Amy entendu à peine la voix d'Yndris. 

-Comment tu a deviné? Pour le feu? 

Voilà bientôt un quart d'heure qu'Amy avait repris conscience. Aïfos sortit le parchemin avec le mot et indiqua une petite surface qui était légèrement brulée. Il ajouta:

-Le parchemin a été volontairement brulé. Et lorsque j'ai inspecté la grange, j'ai trouvé ce briquet, avec une fleur de mauve. Je pensais qu'elle étais là par hasard, mais tu m'en a dissuadé.  

-Mais...

-Ça m'est venu à l'idée, alors j'ai essayé. 

-Ce n'est pas les briquet d'écran, fit alors remarquer Amy. 

-C'est vrai, admit Aïfos. Mais ça signifie que la personne qui est avec lui et qui nous a laissé le mot n'est pas notre ennemi. 

Yndris dit alors ce qu'il sous-entendait:

-Donc, tu crois qu'on devrait continuer sans lui?

Ils se regardèrent un moment, et Aïfos lâcha:

-Oui. Ils nous rejoindrons au Camp Évenide. L'état d'Amy va surement s'aggraver, et je ne pense pas que la mauve nous sauva indéfiniment. 

  Ils restèrent un moment silencieux. Mais les deux filles savaient pertinemment que leur ami avait raison. Yndris déclara alors:

-Très bien. Dès que Amy ira mieux, on partira. Mais on laissera une indication comme quoi on est partis. 

Amy acquiesça et dit à son tour:

-Je me sens parfaitement bien. 

Cependant, aucun de ses amis ne la crurent, faute de sa voix faible et rocailleuse. Aïfos lui confia:

-Fais attention. Les effets ne serons qu'estompés. Le vrai remède se trouve dans le Camp Éventide. 

Elle acquiesça à nouveau. 

***

  Ils partirent en début d'après-midi, avec une allure assez lente. La vision d'Amy passait de temps en temps de floue à un noir total, mais cela ne durait guère plus de quelques secondes. Son mal de tête n'avait pas cessé, mais elle se sentait déjà mieux. 

  Les marécages disparaissaient, et laissaient place à des sols secs, avec quelques plantes de temps en temps. Ils se dirigeaient vers le deuxième poste, plusieurs kilomètres plus loin, où ils rendraient les chevaux. 

  Un vent frais soufflait sur eux, mais aucune tempête ne semblait se prévoir. Le temps passait assez lentement. Yndris souffla à Amy:

-Tu...te sens bien?

Elle sourit et acquiesça, avant de demander:

-Où est Aïfos?

En effet, il étais désormais parti. 

-Il dois vérifier si on est bien à l'endroit où il croit qu'on est, car si il nous fait tourner en rond...

-Eoran a dit qu'Aïfos avait beaucoup voyagé. Pourquoi? 

Yndris réfléchit un instant avant de répondre d'une voix hésitante:

-Je sais qu'il vient d'Aladès, mais c'est tout. Il est arrivé à Ish Shareas il y a environs trois ans. Je me demande bien pourquoi, d'ailleurs. Aladès doit être une belle ville. Quelle idée de venir s'installer dans un si petit village... Et...que compte tu faire quand nous aurons guéri ta Trace?

Elle avait dit quand. Quand, pas si. Amy qui y avait déjà réfléchi, dit: 

-Je pensais peut-être... Me lancer à la recherche de mes parents...

-Mais...tu sais où il sont?

-Non, mais ton père si. 

Yndris s'exclama:

-Mon père? Qu'est ce qui te fait dire cela? 

Amy sourit:

-La logique, Yndris, la logique! Il s'attendait à ma venue, ne prétends pas le contraire. Il doit surement les connaître. Et puis, à part mon oncle, je ne vois pas qui d'autre pourrait le savoir. Mais j'ai déjà essayé de le lui demander, il a prétendu ne rien savoir. 

Yndris réfléchit quelques temps aux soupçons de son amie, puis déclara: 

-C'est possible. 

  Aïfos revint vers elles au galop et déclara: 

-Il faut tourner vers la gauche. On a un peu dérivé. 

Yndris avait du se retenir de toutes ses forces de ne pas lâcher un commentaire désagréable, mais son expression en disait long sur ses pensées. 

