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"Globe: Je t'appellerai demain matin, j'ai quelque chose à te proposer."

Elena soupira. Le chef de l'underground avait prononcé un mot interdit: matin. Le lendemain était un dimanche. Ca faisait une grasse matinée qui s'envolait.

Elle ne manqua pas de le lui faire remarquer. Il rit puis lui expliqua sa fameuse proposition de sa voix caverneuse.

-J'aimerais que vous veniez au QG de l'underground, tous les journalistes de la Chouette. Vous y seriez en sécurité. Un noyau dur de révoltés brestois vivent ici. Ceux qui sont connus et recherchés mais aussi ceux qui sont importants dans le réseau.

-Où en est l'enquête?

-Tu es sur la liste des suspects. Pas trop haut mais quand même. Ils savent que le poisson est dans la mare et ils n'hésiteront pas à vider la mare pour trouver la carpe.

-Une carpe? J'aimais bien votre métaphore jusqu'à ce que vous me compariez à une carpe. Je vais en discuter avec les autres. Je vous rappelle quand j'ai la réponse. Merci de la proposition en tout cas.

-Pas de souci, Elena, bonne journée.

Elle raccrocha et dû remettre ses idées en place. La première chose qui lui vint à l'esprit, c'était que ce Globe était quelqu'un d'amusant. C'était la première fois qu'ils avaient une conversation téléphonique. Jusque là, il y avait toujours eu une certaine distance entre l'underground et le journal. Ils étaient dans la même ville mais ne s'occupaient pas des mêmes choses. Leurs messages s'étaient résumés à des échanges d'information.

Ensuite, elle hésita entre appeler Iode ou faire une sieste. Elle renonça au sommeil et demanda à son amie si il y avait un moment où tout le monde était disponible. Il fallait qu'ils parlent. La madame organisation du groupe lui dit que demain midi c'était possible en théorie, il fallait qu'elle vérifie avec tout le monde.

-Au fait, Elena, je crois que j'ai fait une petite bêtise hier. Je suis passée voir Devon, histoire de savoir si il avait besoin d'un truc, comment ça se passait avec ses serveurs et tout ça. Il m'a demandé de ne pas lui parler de ça et de lui changer les idées. Du coup, je lui ai raconté ce qu'il s'était passé vendredi devant la BU. Le message de Globe, l'enquête. Je l'ai senti paniqué alors j'ai voulu blaguer et je lui ai dit qu'il devait pas s'en faire, c'était un vieil ami à toi qui enquêtait.

-Tu lui as parlé de Marco?

-Ouais. Vu sa réaction, c'était pas une bonne idée.

-Il a fait quoi?

-Il s'est refermé fin tu vois comment il est quand il est énervé et il est repartit devant son ordi en me demandant de partir.

-Je crois que ça va être sympathique demain. Rendez vous à midi, je préviens tout le monde, tu t'occupes de passer le message à Devon?

-Ok, désolée Elena, je pensais qu'il était passé à autre chose.

-Moi aussi. Je vais lui en parler.


Mercredi 15 avril 2015

 Je crois que c'était une journée magnifique. Le matin, on avait cours et j'ai dit à Marco rendez vous à la plage après manger, il commence à faire vraiment beau. Et donc, l'après midi on a été se baigner. Elle était très froide encore mais c'était cool. En remontant, il m'a demandé si je voulais sortir avec lui. Je devais être d'accord parce que j'ai dit oui. Je me suis dit qu'il fallait que je lui prouves que c'était vrai. Marco aime beaucoup les preuves, comme en maths. Et du coup bah je l'ai embrassé.



Ce dimanche matin, Marco reçut lui aussi un appel. C'était l'inspecteur. Avec sa voix des mauvais jours.

-T'as repris contact avec Elena?

-Quoi? Ben non.

-Ca fait deux jours qu'il n'y a rien de nouveau sur le site de la Chouette. On sait bien qu'ils ne se sont pas fait choper sinon ça se saurait. C'est forcément quelqu'un qui les a prévenu. Ils ont eu peur et ils ont arrêté. C'est pas le fait qu'ils arrêtent qui me gène, c'est qu'ils savent. Maintenant, ils vont se cacher et plus moyen de les retrouver.

-Eh ben quand on aura fait le tour de nos cents noms, on verra qui il manque et on saura que c'est lui le coupable au moins, répondit Marco avec un sarcasme qu'il ne se connaissait pas.

-On n'a pas le temps d'attendre là, répondit Ledanois irrité, et j'ai besoin de savoir si je peux encore compter sur toi.

-Evidemment que tu peux, tu penses que je vais changer de bord juste parce que j'ai lu un nom que je connaissais sur une liste de suspects?

-Bien. Je vais continuer les interrogatoires avec Nolwenn cet après midi.

-Un dimanche?

-Au moins, on sera sûrs de trouver les gens chez eux. T'as intérêt à être au taquet demain.

-Oui. Bonne journée alors.

-Bonne journée Marco.

Le jeune homme raccrocha passablement énervé. L'inspecteur doutait de sa fiabilité et préférait aller voir les prochains suspects avec Nolwenn. Il avait besoin de se calmer et de se changer les idées. Voir la mer avait toujours eu ces effets sur lui. Depuis qu'il allait à la plage avec ses parents à Naples, il aimait l'étendue d'eau salée comme un vieil ami. Son plus vieil ami.

De l'Italie à la France, l'océan était le seul à ne l'avoir jamais abandonné. Il descendait vers le port en pensant à sa mère. Elle ne l'avait peut être pas décidé mais elle l'avait laissé, à sa mort. A cette époque là, son pays natal lui manquait énormément. Son père ensuite avait préféré le mettre en pension donc se séparer de lui. Et cette séparation en avait entraîné une autre, celle avec Elena. Comment s'aimer s'ils ne pouvaient plus se voir.

Ça faisait deux disputes avec l'inspecteur en deux jours. Il commençait à s'inquiéter.

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