Chapitre 1




Tout premier chapitre de TOX ^^

Il est assez long, mais nécessaire.

L'histoire commence directement dans le vif du sujet, alors je vous laisse découvrir tout ça.

Petite note : Nous sommes dans un souvenir, ce n'est pas des actions présentes. Vous le comprendrez mieux à la fin.

Bonne lecture !

____________________________

Je travaillais sur un dossier que je devais rendre à mon employeur. Mes doigts tapaient leur dix-huitième page sur les vingt que je devais fournir. Ça pouvait paraître long, notamment quand ce que l'on devait écrire était sur le thème de boissons caféinées.

L'inspiration ?

Elle venait à moi seule, et la moitié des pages devaient être remplies de choses inutiles ou hors sujet. Néanmoins je n'avais pas le choix, mon patron voulait que je note mon expérience au café dans les moindres détails. C'était comme ça qu'il décidait de qui il gardait, et qui il virait.

Je détendis mes doigts et me laissais tomber sur le dos de la chaise qui me soutenait, depuis deux grosses heures maintenant.

Dehors, on ne différenciait plus le ciel des habitations d'en face, et seuls les deux lampadaires médiocres, éclairaient légèrement la petite ruelle en bas. Je n'eus pas besoin de me lever pour le voir, le paysage ne changeait jamais à cette heure-ci. Qu'il neige, qu'il pleuve ou même qu'il vente, tout était similaire.

Je fermais l'ordinateur, bientôt aussi vieux que la table gribouillée et rongée par le temps, qui le soutenait. Puis je me levai et attrapais mon long manteau noir, qui m'arrivait aux genoux. J'attrapais également une petite paire de gants et cachais mes doigts sous le doux tissu.

Le temps était presque glacial la nuit, pourtant, l'après-midi celui-ci était supportable. Il était impossible de sortir si nous n'étions pas couverts, bien que je n'étais pas frileux, je ne supportais pas le vent frais de cette heure-ci.

J'étais proche du centre-ville de Busan, tellement, qui aller à pied n'était pas insurmontable, qu'importe le temps.

Mon corps rencontra le vent de glace et je frissonnais, enfouissant mon cou dans le col de mon pull.

Je me tournais et relevais la tête vers la fenêtre de ma chambre que l'on voyait de la ruelle. J'habitais un petit appartement, que je ne payais pas cher et que je possédais depuis quelques années maintenant.

J'avais vingt et un ans, et tout allait plus ou moins bien pour moi. Malgré mes études, je n'avais pas décidé de travailler dans quelque chose que tout le monde désirait. Je n'avais pas besoin de beaucoup, et travailler au café n'était pas déplaisant. L'odeur du chocolat chaud et des pâtisseries étaient des odeurs auxquelles je m'étais habitué.

Je me trouvais même chanceux parfois, lorsque je me rendais compte de la chaleur du lieu.

On ne pouvait pas vraiment me qualifier de personne sociable, je n'allais que rarement vers les autres. Seule mon amie Yoona, mon collègue Jung et certains clients du café, me donnaient envie de discuter.

Yoona et moi nous nous connaissions depuis tous petits et elle ne m'avait jamais laissé tomber. Elle était un peu comme une grande sœur et je lui en étais reconnaissant. J'avais quelque peu coupé les ponts avec mes parents, et elle avait pris la relève.

Quelque part je savais que ça ne durerait pas, ces choses-là étaient éphémères.

Mon estomac gargouilla et je soupirais. Lorsque je travaillais, j'en oubliais le reste, le fait de devoir manger n'était pas écarté.

Je marchais à mon rythme, en direction d'une supérette dans laquelle je me rendais assez souvent. Dans ce quartier, il n'y avait pas de grands commerces, seulement des petits magasins. Alors quand il s'agissait de devoir acheter des vêtements, il fallait se rendre dans une des villes les plus proches, en général je me rendais à Busan.

J'aperçus le petit logo du commerce et m'en approchais doucement.

Ce que j'aimais, c'était ce silence. Personne dans les rues, pas de voitures qui font un bruit affreux à cause de leur ancienneté, simplement le calme reposant de la nuit.

J'avançais un peu plus vite, désireux de me retrouver au chaud.

