7 - Intrusion

Chapitre 7

ROMAN

Intrusion

— Roman ! Roman, attends-moi ! s'époumone Tommy qui essaye de me rejoindre dehors.

Je l'ignore et continue de marcher jusqu'à ma voiture. Cette Aston Martin grise, appartenant à mon père.

J'ouvre la portière. Tommy se rue vers moi et la referme aussitôt.

— Hé ! Roman ! Je ne t'ai jamais vu comme ça ! Les stupéfiants te transforment, sérieusement !

— La drogue n'a rien à voir avec ça, Tom.

— Je te connais depuis qu'on est petits, ça, ça ne te ressemble pas. Et j'ai remarqué que tu ne t'étais pas protégé avec Jess et Priscilla alors que c'est dans tes principes. On dirait que tu te fiches de tout maintenant. Si tu veux, on s'éloigne de la soirée, je t'emmène prendre un café et on va discuter. Je suis là, moi, mais tu ne dis plus rien depuis la mort de tes...

Voyant qu'il effleure un sujet que j'évite depuis des mois, je lui tourne le dos et ouvre la portière qu'il referme d'un coup.

— T'as bu et t'es défoncé, mon pote ! Tu prends pas le volant, je te laisserai pas te foutre en l'air. Donne-moi tes clés, parce que la dernière fois que t'as conduit bourré, t'as fini contre un arbre, non ?

Il commence à pleuvoir, comme presque chaque jour dans la région au mois d'octobre. À chacune de mes respirations, une fumée s'échappe d'entre mes lèvres, marquant la température qui se refroidit.

— Roman, je ressens ta douleur. T'as perdu ton père, ensuite ta mère en si... peu... de temps. Julia est dans les bras d'un autre. La merde s'accentue avec Matt. Mais tu dois te ressaisir. Il y a des gens qui t'aiment. Tout Woodward admire Roman Eaton. Ne gâche pas ta vie. T'as tout un avenir devant toi. T'es une légende. Autant pour moi qui voudrais être aussi doué que toi que toutes ces femmes qui...

— Une légende du fait de ma fortune, Tom... rectifié-je. Les mecs me vénèrent parce qu'ils veulent ma place, ils convoitent une part de ma notoriété. Les nanas ne rêvent que d'être admirées et enviées en étant avec moi et en profitant de mon fric.

— Julia est comme ça. Je te l'accorde. Elle a siphonné tout ce qu'elle pouvait de toi.

Effectivement, perverse depuis l'enfance, elle m'a utilisé. Elle était prête à se marier avec moi pour rester fortunée, parce que sa famille l'a déshéritée pour toutes les frasques qu'elle a fait subir à plein de gens. Elle était même violente avec ses parents.

Je laisse la pluie perler sur mon visage et lorsque j'affronte son regard inquiet, j'ajoute avec une grande sincérité :

— Parfois, j'aimerais brûler ce putain de manoir qui m'attend chaque nuit, plongé dans le noir.

— Tu vis une période sombre, Roman. Je connais un psy spécialisé dans les deuils, je peux...

— Non, Tom, c'est gentil, mais... Laisse-moi.

J'ouvre ma portière et il s'acharne pour la refermer. Lorsqu'il voit Matt franchir le seuil de la porte, il va tout de suite dans sa direction pour tenter de désamorcer la colère de mon rival. J'en profite alors pour me glisser, sans me presser, derrière le volant. Je verrouille les portes alors que Tom revient en courant, voulant m'empêcher de démarrer. Le pauvre, il se donne du mal. Matt fonce vers le véhicule et frappe sur le capot pour me proposer de sortir et de venir me battre.

Je fais marche arrière et Matt ne réplique pas, sachant que ça ne mène à rien de courir après le bolide. Je m'éloigne de la fête dans le sentier et rejoins la route en accélérant, pour m'enfoncer dans la pénombre.

