3 - Après le frisson, la fièvre
Chapitre 3
ANDRA
Après le frisson, la fièvre
Ça fait dix minutes que Roman est sous la douche. Pendant ce temps, assise à la table de la cuisine, je bois un troisième verre de vin en fixant mon écran d'ordinateur, incapable d'écrire une ligne. Je ne peux pas traduire les romans mot par mot sinon ça n'aurait pas de sens. Je dois donc toujours trouver une façon de raconter ce que l'auteur a voulu transmettre. De toute évidence, ce soir je ne déniche pas les mots justes.
Soudain, l'écran s'éteint, créant une noirceur supplémentaire dans la pièce. Ma batterie est vide. La seule lumière qui reste provient des quelques bougies allumées et des éclairs qui flashent à travers les fenêtres.
J'entends les charnières de la porte de la salle de bain grincer, signe qu'il a terminé. En le rejoignant pour lui donner la pile de vêtements de Jonathan, je me raidis.
Il a noué une serviette blanche autour de ses hanches. Je vois littéralement la forme de son sexe se dessiner sous le linge. Son torse ciselé est perlé d'eau, tout comme ses cheveux charbonneux. On fait un échange : je lui refile les vêtements propres et il me remet ceux trempés que je fourre aussitôt dans le sèche-linge.
Je m'éclipse dans le couloir, piochant une couverture en laine dans la penderie que je dépose sur le canapé. Quand il me rejoint, je découvre qu'il a enfilé le pantalon de pyjama de Jonathan mais pas le t-shirt.
— Tu peux t'installer ici et attendre que l'orage passe. Ensuite, je te ramène chez toi et la dépanneuse sera sûrement de nouveau disponible. Tu as une couverture pour te mettre au chaud. J'aurais bien allumé la cheminée, mais j'ai oublié de rentrer le bois. Les bûches sont empilées à l'extérieur, derrière la maison : elles doivent être complètement mouillées.
— Ça ira, merci Andra pour ton hospitalité.
Il s'assoit et mes papiers sur la table basse attirent son attention. Je n'avais pas remarqué mes factures et mon courrier ouverts. Ce qui semble l'intéresser, c'est la lettre avec le sceau en or de l'université Woodward. Je constate qu'il s'en empare sans gêne. Je la lui enlève des mains et ramasse tout mon courrier.
— Si tu veux rester ici Roman, ne fouille pas dans mes affaires.
— Attends..., t'as un poste à Woodward ? C'est difficile d'y entrer. Autant pour les étudiants que pour les professeurs. Ton C.V. doit être impressionnant.
Je pouffe, à la fois flattée et mal à l'aise.
— Pas vraiment. Je n'ai qu'une maîtrise en littérature française. Je... je remplace seulement la femme qui était en charge du programme d'immersion en langue française. Elle a dû délaisser son poste pour un souci de santé, je crois. Je n'ai aucun mérite, je suis là par défaut. Ils n'ont trouvé aucune personne disponible.
— Aucune personne qualifiée comme toi. C'est ça la nuance.
Je lui offre un sourire avenant. Il adore donner des compliments.
— C'est gentil, Roman. Pour être honnête, je commence dans un peu plus d'une semaine et ça me terrifie. Il y a un moment que je n'ai pas mis les pieds sur un campus. J'adorais étudier. Enseigner, c'est différent. Surtout que la dame qui m'a offert le travail m'indiquait au téléphone que ce sont des gosses de riches prétentieux, et que si je n'avais pas suffisamment d'autorité ou de caractère, ils allaient chercher à m'intimider, me faire fuir et que je ne tiendrais pas deux jours.
— Le seul conseil que je pourrais te donner, c'est... ne te laisse pas impressionner. Ils ne t'embêteront pas indéfiniment.
J'acquiesce timidement et, ni lui ni moi ne détournons le regard. Je sens doucement les effets du mélange d'alcool et de médicaments me monter à la tête. Je ne tiendrai pas longtemps. Ma vue va se troubler, je vais perdre l'équilibre et sombrer dans un sommeil profond. Je veux juste éviter de m'effondrer devant lui.