Mais cette envie se volatilisa, lorsqu'un bruit sourd bourdonna dans mes oreilles, mes yeux regardant les projections de verre s'échouer sur le sol, et exploser en morceaux presque transparents.

Puis, deux silhouettes que je ne pus détailler en sortirent et je m'écrasais lourdement au sol.

Tout devint plus sourd mais plus fort à la fois, mon corps tremblant de choc et de peur. Le coup de feu qui s'ensuivit fut le coup qui m'abattit, m'empêchant de respirer. Mon cœur battait la chamade et me demandait de fuir, ou de seulement me relever. Mais la vue de cet objet horriblement dangereux m'avait glacé le sang, m'empêchant de ne faire ne serait-ce qu'un mouvement.

Mon regard se dirigea vers les deux silhouettes que je pus voir plus distinctement, mais il se posa bien vite dans ceux de l'homme qui me regardait déjà, fixement. Ses yeux étaient légèrement cachés par ses cheveux d'une couleur argentée, dissimulés sous une capuche noire. Il ne semblait plus se soucier de l'homme face à lui, le visage ensanglanté et suppliant. Tout ce qu'il faisait était de me regarder de son air glacial et indifférent. Comme si ce qu'il se passait était son quotidien, que ce n'était qu'une infime chose banale et sans répercussions.

Puis je sombrais dans le néant, voyant juste avant de fermer les yeux, lui qui marchait vers moi.

**

"Je m'en fous, verse-lui un seau d'eau sur..."

"T'es stupide ?"

Je papillonnais des yeux, avant de les ouvrir complètement. Je me sentais affreusement léger et comme paralysé. La première chose que je vis, fut ce beau plafond rouge aux broderies dorées. Je le fixais un moment encore, tentant de savoir s'il était bien réel. J'étais allongé sur un lit, probablement, au vu de la douceur de ce qu'il y avait sous moi.

"Lève-toi" Dit une voix, froidement.

Je fronçais les sourcils et mon cœur commença à tambouriner fortement. La réalité me frappa et je tournais vivement la tête, vers un homme aux cheveux étrangement gris. Du moins, ce fut la chose sur laquelle mes yeux se posèrent en premier. Je me surpris à trouver ça joli durant un court instant, mais quand mes yeux descendirent vers les siens, je ne bougeai plus.

"On va te ramener chez toi."

Il se tourna tandis que mes yeux ne le quittaient pas.

Je l'avais vu, c'était lui, j'en étais certain.

"Namjoon tu t'en occupes."

Puis il sortit de la pièce, et ce Namjoon râla.

"Pourquoi c'est à moi de m'en charger ? Taehyung, tu veux pas-

– Non."

Je regardai dans la direction de ce Taehyung, qui me regardait fixement de son regard froid. Mais dans ses yeux noisette, je pouvais voir une certaine curiosité.

Je me redressai rapidement, la réalité me frappant à nouveau, pour me sortir complètement de cet état second. Mais je me tordis de douleur, quand mon dos me tira d'un coup. La chute me revint en mémoire, et je m'en voulus de m'être redressé aussi brusquement.

"Quel con" Chuchota une voix que je ne reconnus pas.

Je sortis du lit malgré la douleur et sans jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil aux deux hommes, m'avançais jusqu'à la porte.

"Où est-ce que tu vas ?"

Je me tournai vers ce Namjoon.

"Je rentre chez moi. Je n'ai aucune idée de qui vous êtes et ça ne m'intéresse pas."

Il ricana.

"On ne te retient pas."

Je tentai de ne pas faire attention à ce rire mesquin et sortis de la pièce.

Dire que je n'avais pas peur serait mentir, j'étais terrifié. Mais j'avais vu ça dans des films d'action. Faire semblant de ne pas faiblir, nous permettait de nous en sortir plus facilement.

Je me permis de respirer à nouveau, dans ce couloir dont les couleurs étaient similaires à la chambre. Tout était affreusement calme, je n'entendais que ma lourde respiration et mes pas presque étouffés par le long tapis.

Je passais devant différentes pièces fermées et fus tenté d'en ouvrir quelques-unes, sans jamais le faire. Mais cette pièce-ci, au fond du couloir, était bien trop différente des autres pour ne pas cacher quelque chose qui m'aiderait certainement ou nourrirait ma curiosité.

