23 - Psychotropes & éclaboussures




Chapitre 23

ROMAN

Psychotropes & éclaboussures

Julia est déjà arrivée à notre emplacement. Elle se tourne lorsqu'elle entend le son de mes pas écraser les feuilles mortes. La faible pluie rend ses cheveux roux plus sombres. Vêtue d'un jean noir ajusté, d'un top et d'une veste en cuir, elle semble grelotter de froid.

— T'es magnifique..., soufflé-je en gardant le regard impassible.

Elle sourit, flattée par mon compliment. Mes vêtements sont trempés, tout comme mes cheveux et je sens mon visage perlé d'eau, mais je n'ai pas froid. Je suis totalement détendu. Je reste là, sans bouger, les mains dans les poches, à la regarder intensément.

Mon ex se rapproche suffisamment pour se retrouver à quelques centimètres de moi et pouvoir observer mes traits. Quelque chose l'interpelle.

— Roman..., tu planes encore. T'as une dilatation des pupilles.

Sa main caresse ma joue avec affection. Elle ne sait pas que je viens de prendre de la cocaïne. Ce psychotrope commence à agir sur mon système nerveux central.

Pour vérifier si le stimulant qu'elle m'a refilé a un effet prolongé, elle tâte un peu mon entrejambe. Elle va être déçue, car le sang s'est dissipé pendant le trajet. Fort heureusement pour moi, car la douleur était vive.

— Alors... t'as envie de t'amuser ? T'as aimé ça, la nuit dernière...

Elle défait lentement ma ceinture tout en ancrant ses yeux dans les miens.

— Tu me connais bien, susurré-je juste assez fort pour qu'elle entende. Et moi... je sais que tu veux mon sperme. Alors, prends-le.

Elle laisse échapper ma ceinture par terre, surprise par mes propos.

— Attends, quoi ? Mais... Roman... Tu m'as quittée parce que j'arrêtais de prendre la pilule et que je retirais toujours le préservatif et là, tu... changes d'avis ? Tu serais prêt à ce que je porte ton enfant ? Un... Eaton.

Juste en prononçant mon nom de famille, elle a envie de pleurer de joie.

— Ce serait le plus beau cadeau que tu pourrais me faire, Roman. Ça marquerait un tournant dans notre relation. On passerait à un autre niveau et on vivrait ensemble. Comme mes parents l'ont toujours souhaité et moi aussi c'est ce que je veux plus que tout.

Julia ouvre ma braguette, impatiente de s'y remettre pour être certaine d'avoir bientôt un test de grossesse positif.

Mais avant qu'elle aille plus loin, je lui ordonne :

— Pas si vite, Julia... il y a une chose que je veux, moi. C'est qu'on inverse les rôles.

— Quoi ?

—Je veux que tu t'agenouilles devant moi et que tu me suces.

Elle rit alors que la pluie fait couler son mascara sur ses joues et la trempe de la tête au pied.

— Tu plaisantes ? Tu veux être dominant ? Sérieusement ? T'as pas de caractère. T'es doux comme un agneau niveau sexe Roman. Alors hors de question. Tu sais que je n'aime pas me faire dire quoi faire. Je vais pas me foutre à genoux dans la terre boueuse. Si tu veux que je te suce, je vais le faire à ma manière. On peut aller dans ta caisse, au chaud.

Elle est habituée à jouer les princesses, à avoir tout ce qu'elle veut et dès que j'exige quelque chose, elle s'y oppose. Elle croit qu'elle contrôle et domine tout. Mais cette petite déshéritée dépend de moi pour son avenir, qu'elle le veuille ou non, elle va s'agenouiller devant moi. Au moins une fois dans sa vie.

— Tu fais ce que je te dis. Enlève ta veste, fous-la par terre, pose tes genoux dessus.

— Je vais avoir froid ! Qu'est-ce qui te prend ? T'es pas comme ça d'habitude.

— À... ge...noux, dicté-je en détachant mes mots de manière austère.

