Chapitre 4
Amy n'avait eu aucun mal à se lever à l'heure, mais Yndris avait trainassé un peu, pas habituée à ce réveil matinal. Elles sortirent sur la pointe des pieds de la maison après avoir grignoté quelque chose et s'être préparées. Ce ne fut que lorsqu'elles franchirent le portail qu'Amy demanda:
— -Leposte est-il loin?
— À environ cinq minutes d'ici. Tu es déjà monté à cheval?
— -Heu pas vraiment.
— -Ah Bah... tu apprendras.
— -C'est si dur que ça?
— -Non une fois que tu as le truc...
Amy n'en fut pas plus rassurée. Mais... elle n'avait pas le choix.
Cinq minutes plus tard, elles retrouvèrent Aïfos et Eoran à la porte d'une écurie. Eoran déclara:
— -Les chevaux sont prêts, on peut y aller. On a déjà payé.
Ils entrèrent alors dans la grange et Eoran confia à Amy un cheval à la robe noire. Il précisa:
— -Tu peux mettre tes affaires dans les sacoches derrière la selle.
Après que cela fut fait, Aïfos déclara:
— -On ferait mieux d'y aller.
— -Et... demanda Amy. Comment on monte?
Eoran et Aïfos la regardèrent d'un air incrédule. Yndris précisa:
— -Elle n'est jamais montée à cheval de sa vie.
— -Ah oui... souffla Aïfos. Ça risque d'être un peu compliqué.
Amy répliqua:
— -Bon on fait comment pour monter, du coup?
Eoarn expliqua:
— -Tumets un pied dans un étriller et... tu montes.
— -Je pense qu'il vaudrait mieux qu'on le lui montre, intervint Yndris.
Elle n'eut pas besoin de se répéter. Quelques instants plus tard, tous ses amis étaient en selle.
— -On peut t'aider, proposa Yndris.
— -Ça ira... marmonna Amy.
Elle dut tenter trois fois avant d'y arriver. Lorsqu'elle fut sur selle, la première chose qu'elle remarqua était le fait que c'était beaucoup plus haut qu'elle ne l'imaginait. Puis, elle remarqua qu'elle ne savait pas à quoi se tenir. Yndris l'en informa:
— -Ne te tiens pas à la selle, mais aux rênes. Et si tu crois que tu vas tomber, attrape la crinière, ça ne leur fait pas mal.
— -Et reste droite, ajouta Eoran.
— -Et bien sûr, ne tombe pas. Enfin essaie, conclut Aïfos.
— -Mais de toute façon, on ne va pas galoper... voulut se rassurer Amy.
— -Ça dépend... répondit Yndris. Ça dépend si tu préfères qu'on soit arrivés avant quelques mois ou bien d'ici quelques semaines!
— -Assez discuté, commenta Aïfos. Si on veut y aller, c'est maintenant.
***
Cela faisait à peine un quart d'heure qu'ils étaient partis et pourtant, Amy rêvait de descendre de cheval. Elle trouvait la selle pas confortable et elle peinait à trouver son équilibre. Yndris, le remarquant, proposa:
— -Un petit galop?
— -Tu rigoles?
Yndris ne pouvait être plus sérieuse. Amy protesta:
— -Je tiens à peine au pas!
Raison de plus pour t'habituer. Accroche-toi très bien à la crinière et tu ne tomberas pas, déclara son amie en attrapant les rênes du cheval d'Amy.
— -Yndris qu'est-ce que tu...
Mais Yndris était déjà partie au galop, entrainant Amy avec elle.
— -Comment on s'arrête? Cria, Amy.
— -Tu attends que le cheval s'essouffle!
—-Yndris!
Voyant que son amie n'allait pas l'arrêter, Amy s'accrocha à la crinière et tenta de ne pas tomber. Mais lorsque son pied perdit l'étrier, elle chavira lentement vers la droite. Yndris ramena donc lentement son cheval au pas.
— -Alors?lançaa-t-elle à son amie, qui lui jeta un regard noir.
— -Alors rappelle-moi de ne plus jamais galoper!
— -Bon c'est vrai, pour débuter, ce n'est pas la première chose à faire. Mais regarde, maintenant, tu es déjà plus à l'alaiseu pas!
Amy dut reconnaitre qu'elle n'avait pas tort. Lorsqu'Eoran et Aïfos les rejoignirent, Aïfos déclara:
— -Avec votre galop, on s'est un peu éloignés de la piste. Tournez légèrement à droite. On doit atteindre le grand arbre là-bas.
— -C'est maintenant que tu nous le dis... soupira Yndris.
— -Excuse moi, je n'avais pas anticipé cela... répliqua-t-il en faisant allusion au galop.
-J'avais oublié que tu préférais avancer à la vitesse des tortues... lança-t-elle froidement.
Aïfos préféra ne pas répondre. Ils l'éloignèrent alors chacun de leur côté.
Puis, Eoran demanda à Amy:
— -Je sais que tu vivais chez ton oncle et ta tante, mais sais-tu où sont tes vrais parents?
— -En vérité... je ne me souviens que de quelques souvenirs avec eux, et c'est un peu flou... je sais juste qu'à quatre ans, ils m'ont confié à mon oncle et à ma tante.
— -Et tu penses que... ça a un rapport avec ta Trace?
