CHAPITRE 5. ÉLONIE

La robe achetée malgré moi plus tôt dans la journée pend sur une immense tringle juste en face de mon lit. Je la regarde impuissante, comme si j'étais le pantin de mon propre destin. La maison est plongée dans un silence de mort alors que nous y sommes tous. Seule la pluie entache ce calme olympien.
Je l'entends frapper avec force contre ma fenêtre, elle supplie que je la laisse entrer.

Je n'arrive pas à détacher mon regard livide de cette tenue.
Derrière elle, un masque tout en finesse et féminité repose sur une commode. Demain, il me cachera mais je n'ai aucun espoir pour la suite des événements ; il n'arrivera pas à masquer indéfiniment le vide qui se lit dans mes yeux. Les illusions ne durent jamais éternellement.

Il existe une drôle d'expression que j'avais, tout un temps, bien mal compris : "se noyer dans un regard". Ce n'est pas synonyme d'amour, la littérature nous ment. Cette chipie tente de nous berner depuis toujours. On se perd dans l'abysse de mes yeux parce que la vacuité de mon âme s'y reflète.
Tout le monde le voit.
Maman ne pose pas de questions, elle essaye de faire comme si notre famille allait bien. Elle sort, elle voyage, elle fait du shopping et organise de grandes réceptions. Elle a même fini par croire à ses mensonges.
Mais pas moi. Rien ne va, rien n'ira plus jamais bien. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment pourrais-je profiter de la vie lorsque la sienne lui a été prématurément arrachée ?

La foudre frappe un grand coup et me fait sursauter. La tempête se déchaîne furieuse. Je sors doucement de mon lit pour ne pas réveiller les fantômes que mes parents s'évertuent à cacher dans nos placards et me dirige vers le balcon.
Sans m'avoir vraiment vu ouvrir la porte, je me retrouve pourtant dehors et la pluie imprègne mon pyjama trop grand. Mes pieds nus sont attaqués par le froid mordant du béton. Je sens des gouttes ruisseler sur mon visage, ce sont larmes des anges qui se lamentent. C'est tout l'univers qui pleure ce soir.
Je me rapproche dangereusement de la rembarre et j'admire le ciel se fissurer d'éclairs. Lui cicatrisera très vite.
La chaleur se marie avec l'humidité provoquée par le déluge. Rien ne va plus dehors, rien n'a jamais été à l'intérieur. Je me penche dangereusement et ferme les yeux juste pour avoir la chance de la rejoindre un instant, peu importe où elle est.
Pourtant, des ongles s'enfoncent dans la chaire de mon avant-bras et me tire vers l'arrière.

- Rentre immédiatement.

Papa ne crie pas, il n'en a pas besoin. Son regard de glace suffit, il hurle pour lui. Mes cheveux trempés dégouline sur mon visage mais je le vois, entre quelques mèches, fermer la porte à double tour avant de me tourner le dos et de sortir sans un bruit.
Mon t-shirt goutte sur le parquet. La foudre frappe encore dehors et son éclair devient pour moi lucidité. Je suis triste et si tristement vide.

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