Je m'arrêtais devant et posais doucement ma main sur la poignée. Je soupirai doucement, tentant de canaliser mon angoisse grandissante. Puis je tournais doucement la poignée, mais la porte grinça.

Elle était déjà ouverte.

"Je te déconseille d'y entrer." Souffla une voix derrière moi.

Je sursautais et me tournai.

Le dénommé Taehyung se trouvait là, adossé au mur.

"C-Comment ?"

Ses yeux ne me fixaient plus, mais quelque chose derrière moi. Je me crispais, imaginant le pire alors que je me tournais lentement. Suite à quoi je sursautais une fois de plus, mon cœur manquant de lâcher sur place.

"Pourquoi est-ce qu'il est encore là ? Demanda l'homme aux cheveux argentés au brun.

– Il a voulu partir seul." Répondit Taehyung, en souriant légèrement.

Le regard de l'homme dans mon dos me brûlait. Je ne me sentais pas en sécurité, je voulais partir.

"Tu ne veux pas rentrer chez toi ?" Demanda-t-il, de sa voix posée et légèrement grave.

Ma bouche s'entrouvrit, sans jamais produire de son.

"Apparemment pas" Répondit le brun, en se décollant lentement du mur.

Là, je paniquais et triturais le bas de mon pull. Je voulais parler, mais la situation m'angoissait tellement que je n'y arrivais pas. Mes membres semblaient paralysés, seuls mes doigts arrivaient à bouger d'angoisse.

Taehyung s'étira.

"Bon et bien, nous allons être obligés de-"

Il n'eut pas le temps de finir que je me reculais brusquement, le mur tiède près de la porte rencontrant mon dos.

"Non ! Je veux rentrer !" Criais-je presque, tant la peur m'avait submergée.

Tous deux cessèrent de bouger, sûrement surpris par mon cri.

"J-Je n'ai pas trouvé la sortie." Rajoutais-je effrayé.

L'homme aux cheveux gris fit un signe à Taehyung, que je ne compris pas. Mais celui-ci partit.

"Je te ramène" annonça-t-il, tandis qu'il fermait la porte derrière lui.

Je me contentais de hocher la tête, tremblant. Je n'avais aucune confiance en cet homme. L'événement d'hier tournait en boucle dans ma tête et je revoyais ce regard, froid et sans compassion.

Celui d'un homme qui en tuait un autre, sans ne serait-ce qu'une pointe de pitié pour lui.

Nous fîmes le chemin inverse, et je compris que je n'avais pas pris la bonne direction dès que j'étais sorti de la chambre.

Je me permis de détailler l'homme, chose que je ne fis pas volontairement.

Il avait un col roulé noir, légèrement moulant qui faisait ressortir ses muscles. Cette vue m'angoissait un peu plus, si je devais m'enfuir j'étais sûr que je n'irais pas loin. Il avait un pantalon de la même couleur ainsi que des chaussures très classes, avec des reflets couleur cerise. Je pouvais apercevoir une montre en cuir noir, à son poignet gauche.

Il respirait la classe et l'argent.

Après quelques secondes de marche, je tâtai mes poches et m'arrêtai.

"J-Je n'ai pas mon téléphone."

Il se tourna vers moi, posant ses orbes noirs sur mes mouvements désespérés et désireux de retrouver ce qui m'appartenait.

"Je l'ai. Ton manteau est accroché à l'entrée." Répondit-il calmement.

Je n'eus pas le temps de répondre, qu'il reprit sa marche.

Le manoir, je supposais après avoir vu une partie de celui-ci, semblait immensément grand. Néanmoins, j'avais pu constater qu'il avait très certainement été rénové de fond en comble, au vu de la décoration et de la technologie moderne. Ses couleurs principales étaient le rouge, le doré et le marron. Il avait l'air rénové, mais il gardait les couleurs anciennes et riches que l'on trouvait avant.

On arriva devant une grande porte et j'apercevais mon manteau parmi d'autres. L'homme le prit et me le tendit. Je le mis et attendis qu'il ne me donne mon téléphone, mais il ne le fit pas et disparut dehors.