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https://youtu.be/ylyShIQ5LR4


Ça fait plus d'une heure que je suis garé dans l'ombre d'un sentier. J'entrevois la maison d'Andra. Le moteur est toujours en marche. Les essuie-glaces chassent la pluie torrentielle. Le remix Power Glove de la chanson Dark All day de GUNSHIP passe à la radio. Je coince mon joint à la commissure des lèvres pour ouvrir la boîte à gants. Je récupère deux clés : celle de la maison de ma prof que j'ai dérobée en dormant chez elle et le double que j'en ai fait. Je vais remettre l'original à sa place, dans le tiroir du meuble de l'entrée pour qu'elle ne se doute jamais de sa disparition.

En ouvrant ma portière, la fumée dense accumulée dans l'habitacle se disperse à l'extérieur. Je jette mon joint dans la terre humide et marche sous la pluie vers la demeure.

Le 4x4 rouge d'Andra est dans l'allée.

Je grimpe sur le porche discrètement, jette un bref regard aux alentours, même s'il n'y a pas de voisins à des kilomètres, et inspecte furtivement à travers une fenêtre. À l'intérieur, c'est l'obscurité totale. Je me rapproche de la porte, suffisamment pour y insérer mon double de clé tout en espérant qu'il fonctionne.

Et c'est le cas : la poignée se déverrouille parfaitement.

Je fais gaffe en ouvrant la porte, évitant tout bruit. J'enlève mes bottes sur le tapis pour éviter de salir le plancher avec la boue.

À l'intérieur de la propriété plongée dans le noir, j'inspecte les pièces qui s'offrent à moi. Aucun signe de vie dans le salon ni dans la cuisine. Le couloir est désert. Pas même un son à l'étage quand je me tiens au bas de l'escalier. À part la pluie qui crépite contre les fenêtres, tout est silencieux. J'ouvre discrètement le tiroir du meuble de l'entrée pour remettre la clé à sa place. En relevant les yeux, mon reflet apparaît dans un miroir. Je prends le temps de passer une main dans mes cheveux mouillés. Mon regard est vitreux et injecté de sang dû à l'alcool et la drogue.

J'approche du canapé où j'ai déjà passé la nuit. Du bout des doigts, j'attrape un coussin pour le humer. L'odeur d'Andra est omniprésente, c'est ce qui m'avait donné envie de me masturber sur celui-ci. Son parfum est un mélange de lys et de vanille.

Je poursuis mon inspection vers le portable d'Andra sur la table de la cuisine. La bouteille de vin à côté est vide, mais il reste une gorgée dans sa coupe. En m'emparant du verre, je deviens obnubilé par la marque de son rouge à lèvres sur le rebord. Je place ma bouche au même endroit et vide lentement le contenu.

Le vin est âpre et médiocre. Ma prof mérite de boire un élixir de meilleure qualité. Avec moi, elle pourrait goûter aux meilleures bouteilles qui se trouvent dans ma cave à vin...

La pulpe de mes doigts effleure le pad de son ordinateur et l'écran s'illumine.

Je m'assois, prenant le temps de m'intéresser à son travail. Elle est en pleine traduction d'un bouquin. Je baisse la fenêtre de son texte et y découvre des pages Web ouvertes.

Intrigué, je plisse les yeux.

— Tiens, tiens, madame Evans..., chuchoté-je. Tu effectues des recherches sur moi ?

Je clique sur le premier lien de recherche et tombe sur un article de presse. Celui qui a été écrit sur mon père. En gros titre, on peut y lire :

« Triste décès de James Eaton. - D'après l'enquête et les résultats d'autopsie, il s'agirait d'un suicide. Le cardiologue de cinquante-huit ans aurait mis fin à ses jours d'une balle dans la tête, avec un 9 mm. Il laisse en deuil sa femme, Lawrence, et son fils, Roman.

Rappelons que James Eaton était l'héritier de l'immense fortune de l'homme d'affaires, Franco Eaton. Par succession, Lawrence devient donc la première femme multimillionnaire de l'État. »

Je fixe l'écran, non obnubilé par l'article, mais plutôt par toutes les photos qu'Andra a consultées avec les dates et heures dans l'historique. Elle a cliqué sur un cliché de moi au collège, un autre dans la presse, puis plusieurs sur les réseaux sociaux. Je ferme la liste de recherches pour découvrir que derrière, il y a encore une autre page ouverte, mais c'est mon Instagram.