Lorsque le soleil se coucha, Ils décidèrent de s'arrêter. Ils étaient entrés dans un bois. ils dressèrent un feu de camp et Aïfos déclara:

-On devra se lever plus tôt demain. On a dérivé et on ferais mieux de rattraper le temps perdu. 

-Le temps perdu?s'époumona Yndris. Je pense qu'on devrait se lever comme aujourd'hui, afin de rester mieux concentrés demain afin que tu ne nous face plus dériver! 

-Je fais comme je peux, d'accord?rétorqua Aïfos. 

-C'est visiblement pas assez. 

-Arrêtez, trancha Amy. 

Tout deux s'arrêtèrent, stupéfaits. Yndris fut la première à réagir. 

-Tu prends sa défense, maintenant? s'indigna Yndris. 

Amy respira un grand coup avant de répliquer:

-Je ne prends la défense de personne. La seule responsable de ce qui arrive, c'est moi. 

Aïfos voulut ajouter quelque chose, mais Amy l'en empêcha:

-Non. 

***

  Les étoiles brillaient au dessus d'eux. 

  Aucun bruit. Enfin...Amy se demanda alors pourquoi elle s'était réveillée. Elle se redressa. Le feu était éteint, et ne comportait désormais que quelques braises. Elle se rallongea. Tenta de se rendormir. 

  Puis, elle entendit un bruissement. Elle sursauta, et se redressa de nouveau. Aïfos lui aussi, était réveillé. Il se leva, l'air convaincu que quelques chose clochait. Yndris fut réveillée à son tour. Elle s'apprêtait à parler, mais Aïfos lui fit signe de se taire. 

  Dans la pénombre, il leur était impossible de voir clairement à moins de cinq mètres. Puis, des bruissements se firent entendirent dans le bois près d'eux. Yndris et Amy se levèrent à leurs tour.  Puis, ils aperçurent une biche partir au galop. 

  Yndris soupira et se rassit. Amy regarda encore les environs avant de se convaincre qu'il n'y avait pas de danger. Aïfos, cependant, restait aux augets. Il fit quelques pas et s'arrêta. 

Un instant après, Une flèche fusa. Graces à ses réflexes, il l'évita en se plongeant à terre. Puis, une autre fit apparition, et se planta dans le bras droit d'Aïfos, qui gémit de douleur. Paniquées, Amy et Yndris tentèrent de trouver la position de leur assaillant, mais cela fut vite inutile. 

Un homme vêtu de sombre arriva immédiatement, un arc à la main. 

Amy et Yndris se redressèrent aussitôt, et l'homme à l'arc dit d'une voix grave:

-Ne bougez pas, ça n'en vaut pas la peine. 

Il regarda alors Amy droit dans les yeux, et déclara:

-Tu sais qu'on est là pour toi. Nous savons ce qui t'arrive. On fait parti du camp Éventide. 

-Ce n'est pas vrai!cria la jeune fille, affolée. 

-Et pourquoi donc s'enquit l'homme. 

Amy trembla légèrement avant de répondre:

-Le Éventide n'aurait jamais...

Elle ne termina pas phrase, tremblotante. 

-Qu'est ce que tu en sais? Nous avons voulu t'isoler. Mais ce n'a pas fonctionné. On va t'aider. 

Ce fut alors au tour d'Amy de répliquer:

-Pourquoi voulez-vous m'aidez? 

L'homme la regarda un instant avant de répondre:

-Je croyais que tu le savais... Ta mère faisait partie du Camp Éventide...

  Elle digéra un instant ces paroles. Mais elle voulut d'abord vérifiait ce qu'elle savait. Certes, il lui disaient qu'elle était originaire de ce clan, mais seul leur parole le confirmait. De même pour ce qu'il prétendait sur eux. 

  Mais, sa gorge se nouant, elle ne parvenait pas à dire le moindre mot. Ce fut Aïfos qui lança:

-Que voulez vous d'elle? 

-Rien d'autre qu'elle nous suive et qu'elle nous face confiance.  

-À vous? Vous plaisantez? s'étouffa Yndris. 

-Pas le moindre du monde. 

À cet instant, des sons de sabots résonnèrent dans la pénombre.