Il y avait une grande cour devant le manoir, et de petits graviers blancs étaient disposés par terre. Il devait y avoir six voitures devant, toutes plus chères que les autres et je me demandais vraiment où j'étais tombé.

"Rendez-moi mon téléphone s'il vous plaît, demandais-je poliment, ma voix s'étant presque tue à la fin de ma phrase.

– Tu l'auras quand nous serons arrivés.

– P-Pourquoi ?"

Je marchai rapidement pour le rattraper, et il fit le tour d'une voiture, avant d'ouvrir la portière et de rentrer à l'intérieur. C'était une Mercedes noire je crois, je ne m'y étais pas réellement attardé.

Je montais à mon tour et il était déjà prêt à démarrer.

"Je ne veux pas que tu prennes une quelconque photo, ou que tu parles d'où est-ce que tu te trouves. Enfile ça"

Il me tendit un bandeau rouge et je fronçais les sourcils.

"Je ne d-

– Mets-le." Prononça-t-il comme un ordre.

Je regardais à nouveau le tissu et soupirais discrètement, avant de l'enrouler autour de ma tête, et de le descendre sur mes yeux.

Ne pas avoir un œil sur ce qu'il faisait et où nous allions m'angoissait. Il ne savait pas où j'habitais, il ne pouvait donc pas me ramener chez moi.

Me retrouver face à cette couleur sombre, me rendait nerveux. J'imaginais l'homme à mes côtés me tuer d'un coup de couteau, ou me tirer une balle dans la tête. Après tout, j'avais été témoin de sa dangerosité.

Je me demandais comment est-ce qu'il avait fait pour s'en sortir. Il n'y avait eu aucun témoin ? Aucune enquête ?

Après quelques minutes, je n'en supportais pas davantage et pris une inspiration tremblante.

"Je peux le retirer ?"

Silence.

"Excusez-moi ?

– Tu peux."

Je défis le nœud rapidement et papillonnais des yeux, jusqu'à ce que ma vision ne redevienne nette. Je relevai le regard vers la route et me rendis compte que nous étions vers chez moi.

"Comment est-ce que-

– Ce n'est pas bien compliqué.

– Mais vous n'avez-

– Tu ne nous as jamais vus, entendu et rien ne s'est passé. Compris ?" Dit-il d'un ton froid.

Il arrêta la voiture dans ma rue et je regardai par la fenêtre un moment.

"Et si je ne respectais pas ça ?"

Je ne sais pas pour quelle raison j'avais dit ça. Peut-être était-ce parce que j'avais peur de le revoir un jour, ou alors parce que j'imaginais déjà la police me questionner.

Mais je me repris immédiatement, me souvenant de ce dont cet inconnu était capable.

"J-Je ne dirait rien.

– Bien. Si tu venais à le faire, nous te retrouverions bien plus vite que tu ne pourrais l'imaginer."

Je tentai de rester impassible, mais j'arrivais à peine à avaler ma salive tant j'étais tendu.

"Descends." Dit-il d'un ton neutre.

J'acquiesçai et commençai à descendre.

"Et Jimin ? Passe voir tes parents plus souvent."

Suite à ça, il ferma la portière et démarra avant de disparaître au bout de la rue.

Je restais un moment sans bouger, me répétant ce qu'il venait de dire. Mais cette phrase renforça le fait que je ne dirais jamais rien sur ces dernières heures.

Puis je me rendis compte d'une chose.

Il ne m'avait pas rendu mon téléphone.

Je courais jusqu'au bout de la rue et regardais dans les alentours, mais rien. Il s'était volatilisé. Je soupirai et décidai de rentrer chez moi pour appeler Yoona, qui m'avait probablement envoyé une tonne de messages. Je ne savais même pas l'heure qu'il était.

Je montais les marches rapidement et fouillai dans la bonne poche, avant d'en sortir mes clés. Je refermais la porte rapidement et pris le téléphone de la maison. Je tapais le numéro de Yoona et patientais.

« Jimin ? Tout va bien ? Je t'ai- »

– Tout va bien, oui. Excuse-moi j'ai...perdu mon téléphone.

« On ira t'en acheter un autre, mais cherche le quand même un peu plus. Tu l'avais laissé en sonnerie ? »

– En vibreur, je crois.

