Chapitre 6
Eoran s'arrêta. Il entendait des sons de sabot arriver au galop.
— -Eh bien, fit remarquer le dénommé Elios. On dirait que les gardiens de la grange arrivent. Vous ferez mieux de filer d'ici.
— -Vois tu, on serait volontiers restés encore un peu, mais le temps presse. Cependant, surveille bien ta fille.
Il n'eut pas le temps de rétorquer que déjà il émit un sifflement et deux chevaux arrivèrent.
Elios se tourna vers Eoran et s'écria:
— -Nous aussi, on devrait filer.
-Mais...où? demanda Eoran.
En effet, seules des plaines s'étendaient à l'horizon. Et pas de chevaux. Pas de solution. Elios le détrompa très rapidement:
— -On n'est pas obligés de fuir. Rentrons et cachons-nous dans la grange. Ils comprendront que les vrais voleurs se sont enfuis. Ils partiront à leurs recherches...
Eoran acquiesça.
***
Amy, Yndris et Aïfos réfléchissent silencieusement. Quelques temps plus tôt, ils avaient remarqué l'absence d'Eoran, persuadés qu'il les suivait. Mais nulle trace de leur ami.
Aïfos, faisant les cent pas, devait proposer une décision. Il s'était malgré lui convaincu qu'il guidait le groupe et qu'il en était responsable. Si un de leurs amis disparaissait, ils devaient le retrouver. Mais personne n'avait vraiment fait attention à quelle direction ils prenaient, dû à leur galop.
Quant à Yndris, elle était... inquiète. C'était peu dire. Elle connaissait son cousin. Jamais il ne serait parti ainsi volontairement. Il... avait dû être retenu.
Amy proposa d'une voix blanche:
— -On devrait voir ce qui s'est passé.
— -Mais intervint Aïfos.
— -Quoi?
— -Je pense qu'on devrait réfléchir avant d'agir...
— -Réflechir à quoi?
— -Enfin Amy, tenta d'expliquer Yndris. S' ils débarquent dans la grange, alors qu'ils sont encore là... De plus...
— -De plus? Question à Amy.
— -Eh bien, ils étaient là pour toi, conclut Aïfos.
Amy resta silencieuse un instant avant de protester:
— -Mais on ne va pas laisser Eoran là-bas!
— -Surement pas! Mais admet qu'il nous faut réfléchir un instant.
— -Très bien.
***
Le feu crépita. La journée avait été longue pour Eoran. Elios – apparemment, le père d'Amy – l'avait conduit dans un espace éloigné, à l'abri des marais et des herbes hautes.
La nuit était tombée, et désormais, Eoran était loin de ses amis.
— -Je leur ai dit de ne pas essayer de te retrouver, commenta Elios.
En effet, juste avant de quitter la grange, Elios avait laissé un mot pour ses amis, si jamais ils revenaient. Ils les rejoindraient au Camp Éventide. Seulement... Eoran avait du mal à faire confiance à cet Elios. Eoran demanda d'une voix blanche:
— -Pourquoi avoir laissé Amy?
— -C'est une longue histoire.
Eoran s'apprêtait à répliquer, mais Elios ajouta:
— -C'est une longue histoire qui attendra un peu.
-Je n'en doute pas...
— -Vous irez la voir, lorsque nous la retrouverons, n'est-ce pas?
Vu qu'il ne répondit pas, Eoran insista:
-Elle a besoin de vous. Et de sa mère. Où est-elle ?
— -Jen'en sais rien. Je l'ai vu la dernière fois à Aladès. Il y a deux mois. Je surveille Amy de loin, et elle effectue des recherches sur la Trace. Et son remède.
— -Pourquoine pas être tout simplement avec elle?
— -J'ai déjà expliqué que c'était une longue histoire.
Eoran resta silencieux. Il ne comprenait pas cette histoire. Mais il voulait retourner avec ses amis. Cependant, il trouvait injuste qu'Amy ne sache pas la vérité sur ses parents. Elios se leva et s'éloigna du feu. Sûrement avait -il pris l'habitude de réfléchir seul. Eoran préféra donc s'allonger et dormir.
***
Continuez votre quête, rendez-vous au Camp Éventide.
C'était le seul signe d'Eoran. Cependant, Aïfos et Yndris parurent perturbés. Ils observaient le mot en essayant de déceler quelconque indice, mais le bout de papier demeurait silencieux.
Il ne leur avait pas fallu beaucoup de temps afin de retourner à la grange, vide. Ils avaient trouvé le mot cloué à un box, et c'était le seul indice qu'ils possédaient. Ne pouvant plus se retenir, Amy demanda:
— -Pourquoi regardez-vous ce mot comme si c'était un faux?
Yndris détourna alors les yeux du parchemin alors qu'Aïfos ne fit aucun geste. Elle lui expliqua:
— -Ce n'est pas l'écriture d'Eoran.
Pendant qu'Aïfos inspecta la grange, Yndris regarda attentivement Amy. Elle restait dans ses pensées. Mais c'était comme à son habitude. Aïfos, toujours essayant de dénicher un quelconque indice, semblait être coupé du monde. Amy fit quelques pas maladroits et s'assit sur un tas de foin.
Prise d'une soudaine panique, Yndris comprit immédiatement ce qui allait arriver. Amy ferma les yeux, et, soudain prise d'une migraine, se laissa allonger. Puis Yndris se précipita vers elle et toucha le front d'Amy; il était brulant. Elle cria:
— -Aïfos de l'eau! Et de la mauve!
Yndris avait immédiatement pensé à cette plante, qu'elle pensait être efficace. Elle se souvenait l'avoir croisé dans les prairies. Alors qu'Aïfos partait, elle tenta de se calmer. Mais cette fois, ils étaient seuls. Seuls contre cette maladie.
Puis, Amy eut des difficultés à respirer. C'en était trop. Aïfos revint le plus vite possible, et Yndris prépara comme elle put une infusion avec la mauve. C'était sa mère qui le lui avait appris. Le résultat était médiocre, mais elle devrait s'en contenter.
Elle tenta de faire boire la potion à Amy sans l'étouffer, mais ce n'était pas efficace. Aïfos intervint.
— -Yndris ça ne vient pas de sa gorge, mais de ses poignets!
Ce fut un déclic. Yndris prit une fleur trempée et la colla tant bien que mal aux poignets d'Amy, sans trop d'espoirs. Cela ne fit rien. Puis, sans prévenir, il s'éloigna et prit une planche.
— -Aïfos qu'est...
Il ignora et prit le parchemin cloué au box. Puis, il sortit de sa poche un briquet et des pierres et tenta d'allumer un feu. Au bout de sa sixième tentative, le feu naquit.
— -Yndris passe-moi la mauve!
— -Mais...
— -Yndris fais ce que je te dis au moins une fois dans ta vie!
Elle lui passa la plante et la suspendit près du feu, la laissant s'imprégner de fumée. Yndris, trop submergée par les événements, ne fit aucun commentaire. Puis Aïfos, les doigts brûlants, se précipita vers Amy, coupa la fleur à moitié carbonisée en deux et les plaqua contre les poignets d'Amy. L'effet ne fut pas instantané, mais peu à peu, le souffle d'Amy redevint régulier et quelques minutes plus tard, elle reprit conscience.
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