Chapitre 2
Samedi matin. Ils passent une rediffusion de Ma famille d'abord sur ABC. Olive aime bien, ça lui rappelle la période post divorce, quand sa mère passait encore ses mercredis après-midi à la maison. Elles regardaient blotties l'une contre l'autre, avec un gros sachet de pop corn au beurre sur les genoux. Ça n'a duré que quelques mois. Un épisode de flottement : après les larmes, les cris, la déchirure, on voulait le calme. Mais les blessures ont vite guéri, pour sa mère. De toute façon, elle n'avait plus le temps. Les factures se sont accumulées et elle a du enchaîner les heures sup' à l'usine. C'est un travail ingrat, répétitif, qui laisse des mains abîmées et de terribles mal de dos. Bien sûr, Sibyl regrette son boulot à la station service. Là-bas elle encaissait les clients, préparait les cafés, passait un coup de balai. Depuis son poste, elle pouvait observer son mari s'occuper des pompes. Puis, vers quinze heures, il s'absentait pour récupérer Olive à l'école. C'était une heure creuse, de toute façon. La petite s'asseyait à côté d'elle, derrière le comptoir, et remplissait méticuleusement ses carnets de coloriage. Ils croulaient pas sur l'or mais ils avaient assez de quoi se payer des petits plaisirs. Une semaine à la mer au mois de juillet, la Volvo pleine à craquer de bagages. C'était le bon vieux temps.
Maintenant, avec la maigre pension alimentaire du père et le salaire de misère, y a tout juste assez pour finir le mois. Elles n'ont pas revu la mer depuis bien longtemps.
Olive étend ses jambes sur le canapés, appuyée sur l'accoudoir. En rentrant, vers trois heures du matin, elle a essayé de dormir un peu mais n'a presque pas pu fermer l'œil. Elle n'a pas cessé de se tourner et se retourner dans son lit, l'esprit ailleurs. Quand le soleil s'est levé, affamée, elle s'est préparé un bol de céréales et l'a dévoré devant la télé, seulement vêtue d'un débardeur Snoopy et d'une culotte à l'élastique distendu.
De temps à autre, Olive jette un coup d'œil à l'écran de son téléphone. Elle se dit que si elle donne l'impression de s'en ficher, alors le message arrivera plus vite. Pour l'instant, ça ne fonctionne pas vraiment. Peut-être parce qu'elle ne s'en fiche pas du tout.
Avec Myles, ils ont descendu la bouteille de rhum blanc à eux deux. Au début, c'était terriblement infect, mais après plusieurs gorgées, le goût s'est progressivement dissipé. Olive a aimé cette sensation de légèreté, elle n'avait plus à analyser chacun des mots qu'elle prononçait en essayant de déterminer si ils étaient embarrassants ou non. Peu importait si elle riait trop fort, souriait stupidement. Ils ont bien rigolé mais Ethel a fini par exiger qu'elles rentrent se coucher car il était tard. Myles a demandé son numéro. Olive n'a plus pensé à Garett.
La porte de la chambre de sa mère s'ouvre. Ses pas sont étouffés par la moquette. Olive la sent s'asseoir à côté d'elle. Elle porte une vieille robe de chambre toute délavée et des pantoufles rose. Sa teinture blond platine date de quelques semaines déjà et laisse apercevoir ses racines brunes. Elle sent le parfum coûteux et la fumée.
— T'étais où, hier soir ? Demande-t-elle de but en blanc.
Elle se penche pour saisir son paquet de clopes sur la table basse encombrée. Elle fouille quelques instants dans une boîte en osier remplie de babioles avant de trouver un briquet.
— Et toi, t'étais pas censée être chez Rody ? Rétorque Olive.
— J'ai fini le boulot trop tard. Je suis rentrée direct.
Olive ne détache pas les yeux du poste télé. Sa mère expire une longue bouffée qui forme un nuage autour de sa tête.
— Alors ?
— J'étais chez Ethel.
— En presque dix ans t'as jamais dormi là-bas. Me raconte pas n'importe quoi.