« D'accord, je t'appelle dessus. Tends l'oreille »

– D'accord.

Elle raccrocha et j'enlevai mon manteau, je savais que je ne l'avais pas. Mais je ne pouvais rien lui dire de plus. Elle ne comprendrait pas, ou serait terrifiée par ce que je lui dirais. C'était inconcevable pour moi de la mêler à cette chose, qui pouvait probablement nous faire perdre la vie à tous les deux. Elle était bien trop douce et gentille pour se retrouver prise au piège par tout ça.

Puis mon manteau vibra et j'ouvris grand les yeux. Je fouillai dans la poche opposée à celle où j'avais trouvé mes clés.

Il était là.

Je tentais de me remémorer quand est-ce qu'il l'avait mis là, mais je ne vis pas. Mais l'image de lui me tendant mon manteau à l'entrée du manoir, me fit me dire qu'il l'avait peut-être glissé dans la poche à ce moment-là.

Je décrochai directement et mis le téléphone à mon oreille.

– C'est-

« Tu pensais que je ne te l'avais pas rendu ? »

Je fronçais les sourcils et décollai le téléphone de mon oreille. J'avais un double appel de Yoona, je compris bien trop rapidement.

– Comment est-ce que vous avez eu mon numéro ? Demandais-je craintif.

« De nos jours on a ce que l'on souhaite.»

Je m'apprêtais à raccrocher. J'en avais assez vu, entendu.

« Ne fais pas ça. »

Je me figeais.

« Regarde par la fenêtre. »

Je tournais la tête vers celle-ci et m'en rapprochais doucement. Mon cœur semblait vouloir quitter mon corps, tant il battait vite.

Je m'approchais de la vitre et regardais dans la ruelle. Et je la vis, la Mercedes.

« Ceci confirme que je ne me suis pas trompé d'appartement. »

– Laissez-moi tranquille s'il vous plaît.

« Je ne te ferai rien si tu gardes notre petit secret. »

– J-Je ne dirait rien, alors ne revenez plus.

Il me regarda encore fixement, puis raccrocha devant mes yeux, avant de doucement tourner les talons et retourner dans la voiture. Je le regardais partir, sachant que derrière ces vitres teintées, il me regardait.

Puis je me laissais le droit de me calmer et répondis finalement à Yoona qui avait continué de m'appeler.

« Tu as finalement mis la main dessus, alors il était où ? »

– Sous le canapé, mentis-je.

« Tu l'as probablement fait glissé en dessous avec ton pied »

– Sûrement, oui.

« Dis-moi, tu n'es pas légèrement en retard pour le travail ? »

J'ouvris grand les yeux et regardai l'heure, chose que je n'avais pas faite en rentrant.

Je commençais à dix heures, il était déjà midi.

– Oh non...

« Point positif, tu ne te feras pas virer. Le patron t'adore. »

– Yoona-

« J'arrive tout de suite. »

– Merci beaucoup.

« Prépare-toi. Je te dis quand je suis à cinq minutes de chez toi. »

Elle raccrocha et j'allai dans mes messages. Je n'avais reçu qu'un seul message de mon patron.

Tu as certainement une bonne raison de ne pas venir, tiens-moi au courant de ton état. – Monsieur Lee

Je préférais ne pas répondre et commençais à me préparer. Je coiffais mes mèches blondes correctement et enfilai un pull en laine blanc. Je pris un bas noir en cuir et l'enfilai également. Je mis tout le reste à laver, j'avais dormi avec.

Je tentais tant bien que mal de ne pas faire attention à ce sentiment de vulnérabilité qui me submergeait, depuis que j'avais compris qu'il connaissait mon adresse, mon nom, sûrement celui de mes parents car tout se reliait. Il devait connaître une bonne partie de ma vie sans que je n'aie eu à ouvrir la bouche. Et tout ceci me faisait peur.

Je suis bientôt là, tu peux commencer à descendre – Yoona

J'enfilais un manteau blanc, plus léger que la veille et sortis de chez moi. Mais avant je fermais les rideaux, de peur qu'ils ne regardent à l'intérieur.

"T'es un peu pâle, tu te sens bien ?"