— Il... il se fait tard. Je... tu peux te reposer. Je dois dormir un peu, j'ai du sommeil à rattraper et beaucoup d'écriture pour demain. T'as besoin de quelque chose ? Un verre d'eau ou... une autre couverture ?
— Non, ça va, ne t'inquiète pas pour moi.
Il déplace les coussins et s'étend sur le canapé, mes yeux vagabondent sur son corps pour admirer les muscles rouler sous sa peau. Enfin... plutôt pour examiner la blessure sur son torse.
Bon, OK, je suis forcée d'admettre que Roman est très attirant et, de toute évidence, ne me laisse pas indifférente. C'est clairement le genre de beau gosse qu'on voit dans les films. Il a une belle gueule, un regard de braise, une aura mystérieuse, une voix enjôleuse et un sourire de séducteur qui te promet qu'avec lui, tout est intense. Il dégage quelque chose de très... physique. Le genre de mec qui pue le sexe et qui, par sa simple présence, a le pouvoir de te liquéfier. Ça se voit et ça se sent quand on se retrouve en face de ce genre de gars.
Cependant, il m'est impossible de savoir si cette tension qui émane dans l'air est positive ou négative.
Je range les papiers que j'ai en mains dans le tiroir du meuble d'entrée, verrouille la porte et monte l'escalier sous le bruit du tonnerre et le regard de Roman. Je ne suis pas rassurée d'avoir un étranger chez moi, mais je dois rester rationnelle. Ce n'est tout de même pas un tueur ou un type qui va venir m'agresser durant mon sommeil.
N'empêche, je vais demeurer prudente.
Je me brosse les dents, enfile mon short et mon débardeur de pyjama, puis verrouille précautionneusement la poignée. Je me glisse ensuite sous les couvertures où je sombre rapidement malgré l'orage et cet inconnu...
+ + +
Je suis réveillée un peu plus tard dans la nuit par des bruits dans la maison. Quand j'ouvre doucement les paupières, je me sens étourdie par mon somnifère. Je tends un bras vers ma table de nuit pour regarder ma montre. Il est trois heures du matin... Je suis complètement assommée, mais je dois aller voir ce qu'il se passe. J'écarte le drap qui me semble si lourd et commence à marcher jusqu'à la porte pour la déverrouiller.
Ma vision est trouble, mon ouïe me fait aussi peut-être défaut. Si ça se trouve, je suis en train de rêver.
J'avance à pas feutrés dans le couloir. En m'approchant de l'escalier, pour être encore plus près de la source du son, je constate que ça ressemble à des bruits de respiration en détresse. Ses blessures le font-elles souffrir ?
Pieds nus sur la première marche, je commence à descendre pour aller réveiller Roman. Seulement... je stoppe avant d'arriver à la dernière marche. Ce que je vois dans le salon me stupéfait. Je m'agenouille aussitôt pour éviter qu'il ne m'aperçoive et c'est, sans voix, que j'observe Roman à travers les barreaux en bois de la rampe d'escalier.
Un frisson me traverse la chair jusqu'à l'os.
Je frotte mes yeux pour être sûre de bien discerner cette scène surréaliste et ça se confirme... Roman Eaton est étendu sur le canapé, le pantalon de pyjama baissé, exposant son érection tout en se masturbant d'une main.
Le sang dans mes veines réchauffe ma poitrine, laissant dans son sillage un pouls plus rythmé. Je n'arrive pas à bouger. Il fait ça chez moi ? Sans pudeur, sans retenue ? Je suis censée faire quoi ? Surgir en colère et le foutre à la porte ? Je lui laisse le temps de s'habiller ou pas ? Mais étrangement, je ne ressens pas de colère : tout ça me semble tellement irréel. Pourtant je l'entends soupirer et gémir après chaque caresse vigoureuse contre sa verge. Il cache ses yeux avec l'un de ses bras : ce serait le moment pour moi de rebrousser chemin. La sidération m'empêche de le chasser. Je préfère disparaître et faire comme si je n'avais rien découvert.
