les vigiles qui n'y peuvent rien. Larmes qui peuplent certains regards, prières adressées à un dieu qui les a écoutés. Ils déconnectent, ils disjonctent. Eux, les chèvres selon certains journaux populaires, ceux qu'on voyait retomber immédiatement dans les bas-fond du championnat national, la bande de potes s'était offert la Ligue un. 

Regard de l'entraîneur qui glisse sur ses joueurs. Eux, ceux qu'il avait déjà à ses côtés l'année d'avant, ceux qui n'étaient même plus pro à l'époque parce qu'ils n'en avaient plus le droit. Il a dû mal à contenir son émotion. Cette fois-ci, on va pas le briser son rêve. Parce que s'ils visaient juste le maintien à la base. Mais ils ont un stade. Un de ceux qui pourra accueillir des matchs. Ils ont une infrastructure. 

Non, son rêve cette fois-ci, il ne sera pas décapité comme il avait pu l'être quand il avait réussi à faire monter une bourgade de six-cents habitants en Ligue deux. Avant qu'il le voit être écrasé par le foot-buisness, les petits arrangements entre copains et avant d'avoir assisté impuissant à la dissolution de celui-ci sans qu'on ne trouve un arrangement pour qu'il reste en national. Regard qui se pose sur son gardien. Il voit le bonheur qui brille dans ses pupilles. Parce que lui aussi on avait brisé son rêve cette année-là. Il faisait déjà partie de l'aventure là-bas. Mais cette fois-ci, non, il ne rêvait plus. Ou il rêvait bien plus grand.

Il répond rapidement à l'interview, il a la voix qui tremble. Il veut juste retrouver ses joueurs. Ceux qui sont si importants pour lui. Il veut retrouver sa famille et faire la fête toute la nuit. Il se retrouve à les prendre dans ses bras. Il voit les larmes de son capitaine, ses yeux rougis, les mots qu'il a du mal à prononcer pour les caméras de télé alors que l'émotion prend le dessus et le journaliste qui le laisse tranquille. 

Ils crient, ils chantent, ils dansent. Ils rentrent et se font accueillir par leurs supporters et la pluie battante chez eux. Mais ils sont heureux. Tellement heureux.

À la dernière seconde de la dernière journée, ils l'avaient fait.

hihi, la republi de mon os sur l'amiens sc :) 

les ref c'est leur montée (allez voir la vidéo si vous l'avez jamais c'est un grand moment, mes potes fans de lens ça a été une désillusion terrible ce soir-là, même s'ils s'en sont bien remis vu ce qu'ils font désormais !) et l'énorme scandale de la non-montée de luzenac (600 hab) qq années plus tôt (pour des raisons vraiment ridicules qui ont été invalidées qq années plus tard, mais ils avaient tué le club dans tous les cas) avec le même entraineur à la tête de l'équipe (+ le même gardien). 


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top