Je regardais Yoona et posais mes mains sur mes joues.

"Tu trouves ? Demandais-je.

– Un peu oui. Mais ça a l'air d'aller."

J'acquiesçais et jetais un coup d'œil par la fenêtre.

"Alors ta soirée d'hier ? Demandais-je.

– Super mais un peu énervante. Je suis partie plus tôt.

– Pourquoi ça ?"

Elle remit une mèche noire derrière son oreille.

"Malgré le fait que je sois sociable, je me suis ennuyée à mourir. Si tu avais été là, je serais restée beaucoup plus longtemps."

Je hochai la tête.

"Je vois.

– Et toi, ton dossier ? Te connaissant il ne te reste que deux ou trois pages."

Je souris.

"J'aurais pu le finir si-"

Elle tourna sa tête vers moi, avant de concentrer à nouveau son attention sur la route.

"Si je n'avais pas décidé de sortir prendre l'air." Me repris-je.

Elle sourit.

"Tu as dû oublier de rentrer pour continuer, ça ne m'étonne pas venant de toi."

Je baissais légèrement la tête.

"Ouais"

Après quelques minutes, elle se gara devant le petit café que je voyais depuis quelques mois maintenant.

"À plus, bon courage.

– Tu pourras venir me chercher ?

– Bien sûr, donne-moi tes horaires par téléphone.

– Merci Yoona.

– De rien Chim."

Je fermais la portière et je rentrais dans le café. Le patron ne tarda pas à me voir et vint rapidement vers moi.

"Jimin ! Tu es venu finalement ?

– Oui, je n'allais pas très bien ce matin. Mais ça va mieux.

– Et bien tant mieux, je te laisse commencer ton service.

– Merci monsieur."

Je le dépassais et partis derrière le café, dans une salle où l'on regroupait les tabliers, les chemises et les pantalons de travail.

Ce que j'aimais ici, c'était que nous avions le choix, nous prenions ce que l'on voulait. Alors je pris le petit tablier vert lime et mon badge.

Je revenais à l'avant du café et tombais sur Jung, un collègue que j'appréciais et mon ami. Il avait été le seul qui m'avait accueilli et fait intégrer rapidement. Les autres étaient...particuliers.

"Mais qui voilà. Dit-il, tandis que j'attrapais une commande posée sur le comptoir.

– Bonjour Jung. Répondis-je en souriant.

– C'est bien la première fois que tu es en retard.

– Mal de tête ce matin."

Il me regarda d'un air suspicieux, derrière ses mèches brunes.

"Soirée hier ?

– Non, travail."

Il secoua la tête, tout en lavant un verre.

"Comme d'habitude, répondit-il en souriant.

– Il me faut un café latté et un beignet, s'il te plaît."

Il acquiesça et s'empressa de prendre ce dont j'avais besoin.

Le café n'était pas très rempli car il était un peu plus de midi, et les clients arrivaient le plus souvent après le déjeuner. Nous savions déjà que ce calme n'allait pas durer, alors nous en profitions et faisions les choses calmement.

J'attrapais le petit plateau et m'avançais vers la table, dont le chiffre six était inscrit dans le beau bois marron de la surface de celle-ci.

Je me souvenais encore de la première fois où j'avais mis les pieds ici. J'avais tout détaillé dans les moindres détails, regardant les jolies tables rondes sur lesquelles on y trouvait un petit tissu vert lime en guise de décoration. C'était d'ailleurs sur celui-ci que l'on déposait les plateaux. Il y avait aussi ces grandes baies vitrées qui donnaient vue sur la rue, cachée parfois d'un rideau blanc. Tout était joliment harmonieux.

"Profitez de la chaleur, dehors le temps n'est pas aussi accueillant, dis-je en souriant à la femme assise.

– Ce sont les dernières feuilles d'automne, il sera encore plus glacial dans quelques jours." Répondit-elle, remettant une de ses longues mèches brunes derrière son oreille.

Elle me sourit et je tournais les talons pour m'occuper des autres commandes.

J'avais le don de deviner la manière dont parlaient les autres. Je ne savais pas d'où est-ce que ce talent venait, mais il était instinctif. À chaque fois je voyais juste, comme cette femme qui semblait aimer la littérature.