Olive saisit la télécommande pour augmenter le son de la télé. Sybil tapote sa cigarette au dessus du cendrier en verre. Elle donne une légère claque sur la jambe de sa fille pour exiger une réponse.
— J'étais à une soirée, marmonne Olive en se dégageant.
À son grand étonnement, sa mère n'a pas l'air fâchée. Elle hausse les sourcils, surprise.
— C'est super, ça. C'était des amis d'Ethel ?
Olive lui jette un regard noir.
— Non. C'est moi qui ai été invitée. C'est si dur à croire ?
— Oh, avoue que c'est assez nouveau.
— Wow, impressionnant, Olive s'est fait des amis.
— C'est pas ce que je voulais dire..
— Ne dis rien alors !
Olive tente de se concentrer sur l'écran, boudeuse. Sa mère écrase sa cigarette dans le cendrier.
— Y avait des garçons à cette soirée ?
— Maman !
— Je demande juste !
Olive pense à Myles, qui ne lui a toujours pas envoyé de message. Elle hausse les épaules d'un air qu'elle espère détaché.
— Ouais.
— Et donc ?
— Et donc rien du tout.
— Ne mens pas à ta mère.
— Y en avait un qui était sympa, voilà.
— Mignon ?
— Ouais.
— Quel style ?
— Style looser qui joue du rock dans son garage.
— Les meilleurs.
Olive pouffe devant le sourire mutin de sa mère. Celle-ci repose le cendrier sur la table basse et se lève.
— Je vais passer un coup de fil, je reviens.
— Arrête, je sais que tu vas tout raconter à papa !
— Mais non. Rody m'a laissé un message, c'est tout.
Elle retourne dans sa chambre. Olive fait la moue. Elle la connaît comme sa poche. Dès qu'il se passe quelque chose dans sa vie, elle se sent obligée d'aller le rapporter à son père. Ils ont beau être divorcés, lorsque c'est à son sujet, ils ressemblent à deux gamins tout excités de se raconter des secrets.
L'émission continue de tourner mais Olive n'a plus envie de regarder. Elle vérifie son portable pour la vingtième fois de la matinée ; l'écran demeure vide.
Les rayons du soleil traversent les rideaux du salon et forment des stries de lumière sur son corps allongé. Myles se redresse sur ses coudes, hébété. Sa tête lui tourne légèrement. Il porte machinalement deux doigts à sa paupière éternellement close, puis les déplace lentement sur sa tempe douloureuse. Son dos lui fait mal, il a dormi à même le sol, la tête posée sur son t-shirt roulé en boule. Le séjour est quasiment vide. Tout le monde est parti ou s'est trouvé une chambre inoccupée.
Myles baisse les yeux sur le corps allongé près du sien, recroquevillé contre son torse. Ah oui. C'est une fille de Saint Barthélemy, l'école privée pour filles juste en face de Saint Thomas. Le sweat à capuche de Myles est posé en travers de son corps comme une couverture. Ses cheveux roux s'éparpillent sur son visage. Il replace une mèche derrière son oreille pour pouvoir le regarder. Elle tressaille mais ne se réveille pas. Ses souvenirs sont flous, il ne se rappelle pas exactement de ce qu'il a fait. Au début, y avait cette fille.. Molly ? Mignonne, rigolote. Il aurait bien couché mais c'était plutôt le genre de nana à qui on offrait des fleurs et des chansons d'amour enregistrées sur des cassettes, celles qui attendent secrètement le grand amour. De toute façon, la belle Ethel est venue la chercher avant qu'ils n'aient eu le temps de vraiment sympathiser.
Myles a un peu erré, après. Il est monté danser. Cette fille sans nom l'a abordé, avec ses yeux pétillants et ses tâches de rousseurs. Il l'a fait tournoyer sur un vieux morceau de rock, ça ressemblait à Grease. À cinq heures, les gens ont commencé à s'en aller. Ils se sont embrassés. Il n'a pas eu envie d'aller plus loin. Il voulait juste la regarder encore un peu. Il se sentait tout ragaillardi, comme amoureux. Il le lui a dit, d'ailleurs. – Je crois que je suis amoureux. – De qui ? – De toi.
