Chapitre 1

– Non !

Trop tard. Le vase était cassé.

Amy ramassa les morceaux tandis qu'Aria soupirait.

– Tu pourrais faire attention...

Amy ne répondit pas. De plus en plus souvent, quelques maux de tête la surprenaient, et la faisait faire des réactions inattendues. Cela passerait...

– Tu feras moins de dégâts dehors, je suppose...

– Tu as raison, reconnu Amy, qui avait encore un grand besoin d'air.

Comme toujours à vrai dire. Quelques instants après, elle sortit de la maison. L'été passait, laissant place à septembre. Cependant, l'été durait longtemps à Ishel. Amy avait observé cela durant dix étés. Les quatre autres, elle n'était pas dans ce village. Elle savait sa mère être partie en voyage sans en être jamais revenue, alors qu'Amy avait l'âge de quatre ans. Son père, était resté avec elle jusqu'à ses sept ans pour ensuite rejoindre sa mère, confiant à son frère Amy. Elle avait passé ses quatorze ans en juillet.

Ishel étant un petit village, était assez éloigné des autres villes. Cela n'était pas plus mal. Cela lui apportait un petit charme. Peut-être était-ce du également au lac, qui l'approvisionnait en eau? Il était devenu assez rapidement le lieu préféré d'Amy. Elle y allait souvent. Et elle était bien la seule.

Mais ce n'était pas la raison pour que la jeune fille se différenciait des autres habitants. Tout d'abord, elle était fréquemment seule. Non qu'elle ne soit pas sociable, mais plutôt que les habitants d'Ishel lui semblaient... groupés. Chacun était différent, et pourtant, tous partageaient la même façon de penser, la même opinion. Cela lassait vite Amy.

Puis, elle aimait se lever aux aurores pour observer le lever de soleil ; habitude que personne ne paraissait comprendre. Encore moins Aria, sa cousine. Aria était assez discrète, mais possédait un certain caractère. Elle avait une quinzaine d'années, soit légèrement plus âgée qu'Amy.

Les cheveux de sa cousine tombaient gracieusement autour de son visage, mettant en valeur ses yeux verts. Elle passait volontiers ses journées devant un livre, si sa cousine ne la convainquait pas de sortir faire un tour. Malgré leurs caractères contraires, personne ne pouvait nier qu'elles étaient très proches.

En effet, Amy, passait ses journées dehors, qu'il fasse beau ou pas, et aimait par-dessus tout découvrir de nouveaux endroits. Ses cheveux mi-châtains, mi-blonds, étaient si fins qu'au moindre coup de vent, des entremêlements se formaient, ce qui ne gênait pas vraiment la jeune fille. Ses yeux, bruns sombre, laissaient souvent deviner les pensées de la jeune fille. Perdue dans ses pensées, Amy remarqua alors qu'elle avait atteint la rive du lac.

Elle inspira profondément, et aperçut une silhouette arrivant vers elle. Elle reconnut immédiatement l'ami de sa cousine. Il essayait la plupart du temps d'être sympathique avec la jeune fille, mais Amy ne l'appréciait pas pour autant. Voyant que la jeune fille ne semblait pas d'humeur, il changea de direction, la laissant à nouveau seule.

Elle soupira, et observa le lac, y plongeant son regard dans les profondeurs.

Contrairement à son habitude, cela ne l'apaisa pas. Sa tête s'engourdissait. Ses jambes aussi. Elle perdit toute notion de temps et de lieu.

Elle tomba à genoux.

Ferma les yeux.

Tout devint noir.

***

La tête d'Amy était lourde. Sa gorge était nouée. Réfléchir devait lui fournir un certain effort. Sa bouche était sèche, et sa langue, râpeuse. Son souffle rauque lui indiquait également qu'elle peinait à respirer. Sans souvenir de ce qui s'était passé, Amy se redressa péniblement. Elle était dans un lit. Dans une pièce inconnue, pareillement. La pièce était lumineuse, en raison des grandes fenêtres qui occupaient le mur de bois droit.

Sur le mur du fond, de nombreuses étagères remplies d'anciens livres donnaient un aspect chaleureux à la chambre. Une lanterne était suspendue au plafond. Au sol, un long tapis ocre couvrait le parquet. Quelques meubles se tenaient aussi dans cette pièce, mais Amy ne s'attarda pas dessus.

Elle s'était aperçu qu'une chaise était placée au côté du lit; et sur cette chaise, était déposé un morceau de parchemin, sur lequel se distinguait une écriture. Elle n'hésita pas. Sur la lettre, Amy déchiffra :

Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis pas présent dans la pièce. Sache que tu es en sécurité, et que tout va bien. À quelques détails près. Tu te demande surement ce qui s'est passé, et je prendrais le soin de t'en informer. À ton réveil, -si tu en as la force- n'hésite pas à sortir et aller dans la pièce voisine. Récupère bien.

Rydhel.

PS: il se peut que tu croises ma fille, Yndris, tu peux lui faire confiance.

Amy reposa la lettre. Une minute passa. Puis deux. À la sixième, la jeune fille, quelqu'un toqua à la porte. Amy se pétrifia. Une fille d'environs l'âge d'Amy rentra. Elle avait les cheveux mi-longs, très bruns et légèrement ondulés, et Amy ne savait décider si ses yeux étaient verts aux reflets jaunes ou bien brun clair. Ça devait être Yndris. Elle pris la parole:

-Je...je suis Yndris, tu le sais peut-être déjà.... Enfin, je ne sais pas... Bref, tu te sens bien ?