Je me sens voyeuse en ce moment et ça déclenche une petite adrénaline dans mon corps. Ce n'est pas déplaisant. Je reste plantée là comme si je n'avais pas vu d'homme depuis une éternité. Je ne sais même pas à quand remonte la dernière fois où je me suis touchée... Je ne regarde pas de porno et ne rencontre pas de mecs. Je suis dans un état d'esprit qui n'est pas propice au plaisir. Mais... en observant Roman éjaculer en ce moment même sur son ventre et gémir, ça vient me stimuler.
Une vague de chaleur et d'excitation m'envahit.
Il faut que je remonte avant qu'il ne me voie et ce, sans faire craquer le parquet. Je retourne dans ma chambre sans qu'il me repère et me glisse sous les draps. Mon corps est moite, mon cœur bat la chamade. J'ai encore un vertige, alors je me tourne sur le côté et ferme les paupières. Je ne l'entends plus, il ne reste que le bruit de la pluie qui s'abat délicatement contre la fenêtre.
C'est d'une manière un peu prude que je faufile une main entre mes cuisses, ayant trop longtemps négligé ce que je pouvais ressentir. J'insère mes doigts à l'intérieur de mon short et dès que mon majeur glisse dans ma fente et effleure mon clito humide, une marée de frissons agréables dévore mon corps. Je décide de prendre l'oreiller de Jonathan et de le mettre sous les draps pour le coincer entre mes cuisses. C'est un peu pathétique de se frotter contre ça alors qu'il existe des jouets, mais je n'en ai pas.
Mes seins durcissent et mes tétons se dressent pendant que je me fais du bien.
J'ouvre brusquement les paupières en entendant une latte de plancher craquer près du seuil de ma porte de chambre.
Mon sang se glace. Je cesse de bouger complètement. Je suis dos à la porte et n'ose pas me retourner.
J'ai oublié de fermer la porte et de la verrouiller.
Ma respiration se bloque. Roman est dans l'encadrement. Je peux sentir sa présence à environ trois mètres derrière moi. Des milliers de fourmillements chatouillent ma peau, en guise de peur. Je sais que mes réflexes et mon esprit sont encore engourdis à cause du somnifère, alors si je me fais attaquer, je vais avoir du mal à me défendre.
J'ignore combien de temps je vais devoir retenir ma respiration et rester immobile. J'espère qu'il me croit endormie, comme si ça allait changer quelque chose.
Sa voix brise le silence après deux longues minutes :
— Je constate que t'as aimé ce que t'as vu..., chuchote Roman d'une intonation suave.
Fait chier. Il sait que je l'ai observé.
Il n'y a plus aucun son. Quelques secondes s'écoulent. Est-ce qu'il est encore là ? Est-ce qu'il me regarde ? Je n'ose pas vérifier.
Puis, contre toute attente, je sens des mouvements au pied de mon lit.
Oh bon sang... Roman s'est rapproché. Il tâte la couette, puis mon pied... et sa main se faufile sous la couverture.
Tout mon corps s'enflamme et mon cœur cogne si fort qu'il martèle ma poitrine. Me faire tripoter par un étranger chez moi est une situation percutante, voire troublante. C'est comme se retrouver avec un cambrioleur au pied de son lit, qui vous touche. Vous ne le connaissez pas, il est chez vous, vous n'osez pas le regarder. La peur vous tétanise et l'adrénaline vous dévore la chair face à tant d'appréhension. Je voudrais vraiment réagir, mais je suis totalement paralysée par la stupéfaction.
— Je sais que tu ne dors pas... Andra, murmure-t-il. Que tu te fais plaisir avec l'oreiller. Je suis venu m'assurer que tu n'avais pas besoin d'aide... puisque ton mari ne s'occupe plus de toi.
Sa main remonte le long de ma jambe sous le drap et tous mes muscles se crispent. Je garde les paupières fermées.