— -Je ne sais pas. C'est... ce n'est pas ma priorité de savoir ça. J'essaie de ne pas me poser trop de questions...
— -Je comprends. Et...
Soudain, il devint blême. Amy tire sur les rênes de son cheval pour s'arrêter. Eoran en fit de même.
— -Qu'est-ce qui a? demanda Amy.
— -Rien je...
— -Franchement apprends à mentir. Tu es devenu blême d'un coup.
— -C'st que... qu'est-ce qu'on fait si ton cas s'aggrave pendant le voyage? Si on ne sait pas quoi faire et qu'on est au beau milieu de nul part?
Elle ne répondit pas. Il poursuivit :
-On aurait dû mieux réfléchir avant de partir.
— -Non Mon cas se serait aggravé quand même et rien n'aurait changé. Viens, on les rattrape, proposa-t-elle alors. Ils sont loin devant, maintenant.
— -Trèsbien.
Puis, ils passèrent au trot et rattrapèrent sans difficulté leurs amis.
Le reste de la matinée passa assez lentement. Ils avançaient à une bonne allure, mais ne restaient pas (au plus grand bonheur d'Amy). L'air se faisait plus frais. (...)
***
Après une brève pause à midi, ils reprirent leur route et eurent le malheur qu'il pleuve. En effet, octobre arrivait, et l'automne avec. Leurs affaires étaient protégées par les sacs en cuir, mais ils furent vite trempés. Lorsque la pluie devint si forte qu'ils ne pouvaient voir à dix mètres, Aïfos cria pour se faire entendre sous la pluie:
-Il y a une espèce de grand trou dans la roche de la falaise dans environ dix mètres! Ne vous perdez pas!
— -Ça s'appelle une grotte! cria Yndris, exaspérée.
— -Justement non! Ce n'est pas un tunnel comme tu l'entends, c'est un trou! Allons-y!
En effet, quelques mètres plus loin, une imposante falaise se dressait devant eux avec l'entrée d'une grotte. Amy ne comprit pas pourquoi Aïfos bataillait sur ce point-là. Une fois qu'ils furent rentrés, Amy compris alors Aïfos; la grotte n'était pas un tunnel sous la falaise, mais plutôt un trou s'engouffrant dans la falaise à cinq mètres.
Lorsque ses amis descendirent à cheval d'un mouvement assuré, Amy mit (comme elle l'avait pressenti) un peu plus de temps et de maladresse dans ses gestes. Elle atterrit sur ses deux pieds (endoloris) et perdit légèrement l'équilibre. Elle fit alors quelques pas conduisant son cheval à la poutre où ses mains attachaient leurs chevaux. Aïfos expliqua:
Des randonneurs sont régulièrement passés ici et ont construit cette poutre, qui est bien pratique. Mais on s'est un peu éloignés de notre route.
— -Et bien, commença Yndris, vu comment on est trempés, c'était la bonne décision à prendre.
— -On devra se faire à la pluie si on veut avancer dans notre route efficacement!
— -Ce n'est pas de la pluie, c'est une averse, fit constater Yndris.
Aïfos haussa les épaules, indifférent. Puis, il alla chercher des bûches dans un coin de la pièce, sûrement laissées par d'autres voyageurs. Il les installa, puis pesta à voix basse. Eoran demande :
— -Qu'est-ce qu'il y a?
— -J'ai oublié mon briquet.
(Pour information, je parle des briquets médiévaux !)
Eoran le rassura en sortant un objet de sa poche:
— -J'en ai un.
— -Parfait! Le souci maintenant, c'est comment l'allumer...
— -Tu plaisantes, j'espère? s'étouffa Yndris. Tu connais tous les chemins et tu ne sais pas...
— allumer un feu? conclut Amy.
— -C'est mon père qui l'allume en général... se défendit le jeune homme. Je vous rappelle que vous non plus ne le savez pas...
— -Attends quelques secondes... lança Amy.
Elle ramassa une pierre au sol et Eoran lui passa le briquet, intrigué. Grâce à quelques coups secs, Amy alluma une braise, qui commença à faire fumer le bois. Quelques instants plus tard, une légère flamme dansait sur une des bûches.
Aïfos la regardait avec des yeux ronds, tandis qu'Yndris affichait son plus grand sourire, ravie de la réaction d'Aïfos. Il souffla:
— -Où tu as appris?
— -Ben vous n'avez jamais allumé un feu de cheminée? s'étonna-t-elle.
— -Euh non.
— -Eh bien, il serait temps d'apprendre!
Comme réponse, il haussa les épaules et demanda par la suite:
— -Alors cette première journée à cheval?
— -On peut faire mieux... répondit-elle en échangeant un sourire avec Yndris.
***
Au beau milieu de la nuit, Amy se réveilla. Le feu, faible, crépitait encore. Elle tenta de se rendormir, en vain. Elle se leva et sortit de la grotte. L'air frais provoqua à Amy quelques frissons, mais elle marcha un peu, tenant de ne pas trop s'éloigner. Elle s'assit et admira les étoiles.
Un bruissement se fit entendre. Elle se leva et inspecta les environs. Personne.
Les hululements des chouettes étaient les seuls sons audibles dans la nuit. La jeune fille respira tranquillement. Elle s'allongea et laissa ses pensées s'égarer.
Elle ne rentra que lorsqu'il faisait trop froid pour se permettre de rester dehors.
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