"Tu fais quoi ce week-end ? Demanda Jung, tandis qu'il préparait une nouvelle commande.

– Je ne sais pas encore, je vais sûrement le passer à dormir.

– Il y a une fête au café. Tu devrais venir, ça ferait plaisir au patron de te voir."

Je secouai vivement la tête, et un léger sourire prit place sur son visage.

Je faisais toujours en sorte de ne pas le croiser. J'avais retenu les heures durant lesquelles il était susceptible de passer, je m'étais déjà caché et j'avais même simulé quelques fois pour pouvoir rentrer et être sûr de ne pas le voir.

C'était un homme très gentil et respectueux, mais il était bien trop bavard. Un bonjour suffisait à ce que l'on reste coincé au café durant des heures. C'était arrivé plusieurs fois, j'en avais encore des frissons d'angoisse.

Je tournais la tête vers une autre employée, adossée au bar, comme d'habitude, malgré les commandes sur celui-ci.

"Vous avez vu dans la rue d'à côté ? L'épicerie est complètement saccagée.

– Ah bon ?" Demanda Jung.

Elle me dévisagea, comme d'habitude.

"Oui, à ce qu'il paraît il y a eu une bagarre avec des gangs, ou je ne sais trop quoi."

Je fermai les yeux pour me reprendre. J'avais réussi à ne pas y penser, et voilà que tout ça revenait.

"Tu en as entendu parler Jimin ?" Demanda Jung.

J'attrapais une autre commande.

"Absolument pas et je ne veux rien savoir, mentis-je.

– Tu as bien raison, vaut mieux ne pas trop s'en mêler." Répondit-il.

Il prépara une commande et posa deux gâteaux sur un plateau.

"Tiens Ha-Neul, fais cette commande."

Elle regarda le plateau et releva des yeux ennuyés vers Jung.

"Allez, tu ne peux pas juste discuter toute la journée. Fais comme Jimin, discute avec les clients."

Elle me jeta encore un de ses fameux regards et je soupirais.

**

Je servais à nouveau une table et revins au bar. Le ciel s'était assombri et les clients décuplés.

"Tu as fini Jimin.

– Je sais mais vous avez encore certainement besoin d'aide, on a plus de clients que d'habitude.

– Je te sens un peu ailleurs."

Il me regardait avec bienveillance.

Il avait raison, même si je faisais tout pour oublier, je n'agissais pas comme d'habitude.

"Tu veux en parler ? Demanda-t-il.

– Je ne...peux pas."

Il me regarda un moment encore, de l'inquiétude traversant ses yeux noisette, puis il m'agrippa le bras et m'emmena à l'arrière.

Il me lâchait une fois qu'on arriva dans la salle du personnel.

"Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-il doucement.

– Je ne peux pas en parler Jung, je-

– Jimin."

Il posa ses mains sur mes épaules et planta son regard dans le mien.

"Tu peux tout me dire, je ne dirais rien."

Je le regardais encore un instant, pris entre deux choix, tels que la vie et la mort. Je pesais le pour et le contre. Je savais qu'il ne dirait rien, il était comme une tombe.

En parler me ferait énormément de bien, et puis ils ne pouvaient pas savoir si j'en parlais.

Si ?

"Ne dis rien s'il te plaît. Je te fais confiance."

Il hocha vivement la tête, sûr de lui et enleva ses mains de mes épaules.

"Je...

– Fais au plus simple, ne te torture pas."

J'inspirais grandement, une boule d'angoisse se formant dans mon estomac.

"L'épicerie d'à côté...

– Celle où il y a eu le conflit entre gangs ?"

Je hochai la tête.

"J'y étais."

Il ne sembla pas surpris les premières secondes, mais son regard changea en confusion.

"Hier soir ?

– Oui."

Il fronça les sourcils.

"D'accord, dis-m'en plus.

– Je...J'ai. Je suis arrivé au moment où ils ont cassé la vitre.

– Qui ça, ils ?"

Je soupirais doucement.

"Deux hommes, armés."

Ses yeux devinrent ronds mais me demandaient de continuer.

"Je suis tombé à cause de la surprise et je me suis évanoui. Je..."