Elle lui a rétorqué, si un stratagème pour coucher, ça marchera pas. Myles a répondu, non non, juste pour t'épouser. Après, il a raconté de la merde sur leur futur et le nom de leurs enfants. Ils auront une maison à Orlando et un loft à New York parce que, entre temps, il sera devenu riche et célèbre. Puis ils auront des jumeaux aussi, Kurt et Ellen, en référence aux légendes. Elle s'est endormie en l'écoutant. Là, à la regarder, il se dit qu'il pourrait vraiment en tomber amoureux.
— Qu'est-ce que tu regardes, tocard ?
Elle a entrouvert les yeux et le fixe avec méfiance. Myles s'empourpre.
— Salut, bredouille-t-il.
Elle fronce les sourcils et se redresse maladroitement. Il la voit grimacer brièvement et jeter un regard circulaire à la pièce, peinant à se souvenir d'où elle se trouve. Le sweat glisse de ses épaules, laissant apparaître la peau de sa clavicule couverte de tâches de rousseurs.
— Eh bah merde alors.
Elle se retourne vers lui, plissant les paupières comme pour l'analyser. Myles passe une main dans ses cheveux pour se donner un peu de consistance.
— T'as de l'aspirine ? Demande-t-elle.
— Heu, non mais..
— Tant pis.
Elle bondit sur ses pieds, tangue un peu à cause de l'alcool qui court encore dans ses veines, et se penche pour attraper son sac à main. Ses vêtements sont tous froissés.
— C'est quoi ton nom ? Demande Myles, toujours assis sur le sol.
— Birdy, répond la fille en checkant son portable.
— Birdy, répète-t-il.
Elle le regarde comme si il était un peu stupide. Le mascara a coulé sous ses yeux et ses cheveux sont tout emmêlés. Même comme ça, Myles la trouve jolie.
— Bon. Allez, salut.
Elle passe la anse sur son épaule et tourne les talons. Myles reste coi quelques secondes, la regardant disparaître hors de son champ de vision.
— Hé, attends !
Il se lève précipitamment, attrapant son t-shirt au passage. Il l'enfile en se tapant le coude contre la porte du salon, trébuche sur le tapis du salon, et lorsqu'il ouvre les yeux, Birdy a déjà claqué la porte. Myles reste immobile au milieu du hall d'entrée, les bras ballants, frustré. Il ne peut pas abandonner comme ça. Il grimpe quatre à quatre les marches de l'escalier et court presque jusque dans la chambre de Garett. Il ouvre sans toquer.
— Garett !
La chambre est immense. Le garçon est enroulé dans ses draps, profondément endormi. Myles se jette sur le lit et lui secoue l'épaule. Il ouvre difficilement les yeux.
— Qu'est ce que tu veux ? Grommelle-t-il.
— Birdy.
Myles s'allonge sur l'oreiller d'à côté. Garett se tourne vers lui.
— Birdy ?
— La rouquine.. tu la connais pas ?
— Ah, la fille de Saint Bart' ?
— Ouais. T'as son numéro ?
Garett souffle, visiblement agacé d'avoir été dérangé pour ça, et lui tourne ostensiblement le dos.
— Non. On se connaît pas si bien que ça. Je crois que c'est Daisy qui l'a invitée.
— Merde. Elle me le donnera jamais.
— Pourquoi ?
— Tu sais pourquoi.
Garett roule des yeux et fait un geste de la main qui veut dire toi et tes conneries alors. Il remonte la couverture jusqu'à son menton, se préparant à se rendormir. Myles ne l'en empêche pas. Lui non plus ne dirait pas non à quelques heures de sommeil en plus. Mais avant, il se cale plus confortablement sur l'oreiller et allume son portable pour fouiller le répertoire. Avec un peu de chance, Birdy lui a donné son numéro avant de s'endormir. Mais il ne trouve qu'un seul nouveau contact : Olive.