Amy confirma d'un simple signe de tête, laissant Yndris continuer (bien que cela se voyait qu'elle ne savait pas trop que dire):

– Tu... dois te demander ce que tu fais ici, et mon père est mieux placé que moi pour te répondre.

Il eut un silence.

Yndris ajouta :

-Si tu te sens mieux demain, je pourrai te faire visiter le village.

-Mais...où sommes-nous ?

Yndris la regarda d'un air hésitant avant de lui avouer :

-À Ish Shareas...

Amy étouffa une exclamation.

-Tu dois le connaître, précisa Yndris, c'est un des villages plus proche d'Ishel.

Oui, si ce n'était que d'une cinquantaine de kilomètres ! Cependant, comment ont-ils pu la transporter en l'espace d'une journée ? Et pourquoi ? Elle demanda :

-Combien de temps que je suis ici?

-Trois jours...

Si Amy avait tenu quelconque objet entre ses mains, il serait déjà au sol...

-Comment ça, trois jours...?

-Tu es restée inconsciente assez longtemps, admit la jeune fille.

-Et pourquoi suis-je ici au lieu d'être à Ishel?

-C'est un peu compliqué...Ici, on pourrait peut-être te soigner, et..

-Me soigner ?

Yndris se mordit la langue.

Elle souffla :

-Sûrement cela sera mieux si c'est mon père qui te l'explique. Je suis censée juste veiller à ce que tu ailles bien. Et le fait de me poser de telles questions n'arrange rien.

Amy accepta à contre cœur.

-Je peux sortir ?

-Euh... tu es sure? Tu ne veux pas attendre pour récupérer un peu?

Amy hésita une seconde avant de répondre :

-Ça dépend...il est quelle heure ?

-Aux alentours de midi. Tu devrais prendre des forces, d'ailleurs. Si tu te sens mieux cet après-midi, on pourrait essayer de sortir.

-Très bien. Juste...

-Oui?

Quand ton père reviendra ?

-Je...ce soir, probablement.

***

-Bon, commença Yndris en poussant la porte d'entrée, dès que tu ne te sens pas très bien, tu me le dis immédiatement et on rentre, d'accord ?

Amy acquiesça avant de découvrir ce qui se cachait derrière la porte. Le paysage était bien différent que celui d'Ishel... En effet, à Ishel, de grands sapins et hêtres occupaient les jardins, alors qu'à Ish Shareas...

Tout d'abord, les arbres occupants le jardin étaient principalement des saules pleureurs, ou bien des cerisiers en fin de floraison. Puis, des petits sentiers en dalles de pierre ancienne longeaient les fleurs. Les chemins ondulaient, jouant avec la surface du terrain. L'automne étant arrivé, les feuilles des arbres avaient doré et certaines étaient déjà au sol. Une ancienne fontaine se tenait sous l'ombre d'un grand saule pleureur, qui avait des reflets orangés. Devant le regard d'Amy, Yndris ne put s'empêcher de sourire.

Puis, ensembles, elles marchèrent le long des sentiers. Amy demanda :

-Tu as toujours vécu ici?

-Oui. Ainsi que mon cousin.

-Tu as un cousin?

-Oui, il a six mois de plus que moi. Je suis née en février. Ce qui lui fait environ quinze ans.

Amy réfléchit un moment avant de lui poser une question.

-Tu t'entends bien avec lui?

-La plupart du temps, oui.

-Et le reste?

-C'est surtout son ami qui m'énerve...

Amy esquissa un sourire. Il lui était arrivé la même chose une fois avec Aria. À cette pensée, son cœur se serra. Elle ne savait pas lorsqu'elle la reverra, ni son oncle ou sa tante. Yndris, qui avait perçu le changement d'humeur d'Amy, bascula sur un autre sujet:

-Parle moi un peu d'Ishel. Est-il différent d'Ish Shareas?

-Un peu. Las-bas, il y a beaucoup de pins, et un lac est situé un peu à l'écart du village. Les maisons sont dispersées un peu partout, sans grande logique. Mais... comment Ish Shareas s'alimente en eau ? Il n'y a pas de lac, n'est-ce pas?

-Non, c'est un canal venant des montagnes de l'Ouest. Il continue vers d'autres villes.

***

Elles atteignirent ce qui devait être le centre du village. Les maisons étaient plus rapprochées les unes des autres, et une grande place se tenait au centre. Faite en dalles de pierre, elle comportait également un peu de verdure, comme des arbustes et des fleurs, proches des bâtiments. Yndris fit:

-Voici la place centrale du village, mais personne n'y va. Du moins pas souvent.

Amy se contenta d'observer la place. Aucun détail ne ressemblait aux places d'Ishel, mais Amy cru en reconnaître certains aspects.

Yndris déclara alors :

-Bon, il n'y a plus rien à voir ici. On ferait mieux de se promener autre part, il y a plein d'autres lieux plus intéressants qu'ici.

-Allons-y, dans ce cas.

Elles s'apprêtèrent à partir, mais une voix les en empêcha :

-Yndris?

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