Au fur et à mesure que je parlais, mes mains tremblaient de plus en plus. Je me souvenais d'absolument tous les détails. Jung, lui, était pendu à mes lèvres. Comme ces enfants à qui l'on raconte une histoire fantastique.

"C'est pour ça que je suis arrivé en retard ce matin."

J'avais tout raconté, en passant par le physique de ceux que j'avais vus. J'avais omis de mentionner les prénoms néanmoins. Ce serait bien trop dangereux.

"Mais Jimin ? C'est très grave ce qu'il s'est passé ! Et s'ils t'avaient...Enfin...

– Je n'ai pas choisi de me retrouver là-bas à ce moment-là, Jung.

– Je sais bien. Comment est-ce que tu te sens par rapport à tout ça ?"

Ce que je ressentais ?

Un mélange de peur, d'angoisse et de regret.

"Je suis terrifié."

Il me regarda longuement et son regard changea une fois de plus, peiné.

"Je suis désolé que tu aies eu à vivre ça...Tu-

– Ne t'excuse pas pour quelque chose dont tu n'es pas coupable s'il te plaît.

– Je m'excuse parce que je ne sais pas comment te faire te sentir mieux, Jimin."

Je tentai de ne pas montrer la vague de larmes qui voulurent tomber à ce moment-là, et respirais longuement pour me calmer.

"Je vais y arriver, ne t'en fais pas."

Je passais le revers de ma manche sous mes yeux, et dirigeai mon regard vers le couloir.

"Il faut qu'on y retourne si on veut finir rapidement."

Il me regarda longuement avant de caresser mon bras doucement.

J'étais vraiment reconnaissant d'être tombé sur quelqu'un comme lui. Il était bien trop pur pour ce monde, c'était indéniable.

"C'est sûr qu'avec Ha-Neul on n'ira pas loin."

Je retins un rire et il tapota doucement mon épaule.

"Allez"

Il se dirigea vers l'avant et je le suivis. Je pris la seule commande qu'il restait sur le bar et Jung la prépara.

J'étais soulagé de ne pas être le seul à savoir à présent. Le poids que j'avais ressenti plus tôt, avait été coupé en deux et je me sentais déjà plus léger.

Il posa le plateau et me sourit avant de chuchoter un petit 'courage'

Je lui étais vraiment reconnaissant de me soutenir comme il le faisait. C'était la seule personne, après Yoona, en qui j'avais confiance. C'était triste mais véridique. Ils étaient les deux seuls avec qui mes journées n'étaient pas ennuyantes, seulement remplies de joie.

J'arrivais à la table et un jeune homme aux cheveux blonds, qui semblait néanmoins plus âgé que moi, releva son regard vers moi. Il avait un style bien à lui. Il portait une veste sur laquelle se trouvaient deux têtes de mort. J'aimais son style.

"Bonsoir, café fort, sans sucres."

Il ne répondit pas et je posai la boisson chaude face à lui.

"Jolie veste." Tentais-je.

Je n'étais jamais tombé sur quelqu'un qui ne me répondait pas. Généralement même les personnes un peu ronchonnes me répondaient. Mais je gardais le sourire et commençais à tourner les talons.

Mais je m'arrêtais brusquement lorsqu'il prononça :

"C'est si dur de garder un secret Jimin ?"

Ce fut après cette journée, que je m'étais retrouvé dans un monde plongé dans l'ombre, et ce, depuis cinq mois.

Dans lequel la mort et le sang sont des choses banales, et que le sort des gens se retrouvent entre les mains de leurs semblables.

Celui dans lequel j'avais rencontré de nouvelles personnes qui avaient été aussi dangereuses qu'effrayantes, mais qui partageaient à présent ma vie.

Ce monde dans lequel j'avais été plongé de force.

Mais auquel j'avais pris goût.

Car le plus terrifiant avait été cette routine ennuyeuse qu'avait été ma vie durant vingt et un ans, et de laquelle on m'avait sorti, me plongeant dans quelque chose de plus animé, plus dangereux.

Plus puissant.

Dont le gérant était Jeon Jungkook, mon patron.








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J'espère que ce premier chapitre vous a plu !

On se retrouve bientôt pour le prochain ^^

À bientôt !

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