Une, deux, trois, quatre sonneries dans le vide. Va-t-elle même décrocher ? Depuis son arrivée, sa mère évite les appels. Mais le soir, quand Ethan passe devant la porte de sa chambre, il entend sa tante chuchoter au téléphone. Il sait qu'elles communiquent.
Parfois, il surprend Sol et Myles discuter à voix basse dans la cuisine. Ménage ton cousin, ça lui fait du mal ces histoires. On le traite comme un malade sur son lit d'hôpital que chaque crise de toux rapproche un peu plus du cercueil.
Bon, vu son air, c'est pas tellement étonnant. Ethan s'observe dans le miroir. Le néon blafard de la salle de bain creuse ses joues et accentue ses cernes. Peut-être qu'il ressemble vraiment à un cancéreux. Sûrement que si il se coiffait le matin, ça irait mieux. Ses copains du lycée se mettaient des tonnes de gel sur les cheveux. Ça donnait un style. Un style de mauvaise star de la pop mais un style quand même. Autre qu'un vieux manche à balai ébouriffé, quoi.
Ça décroche soudain. Il entend une légère respiration à l'autre bout du fil. Mais personne ne parle.
— Maman ? T'es là ?
Il appuie sa paume gauche sur la vasque et colle son téléphone à son oreille.
— Coucou, mon chéri, répond une voix faussement enjouée. Comment ça va ?
Cette simple phrase soulève une tempête dans l'estomac d'Ethan. Il veut écraser son portable contre le carrelage. Comment ça va ? Elle doit se foutre de lui.
— À ton avis ? Demande-t-il d'un ton placide.
— Ethan..
— T'as vu papa ?
Il recule de quelques pas pour caler son dos contre la porte fermée.
— Non. Ça ne fait qu'une semaine.
— Onze jours.
— C'est toujours trop tôt.
— Si tu ne veux pas aller le voir, moi j'irais. Il doit pourrir, là bas tout seul.
Il l'entend soupirer. Il se demande où elle est maintenant. Sûrement dans sa chambre, assise face à la fenêtre. Elle doit regarder le noyer immense dans la rue, qui dépasse largement le premier étage et effleure la façade. Une voiture klaxonne au loin. Peut-être le voisin et sa Tesla de frimeur.
— Ça va chez ta tante ?
— Ouais.
Il connaît déjà la suite : « T'es poli, j'espère ? Tu proposes toujours ton aide pour débarrasser la table ? ». Ça le fout encore plus en rogne. Comme si la manière dont il lavait la vaisselle, là, c'était le truc le plus important de sa vie.
— T'es poli, j'espère ? Tu proposes toujours ton aide à ta tante ?
Il retire ses lunettes pour presser ses doigts brûlants contre ses paupières.
— Maman, je veux te parler sérieusement, là. Combien de temps je vais rester ici ?
— T'es pas bien avec ton cousin ?
— Arrête de changer de sujet, tu sais très bien que c'est pas à cause de ça.
Ethan en a plus qu'assez qu'on le garde à l'écart. C'était une éventualité qu'il pouvait accepter lorsqu'il était gamin, mais là il sera bientôt adulte, merde.
— Quand est-ce que je pourrais rentrer ?
— On va attendre que ton père soit de retour, d'accord ?
— Mais ça va prendre des semaines.
— C'est le mieux. Pour nous tous.
Pour nous tous. Ouais, bien sûr. Maintenant, ça ne le met pas seulement en colère. Ça lui fait sincèrement mal.
— Maman, dis le. Est-ce que t'as peur de moi ?
— Mais enfin qu'est que tu racontes, tu es mon fils.
— C'est pas la question que je t'ai posée. Tu as peur, oui ou non ?
Le silence s'éternise. Il ne veut rien entendre d'autre qu'un non franc et honnête. Si sa propre mère n'y croit pas, alors comment peut il y croire, lui ?
— J'suis pas comme papa.