— Ça va, ça va, t'énerve pas ! Mais déjà que je suis venue dans la forêt avec mes bottes Louboutin en cuir de veau, je ne vais pas foutre dans la boue ma veste qui coûte plus cher encore.

Julia lâche un énorme soupir avant de s'agenouiller à mes pieds. La voir faire ce geste m'enivre. J'en ai des frissons dans tout le corps.

Elle remarque que je suis plutôt frigide pour une personne qui va recevoir une fellation. Mon corps est tendu et je ne suis pas dans le même état d'esprit qu'elle.

Mon ex prend le temps d'inspecter un peu les alentours, craignant qu'on nous voie -même si ce n'est jamais arrivé- et s'occupe ensuite d'exhiber ma queue.

Pendant qu'elle me branle un peu, je plonge la main dans ma poche arrière pour récupérer ce que j'ai pioché dans le coffre à gants : un couteau à lame automatique... Avant même qu'elle prenne mon sexe en bouche, j'attrape d'une main sa tête par les cheveux et de l'autre, je lui tranche la gorge.

J'appuie si fort et si vite qu'elle n'a pas le temps de réagir face à la sauvagerie de cet assaut.

Quand je la relâche, elle reste en état de choc avec la bouche grande ouverte, incapable de crier, les yeux écarquillés qui fixent la lame sanglante dans ma main. On dirait que son cerveau ne réalise pas qu'elle va mourir, que ça vient de se passer en une fraction de seconde. La douleur semble si violente que son visage vire au cramoisi. Sa main tente de toucher sa plaie béante, mais dès qu'elle voit le sang opaque se déverser sur ses phalanges, la panique se déclenche. Le cri dans sa trachée est bloqué par le liquide ferreux, ce qui provoque une éclaboussure dans l'air.

Elle s'étouffe.

Julia essaie de s'accrocher désespérément à mon pantalon pour me supplier de l'aider. Mais je fais un pas en arrière et elle tombe par devant, avant de se retourner sur le dos en se tortillant sous les supplices de la souffrance. Ses cheveux baignent dans la boue et les feuilles mortes alors que la pluie s'abat sur elle.

Pauvres Louboutin et veste en cuir...

Je range vite fait mon sexe avant de me placer à califourchon sur elle. Ses doigts agrippent le col de mon pull quand je me penche vers son visage. Pour la première fois de ma vie, je la vois effrayée par moi.

Des larmes jaillissent sur son visage pendant qu'elle agonise. Pour lui montrer un peu d'affection, je passe une main dans ses cheveux pour l'apaiser en venant chuchoter à son oreille :

— Chuuut... je suis là. Je reste avec toi jusqu'à la fin. Maintenant, tu es liée à moi à jamais, Julia. La dernière chose que tu verras pour l'éternité dans tes souvenirs, ce sera mon visage.

Une symphonie de sons d'étouffement émerge de son œsophage. Son corps trémule sous le mien. Elle se noie littéralement dans son propre sang.

Oh... je pourrais prendre ma ceinture à côté d'elle et l'étrangler pour vite en finir, mais je veux qu'elle souffre encore un peu.

Sa main qui empoigne le col de mon pull perd de sa détermination. Elle s'affaiblit.

Elle essaie de dire quelque chose en ouvrant la bouche, mais un hoquet fait éclabousser tout le sang accumulé dans sa cavité buccale et vient asperger mon visage. Ses traits se plissent sous l'insoutenable douleur qui la traverse, ses poumons en détresse créent des spasmes incontrôlés dans ses membres.

Julia me fixe juste avant de s'éteindre...

Sa main qui m'empoigne se relâche complètement et son bras tombe sur le côté. Ses pupilles semblent s'assombrir. Le sang provenant de sa trachée ouverte s'évacue faiblement.

J'attrape le menton de Julia Harmond, la contemple alors qu'elle est inerte et dépose un dernier et long baiser contre son front pour lui dire adieu. Une fois que c'est fait, je viens fermer délicatement ses paupières et me relève.

En voulant replacer mes cheveux, je décèle que ma main tremble.

J'ai besoin d'un moment pour contempler le corps de mon ex sans vie, pour comprendre que c'est bien réel.