Les photos de moi sont superficielles, prises sur le vif par des admirateurs, d'autres où je suis sur un yacht avec des potes, une autre professionnelle avec l'administration de Woodward qui m'accueille avec fierté, d'autres avec des filles, et quelques-unes, anciennes, avec Julia. Une autre où je l'embrasse...

Que pense-t-elle de moi ? Tous ces clichés ne me représentent pas tellement. Je joue le jeu d'un jeune fringuant riche, comme tous les autres, mais en réalité, je n'ai pas besoin de tout ça.

Je ferme l'écran et en me levant, je m'intéresse à l'étage. Je grimpe lentement l'escalier, jusqu'à me diriger vers la porte de la chambre entrebâillée de ma prof. Je l'ouvre avec prudence.

Je la vois.

Andra est endormie.

J'appuie mon épaule contre le cadre, histoire de la contempler un peu. Dos à moi, elle ne me voit pas. Sur sa table de chevet, il y a deux flacons de médocs. Toujours ces foutus antidépresseurs et somnifères. Si je la rends heureuse, elle n'en n'aura plus besoin.

Lentement et prudemment, je m'installe sur le lit... Juste derrière elle.

Je m'assure de contrôler les mouvements de mon poids sur le matelas pour éviter qu'elle ne détecte une présence.

Dès que je me couche, posant délicatement ma tête sur l'oreiller, je me rapproche suffisamment pour humer le parfum de ses cheveux. Le sang qui afflue dans mon sexe déclenche une sorte de pulsation contre ma verge, ce qui la fait durcir encore plus. Je fais gaffe à ce que mon érection ne touche pas ses fesses, même si la tentation est forte.

J'écarte doucement une mèche de ses cheveux avec mon index, dévoilant son épaule dénudée. Mon souffle humide, près de son cou, recouvre sa peau d'une chair de poule. Je dépose un baiser subtil sur son épaule et plonge ma main dans mon pantalon pour tenter d'apaiser l'engorgement dans ma queue.

Elle a un de ces effets sur moi : ça me rend complètement dingue. Elle me fait me sentir comme un puceau au bord de l'implosion rien qu'avec son odeur. Ça me rend accro.

Je veux avoir une liaison avec Andra. Je veux qu'on se voie en cachette et qu'elle me supplie de la baiser partout, que ce soit en classe quand tout le monde est parti, dans un placard à balais juste avant le cours, dans sa voiture ou chez elle...

Je me masturbe, laissant filtrer un lourd soupir dans le creux de son oreille. Ce bruit la fait réagir. Elle se tourne sur le dos et je me fige, la bite toujours en main.

Je la contemple alors qu'elle est toujours endormie. J'ai envie de la toucher, de glisser ma paume sur sa cuisse et de faufiler mes doigts dans sa chair mouillée pendant que je l'embrasse dans le cou. Ma prof porte un débardeur de pyjama et je vois le galbe parfait de ses seins se dessiner sous le tissu et ses tétons qui le traversent. J'observe furtivement sous la couette et constate qu'elle n'a qu'une petite culotte.

Je ferme les paupières, fantasmant sur ce que j'ai envie de lui faire sans la toucher. Mon but n'est pas de l'agresser, ni de la violer, pas même de lui faire peur. Juste la désirer.

Je repense à la nuit où j'étais dans ce lit, où j'ai caressé ses seins et faufilé avec hâte ma main dans son short pour toucher la moiteur de ses lèvres. Mon majeur dans sa fente a titillé son bourgeon sensible et une fois gonflé, j'ai enfoncé deux phalanges en elle. Sa chair brûlante était agréable contre mes doigts et j'admirais son buste se soulever sous chaque jouissance. Son dos se cambrait et elle poussait son bassin vers ma main, réclamant mes doigts au fond d'elle.

Sentant que je vais jouir, j'arrête tout de suite de me branler. J'ai pas envie de mettre du sperme partout dans ses draps. La pression redescend et peu à peu c'est le sommeil qui me gagne. Je voudrais rester près d'elle chaque nuit, chaque journée qui passe. Chaque moment de ma vie.

Je ferme les paupières juste un moment. Après je partirai. 

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