— Je sais.
— Non, tu ne sais pas.
Il a déjà remarqué la façon dont elle recule, une lueur de terreur au fond de la pupille, lorsqu'il lui arrive de se mettre en colère. Ça le calme direct. Il a l'impression de voir le reflet de son père dans le miroir de ses yeux. C'est impensable.
— C'est juste que tu lui ressembles tellement, murmure sa mère.
Les cheveux hirsutes, le teint hâlé, les lunettes ; sa copie conforme. Ethan imagine une malédiction. Il est condamné à finir comme lui.
— Vous saviez ce que vous risquiez quand vous avez décidé de m'avoir, souffle-t-il. Je vous pardonnerai jamais pour ça.
Ethan raccroche sans demander son reste, laissant retomber son bras le long de son flanc. Le silence qui résonne après lui vrille les tympans. Il faut qu'il voit son père. C'est urgent.
Dimanche matin, le ciel est azur et aucun nuage n'entache sa pureté. L'air est particulièrement doux, les fidèles ont même retiré leurs vestes en patientant. Il y a de tout. Des vieux endimanchés, jusqu'aux marmots inconfortables dans leur chemise blanche. L'église n'est pas très grande, sobre. Elle est située un peu à l'extérieur de la ville, au milieu d'une prairie. C'est assez agréable quand il fait beau. La brise balaye doucement les brins d'herbe folle, le soleil fait oublier l'hiver qui se prépare. Angela songe que sa mère aurait sûrement adoré cet endroit.
— On entre ? Propose son père.
Angela jette un coup d'œil à l'intérieur, hésitante.
— Je sais pas. J'ai besoin d'être seule.
Il hoche la tête et embrasse tendrement son front. Son sourire se veut sincère mais il y a tellement de douleur dans ses yeux qu'Angela n'y croit pas. Il emboîte le pas de la petite foule de personnes. Elle le regarde s'éloigner. Son père n'était pas particulièrement croyant, avant, et encore moins pratiquant. Mais depuis la mort de sa femme, il tient à assister à la messe le plus souvent possible. Angela l'accompagne, parfois. Mais la plupart du temps, elle a cette rancœur au fond d'elle. Pourquoi lui a-t-on pris sa maman ?
Elle contourne l'église. Un banc en bois est adossé à la façade. C'est l'anniversaire de la mort de sa mère. Angela a du mal à croire que ça fait déjà six ans. Elle souvient à peine de sa voix, de son rire. Parfois, il lui arrive de ne pas penser à elle une seule fois durant la journée. Ça lui fait peur. Elle ne veut pas oublier.
Ce qui lui fait le plus mal, c'est de savoir que sa mère ne l'aura jamais vu grandir. Elle n'a jamais vu son copain, ses compétitions de surf, ou la jolie jeune femme qu'elle est devenue.
— Ça fait six ans mais parfois j'ai l'impression que t'as jamais existé, lâche Angela dans le vide.
Elle sait que ça vient de là, ce constant besoin d'attention. Du moins en partie. D'abord, y a eu l'habitude. Depuis l'enfance on la baignait sans cesse dans l'amour et l'admiration, « qu'est-ce qu'elle est fantastique, cette petite ! ». Elle ne vivait plus que dans le regard des autres, une soif constante d'être adulée. Puis, sa mère est morte. Un trou s'est formé dans sa poitrine, lourd, presque tangible. La douleur ne s'atténue que lorsqu'on l'aime. Mais un, deux, trois, c'est pas assez. Elle a besoin du monde entier.
— On ne vit plus à San Francisco depuis presque deux mois. L'Illinois, c'est nul. Y a pas de soleil, pas l'océan, et pas ta présence entre les murs de la maison. Elle est sans âme.
À l'intérieur de l'église, Angela entend des chants. Elle veut pleurer et hurler. Un merle se pose non loin d'elle. Il la fixe. Angela essuie son œil avec sa manche. Si sa mère n'a pas pu vivre, alors elle peut bien le faire pour elle.
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