J'ai encore la clope nichée derrière mon oreille. Je m'en empare et quand j'allume le briquet, j'ai un peu de mal, car ce n'est plus juste une main, mais deux qui tremblent.

Je décide de venir m'asseoir au pied d'un arbre le temps de fumer la cigarette. C'est le regard perdu et vide que je contemple le cadavre devant moi.





Je m'étais juré de ne pas recommencer. Me voilà avec un autre corps à cacher. J'ai dû mal à fumer tellement les nerfs me font grelotter. J'appuie ma tête contre l'écorce de l'arbre et admire à présent la pluie qui tombe du ciel dans une cadence parfaite. Elle fait tomber les dernières feuilles des arbres pour les laisser sombres, sans couleur et sinistres. Un léger son de tonnerre gronde dans les nuages épais qui tapissent le ciel à la cime des arbres. Je contemple la nature pour m'évader un instant et écouter le silence agréable.

Mais ça ne dure pas, puisqu'une vibration se fait sentir dans ma poche. Téléphone en main, j'ai du mal à ouvrir le message que j'ai reçu à cause de mes doigts mouillés.

Quand j'y arrive, je lis :

« Tout va bien ? Je ne t'ai pas vu en cours aujourd'hui. »

C'est Andra, on est mardi, j'ai manqué son cours. Il faut que je parte. Je ne peux pas rester ici et laisser Julia comme ça.

Je retourne d'un pas pressé vers le parking. Une fois dans la voiture, j'enlève mon pull et l'utilise pour essuyer les gouttes de sang que j'ai sur le visage, le cou et les mains. Je récupère une chemise sur ma banquette arrière et pendant que je l'enfile... je repère Matt qui court sous la pluie en direction de son Range Rover. Comme je ne suis pas très loin, il me voit et... m'interpelle. Je l'entends crier :

— Roman ! Approche !

J'hésite et termine rapidement de boutonner ma chemise. J'inspecte subtilement mon reflet dans le rétro pour être sûr qu'il ne reste pas de sang. C'est avec réticence que je sors de la caisse pour m'approcher de lui. Je découvre qu'il a des griffures sur la joue et une petite coupure sur l'arcade sourcilière. Il entame pendant qu'il fouille dans son coffre :

— Ouais, mec, je voulais m'excuser. On oublie tout d'accord.

Il m'offre une poignée de main et sans comprendre, j'accepte, mais reste dubitatif.

— Pourquoi tu t'excuses ? Et qu'est-ce qui t'est arrivé au visage ?

Il cherche quelque chose dans le bordel qu'est son coffre. Il y a des tas de piles de vêtements et un sac de sport.

— Ce que je t'ai dit sur Andra, c'était juste pour t'énerver. Ensuite, je trouve ça débile qu'on se prenne la tête pour une garce comme Julia. Encore ce matin on s'est engueulés. Et tu sais quoi ? Elle m'a frappé alors je l'ai retenue par le bras pour qu'elle arrête, mais avec son autre main elle m'a griffé le visage jusqu'au sang avec ses ongles. Sa bague m'a même coupé le sourcil. Elle est complètement folle. Pitié, ne me dis pas qu'elle te frappait toi aussi. Une meuf comme ça mérite de se faire défoncer. Rien à battre que ce soit une nana pourrie gâtée. La seule chose qui m'a empêché de la cogner en retour était qu'il y avait des gens autour de nous qui nous ont vus nous disputer. J'en ai fini avec elle. Donc c'est bon, on fait la paix ?

Je ne réagis pas.

— Allez, c'est pas grave, je dois y aller, j'avais besoin d'un manuel. Bye !

Il referme son coffre et c'est en courant sous la pluie qu'il retourne en cours. À cet instant, une idée me vient à l'esprit. J'attends qu'il disparaisse complètement et quand il est hors de ma vue, j'ouvre son coffre et la fermeture Éclair de son sac.

En deux temps trois mouvements, je vire tout l'équipement de hockey qui se trouvait à l'intérieur, ne laissant qu'un pull, puis referme le coffre. 

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