Sa paume est brûlante. Est-ce la main avec laquelle il s'est branlé ?
— Je ne te ferai aucun mal... Tu n'as qu'à me dire non et je m'en vais. Autrement, on est juste... deux adultes inconnus, mais consentants, qui profitent un peu...
J'arrive à me retourner sur le dos, pour lui signifier que je suis éveillée, même s'il le sait. Je crois que je suis de nature très timide et son comportement me déstabilise. D'un côté, cette situation bizarre me gêne et de l'autre, j'ai envie de me laisser aller.
Je ne refuse rien, alors Roman se faufile sous le drap en grimpant sur moi et balance l'oreiller de Jonathan par terre. J'ai le réflexe de fermer les cuisses par pudeur, mais il pousse mon genou avec le sien pour écarter mes jambes et se nicher entre celles-ci. Je n'ai jamais été touchée par un autre homme que Jonathan. Sentir la main de Roman caresser ma jambe et remonter jusqu'à mon sexe électrise mon corps. Toutes mes zones érogènes sont en alerte. Même s'il a joui, je découvre qu'il bande encore quand il frôle ma cuisse. Il relève mon débardeur, libère mes seins et s'empresse d'embrasser avec avidité chaque centimètre de peau.
Roman plonge ensuite sa main dans mon short et dès que la pulpe de ses doigts effleure l'entrée de mon vagin, je les sens mouillés. C'est de manière robuste qu'il enfonce son majeur et son index, m'arrachant un gémissement de surprise.
J'ai encore l'esprit embrouillé, mais mon corps ressent tout et c'est incroyable. Il ne faut pas qu'il arrête. Plus il me masturbe, plus je me cambre. Je renverse ma tête en arrière et pousse quelques frémissements.
Je sens son souffle ardent effleurer mon cou, puis sa bouche tracer un chemin jusqu'à mon oreille.
— Hum...., t'es tellement bandante. J'ai envie de te baiser, de te faire crier jusqu'à l'aube. Mais je me retiens, car j'ai vu les médicaments que t'as pris. Les flacons sont sur la table de la cuisine et je ne veux pas profiter de toi. Alors, je vais juste te donner ce que tu me réclames et que tu n'assumes pas...
Il baisse vivement mon short, replonge ses doigts dans mon sexe et accélère le mouvement de va-et-vient suivant l'intensité de mes réactions. Le plaisir m'envoie dans un état second où je ne contrôle plus rien. La pression dans mon bas-ventre devient le centre de mon univers.
Ses phalanges sont complètement trempées et je sens qu'il va me provoquer un orgasme. Son autre main caresse mon clitoris en même temps et c'est immédiat : je me raidis, j'empoigne le drap du matelas et une délicieuse et puissante contraction se déverse à l'intérieur de moi et entre mes cuisses, laissant sur son passage une jouissance divine. Je pousse mes hanches vers Roman. Mon corps est pris de secousses et je laisse échapper des soupirs de plaisir.
Quand l'orgasme s'estompe, Roman sort ses doigts délicatement pour ensuite caresser mon sexe avec ma cyprine. Sa tête disparaît sous la couverture et la seconde suivante, je sens sa langue chaude laper l'entrée de mon vagin et mon bourgeon sensible. Face à ce geste, j'empoigne sa tignasse sombre et lâche un gémissement de surprise.
Jonathan ne m'a jamais fait ça, c'est la première fois que je découvre cette sensation exquise qui me laisse savoir qu'un deuxième orgasme va se déclencher.
Mais malheureusement, Roman s'arrête après avoir léché ma cyprine. Il essuie sa bouche, remonte mon short et m'offre un petit sourire en coin.
— Faut éviter d'aller trop loin. Parce que ton goût me donne envie de baiser ta chatte avec ma langue, puis avec ma queue. Ensuite, je vais devoir te prendre en otage dans ta propre maison, parce que je ne pourrai plus jamais me passer de toi.
https://youtu.be/CfIUegNFV2k
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